dimanche 18 septembre 2016

La prophéties sur les nazaréens chez Jérémie

Nazaréen ne signifie pas qui vient de Nazareth, ou ceux du rejeton, mais est issu de la grécisation de l'hébreu notzerîm. Ce mot apparaît deux fois (dans sa forme plurielle) dans la Bible, chaque fois dans le Livre de Jérémie; il existe quelque fois sous forme verbale (Psaume 31, 24 et 34, 14; Proverbes 3, 21; 6, 20; 13, 3; 16, 17; 27, 18) avec le sens de garder, préserver et quelque fois au singulier comme dans le Livre de Job 7, 20 et 27, 18)
Le mot notzerîm signifie paradoxalement des assiégeants (ou attaquants) et des Sentinelles.

La première mention est en Jérémie 4, 16:
En ce temps-là, on dira à ce peuple et à Jérusalem: «II y a un vent embrasé sur les hauteurs dans le désert, venant dans la direction de la fille de mon peuple, mais ne servant ni à vanner ni à épurer le grain. 12 Un souffle violent m'arrive de là; maintenant je vais, moi aussi, prononcer l'arrêt contre eux. 13 Voici, il s'élance comme les nuages; ses chars ressemblent à l'ouragan, ses chevaux sont plus rapides que les aigles. Malheur à nous! Car nous sommes, saccagés. 14 Ô Jérusalem, lave ton coeur de toute perversité pour être sauvée: jusqu'à quand logeras-tu dans ton sein tes pensées criminelles? 15 Car une voix se fait entendre de Dan et annonce la calamité depuis la montagne d'Ephraïm. 16 «Faites-le savoir aux nations, allons, apprenez-le à Jérusalem, que des assiégeants (NOTZERÎM) arrivent d'un pays lointain et poussent des clameurs contre les villes de Juda!» 17 Comme les gardiens des champs, ils l'enserrent de tous côtés, parce qu'elle s'est révoltée contre moi, dit l'Éternel. 18 C'est ta conduite, ce sont tes actes qui t'ont valu cela; de là ton malheur, qui est si amer, car il t'atteint jusqu'au cœur.
Et la seconde est en Jérémie 31, 5:
1 Ainsi parle l'Eternel: "Il a obtenu grâce dans le désert, ce peuple échappé au glaive; va [prophète] rassurer Israël. 2 Dès les temps reculés, l'Eternel s'est montré à moi; oui [disait-il] je t'aime d'un amour impérissable, aussi t'ai-je attirée à moi avec bienveillance. 3 De nouveau je t'édifierai et tu seras bien édifiée, vierge d'Israël; de nouveau tu iras, parée de tes tambourins, te mêler aux danses joyeuses. 4 De nouveau tu planteras des vignes sur les coteaux de Samarie, et ce qu'auront planté les vignerons, ils en recueilleront le fruit. 5 Oui, il viendra un jour où les sentinelles (NOTZERIM) s'écrieront sur la montagne d'Ephraïm Debout! Montons à Sion vers l'Eternel, notre Dieu!" 6 En vérité, ainsi parle l'Eternel: "Eclatez en chants joyeux au sujet de Jacob, en cris d'allégresse au sujet de la première des nations; publiez à voix haute des louanges et dites: Assure, ô Seigneur, le salut de ton peuple, des derniers restes d'Israël! 7 Oui, je veux les ramener de la région du Nord, les rassembler des extrémités de la terre; l'aveugle même et le boiteux, la femme enceinte et l'accouchée se joindront à eux: en grande foule, ils reviendront ici. 8 Avec de [douces] larmes ils reviendront et de touchantes supplications; je les dirigerai, je les conduirai vers des sources abondantes, par une route unie, où ils ne pourront glisser; car je suis pour Israël un père, Ephraïm est mon premier-né." 9 Ecoutez la parole de l'Eternel, ô nations! Annoncez-la sur les plages lointaines, dites: "Celui qui disperse Israël saura le rallier, et il veille sur lui comme le pasteur sur son troupeau." 10 Car l'Eternel délivre Jacob et il le sauve de la main de plus fort que lui. 11 Ils viendront et entonneront des chants sur les hauteurs de Sion, ils accourront jouir des biens de l'Eternel, du blé, du vin et de l'huile, des produits du menu et du gros bétail; leur âme sera semblable à un jardin bien arrosé et ils seront désormais exempts de soucis. 12 Alors, la jeune fille prendra plaisir à la danse, adolescents et vieillards [se réjouiront] ensemble; je changerai leur deuil en allégresse et en consolation, et je ferai succéder la joie à leur tristesse. 13 Je rassasierai les prêtres de victimes grasses, et mon peuple sera comblé de mes biens, dit l'Eternel.
S'il n'y avait que Jérémie 31, 5, nous dirions que les notzerîm sont des Juifs, mais la mention des notzerîm en Jérémie 4, 16 comme ceux qui attaquent les Juifs rend cette interprétation peu probable. 

Cette prophétie ne peut donc concerner que les non-Juifs. En effet, les notzerîm en 4, 16 sont des ennemis des Juifs qui assiègent Jérusalem, le second passage montre que parmi ces non-Juifs, certains vont se rallier aux Juifs et dirons: Debout! Montons à Sion vers l'Éternel, notre Dieu. Cela veut dire qu'une partie des nations vont protéger les Juifs et Israël à la veille des temps messianiques, et vont rallier par groupes importants le Judaïsme, ces nazaréens sont probablement des chrétiens et des musulmans qui prendront conscience que le christianisme et l'islam sont des judaïsmes déformés, le premier par la philosophie grecque le second par le nationalisme tribal des Arabes... Les nazaréens seront donc ceux qui protègeront les Juifs à la veille des temps messianiques et qui rallieront les Juifs en Israël à ce moment-là... Ce sens peut évidemment être symbolique et peut aussi signifier qu'ils vont dépoussiérer leurs religions de la philosophie grecque et du tribalisme. 

L'islam et le christianisme sont comme une gangue qui recouvre de l'or; quand la gangue qui recouvre l'or sera enlevé, on comprendra que ces deux religions avaient comme but de nous amener à la Torah, à sa sagesse, à sa connaissance, à sa modération.

Rappelons que Jérémie est appelé le prophète des goyim ou des nations...

