dimanche 16 octobre 2016

Les deux Jésus des évangiles

Les chrétiens sont convaincus que l'Ancien Testament est une préfiguration du Nouveau Testament et ils sont aussi convaincus que le Nouveau Testament permet de comprendre l'Ancien... Pourtant, il suffit de lire l'exégèse rabbinique et l'exégèse chrétienne de l'Ancien Testament pour se rendre compte que le christianisme ne comprend pas grand-chose à l'Ancien Testament. En effet, quand on lit l'exégèse rabbinique, on a plutôt l'impression que quand Jésus donne la compréhension de l'Écriture, l'Esprit Saint a atterri chez les rabbins plutôt que chez les Pères de l'Église. En réalité, les chrétiens rejettent l'Ancien Testament, pas franchement, mais subtilement, comme un vieux vêtement usé qu'on conserve plus par souvenir que par amour. 
Le christianisme s'est embrouillé dans les évangiles: paulisme, ébionisme, guerres judéo-romaines; mais les éléments non-chrétiens dont nous disposons: écrits intertestamentaires, manuscrits de Qumran, œuvres de Flavius Josèphe et de Philon d'Alexandrie, Talmud, permettent aujourd'hui de déterminer le véritable sens des évangiles et en quoi il donne une compréhension de l'Ancien. 
Les évangiles ont été écrits et réécrits un nombre incalculable de fois, ils offrent donc un nombre important de contradictions dues aux ajouts successifs et aux ratures. De plus, les épîtres pauliennes, particulièrement obscures, offrent une grille de lecture des évangiles, et le chrétien est prié de faire de cet ensemble indigeste une lecture unifiée malgré les contradictions.

Les évangiles dans la forme où ils nous parvenus ne sont pas anciens, Marcion, à Rome, n'a vu en 138 qu'une copie des évangiles, et son possesseur ne les montrait à personne; de plus, les évangiles de Matthieu et de Luc commençaient comme celui de Marc, avec le baptême de Jean le Baptiste... En 150 encore, Justin Martyr appelle les évangiles les «Mémoires des Apôtres», ce qui pourrait confirmer que c'est bien Marcion qui a appelé ces mémoires les évangiles, c'est probablement aussi lui qui a intitulé le Tanakh Ancien Testament et les évangiles et les épîtres de Paul Nouveau Testament. Les Ébionites ont d'ailleurs accusé Marcion d'avoir falsifié les évangiles et d'être l'auteur des épîtres pauliennes, en tout cas de les avoir fortement retouchées, les Homélies Clémentines suggèrent d'ailleurs que c'est bien Marcion qui a eu la vision du Christ sur le chemin de Damas... La vie de Marcion offre un remarquable trou noir, il quitte sa patrie vers 125 et réapparaît à Rome en 138; on ignore tout de l'endroit où il passa ces 13 années. Néanmoins, on sait de source quasi certaine que le père de Marcion était un converti au judaïsme; on peut donc supposer que comme de nombreux judaïsants il a vécu une partie de ces 13 années en Judée. 
On sait que dans les prophéties qui marquent l'imminence de la fin des temps, il y a la mention du retour des Juifs en Judée; or, suite à la révolte de 115–118, Lucius Qietus a déporté les Juifs en Judée: Chypre, Alexandrie, l'Égypte, la Cyrénaïque étaient totalement vides de Juifs (si on excepte les métis et les convertis), ceux-ci furent soit tués, soit réduits en esclavage, soit déportés en Judée. Certains esprits échauffés virent dans cet événement comme une préfiguration de l'imminence de la fin des temps. C'est ainsi que Bar Kokheba parvint à se faire proclamer «messie», christ donc, et mènera une lutte contre les Romains qui finira par un bain de sang aux proportions apocalyptiques. 

Le christianisme émerge réellement dans les années qui suivent cette révolte, sans nier qu'il y ait eu des chrétiens avant, ceux-ci nous sont inconnus, mais sont probablement ébionites, ils ne croient pas en Jésus, mais accomplissent les préceptes de la Torah quoique non-juifs et prennent les armes en faveur d'une Judée libre et indépendante. Les ébionites étant plutôt sacerdotaux que rabbiniques, ils ont une très grande vénération pour le Temple qu'ils espèrent voir reconstruit. 

Rien ne se perd rien ne se crée tout se transforme, cette phrase est probablement vraie pour le christianisme: l'apparition du christianisme marque la disparition du judaïsme alexandrin. Un texte du IIIe siècle, les Constitutions Apostoliques nous a conservé la première liturgie chrétienne, on sait aujourd'hui que la première liturgie chrétienne est simplement la liturgie en usage dans les synagogues de langue grecque: les chrétiens sont donc bien les judaïsants et les métis judéo-grecs. C'est donc dans ce milieu spécifique qu'il faut essayer de comprendre les évangiles; en effet, si massivement, ces hommes et ces femmes rallient le christianisme, c'est que pour eux, le christianisme représente assez clairement ce à quoi ils sont attachés.

Le judaïsme alexandrin est confronté depuis –100, à l'attaque des philosophes grecs. Ces derniers se moquent des Juifs en disant que le Dieu d'Israël n'est qu'un Zeus ou un baal parmi d'autres et qu'il n'est pas le vrai Dieu. Ces philosophes estiment que le vrai Dieu est forcément inconnaissable, il n'entretient pas de contact avec les hommes et a confié l'univers à ses fils, qui sont les logoï ou les dieux. La philosophie est monothéiste mais, leur Dieu Un est inactif et impassible: Lui et nous sommes comme deux droites parallèles qui jamais ne se rencontrent. Dans ce cadre-là, le Dieu de la Bible qui agit, descend sur terre, connaît les hommes, ne peut-être le vrai Dieu. C'est Philon qui leur répliquera qu'il n'y a pas des logoï mais un seul Logos qui est le deuxième dieu, le fils de Dieu, etc. La philosophie de Philon est très simple, dès que Dieu fait quelque chose dans la Bible, ce n'est pas Dieu qui le fait mais le Logos de Dieu qui le fait à sa place. Ce n'est pas Dieu qui parle à Moïse, mais le Logos de Dieu qui parle à Moïse, ce n'est pas Dieu qui nourrit les israélites dans le désert, mais le Logos de Dieu qui nourrit les israélites dans le désert. Philon a réécrit la Bible en langue philosophique... Si les Juifs d'Alexandrie, les métis judéo-grecs et les convertis issus du paganisme étaient convaincus de l'interprétation philonienne de la Torah, les rabbins de Yavneh l'étaient beaucoup moins. Eux rejetaient ce type d'interprétation, pour eux, Dieu agit réellement et, malgré son infinité entre dans l'histoire, ce Dieu est le vrai Dieu et n'est pas remplacé par un archange, un fils dans son action envers les hommes. 

Observons les miracles de Jésus, ceux-ci imitent des miracles décrits dans l'Ancien Testament, la tempête apaisée, la pêche miraculeuse, la marche sur les eaux, les lépreux guéris, la main paralysée guérie sont autant de miracles attribués à Dieu dans le Tanakh. Jésus est donc fondamentalement pour les chrétiens des années 120–140, non un homme, mais bien le Deuxième Dieu, archange, Logos, Fils de Dieu, etc. décrit par Philon. Ce dernier dira d'ailleurs que la fonction du Logos est d'être le Dieu Sauveur, en hébreu Yehôshu°a... Jésus. Dans cet évangile primitif, les miracles de Dieu dans le Tanakh sont décrits comme étant les miracles du Logos de Dieu et non de Dieu qui est impassible et qui ne sait donc pas faire de miracles. 

Mais ces judaïsants sont confrontés à un autre problème, comment expliquer leur interprétation philosophique de la Bible quand la majorité des gens sont analphabètes? Ils vont composer une allégorie qui rend compte de la vérité de la Bible dans le cadre de la philosophie grecque et des mœurs de l'époque: ils vont dire que c'est un homme. 

Le problème c'est que l'époque connaît effectivement un homme appelé Jésus... et le Logos de Dieu et cet homme vont se confondre. 

Le Jésus de l'histoire n'a rien à voir avec les miracles de Jésus, c'est un homme fils d'un homme, crucifié pour son refus de payer l'impôt à césar (voir évangile d'egerton) et pour sa révolte contre Qaïphe dans le cadre du transfert de la Hannuth dans l'enceinte même du Temple. Jésus était certainement un personnage important, probablement un prince hasmonéen, donc un prétendant légitime au trône de Judée. Si on en croit Flavius Josèphe, la famille royale hasmonéenne s'est éteinte dans la lignée d'Hérode; or, il prétendait que sa mère était une hasmonéenne et on retrouve dans la généalogie de Jésus, la mention qu'il est l'arrière-arrière petit fils du roi de Judée et grand-prêtre Alexandre Jannée. Alexandre Jannée a probablement eu deux épouses, ce que Flavius Josèphe se garde bien de dire, de Salomé Alexandra sortiront les hasmonéens qui s'éteindront avec Hérode (mariage d'Hérode avec Mariamné l'hasmonéenne) et exécution des autres membres de la famille...  et d'une autre épouse peut-être la fille du Maître de Justice, une autre lignée donc qui se réfugiera en Galilée. C'est de cette lignée que sortira la turbulente famille de Judas le Galiléen, mais aussi Jésus et la mère de Flavius Josèphe. 
Il est assez clair que la dynastie de Judas le Galiléen a une prétention messianique et royale; or, leurs pires ennemis sont les pharisiens. Leurs prétentions messianiques ne peuvent donc être davidides (sans quoi les pharisiens les auraient soutenus), elles sont donc aaronides et conformes aux manuscrits de Qumran qui attendent un messie sacerdotal.
Le Jésus de l'histoire est donc un personnage fortement révolutionnaire et un strict observant de la Torah, hostile aux pharisiens (la congrégation des traîtres dans les manuscrits de Qumran) et à la tradition orale qui semble aux Hassidim un simple moyen de contourner la loi écrite. 

Ces deux Jésus: le Logos de Dieu et le Jésus historique permettent de comprendre une bonne partie des évangiles. Quant aux parties mineures qui échappent à cela, elles sont faciles à comprendre.