Amen


dimanche 11 septembre 2016

Qui est le Shiloh prophétisé en Genèse 49, 10–12

Le shiloh est assez clairement le messie, bien des candidats ont été pressentis pour l'être, mais aucun ne correspond vraiment: ni Yehûdah Makabî, ni Yôhanan Hyrqan, ni Yannay, ni Jésus, ni Muhammad. En fait, pour se convaincre qu'un de ses personnage serait le Shiloh, il faut faire une lecture superficielle des textes et surtout, ignorer des passages de la prophétie.
Examinons le texte:
Le sceptre ne se détournera pas de Juda et les prescriptions [ne se détourneront pas] d'entre ses pieds, jusqu'à quand viendra Shiloh et à lui obéiront les peuples; attachant son âne à la vigne et au cep [de la vigne], le fils de son ânesse; il a lavé dans le vin son vêtement et dans le sang des raisins son habit; il a éclairci les yeux plus que du vin et le blanc des dents plus que le lait. 
Notons d'abord le caractère dual de tout le passage:
  • Sceptres/prescriptions
  • âne/fils de l'ânesse
  • vigne/cep
  • vêtement/habit
  • vin/sang des raisons
  • éclaircir les yeux/blanchir les dents
Qu'annonce cette prophétie?
D'abord que la tribu de Juda continuera à diriger les Juifs (prophétie toujours d'actualité, puisque la plupart des grandes familles rabbiniques appartiennent à la tribu de Judas)
Ensuite qu'Israël, en tant que peuple, conservera l'exclusivité des enseignements qui ont été révélé par la Torah.
Néanmoins tout cela aura une fin. Shiloh c'est l'âme du messie que Dieu a créé avant même de créer le monde, l'âme du messie viendra directement sur terre, non en passant par une naissance humaine, mais bien en tant qu'entité spirituelle et elle dirigera de manière directe tous les peuples. Deux choses seront modifiées, l'âme du messie dirigera directement tout et la Torah sera étudiée partout dans le monde.
Le messie attachera son âne à la vigne, cela signifie qu'Israël pourra s'abreuver directement aux enseignements secrets de la Torah; le messie attachera le fils de l'ânesse au cep de la vigne; les nations avant de pouvoir s'abreuver aux secrets de la Torah seront d'abord soumises à son joug.
Le sang du raisin, c'est du vin avant sa fermentation... cela veut dire que les fautes d'Israël seront effacées, pour les nations, cela signifie que leurs fautes seront punies.
Ceux qui les yeux éclaircis ce sont ceux qui deviennent comme des anges par la connaissance spirituelle; les autres restent charnels mais leur corps sera quand même purifié.

Comme on le voit, Shiloh est une puissance spirituelle à venir, ce n'est ni les hasmonéens, ni Jésus, ni Muhammad... Parce que tant que le Shiloh n'est pas là, vous vous contenterez de l'ombre de la Torah: les évangiles et le coran... Jésus et Muhammad...

Bien entendu, croyez ce que vous voulez, mais voyez la réalité, ni les hasmonéens, ni Jésus, ni Muhammad ne dominent les peuples, il y a une différence entre dominer quelques personnes et dominer tous les peuples.

Quand les chrétiens abandonneront Jésus pour revenir à la Torah et quand les musulmans abandonneront le Coran pour revenir à la Torah; alors le Shiloh sera là ou très proche de fouler notre terre...

Le christianisme et l'islam auraient dû mener leurs peuples au judaïsme et ainsi hâter la venue du Shiloh, mais cela ne s'est pas encore produit; ils se sont constitués en religions particulières, les uns affirmant que Jésus est Dieu et les autres que la torah est invalide... Malheureusement, notre comportement fut une faute; en effet, nous n'avons pas accepté que les préceptes de la Torah ne quittent pas Israël...

Dans la tradition juive, on raconte que la torah fut proposée aux nations et toutes la refusèrent, parce qu'elles n'y voyaient que des Lois, la lumière qui était cachée, ils ne la virent pas...


Les évangélistes lecteurs de Pétrone!

Je pense que Jésus était un homme sage et qu'il n'avait pas besoin de tous ces miracles qui sont venus embrumer sa vie; la plupart des miracles ont d'ailleurs été décrits dans l'Ancien Testament, voire dans des auteurs classiques comme Suétone et Tacite. Les résurrections sont connues dans l'Antiquité, le demi-dieu Asclépios en a réalisé plusieurs aussi peu crédibles que celles des évangiles. Dans un autre article, nous pensons que la seule résurrection authentique est celle du fils (et non de la fille) de Yaïr, Éléazar de Massada, il est évident que le dernier chef sicaire ne pouvait avoir été sauvé par Jésus. Cette résurrection est probablement authentique, parce que dans l'Antiquité, la détermination de la mort réelle d'une personne ou d'un coma pouvait s'avérer difficile à distinguer. Jésus a senti que l'enfant était encore vivant et a été ouvrir sa tombe; ce n'est donc pas une résurrection réelle, mais une bonne intuition.
Jésus dans sa dispute avec les Sadducéens enseigne ce qui est traditionnel: les justes sont ressuscités par Dieu après leur mort et deviennent des anges, ils vivent alors dans les cieux. Même si la tradition est ambiguë là-dessus, il y a deux résurrections, celle des justes qui ne passent pas en jugement; et celle des autres qui doivent attendre la fin des temps et ressusciter pour le jugement; une telle conception est traditionnelle et conforme au Livre d'Hénoch.
Cette description est parfaitement claire, simple, compréhensible; malheureusement, les païens auxquels s'adressaient les évangélistes étaient fascinés par les cadavres disparus, les faux morts, les cadavres qui se relèvent, et là, les évangélistes ont bidouillé le récit. Ils ont décrit Jésus ressuscitant et parlant avec ses disciples, quand ce n'était pas Jésus descendant aux enfers pour délivrer les âmes des morts, en un mot, ils ont exagéré
Les rédacteurs des évangiles n'avaient pas de récits de base sur la résurrection; en effet, dans la forme originale, Jésus est simplement un sage qui enseigne le judaïsme, s'oppose à la prévarication de ceux qui collaborent avec les Romains et est finalement exécuté pour cette raison, la fin devait être quelque chose comme: et il expira, et il fut enterré, et il monta aux cieux et s'assit auprès de Dieu... Une telle fin, simple nette, ne devait pas convenir aux païens, il fallait leur en montrer pour qu'ils croient: alors les rédacteurs des évangiles ont inventé; mais peu imaginatifs, ils durent faire appel à un romancier professionnel qui introduisit toutes sortes d'incohérences dans le récit des évangiles... Ce romancier était probablement samaritain et aimait un peu trop Pétrone et Chariton, il s'est donc inspiré de certaines parties de ces auteurs pour fournir un texte de base décrivant une version longue de la mort et de la résurrection de Jésus. De tous les passages des évangiles deux nous sont apparus comme pauvres littérairement, c'est la pécheresse pardonnée et la résurrection, ces deux passages sont écrits sans imagination, sans talents littéraires, les paroles sont insignifiantes, les contradictions infinies... ces défauts sont simplement le gage de leur falsification. 

Pétrone est un écrivain latin né en 14 et mort en 66, son unique œuvre (excepté quelques poèmes dont certains sont douteux) qui nous soit parvenue est le Satiricon, vaste fresque pornographique et satire sociale de l'époque néronienne. 
Chariton d'Aphrodise est malaisé à situer, la datation de fragments au carbone 14 font situer son activité littéraire avant 60, peut-être vers 90... mais certainement pas au IIe siècle. Son roman est une fiction sur la passion amoureuse. 