  • Jésus mort et ressuscité pour le pardon de nos péchés, c'est le temple détruit et qui doit être reconstruit spirituellement... Les rabbins ne diront pas autre chose, la prière et le repentir remplacent les sacrifices. (C'est dans cette recherche d'un culte spirituel que les chrétiens penseront que la circoncision peut être abolie).
  • Jésus Messie Fils de David, est une attaque très directe contre Shiméon bar Kokheba. Ce dernier est intronisé Messie ben David par un prêtre Éléazar, comme Jésus est intronisé Messie ben David par un prêtre, Jean le Baptiste. Jean le Baptiste a d'ailleurs été exécuté en 36, donc bien après Jésus. Le Jean historique est certainement de la famille de Jésus et comme lui un personnage révolutionnaire et intransigeant.
  • Les passages les plus ouverts des évangiles (La pécheresse pardonnée, la femme adultère, etc.) sont des réécritures marcionites en vue de justifier la rupture avec le judaïsme: Jésus écrit sa nouvelle loi avec son doigt comme Dieu avait écrit l'ancienne loi avec son doigt, le passage manque dans de nombreux manuscrits; quant à pécheresse pardonnée, elle existe en trois versions.)
  • Les discours johanniques sont des discours issus de l'hermétisme alexandrin pour lequel le Logos n'est plus le roi de l'univers, mais plutôt l'ange qui se révèle à l'intérieur de l'homme
  • les passages sur le fils de l'homme proviennent des Paraboles d'Hénoch.
  • Plusieurs passages des évangiles sont des protestations de fidélité à Rome: Rendez à César ce qui est à César (César est un impie, il n'a droit à rien); les bonnes images des publicains; Jésus qui ne se révolte pas; le royaume de Judée édulcoré en royaume des cieux ou de Dieu; 
  • la responsabilité de la mort de Jésus incombe aux Juifs, comme Flavius Josèphe accuse les zélotes-pharisiens, en ayant refusé tout compromis avec Titus, d'être responsables de la destruction du Temple; on notera que Pilate ne veut pas mettre Jésus à mort, comme Titus ne veut pas détruire le Temple; on notera aussi l'intervention de Bérénice de Judée auprès de son amant Titus en faveur du Temple, comme l'intervention de l'épouse de Pilate en faveur de Jésus... Il est difficile de savoir historiquement si Titus a voulu détruire le Temple ou le préserver, mais la mention de Flavius Josèphe que le Temple a pris feu par accident (un tir raté d'un soldat romain dont la flèche enflammée aurait atteint la tenture du temple) n'est pas invraisemblable, puisqu'il précise que Titus est entré dans le Temple avec ses officiers et qu'il a fait apporter de l'eau par les légionnaires pour tenter d'éteindre l'incendie, mais que c'était trop tard et que le bâtiment était irrécupérable. 
  • Les évangiles devaient intégrer les principales fêtes juives, certains miracles de Jésus s'y réfèrent expressément, la résurrection de Lazare comportant des parallèles avec la purification du Temple par Judas Macchabée, donc la fête de Hanukah.
  • Notons deux personnages secondaires qui apparaissent dans les évangiles sous le nom de Jésus: 
    • Bannous, un converti de la famille d'Izatès, exécuté par Hanan ben Hanan en 62 (on se demande d'ailleurs ce que fait le grand-prêtre Hanan qui interroge Jésus, l'histoire ne connaît que deux grands-prêtres qui se sont appelés Hanan: Hanan ben Seth, grand-prêtre en 15–18, donc bien avant le Jésus de l'histoire; et Hanan ben Hanan, le fils du précédent, grand-prêtre en 62, donc bien après Jésus) et enterré par Flavius Josèphe aka Joseph le Lion Fils de Mathathias, aka Joseph Ari (le Lion) Mataias (fils de Matthias)
    • Jésus le Sorcier, un samaritain massacré vers 55 pour avoir manipulé la princesse Drusilla de Judée et qui pourrait être le Jésus qui est enduit d'huile par une prostituée. 

Comme on le voit l'évangile est décomposable en petites histoires parfaitement cohérentes... et qui assemblées ensemble sont sources de confusion. Le logos n'a aucune existence charnelle, c'est un principe philosophique pour comprendre l'activité divine auprès des hommes, ou les pratiques spirituelles dans le cadre d'une révélation intérieure. Le Jésus de l'histoire n'a aucune réalité spirituelle, c'est un homme juste, il n'a été qu'homme. 

Le chrétien croit qu'il croit en Jésus, alors qu'il croit dans le Dieu d'Israël mais tel que compris par la philosophie grecque (Père inactif, Fils ou Logos à qui tous les pouvoirs ont été confiés).

Au sein des évangiles existent deux tendances, une liée aux aspects historiques de l'homme Jésus et l'autre liée aux aspects philosophiques du Logos; mais dans les deux cas, que l'on suive l'homme Jésus et l'ébionisme ou le Logos, la Torah et ses commandements n'ont pas été abolis, et le chrétien en conservant l'Ancien Testament s'identifie aux beney_Israël, il est donc tenu d'en suivre les prescriptions. Pour Philon seul le Logos sauve, mais le Logos sauve parce que l'homme accomplit les prescriptions de la Loi.

Les évangiles sont donc une allégorie... Ce n'est pas le judaïsme qui est une préfiguration du christianisme mais bien le christianisme qui est une préparation au judaïsme qui n'a jamais pu aboutir. D'ailleurs, l'idée qu'il faudrait croire au messie est totalement absente du judaïsme. Nos travaux ne doivent rien à l'islam et le contredisent en de nombreux points, puisque l'islam pas plus que le christianisme ne parviennent à séparer les deux Jésus: le Logos et l'homme Jésus, artificiellement fusionnés pour expliquer les principes philosophiques du judaïsme alexandrin... En effet, quand les chrétiens comprendront que D. peut s'adresser directement à nous malgré son infinité, nous comprendrons alors le fondement de la révélation mosaïque. 

Enfin, les évangiles se sont probablement adressés dans les années 135–140, à des révoltés juifs et judaïsants, las de se soulever contre Rome et d'avoir été trois fois vaincus... à des repentis, donc... 

Dans le cadre d'un article, nous ne pouvons que résumer nos opinions, ils feront l'objet d'une démonstration exhaustive dans nos livres à paraître: Flavius Josèphe, les manuscrits de la Mer Morte et les origines du christianisme et le tome II consacré à la reconstitution des originaux des évangiles. 

Stephan HOEBEECK

vendredi 7 octobre 2016

Jésus le Sicaire

Un article de Michaël Girardin qui a été publié par Le Point et qui est intitulé Jésus était-il un terroriste ? Exige une mise au point à la fois sur les terroristes, sur les sicaires et sur Jésus.

Les sicaires
Si les sicaires étaient des terroristes, alors on peut tout autant décrire les résistants français qui refusèrent de plier face au nazisme comme des terroristes. 
L’acte de résistance vise des cibles stratégiques, dont éventuellement des collaborateurs civils, en vue d’objectifs précis et réalistes ; l’acte de terrorisme vise à la terreur sans objectifs réellement précis voire même possibles : croit-on vraiment que les attentats au couteau vont faire plier Israël, que du contraire, ils achèvent de convaincre la totalité des Israéliens qu’il n’est nulle paix possible avec les Palestiniens. 

Les sicaires sont les successeurs des hassidim (les pieux ou les Assidéens) qui suivirent Judas Macchabée et ses frères, et qui obtinrent des Séleucides l’indépendance de la Judée (limitée à Jérusalem et sa banlieue) en –152. Ces groupes religieux et nationalistes ne disparurent jamais ; d’abord fidèles aux hasmonéens, ils s’en séparèrent à l’époque de Salomé Alexandra (–76) qui se soumit aux pharisiens. Ézéchias, le père de Judas le Galiléen, le fondateur des Sicaires, organisa une révolte en Galilée en –47 et fut exécuté par Hérode qui n’était alors que stratège (gouverneur) de cette région. Il est probable que ces groupes furent de toutes les révoltes et bien avant l’an 6. 
On peut lire dans les Antiquités Juives, les exactions et la corruption des procurateurs romains, qui devinrent telles qu’en 66, quand Menahem le Sicaire prit Massada et quand Shimeon le Zélote ou le Shammayite (disciple de Rabbi Shammay) arrêta les sacrifices en faveur de l’empereur, le peuple judéen se souleva dans son ensemble, tant le mécontentement était généralisé.
La rivalité entre Sicaires, Zélotes et d’autres groupes affaibliront les forces judéennes face à Rome, ce qui entraînera la prise de Jérusalem, la destruction du Temple en 70 et la mort de 1 à 2 millions de Juifs et l’esclavage pour des centaines de milliers d’entre eux.

L’article
D’abord Judas Iscariote, l’auteur signale la thèse de Samuel Brandon, à notre avis juste, qu’Iscariote est bien une déformation de Sicaire (Sicaire = ‘iskariôth en hébreu ancien) ; mais il omet de dire que le père de Judas Iscariote est clairement identifiable, puisqu’il s’agit de Simon le Sicaire, le propre fils de Judas le Galiléen et qui fut crucifié par Tibère Alexandre en 48.
L’auteur dit : « En revanche, aucune mention des Esséniens ni des Sicaires n'est clairement visible, ce qui convainc que ces groupes ne se reconnaissaient pas dans la prédication de Jésus. » Une telle affirmation est facile à réfuter ; en effet, les manuscrits de Qumran montrent que les Esséniens étaient extrêmement hostiles aux pharisiens et aux sadducéens accusés de manquer d’amour pour le prochain et de collaborer avec l’ennemi. Il est donc infiniment plus simple de déduire que si Jésus attaque les pharisiens et les sadducéens, c’est parce qu’il est lui-même un Essénien ou un sicaire. De plus, notons le parallèle entre les attaques contre la Torah orale des pharisiens tant de Jésus que des Esséniens, et probablement des sicaires (par exemple dans la dispute sur les mains non lavées.) 
L’auteur dit encore que pour comprendre Jésus, la piste pharisienne est plus prometteuse. Il existe en effet quelques similitudes entre les enseignements de Jésus et ceux de Rabbi Hillel, mais aussi beaucoup de dissemblances, comme les positions de Jésus sur le divorce qui attaque implicitement celles d’Hillel et est identique à celle des Esséniens: l’un des rares enseignements de Jésus ayant une portée juridique est effectivement essénien. Enfin quand Jésus envoie ses disciples en missions et leur dit qu’ils seront accueillis par des gens pieux, c’est peu réaliste pour un mouvement né quelques semaines avant ; par contre, c’est logique si Jésus s’inscrit dans la tradition essénienne qui avait des établissements répartis dans toute la Judée pour accueillir les Esséniens en déplacement. 

L’auteur de l’article dit encore : « On peut arguer que ces écrits déforment la vérité, mais en l'absence d'autre source, il est délicat de proposer un autre regard sans tomber dans la spéculation. Peut-être un autre document sera-t-il un jour découvert, qui portera à changer ces conclusions. » Or, de tels documents existent, comme les fragments de l’évangile dit d’Egerton qui datent de 120 et qui sont donc les plus anciens documents datables mentionnant Jésus (le suivant est 30 ans plus tardif et est conforme aux évangiles). Ces minuscules fragments (1 feuillet) nous montrent un Jésus qui refuse de payer l’impôt à César, CE QUI, TECHNIQUEMENT, S’APPELLE POUR LES ROMAINS « SE RÉVOLTER ». Ces passages d’Egerton permettent de mieux comprendre pourquoi les évangiles disent que ceux qui débattent avec Jésus avaient peur de la foule ; en effet, la foule était majoritairement hostile aux Romains et ceux qui l’interrogent sont des collaborateurs des Romains, si Jésus a dit : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, ces collaborateurs n’ont aucune raison de contredire Jésus ; mais si Jésus, comme le dit le fragment d’Egerton, a assez clairement refusé de payer le tribut à Rome, on comprend bien mieux pourquoi ils craignent la foule s’ils le contredisent ; et aussi pourquoi il sera accusé devant Pilate de refuser de payer le tribut (Luc 23, 2). Les Pères de l’Église ont attaqué un évangile perdu, l’évangile des Hébreux, des Nazaréens ou des Ébionites, mais leurs citations nous font découvrir un Jésus plus juif et aimé de son peuple que ce que les quatre évangiles canoniques ont bien voulu dire.