Les œuvres de ces deux personnages ont influencé les évangiles, comme on peut le comparer avec les comparaisons textuelles qui suivent:











samedi 10 septembre 2016

Jésus a-t-il été essénien?

Les esséniens sont mentionnés dans les écrits de Flavius Josèphe, de Philon d'Alexandrie et d'Hippolyte de Rome, en des termes assez similaires... Notons quelques nuances entre ces textes, pour Flavius Josèphe, les esséniens sont Juifs de naissance, d'après Hippolyte de Rome non, ce qui implique que les convertis au judaïsme y étaient admis. 

Flavius Josèphe et Philon ont dissimulé certaines informations cruciales sur les esséniens: ils les présentent comme des pacifiques, Flavius Josèphe prétendra même qu'ils n'ont pas participé à la révolte contre Rome; c'est évidemment faux. En effet, les textes trouvés à Qumran correspondent pleinement à ce qu'ont dit ces auteurs sur leur doctrine ésotérique, sauf sur un point: c'est que les textes de Qumran sont des nationalistes judéens; et le nationalisme judéen qui imprègne ces textes est tel que cela rend peu probables que les Esséniens n'aient pas participé à la révolte contre Rome... Ils sont même, pour nous, l'aile le plus dure des révoltés, celle des sicaires. Les sicaires disciples d'Ezechias de Galilée qui conduisit une révolte en –47 et qui fut sommairement exécuté par Hérode alors qu'il n'était encore stratège de Galilée. Ezéchias de Galilée est le père ou plus probablement le grand-père de Judas de Gamla qui conduisit la révolte contre le recensement de 6. Ensuite ses descendants continueront son combat, ses fils Jacques le Juste et Simon Iskarioth seront crucifiés en 47, son petit-fils, Menahem prendra Massada en 66, donnant le signal de la révolte contre Rome. C'est enfin, son dernier descendant connu, Éléazar de Massada qui ordonnera le suicide collectif des sicaires de Massada en 74. Une autre information cruciale que Flavius Josèphe a omise, ce sont les aspects sacerdotaux, on comprend assez facilement avec les manuscrits que les esséniens sont des qohen qui ont quitté le service du Temple parce qu'ils refusaient d'appliquer les prescriptions pharisiennes qui devinrent la norme au Temple après la mort de Jannée en –76. Autre point, qu'ils ont soigneusement omis, c'est que les sadducéens sont bien des esséniens, mais considérés comme des traîtres parce qu'ils se soumettent aux pharisiens. La plupart des thèses anciennes faisaient des esséniens, des pharisiens qui avaient rompu avec le pharisianisme majoritaire; aujourd'hui le plus simple est de dire que ces trois écoles proviennent du mouvement assidéen qui prit naissance avec la révolte macchabéenne (–167 à –152). 

L'école sadducéenne appliquant les enseignements pharisiens, ne doit pas être considérée comme une école, mais comme un mouvement sacerdotal par les origines, pharisien par la pensée. Flavius Josèphe dit d'eux:
Leur doctrine n'est adoptée que par un petit nombre, mais qui sont les premiers en dignité. Ils n'ont pour ainsi dire aucune action; car lorsqu'ils arrivent aux magistratures, contre leur gré et par nécessité, ils se conforment aux propositions des Pharisiens parce qu'autrement le peuple ne les supporterait pas. [Antiquités, 18, 17.]
Il y a donc deux écoles réelles dans le judaïsme: les esséniens ou assidéens et les pharisiens ou rabbins... 

Dans la pensée chrétienne, il est évident que Jésus est en dehors de ces écoles et est le premier chrétien; pourtant en des passages très techniques des évangiles ses paroles rejoignent l'école essénienne. 

En effet, d'après les manuscrits de Qumran, les esséniens sont en guerre avec deux écoles: l'école sadducéenne (appelée Manassé) et l'école pharisienne (appelée Ephraïm ou les chercheurs des choses flatteuses); et curieusement Jésus attaque les pharisiens et les sadducéens, et jamais les esséniens. Les chrétiens affirment que c'est parce que les esséniens étaient insignifiants en nombre... on ne sait s'il faut rire ou pleurer de tant de mauvaise foi; la période rédactionnelle des manuscrits de Qumran s'étend sur 150 ans... or il y avait au moins 1000 manuscrits, seuls deux ou trois manuscrits ont été faits par le même scribe, ce qui signifie qu'à Qumran qui n'aurait jamais compté plus de 50 personnes, qui n'étaient certainement pas tous des scribes, il y aurait quand même eu un millier de scribes... 

Notons d'ailleurs que Jésus ne dispute jamais non plus avec des sicaires ou des zélotes, pourtant quand la révolte a commencé ils étaient 100000 en Galilée, 1/4 de la population... Si Jésus ne dispute pas avec les sicaires et les zélotes, c'est aussi parce qu'il les prend pour disciples, comme Judas le Sicaire (Judas Iscatiote) et Simon le Zélote (que Marc croit être Simon le Cananéen, il n'y avait plus de Cananéens depuis des centaines d'années, ils avaient été assimilés)... Ce qui implique de manière on ne peut plus claire que le mouvement de Jésus recrutait après de la frange nationaliste et radicale de la population juive de Galilée... Cette proximité de Jésus et des sicaires n'est d'ailleurs pas sans rappeler le mensonge de Flavius Josèphe qui divise l'école assidéenne en sicaires révolutionnaires et en esséniens pacifistes, en sachant parfaitement bien que ce sont les mêmes personnes: esséniens le jour, sicaires la nuit.... 

Les positions de Jésus sur le divorce sont conformes à l'Écrit de Damas et aux prescriptions de Rabbi Shammay. Les positions sur le fœtus sont conformes entre esséniens et Jésus, du moins si les passages de Paul contre l'avortement représentent bien l'enseignement direct de Jésus; en effet, pour eux, le fœtus est une personne réelle, alors que pour les pharisiens, le fœtus est une partie de la mère; de là, les esséniens interdisent les sacrifices des animaux gravides, alors que les pharisiens les autorisent.

Deux exemples encore, Jésus reproche aux pharisiens d'autoriser un homme à consacrer ses biens au Temple, et ensuite de le délier de l'obligation de venir en aide à son père ou à sa mère, et l'Écrit de Damas dit:
De se préserver de la richesse impie qui est impure à cause d'un vœu ou d'un anathème. [CD VI, ligne 15.]
L'Écrit de Damas recommande encore [CD VI, 20–21 et VII, 1–6]:
D'offrir les choses saintes selon leurs teneurs exactes [Jésus dit en Luc 11, 42: Mais malheur à vous, pharisiens! parce que vous payez la dîme de la menthe, de la rue, et de toutes les herbes,et que vous négligez la justice et l’amour de Dieu: c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans omettre les autres choses.] d'aimer son frère comme soi-même [Jésus dira: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Rappelons que ce passage est une citation, même si c'est une citation de Lévitique, on constate la récurrence de thèmes semblables.], de soutenir la main du pauvre, du misérable et du gèr, de chercher chacun le bien-être de son frère et que personne ne soit infidèle à sa propre chair [son épouse]; de se préserver de la luxure selon la Loi [la luxure signifie épouser sa nièce, ou deux femmes, ou divorcer sous de faux prétextes et se remarier]; de réprimander chacun son frère selon le commandement et de ne pas garder rancune d'un jour à l'autre [Comparable à Luc 17, 6: Si ton frère a péché, reprends-le; et, s’il se repent, pardonne-lui. Et à Matthieu 6, 14: Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi.]; de se séparer de toutes les impuretés selon leur loi et que personne n'est pas ne souille son Esprit saint selon ce que Dieu a distingué pour eux [Comparable au péché contre l'Esprit qui ne sera pas pardonné.] Tous ceux qui marchent avec celles-ci [les Lois] dans la sainteté parfaite selon toutes ses instructions, l'Alliance de Dieu est pour eux l'assurance qu'ils vivront mille générations. [=la vie éternelle, voir Matthieu 19, 16–17; Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle? Il lui répondit: ... Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements.]
Tant de similitudes textuelles dans des textes aussi brefs ne peuvent s'expliquer que si Jésus était lui-même essénien et qu'il transmettait leurs enseignements. Notons encore que les esséniens reconnaissaient le caractère prophétique du Livre d'Hénoch et que le Nouveau Testament est rempli de réminiscences de ce texte. Notons encore que les premiers chrétiens mettaient leurs biens en commun sous la garde des anciens, comme les esséniens.

Voyons les dissemblances! Les esséniens semblent peu impressionnés par les miracles, mais les miracles de Jésus qui remplissent une grande part des évangiles peuvent s'expliquer par la volonté des rédacteurs d'impressionner les païens plus intéressés par le merveilleux que par l'éthique de la Torah. Pour les miracles de Jésus, voir: http://essenochristianisme.blogspot.be/2016/09/quelques-sources-litteraires-des.html

Il y a plusieurs passages qui n'ont probablement pas été dits par Jésus, parce que les concepts qu'ils dispensent correspondent à l'éclosion de la religion individuelle. Une telle évolution de la religion est probable à Alexandrie à la fin du Ier siècle et au début du IIe, par contre la Judée est restée dans une pratique collective et sociale de la religion, parmi ces passages, notons:
21. Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. 22. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. 24. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité.
Ou:
6. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
De tels passages se rapprochent des textes hermétiques, ou d'autres pseudépigraphes alexandrins du Ier siècle. Même remarque sur l'Adam paulien qui se rapproche des textes connus de la Gnose sethienne ou des spéculations hermétiques sur l'Homme universel ou Anthropos primordial...
Ces passages s'opposent à un essénisme en Judée dans les années 30; par contre, il pourrait provenir de l'essénisme des Thérapeutes d'Alexandrie après la destruction du IIe Temple.

Dans les passages les plus non esséniens des évangiles, il convient de noter:
  • l'onction à Béthanie, un interdit essénien, l'huile profane rend l'homme impur... Notons que cette onction existe en trois versions, toutes différentes: une chez Matthieu et Marc, une différente chez Luc et une encore différente chez Jean. Mais le passage dissimule une réécriture tirée de Pétrone (chapitres 77–78), chez qui on lit: [...] En attendant, Stichus, apporte-nous les vêtements funéraires dans lesquels je veux être enseveli ; apporte-nous aussi les parfums et un échantillon de cette amphore dont je désire qu’on arrose mes os. » Stichus ne fut pas long. Il rapporta dans la salle à manger une tunique blanche et une robe prétexte. Pygmalion nous pria de les tâter pour voir si elles étaient en bonne laine. Il ajouta en souriant : « Prends garde, Stichus, que les rats ou les teignes ne s’y mettent, car je te ferais brûlé vif. Je veux avoir un bel enterrement, afin que tout le peuple bénisse ma mémoire. » Aussitôt, il débouche une fiole de nard et nous en fait frictionner, à la ronde : « J’espère, dit-il, qu’il me fera autant de plaisir après ma mort que maintenant. » [...] Notons que Luc a dû comprendre qu'il s'agissait d'un plagiat de Pétrone, puisqu'il a mis la péricope en milieu de vie, alors que Matthieu, Marc et Jean, conformément à Pétrone, la placent juste avant la mort de Jésus.
  • La résurrection de Jésus sous forme humaine; pour les esséniens la résurrection, c'est l'obtention de l'état angélique... comme d'ailleurs Jésus l'explique très bien dans sa dispute contre les sadducéens...
  • le pardon de la femme adultère; les esséniens appliquent inflexiblement la justice et condamnent à mort sans état d'âme... Notons que ce passage ne se trouve pas dans les manuscrits anciens des évangiles (seul un manuscrit antérieur à 800 contient cette péricope); elle est probablement une réécriture marcionite. En effet, on lit dans la péricope: puis de nouveau [Jésus] s’étant baissé avec le doigt il fit une inscription sur le sol. Or, ce passage contient une réminiscence d'Exode 31, 18: Dieu donna à Moïse, lorsqu’il eut achevé de s’entretenir avec lui sur le mont Sinaï, les deux tables du Statut, tables de pierre, burinées par le doigt de Dieu. Il est donc clair que dans le passage, Jésus écrit la nouvelle loi d'amour qui abolit la Torah, et sauve ainsi la femme adultère. Une telle conception est totalement marcionite.
  • L'utilisation de bandes plutôt que d'un linceul est aussi douteux, c'est plutôt un usage égyptien que juif. 

Conclusion
Jésus a bien été un essénien, il pratiquait une mystique énochéenne comme eux, il montre une connaissance implicite de leurs principaux textes; Jésus l'Essénien, c'est le Jésus original. Quand les évangiles prirent leur forme définitive dans les années 135, les disciples de Jésus avaient évolué sur deux points: ils avaient suivi les mouvements spiritualistes alexandrins qui défendaient une vision individuelle et spirituelle du culte, et voulaient une paix avec les Romains. Ils semblent avoir eu la collaboration d'un samaritain qui prétendait avoir des sources inédites sur Jésus, c'est probablement lui qui a composé les passages en faveur des Samaritains et qui a donné la tournure antisémite des évangiles.  C'est probablement encore lui qui a inséré dans les évangiles des passages tirés d'auteurs païens, comme Pétrone et d'autres; et c'est probablement lui qui a rédigé le récit de la résurrection.