Le Jésus de l’histoire
Les évangiles souffrent de réécritures nombreuses, d’anachronismes, de réminiscences bibliques (les miracles de Jésus ont quasi tous leur original dans l’Ancien Testament) et profanes (particulièrement Flavius Josèphe)… Mais, quand ces éléments ont été retirés, il reste bien des éléments très difficiles à expliquer et qui offrent des pistes pour identifier le Jésus historique. 
Jésus annonce le Royaume, mais lequel ? le royaume des cieux comme dit Matthieu ou le royaume de Dieu comme dit Luc… Comme il est impossible de confondre « des cieux » avec « de Dieu » en hébreu, Jésus aurait plus simplement annoncé le royaume, c’est-à-dire le royaume de Judée libre et indépendant de la domination romaine.
Peu d’épisodes des évangiles permettent de faire le lien avec le Talmud, mais le Talmud mentionne bien que Qaïphe a fait transférer le marché des viandes et les changeurs dans l’enceinte même du temple ; le Talmud dit que le sanhédrin a décidé que les marchands devaient quitter l’enceinte du Temple et Qaïphe, bien gentiment leur aurait obéi. C’est peu réaliste, Qaïphe est grand-prêtre par la grâce de Rome, ce que le Sanhédrin décide n’a aucune importance tant que le pouvoir romain le cautionne. Par contre, une révolte organisée au temple même par Jésus et par les prêtres du bas clergé, en général, férocement nationalistes, est finalement plus simple à admettre. Remarquons deux points, là où dans les œuvres de Flavius Josèphe nous devrions lire cette affaire du Temple, nous y découvrons la mention de Jésus, ce qui ferait du Testimonium Flavianum une falsification, et ailleurs, il mentionne qu’en 35, donc peu de temps après l’exécution de Jésus, le légat consulaire de Syrie, Lucius Vitellius a fait démettre Qaïphe à cause de ses fautes, sans qu’il ne précise lesquelles. On pourrait supposer que le Temple a connu une quasi-insurrection et que la raison de la perte de sa charge serait bien due à ses abus et aux mécontentements qu’ils ont provoqués et qui auraient culminé avec Jésus, finalement exécuté par son protecteur, Ponce Pilate, ce qui ferait bien de Jésus un sicaire. 

Plusieurs passages des évangiles laissent soupçonner des réécritures, comme la question sur le jeûne que ne suivent pas les disciples, et Jésus dit que 
Les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger pendant que l’époux est avec eux ? Les jours viendront où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. (Mt. 9, 15 ; Mc 2, 19–20 ; Lc 5, 34–35)
Pour comprendre le sens de ce passage, il convient de se demander de quel jeûne il s’agit. Ce n’est certainement pas Yôm Kippur, universellement admis parmi les Juifs, les rabbins auraient considéré Jésus comme un apostat pur et simple si ni lui ou ses disciples ne l’accomplissaient. Compte tenu de la réponse, il serait assez logique qu’il s’agisse du jeûne du 9 av qui commémore la destruction du Ier Temple (et ensuite du IIe); la réponse de Jésus ne viserait pas à asseoir une croyance en lui, mais décrirait bien que certains Juifs refusaient le jeûne du 9 av parce que le Temple avait été reconstruit ; il n’y est annoncé ni le départ de Jésus ni qu’il faudrait jeûner pour cela mais la destruction du IIe Temple (quand l’époux leur sera enlevé), et qu’alors, ils devront jeûner.
En Matthieu 11, 12–13 et en Luc 16, 16, on lit un passage très étrange. 
Depuis le temps de Jean [Baptiste, manque en Luc] jusqu’à présent, le royaume [Mt. des cieux/Lc de Dieu] est [Mt. forcé/Lc annoncé], [et ce sont les violents qui s’en s’emparent/Lc et chacun use de violence pour y entrer.] Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean
Si nous suivons la chronologie évangélique, Jean Baptiste est mort depuis quelques jours, quel changement a bien pu se produire pour que soudainement les violents s’emparent du royaume ; par contre si Jésus est bien la nationaliste judéen que nous soupçonnons, alors cela devient assez clair, le Jean en question n’est pas Jean le Baptiste, mais Alexandre Jannée, et effectivement, Flavius Josèphe considère aussi que ce n’est qu’après la mort de Jean Hyrcan et de Jannée que la prophétie s’est arrêtée; quant aux violents qui veulent s’emparer du royaume, cela fait allusion à la querelle des deux fils de Yannay qui ouvriront les portes à la conquête romaine de –63.