Quelques sources littéraires des miracles de Jésus

Si les miracles de Jésus sont crédibles, ils doivent être inédits; ce n'est malheureusement pas le cas pour la plupart d'entre eux, examinons-les:

La pêche miraculeuse
La pêche miraculeuse est bien connue, elle existe néanmoins en deux versions, une chez Luc dans laquelle elle permet de comprendre pourquoi Pierre devient disciple de Jésus, et l'autre chez Jean qui est un miracle post-résurrection. Ce miracle est une réécriture d'Ezéchiel 47, 8–10,  dans lequel il est écrit:
Et il me dit : « Ces eaux se dirigent vers le district oriental, et, après être descendues dans la plaine, elles se jettent dans la mer, dans la mer aux eaux infectes, qui seront ainsi assainies. Et alors tous les êtres animés qui y grouillent, partout où arriveront les flots du torrent, ils vivront, et le poisson sera extrêmement abondant; ces eaux une fois venues là, [celles de la mer] seront assainies, et vivra tout ce qui sera en contact avec le torrent. Alors les pêcheurs se tiendront sur ses bords, d’En-Ghedi jusqu’à En-Eglaim; il y aura là des étendoirs de filets. Les poissons s’y trouveront, selon leurs espèces, comme les poissons de la Grande Mer, extrêmement nombreux.
La tempête apaisée
Jésus dort dans une barque sur la mer de Galilée, une tempête survient, les disciples apeurés réveillent Jésus qui calme la tempête. Ce passage est une réminiscence des psaumes, plus particulièrement du Psaume 107, aux versets 25–30, dans lequel on lit (nous résumons):
Il [Dieu] parlait, et faisait souffler un vent de tempête qui soulève les vagues. [...] Mais ils crièrent vers l’Éternel dans leur détresse : il les sauva de leurs angoisses. Il transforma l’ouragan en une brise légère, et les vagues apaisèrent leur fureur. Ce fut une joie pour eux de voir renaître le calme; Dieu les conduisit au terme désiré de leur voyage.
Notons la fin Dieu les conduisit au terme désiré de leur voyage, phrase qui se retrouve quasiment quand Jésus marche sur les eaux, en effet, il se termine par la phrase suivante (Jean 6, 21): et aussitôt la barque aborda au lieu où ils allaient.

Jésus marche sur les eaux
Ce miracle est une réécriture de Job 9, 8 qui dit, en parlant de Dieu :
Lui qui seul déploie les cieux et marche sur la mer comme sur le sol.
Dans les évangiles, Jésus est ainsi assimilé à Dieu par ce miracle... 

Les exorcismes
Détailler les exorcismes de Jésus est peine perdue, ces miracles sont connus de toute l'Antiquité et de tous les peuples du monde pour qu'ils soient besoin de s'y arrêter... Notons l'exorcisme du démon Légion qui pourrait dissimuler une polémique anti-romaine: les légions romaines qui sont précipitées dans des porcs (un des symboles de la Légion) et qui ensuite se noient dans la mer de Galilée... Notons que cet exorcisme correspond au transfert d'un démon dans le corps d'un animal qui est ensuite sacrifié; nous ne croyons pas que tels exorcismes étaient pratiqués par des Juifs (ce n'est pas documenté en tous les cas) mais plus certainement par des prêtres païens. L'autre hypothèse est d'y  voir un rite de transfert des péchés dans un animal et qui était en usage au Temple de Jérusalem appliqué aux exorcismes.

Les guérisons de lépreux
Le récit de la guérison des dix lépreux est probablement une fabulation de Marcion, d'autant plus que le seul qui remercie Jésus est un samaritain. Quant au récit de la guérison du lépreux, les fragments de l'évangile inconnu d'Egerton (vers 120) permettent d'en comprendre le véritable sens: il s'agit d'une guérison spirituelle; en effet, le lépreux aurait mangé avec des lépreux pendant qu'il voyageait, on aimerait savoir qui serait assez fou pour manger avec des lépreux? Le plus simple est de comprendre que ces lépreux sont des gens qui ont commis des impuretés rituelles, et que ces impuretés se sont communiquées à celui qui a voyagé avec eux, car il ne s'est pas suffisamment écarté d'eux; c'est pour cela que Jésus est en colère, mais il le purifie par sa puissance spirituelle, et il peut alors entrer, pur,, probablement dans un camp essénien où la pureté absolue était de rigueur et où les impurs ne pouvaient pas entrer. 
Notons que dans les évangiles classiques, Jésus touche le lépreux ce qui est une réécriture du Second Livre des Rois, en effet le roi de Syrie a sous ses ordres un général appelé Na°aman qui est lépreux, suite à une guerre, une juive est capturée et entre au service de son épouse qui lui conseille d’envoyer son mari trouver le prophète Élisée; le roi de Syrie envoie une lettre au roi d’Israël pour lui dire qu’il doit guérir Na°aman. Le roi déchira ses vêtements dira, à propos de cette demande : 
Suis-je donc un dieu qui fasse mourir et ressuscite, pour que celui-ci me mande de délivrer quelqu’un de sa lèpre? Mais non, sachez-le bien et prenez-y garde, c’est qu’il me cherche querelle.
Élisée, apprenant le désarroi du roi, lui fait dire de lui envoyer Na°aman, qui se rend alors auprès du prophète. Celui-ci lui fera dire par un envoyé :
Va te plonger sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra nette.
Na°aman se met en colère et dit :
Certes, m’étais-je dit, il va sortir, s’arrêter, invoquer le nom de l’Éternel, son Dieu; puis il aurait passé sa main sur la partie malade et guéri le lépreux. Est-ce que l’Amana et le Parpar, ces rivières de Damas ne valent pas mieux que toutes les eaux d’Israël? Pourquoi, en m’y baignant, ne deviendrais-je pas net?
Mais ses serviteurs le convainquirent de se calmer et d’obtempérer à l’ordre du prophète, il se baigna sept fois et devint pur, la suite n’a pas de rapports avec le passage. Élisée ne permet pas à Na°aman d’approcher, et ce dernier se plaint que le prophète n’a même pas touché la partie malade, ce que Jésus fera d’après les évangiles, mais cette partie fut composée par les marcionites pour montrer que Jésus se foutait de la Torah qui interdit à un homme de toucher un lépreux...