La Guerre civile juive (–110 à 70)
Il existe bien une guerre civile en Judée qui a duré de Jean Hyrcan (grand-prêtre en –135, mort en –104) et qui s’est achevée avec la destruction du Temple en 70, mais plus probablement avec la guerre de Qitos en 115–118 ; si on enlève le verbiage idéologique, cette guerre oppose les pharisiens aux assidéens ou les rabbins aux prêtres, le sanhédrin au Temple, les descendant de David contre les descendants d’Aaron. Si réellement, Jésus a été un descendant de David, comment expliquer son hostilité aux rabbins, ses supporters normaux… 
Et il existe plusieurs arguments tirés des évangiles qui montrent que Jésus n’était pas un fils de David mais un fils d’Aaron:
  • Jésus quand il naît est consacré au Temple, seuls les fils d’Aaron sont consacrés à leur naissance (Luc 2, 23). 
  • Les textes de Qumran parlent de deux messies, un messie d’Israël, probablement un messie fils de David qui est un chef de guerre et un messie fils d’Aaron qui représente Dieu sur terre et fait connaître aux hommes la volonté de Dieu, il est aussi chargé d’enlever les péchés des hommes. Jésus a toutes les caractéristiques d’un Messie Fils d’Aaron et aucune d’un Messie Fils de David.
  • La généalogie de Jésus d’après Luc : Jésus est fils de Joseph, d’Élie, de Matthat, de Levy, de Melchi, de Jannée. D’abord Melki n’est pas un prénom hébreu mais arabe ; mais c’est aussi un mot (melek) qui signifie « roi ». Or un roi de Judée s’est appelé Yannay (Alexandre Jannée) qui fut roi et grand-prêtre de –103 à –76. Officiellement, il n’a été marié qu’à Salomé Alexandra qui lui donna deux fils, c’est ce que prétend Flavius Josèphe. Il n’est néanmoins pas impossible qu’il ait eu deux femmes, et que lors de la prise du pouvoir par Salomé Alexandra, elle ait tenté de faire éliminer les fils de sa rivale afin de favoriser les siens… C’est de cette descendance que pourrait être issue la dynastie sicaire à laquelle aurait appartenu aussi Jésus. Cela ferait du Jésus de l’histoire un prince hasmonéen de Judée et un messie Fils d’Aaron. De là, la crainte des Romains face à Jésus, il appartenait à une famille prestigieuse, royale, sacerdotale et surtout ultra nationaliste. 
  • Mentionnons encore que le Talmud raconte que Jésus aurait vécu à l’époque de Jean Hyrcan, donc un décalage de 100 ans avec les évangiles, et lorsqu’un élève de Maïmonide l’a interrogé sur cet anachronisme, ce sage lui répliqua que Jésus était le dépositaire d’une lignée qui s’était opposée aux rabbins depuis l’époque du Jean Hyrcan, on ne peut dire plus clairement que Jésus est de la lignée du Maître de Justice des Esséniens.

Une autre question indirectement liée à la personne de Jésus, ce sont les chrétiens : bien des énigmes subsistent sur eux ; ils sont censés exister depuis l’an 30, et en 150, excepté le Nouveau Testament, ils n’ont composé que quelques textes : 
l’Épître de Barnabé (vers 140) ; la Didachè (un manuel de conversion au judaïsme christianisé) ; l’Épître aux Corinthiens de Clément de Rome (vers 140, qui donne les principaux points de la foi chrétienne et qui ne connaît pas l’eucharistie) ; le Pasteur d’Hermas (qui ne mentionne jamais Jésus et pour qui le Fils de Dieu est l’Esprit Saint) ; l’Apologie d’Aristide (datée officiellement de 125, puisqu’il loue Hadrien de la punition qu’il a infligée aux Juifs ce qui peut difficilement faire allusion qu'à la monstrueuse répression contre les Juifs pendant la Seconde Guerre judéo-romaine de 132–135) ; les œuvres de Pappias d’Hiérapolis semblent dater de 120, mais elles sont perdues ; quant aux épîtres d’Ignace d’Antioche, elles contiennent une allusion à Lucien, elles doivent donc dater des années 170–180. 
L'absence d'une littérature chrétienne ancienne montre que le christianisme est moins ancien que ce que l’on veut faire croire. Certains passages du Discours eschatologique paraissent faire allusion à Shiméon bar Kokhebâ, le chef de l’insurrection qui est mentionné comme ayant organisé une répression contre les chrétiens parce qu’ils refusaient de prendre les armes contre les Romains. Les chrétiens ne seraient alors plus des chrétiens mais des judaïsants d’Alexandrie (métis judéo-grecs et convertis) qui cherchaient un compromis avec Rome et qui feront des évangiles une sorte de mélange de Bible et de philosophie grecque centré sur Jésus… et qui renoncent à la libération du royaume de Judée pour se concentrer sur le royaume des cieux… Le christianisme n’est alors qu’un judaïsme assagit face à Rome, mais dépassé par le succès de ses textes fondateurs (ceux du Nouveau Testament), il va rapidement évoluer vers une déjudaïsation complète. Le passage de Jésus le Sicaire à Jésus le Messie est simplement le passage du judaïsme révolté contre Rome au judaïsme romanisé: le christianisme.

Si la prédication paulienne visant à abolir la circoncision avait eu quelque réalité, elle aurait été combattue par Philon et par Flavius Josèphe, mais ils n'ont rien dit, et dans la mesure où de nombreux textes chrétiens sont antidatés, on doit soupçonner que le rejet de la circoncision date des années 130, quand l'empereur Hadrien la fit interdire sous peine de mort dans tout l'Empire Romain...







Le partage de la terre d'Abram: pour une solution de paix au Moyen-Orient.