Aveugles qui voient, muets qui parlent, sourds qui entendent, paralytiques qui marchent
Ces miracles peuvent être symboliques, l'Écrit de Damas parle de déboucher les oreilles de ceux qui n'entendent pas la Torah... On pourrait aussi parler de faire voir les lumières de la Torah à ceux qui ne les voient pas; ou de mettre en mouvement ceux qui restent immobiles pour le service de Dieu.
Certains possèdent des réminiscences littéraires identifiables, comme les passages mentionnant la guérison d'un aveugle en Marc 8, 22–27 et en Jean 9, 1–41. Dans Marc, nous trouvons le passage suivant :
Ils se rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu’on le pria de toucher. Il prit l’aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit de la salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s’il voyait quelque chose. Il regarda, et dit: J’aperçois les hommes, mais j’en vois comme des arbres, et qui marchent. Jésus lui mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand l’aveugle regarda fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement.
Similaire à Jean, qui écrit : 
Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (nom qui signifie “envoyé”). » Il y alla, se lava, et s’en retourna voyant clair. 
Or cela est mentionné par Suétone à propos de l'empereur Vespasien
Vespasien, prince nouveau et en quelque sorte improvisé, manquait encore de ce majestueux prestige qui appartient au souverain pouvoir: il ne se fit pas attendre. Deux hommes du peuple, l’un aveugle et l’autre boiteux, se présentèrent devant son tribunal, le priant de les guérir, sur l’assurance que Sérapis leur avait donnée pendant leur sommeil, que l’un recouvrerait la vue, si l’empereur voulait imprégner ses yeux de salive, et que l’autre se tiendrait ferme sur ses jambes, s’il daignait le toucher du pied. Vespasien, n’augurant aucun succès d’une telle cure, n’osait pas même l’essayer. Ses amis l’encouragèrent. Il fit donc l’une et l’autre expérience devant le peuple assemblé, et réussit. Vers le même temps, sur l’indication des devins, on déterra à Tégée, en Arcadie, des vases antiques qui étaient enfouis dans un lieu consacré, et l’on y reconnut la vivante image de Vespasien.
D'après Tacite (Histoires, Livre IV, §81), le boiteux est un perclus de la main, or ce miracle se trouve aussi dans les évangiles en étant attribué à Jésus.  

La transfiguration
Dans ce miracle, Jésus rencontre Moïse et Élie et subit une transformation physique, puisqu'en Matthieu 17, 2, on dit de Jésus qu’il
fut transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. 
Ce passage semble une simple réminiscence d’Exode 34, 29–35 :
Or, lorsque Moïse redescendit du mont Sinaï, tenant en main les deux tables du Statut, il ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante lorsque Dieu lui avait parlé. Aaron et tous les enfants d’Israël regardèrent Moïse et voyant rayonner la peau de son visage, ils n’osèrent l’approcher. [...]
Même idée dans le Livre d’Hénoch, dans lequel on lit :
La grande gloire siégeait sur ce trône, et son vêtement était plus brillant que le soleil et plus blanc que toute neige. (I Hénoch 15, 20.)
Et :
Désormais ils ne seront ni forts, ni élevés, ceux qui possèdent la terre, et ils ne pourront pas regarder la face des saints, car c’est la lumière du Seigneur des esprits qui a apparu sur la face des saints, des justes et des élus. (I Hénoch 38, 4.)
La nuée qui cache Jésus et les deux autres prophètes est une simple réminiscence d’Exode 33, 9–12 :
Quand Moïse y était entré, la colonne de nuée descendait, s’arrêtait à l’entrée de la Tente et Dieu s’entretenait avec Moïse. Et tout le peuple voyait la colonne nébuleuse arrêtée à l’entrée de la Tente et tout le peuple, aussitôt se prosternait, chacun devant sa tente. Or, l’Éternel s’entretenait avec Moïse face à face, comme un homme s’entretient avec un autre ; etc.
Nous ne connaissons pas de parallèles à la torpeur qui saisit les disciples, mais le phénomène est connu, lors des apparitions spirituelles, ceux qui n'ont pas l'expérience de ces choses ont tendance à s'endormir... 

Les résurrections
Outre la résurrection de Jésus, les évangiles en contiennent trois, celle du fils de la veuve de Naïm, celle de la fille de Jaïr et celle de Lazare. La résurrection de Lazare nous semble être une parabole réaménagée en miracle (comme le figuier maudit, qui vise soit les Juifs, soit les Romains, le figuier ruménal s'était desséché en 57, sa plantation remontait à l'époque de Romulus, et ce fut vu comme l'annonce de grands malheurs); en effet, Lazare pourrait être vu comme le Temple devenu impur suite à la profanation des Séleucides, et sa restauration par Judas Macchabée, compte tenu de la portée nationaliste de ce thème, les évangiles ont préféré transformer la parabole en un miracle bien plus innocent. Le thème ici est probablement le Temple rendu impur par l'application des préceptes pharisiens sur les sacrifices des animaux gravides).
L'analyse littéraire de la résurrection du fils de la veuve de Naïm et de la fille de Jaïr offre des parallèles troublants, des historiens comme Boismard considèrent que philologiquement, il s'agit de deux réécritures d'un même miracle. La résurrection de la fille de Jaïr offre néanmoins d'autres problèmes. En effet, l'Antiquité mentionne que les parents étaient très attachés à leur fils, surtout l'aîné bien plus rarement à leurs filles, souvent vues comme une simple source de soucis; il est donc probable qu'à l'origine c'est bien le fils de Jaïr qui est ressuscité et non la fille (c'est ce qui expliquerait le miracle de la résurrection du fils de la veuve de Naïm. Yaïr est souvent présenté comme un rabbin, mais les évangiles disent que c'était un chef de synagogue et oublient qu'il existait des synagogues esséniennes comme des synagogues pharisiennes, mais ce n'est pas l'important. Donc, celui qui est ressuscité est très probablement un fils... On doit se demander pourquoi ce travestissement! et ce n'est à nouveau pas compliqué à comprendre. L'histoire mentionne effectivement un certain Éléazar, fils de Yaïr et originaire de Galilée; OR CET ÉLÉAZAR FUT LE DERNIER CHEF SICAIRE DE MASSADA...  et celui qui ordonna le suicide collectif de ses troupes. Il était évidemment impossible de mentionner dans les évangiles que Jésus aurait guéri celui qui fut un temps le plus grand ennemi de Rome.

L'eau changée en vin
Ce miracle est un miracle symbolique assez facile à comprendre. L'eau, c'est l'eau du baptême; le vin, c'est le feu de l'Esprit Saint; ce miracle veut simplement dire que Jésus transforme le baptême de l'eau que donnait Jean le Baptiste en baptême dans le feu de l'Esprit Saint... 