Juifs et musulmans partagent actuellement une revivification de leurs religions respectives, cette revivification s'est aussi traduite par un conflit qui prend des proportions eschatologiques. Quelques Juifs entendent établir le Grand Israël alors que les musulmans veulent établir le grand Ismaël en quelque sorte. Chacun prend les textes et tente de les tirer en sa faveur et d'ailleurs plus les musulmans que les Juifs. 
Notons que ce qui ne simplifie pas l'interprétation exacte des textes, c'est que les musulmans accusent les Juifs d'avoir falsifié la Torah en leur faveur; mais en réalité, ils accusent surtout les Juifs d'avoir supprimé le nom d'Ahmad de la Torah et d'avoir remplacé Ismaël par Isaac. De telles accusations sont risibles. Commençons par la première: en effet, la Torah mentionne Ahmad sous le nom d'Ismaël Fils d'Abram et d'Hagar. Il est dit dans la Torah qu'Ismaël sera chassé des territoires cananéens (ce que nous appelons aujourd'hui Israël avec la Judée-Samarie), errera dans le désert et trouvera de l'eau: cette eau est tant la foi monothéiste dont il est porteur et le pétrole qui lui permet d'avoir de grandes richesses facilement. 
Le second point concerne le sacrifice d'Isaac et d'Ismaël. Notons d'abord que le Coran est très ambigu et que celui qui sur base du texte coranique veut croire que c'est Ismaël qui a été proposé en sacrifice, peut le croire, et celui qui sur base du même texte coranique veut croire que c'est Isaac qui a été proposé en sacrifice, peut tout autant le croire; fils premier-né, signifie en hébreu, fils légitime et non d'une servante, donc Isaac, et l'arabe n'a pas cette distinction, donc le fils premier-né est Ismaël. En plus, un père n'a aucune obligation de dire à chacun de ses fils ce qu'il traite avec l'autre, il est donc possible que Dieu ait demandé d'abord Ismaël en sacrifice, et qu'ensuite il ait demandé Isaac. Évidemment, on me demandera pourquoi la Bible ou le Coran n'en ont pas parlé? C'est simple, les affaires d'Abram et d'Ismaël concernent Abram et Ismaël, pas Isaac, et les affaires d'Abraham et d'Isaac concernent Abraham et Isaac, pas Ismaël. Nous émettons plus de réserves quant à l'idée que cela se soit fait à la Mecque, Pétra pour Ismaël est plus vraisemblable. 
Ce sont surtout les musulmans qui ne comprennent pas la Torah.

La Bible est très claire, il est dit en Genèse 15, 18:
18 Ce jour-là, l’Éternel conclut avec Abram un pacte, en disant: "J’ai octroyé à ta race ce territoire, depuis le torrent d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate: 19 le Kénéen, le Kenizzéen, le Kadmonéen; 20 le Héthéen, le Phérézéen, les Rephaim; 21 l’Amorréen, le Cananéen, le Ghirgachéen et le Jébuséeen.
Notons que la Bible dit Abram et pas Abraham; si elle avait dit Abraham, ces territoires seraient revenus exclusivement à Isaac, ici ils reviennent à l'ensemble de la descendance directe d'Abraham, y compris par adoption et alliance. Ces territoires sont difficiles à définir; en effet, il est malaisé de savoir si l'Arabie est incluse dans ces territoires; dans le monde ancien seule l'Arabie du Nord, qui est jordanienne était connue... Ce que l'on appelle la calligraphie arabe devrait d'ailleurs plutôt s'appeler l'araméen de Pétra. Comme je disais, on ne peut que supposer que toute l'Arabie fait partie de la Terre d'Abram; en effet, si les frontières Nord, Ouest et Est de la Terre sainte sont parfaitement définies, par contre, celles du Sud ne sont pas mentionnées, il n'est donc pas évident de déterminer si les déserts d'Arabie peu ou pas peuplés à l'époque d'Abraham sont inclus dedans. 
Cette territorialité n'est pas sans importance; en effet, dès que la parole de Dieu donnée à Abraham quitte ces territoires, la foi elle-même évolue: le christianisme par exemple est issu d'une fusion de la philosophie grecque et de la Bible; si on prend l'islam, dès qu'il quitte la Terre promise, il change: il devient chiites en Perse, il reste sunnite en Tchétchénie, mais l'islam tchétchène est incompréhensible aux Arabes, parce que justement la foi d'Abraham quitte son territoire naturel et donc se colore du territoire où elle s'installe, on ne doit pas oublier que la division du monde en nations est une volonté de Dieu après Babel... Les islamistes croient qu'ils pourront faire une seule oummah dans laquelle tous les musulmans seront formés au même moule, et ils ne feront que se diviser les uns les autres et en fin de compte, chaque nation aura son propre islam différent de l'islam des autres nations, d'ailleurs l'islam strictement arabe ou wahhabite n'a provoqué que des guerres civiles et meurtrières. Dieu n'a pas donné la Terre entière aux Juifs ou au musulman, il a donné une portion de la terre, si les autres parties de la terre acceptent le judaïsme ou l'islam, le judaïsme et l'islam se modifient et s'adaptent à cette terre. Quand les Juifs ont été dispersés parmi les nations le judaïsme a changé, de biblique il est devenu talmudique; aujourd'hui, alors que les Juifs retournent en Eretz Israël, le judaïsme redevient biblique. Et si pendant l'exil, les Fils d'Aaron ont cédé le pas aux rabbins, plus propres à s'occuper des Juifs pendant les douleurs de l'exil, maintenant que les Juifs ont à nouveau un État judéen, il ne s'écoulera pas beaucoup d'années pour que les Fils d'Aaron redeviennent le centre de la vie juive, comme cela l'était aux temps anciens; la meilleure preuve est qu'on commence à parler de reconstruire le Temple de Jérusalem.