La multiplication des pains
La multiplication des pains est une réécriture d'un miracle d'Élisée (II Rois 4, 42–44) qui dit:
Un homme, venant de Baal-Chalicha, apporta un jour à l'homme de Dieu, comme pain de prémices, vingt pains d'orge et du gruau dans sa panetière. Élisée dit: «Donne cela au peuple et qu'il mange!» Son serviteur répondit: «Comment donnerais-je ceci à cent hommes?» Mais il répéta: «Donne-le au peuple et qu'il mange, car voici ce qu'a dit l'Éternel: On mangera, et il en restera encore.» On les servit, ils mangèrent et en eurent de reste, selon la parole de l'Éternel.
Comme on le constate, le miracle est une simple réécriture de ce passage. Néanmoins, ce n'est pas le seul sens qu'il faut y trouver; en effet, l'eau changée en vin comme la multiplication des pains ont des rapports avec l'eucharistie. Il semble que les esséniens pratiquaient une eucharistie comme en témoigne Flavius Josèphe qui dit dans la Guerre des Juifs (Livre II, Chapitre VIII, §5) qu'Il
s se lavent tout le corps d’eau froide. Après cette purification, ils s’assemblent dans une salle particulière où nul profane ne doit pénétrer ; eux-mêmes n’entrent dans ce réfectoire que purs, comme dans une enceinte sacrée. Ils prennent place sans tumulte, puis le boulanger [ce boulanger est un qohen descendant d'Aaron] sert à chaque convive un pain, le cuisinier place devant lui un plat contenant un seul mets. Le prêtre prononce une prière avant le repas, et nul n’y peut goûter que la prière ne soit dite. Après le repas, il prie derechef ; tous, au commencement et à la fin, rendent grâce à Dieu, dispensateur de la nourriture qui fait vivre. 
Et dans les Antiquités Juives, il précise encore (Livre XVIII, Chapitre I, §5) que les Esséniens
choisissent des prêtres [donc des qohanîm descendants d’Aaron] pour la préparation de la nourriture et de la boisson.
Mais, cela n'explique pas la multiplication des pains. Nous pensons et avouons que l'eucharistie pourrait provenir de l'hermétisme. L'hermétisme s'est développé à Alexandrie en unissant des hommes et probablement aussi des femmes qui avaient des origines juives, grecques et égyptiennes; ils comparèrent leurs traditions et en constituèrent un syncrétisme mystique. Or, plusieurs prières mentionnent bien que la nourriture était utilisée pour la progression spirituelle. L'homme possède en lui une force qu'il peut infuser aux choses créées, c'est cette force que les magiciens utilisent pour animer leurs idoles afin qu'elles fassent des miracles; les magiciens profanent ainsi la force que Dieu leur a donnée, normalement Dieu nous a donné cette force pour que nous remontions à lui pas pour que nous manipulions les autres... C'est cette force qui est mise en œuvre dans la prière, et il semble que les hermétistes aient utilisé cette force pour imprégner la nourriture, ainsi elle revient en eux pendant qu'ils la mangent; c'est probablement le sens de l'eucharistie originale qui ne visait pas à transformer le pain et le vin en corps et en sang du christ, mais bien en une nourriture spiritualisée qui aidait l'adepte dans sa progression vers Dieu. Ceux-ci multipliaient le pain non en quantité, mais en qualité, en faisant un pain spirituel... On constate d'ailleurs que dans le Notre Père, Jésus dit: Donne-nous dès à présent la manne qui nous est promise, phrase que les traducteurs rendent profanement par Donne nous aujourd'hui notre pain quotidien... La manne promise est la nourriture que les Justes auront au paradis, dans le Notre Père, Jésus demande que nous le recevions dès ici-bas afin que nous progression spirituellement. En fait, cette force nous devons la faire sortir de nous-mêmes.

Conclusion
La plupart des miracles de Jésus ont des sources littéraires parfaitement identifiables. Il convient d'excepter la guérison de l'hémoroïsse ou le statère tiré du poisson, mais qui sont douteux; en effet, comment imaginer qu'une femme qui a des règles permanentes et qui touche Jésus n'est pas immédiatement rabrouée, ce miracle est probablement une invention de Marcion pour légitimer les rapports sexuels pendant que les femmes ont leurs menstrues. Dans la mesure où cette maladie est inconnue, il est aussi possible que ce miracle décrive une guérison d'une femme qui souffre d'incontinence, une maladie très commune aux femmes qui ont eu plusieurs enfants et qui permettrait de mieux comprendre l'absence de réaction lorsqu'elle décrit la mal qui l'affligeait. Notons aussi que Jésus parle d'une force cachée qui sortait de lui, or, un tel vocabulaire appartient plus à l'hermétisme qu'un judaïsme judéen. La pièce de monnaie trouvée dans le poisson pourrait être une simple analogie avec Jonas qui fut avalé par une baleine. 
Notons enfin que de nombreux miracles se déroulent pendant le sabbat, il était universellement admis parmi les Juifs que des choses pouvaient être faites pendant le sabbat, dont des guérisons... Mais on ne pouvait pas sauver la vie d'un animal. L'insistance des évangiles à montrer que les pharisiens s'opposent à Jésus à ce propos vise à les faire passer pour des hommes qui n'ont pas de cœur, mais aussi à préparer le paulisme qui justifiera ainsi l'abolition du sabbat. 
Les miracles que Jésus pourrait avoir faits sont les exorcismes et la résurrection du fils de Jaïr. 



vendredi 9 septembre 2016

Barabbas, Yom Kippour et les origines de l'antisémitisme chrétien...

Les évangiles racontent une histoire, celle-ci suppose que leurs lecteurs soient familiarisés avec le judaïsme duquel le christianisme est issu; sans quoi, ils deviennent rapidement incompréhensibles, ou plutôt sont devenus incompréhensibles. 

Rappelons qui est Barabbas: c'est un nationaliste judéen incarcéré par les Romains pour insurrection et pour meurtres, même si les évangiles ne le disent pas, c'est probablement un sicaire. Les sicaires sont des Juifs de tendance assidéenne, les mêmes donc qui suivirent Judas Macchabée et délivrèrent Jérusalem de la domination séleucides et qui n'ont jamais cessé de lutter pour une Judée libre et indépendante. 

L'histoire est assez simple, Ponce Pilate semble s'être engagé à libérer un prisonnier pour la Pâque; il voudrait épargner Jésus, mais les Juifs demandent qu'on libère Barabbas et qu'on exécute Jésus. Devant la pression populaire juive, Ponce Pilate, craignant une insurrection, fait crucifier Jésus et libère Barabbas. 

Une des grandes incohérences des évangiles est que Jésus est considéré comme l'agneau pascal qui délivre des péchés; en fait, c'est une contradiction avec la Torah, puisque l'agneau qui est sacrifié à Pâque, est non un sacrifice d'expiation, mais un sacrifice d'offrande, de remerciement à Dieu, pour avoir libéré le peuple Juif de l'esclavage en terre d'Égypte. Dans la Torah, le sacrifice d'expiation par excellence est le sacrifice de Yôm Kippour. Ce sacrifice fut institué comme expiation pour l'adoration du veau d'or pendant que Moïse recevait les Tables de la Loi; pendant cette journée les Juifs doivent jeûner complètement, c'est-à-dire, s'abstenir totalement de boire et de manger, du coucher du soleil au coucher du soleil suivant. Yom Kippour n'était pas un sacrifice de commémoration, puisque, par celui-ci, les Juifs étaient rédimés des péchés involontaires. Aujourd'hui, comme le Temple n'a toujours pas été relevé, les sacrifices ne sont plus faits, mais l'obligation de jeûne complet est maintenue. 

Le rituel de Yom Kippour est décrit dans le chapitre XVI du Lévitique; rituel que nous allons résumer. Rappelons qu'un sacrifice d'expiation vise à effacer une faute et qu'un holocauste est un sacrifice dans lequel l'animal est consumé, mais c'est une offrande. Lors de Yom Kippour, Aaron ou son descendant exerçant les fonctions de grand-prêtre, doit d'abord sacrifier un taureau et ensuite un bélier: le taureau comme expiation de ses fautes (ou par extension, des fautes des qohanim descendants d'Aaron) et le second comme offrande à Dieu. Le grand-prêtre doit ensuite revêtir son costume de fonction et choisir deux boucs pour l'expiation des péchés du peuple et un bélier pour l'offrande. Des deux boucs, le grand-prêtre tirera au sort, un qui devra être sacrifié pour l'expiation tandis que l'autre qui sera envoyé dans le désert comme offrande à Azazel. Ensuite est sacrifié le Bélier comme offrande à Dieu pour les fautes du peuple. 

Constatons qu'il y a deux boucs, un qui est envoyé dans le désert et l'autre qui est sacrifié; comme il y a deux hommes en attente d'être exécuté, un qui sera libéré et l'autre qui sera crucifié. Le grand-prêtre, Qaïphe donc, dira que c'est Barabbas qui doit être libéré et Jésus qui doit être exécuté, exactement comme le grand-prêtre dira qu'un des deux boucs doit être envoyé au désert et l'autre sacrifié. 

L'histoire est allégorique, les évangiles accusent clairement le grand-prêtre d'avoir fait le mauvais choix: il fait libérer le révolutionnaire juif, Barabbas et fait crucifier le Juif pacifique, Jésus; les auteurs des évangiles comparent aussi implicitement le peuple Juif, ou plutôt les Judéens à un désert ou à Azazel...  Dans ce passage purement fictionnel, tout en pouvant avoir des fondements historiques; ils affirment en réalité que, si le Temple a été détruit, ce n'est pas la faute des Romains (Ponce Pilate veut libérer Jésus), mais bien la faute des Juifs qui suivirent la folie des insurgés sicaires et zélotes qui mènera à la destruction du Temple. Et cerise sur le gâteau, les évangélistes confirment à leurs lecteurs romains que Jésus était bien un pacifiste et qu'il n'avait rien à voir avec les sicaires. 

La réalité historiques est plus que certainement différente, il n'y a probablement jamais eu deux prisonniers, mais un seul, Jésus Barabbas... Jésus et Barabbas ont été divisés en deux personnages afin de masquer les aspects anti-romains de Jésus, mais il s'agit du même personnage: Jésus est Barabbas, d'ailleurs quelques manuscrits ont conservé le prénom de Barabbas et ils affirment qu'il s'appelait aussi Jésus.

Quant au peuple Juif, il est présenté comme portant la faute de la mort de Jésus, c'est-à-dire, la responsabilité de la destruction du Temple. Rappelons que Rabban Gamaliel rejettera les judaïsants de langue grecque, car il considérait qu'ils n'étaient pas intervenus avec suffisamment de vigueur après de Titus pour empêcher la destruction du Temple ou pour le protéger de la cruelle répression due à Lucius Quietus pendant la révolte des Communautés (115–118). 

On lit dans les évangiles une querelle d'alliés devenus ennemis qui ont connu une défaite terrible, et chacun se renvoie la balle: les judaïsants (les chrétiens, donc) qui accusent les Juifs d'avoir été intransigeants (libérer Barabbas le révolté au lieu de Jésus le pacifique) et d'être responsables de la destruction du Temple; et les rabbins qui accusent les chrétiens d'avoir laissé l'irréparable se produire. Au fond, chacun disait: c'est pas de ma faute, c'est de la faute de l'autre. 

D'autres passages des évangiles rappellent cette querelle, comme quand l'épouse de Pilate intervient pour que Jésus soit épargné, ce qui n'est pas sans rappeler l'intervention probable de la reine Bérénice de Judée, après de son puissant amant, le futur empereur Titus. Ou encore, Pilate qui ne veut pas condamner Jésus à mort, comme Titus ne veut pas détruire le Temple. 

On imagine difficilement ce qu'a put être la destruction du Temple de Jérusalem en 70, mais il semble évident que le judaïsme s'est effondré et que deux tendances se sont affrontées: les judaïsants et les métis judéo-grecs d'un côté et le sanhédrin de l'autre côté, et chacun a accusé l'autre camp d'être responsable de la défaite. Le procès de Jésus, ce n'est pas le procès de Jésus, mais bien une accusation contre les Judéens considérés comme les responsables de la guerre, et donc de la défaite contre Rome, et donc de la destruction du Temple

Certains aspects de la vie de Jésus furent mythifiés afin de le présenter comme un Juif favorable à Rome, il est néanmoins peu probable que le Jésus de l'histoire ait été ce pacifiste, mais plus probablement le sicaire Barabbas. D'autres passages des évangiles laissent perplexe, puisque Matthieu affirme que Jésus parlait du royaume des cieux et Luc affirme qu'il parlait du royaume de Dieu; or, en hébreu, il est impossible de confondre royaume 'èlohim (royaume de Dieu) et royaume hashamayim (royaume des cieux); le Jésus de l'histoire a donc plus certainement annoncé le royaume au sens de royaume de Judée, et les évangélistes ont autant que possible édulcoré ses propos; les rabbins n'ont pas procédé autrement, tant et si bien que certains rabbins contemporains croient que l'État d'Israël n'est pas légitime, alors que les paroles des sages du Talmud visaient à empêcher les Juifs de se jeter aveuglément dans n'importe quelle révolte. 

Cette affaire de Barabbas est fondamentale dans l'émergence de l'antisémitisme chrétien; en effet, quand les allusions à la responsabilité de la destruction du Temple ne furent plus comprises, quand aussi les chrétiens avaient oublié les deux boucs de Yom Kippour, ils ont commencé à réellement croire que les Juifs avaient condamné leur propre messie à mort pour faire libérer un faux messie, sans se rendre compte qu'ils lisaient une allégorie...  Le Jésus ressuscité, ce n'est d'ailleurs qu'une allégorie du Temple céleste.... 

Quelques points méritent d'être encore notés:
  1. il existe dans les évangiles, de nombreuses dépendances littéraires à l'œuvre de Flavius Josèphe;
  2. le bon et le mauvais larron qui sont crucifiés autour de Jésus est probablement une variante de cette histoire dans laquelle on retrouve les deux boucs de Yom Kippour;
  3. un autre Barrabas est mentionné par Philon d'Alexandrie. En effet, alors que le roi Agrippa Ier s'était arrêté à Alexandrie en 37, avant de faire route pour la Judée, il fut acclamé par les Juifs d'Alexandrie comme roi des Juifs, les Grecs antisémites prirent un Juif du nom de Barabbas ou de Carabas et le déguisèrent en roi (comme Jésus) avant de l'exécuter...