Ci-dessous, vous trouverez une carte avec la terre sainte donnée à Abram et partagée entre sa descendance: 
  • Entouré de rouge= la Terre Sainte d'Abram, avec une incertitude sur la frontière sud; 
  • en bleu, c'est ce qui appartient à Isaac, 
  • en vert ce qui appartient à Ismaël, 
  • en orange ce qui appartient à Esav; mais comme les descendants d'Esav, les Iduméens se sont convertis au judaïsme à l'époque de Jean Hyrcan (vers –110); ces territoires sont aujourd'hui Juifs. Reste Pétra, la cité abandonnée qui devrait revenir aux Nazaréens. 
Rappelons que l'importance de cette territorialité veut simplement dire que la parole de Dieu y est pratiquée avec plus d'exactitude sans être modifiée par les territoires nationaux...
La Transjordanie (partie Est du Jourdain, Amon-Moab en langue biblique) a toujours été l'objet de contestations et n'a été judéenne que très peu de temps. Ces territoires furent stables quand ils étaient Tobiades, mais pas Judéens, leur appartenance à Israël est donc douteuse. Les territoires à l'Ouest du Golan (Trachonitide, Iturée, Gaulanitides) n'ont été juifs que très peu de temps; la politique de conversion de ces territoires à l'époque de Jannée fut un échec; après sa mort (en –76), les autochtones apostasièrent, leur appartenance à Isaac-Jacob est donc très incertaine. L'expansion de Manassé, de Gad et de Ruben n'a pas été durable ni tenable. 


La terre sainte est une portion de la terre, une partie appartient de plein droit à Ismaël et une autre à Israël... Les Palestiniens en tant que Fils d'Ismaël n'ont pas de part du pouvoir en Israël et les Juifs en tant que fils d'Isaac n'ont pas de part du pouvoir en Ismaël... 

Si les Arabes contestent à Isaac, Jérusalem, ils doivent savoir qu'ils faussent la promesse de Dieu. Et que cela aura des conséquences. Si les Palestiniens veulent diriger, ils doivent vivre ailleurs qu'en Israël, accueillez-les en Ismaël où ils bénéficieront de tous leurs droits. 

Notons enfin que l'appartenance à la terre est conditionnée par le maintien de la circoncision, c'est la raison pour laquelle les chrétiens deviennent d'infimes minorités dans ces territoires. 

lundi 3 octobre 2016

La doctrine spirituelle et hermétique de l'Évangile de Jean


L'Évangile de Jean est paradoxalement le plus antisémite et le plus juif des évangiles, il est aussi le plus spirituel et le plus chrétien des évangiles. Ces paradoxes ont suscité des réponses multiples de la part des chercheurs: les uns affirmant son unité malgré les dissemblances, les autres estimant que cet évangile avait été fortement réécrit d'après des sources diverses. 
Nous reprenons ici les travaux du Père Boismard, que nous modifions en quelques points.
L'Évangile de Jean a connu quatre étapes rédactionnelles
La première étape n'en est pas une, c'est Jean A, c'est-à-dire la fusion de deux textes qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre...  
  • Un texte primitif proche de celui des évangiles synoptique qui raconte la vie de Jésus centrée sur les fêtes juives; 
  • Un texte appelé par la critique moderne les Logia johanniques qui est centré sur le Logos
Intervient ensuite un auteur qui va fusionner ces deux textes et qu'on appelle Jean IIA
  • Ce texte va être remanié par Jean IIB, qui va surtout surcharger le texte soit de remarques antisémites et le christianiser. 
  • Enfin ce nouveau texte va encore être remanié par Jean III qui est peut-être l'auteur de l'Évangile de Luc.

Nous ne nous intéresserons pas à la vie de Jésus, ni aux ajouts lucaniens comme la femme adultère, mais uniquement aux Logia johanniques. Ce texte est certainement alexandrin et son auteur certainement juif et doit dater des années 80–110; postérieur à la destruction du Temple (70) et antérieur à l'expulsion des Juifs d'Alexandrie en 118.
Dans cette période, le Judaïsme est anéanti par la destruction du Temple, différentes options seront envisagées pour le reconstruire, soit physiquement par une nouvelle guerre contre Rome, soit spirituellement par la pratique d'une mystique, c'est le fondement même des Logia johanniques.
Ce texte appartient à ce que l'on appelle l'Hermétisme juif et/ou la Gnose sethienne qui considérait qu'Adam/Messie/Logos était caché en nous et que toute pratique spirituelle visait à la réveiller afin qu'il nous fasse accéder au Temple céleste. Son objectif était de faire remonter les hommes jusqu'à Dieu par des pratiques mystiques. 
L'objectif de la voie hermétique est la régénération spirituelle de l'être humain et se base pour y arriver sur des pratiques spirituelles variées:
  • éthique stricte;
  • des récitations de noms divins et de paroles tirées de la Bible;
  • méditation silencieuse;
  • études des moments favorables (lever du soleil, son midi et son coucher, cycle lunaires, équinoxes, solstices);
  • pratiques alimentaires... 

Ces pratiques alimentaires sont très mystérieuses et secrètes, on sait qu'elles ont existé par une prière qui subsiste en plusieurs versions (copte dans Nag Hammadi VI, grecque dans PGM IV et latine dans l'Asclépius): https://www.naghammadi.org/wp-content/uploads/2015/04/NH-VI-7-Prière-daction-de-grâce.pdf

Ces pratiques alimentaires sont assez simple à résumer, l'homme possède une force divine infusée en lui qu'ils appellent LOGOS; cette pratique, ainsi que les autres que nous avons mentionnées, visaient à réveiller cette force endormie afin que l'adepte puisse arriver à la régénération ou remontée vers Dieu. L'homme en consacrant la nourriture rendait celle-ci sainte, il s'agissait de la vivifier, afin que la force que nous avons en nous se remette en action et afin que cette force en imprégnant la nourriture nous revienne comme multipliée. Ces hommes et ces femmes étant souvent végétariens et donc consacraient essentiellement le pain (la pâte pour être précis), l'eau, le vin, le sel et l'huile; c'est-à-dire des aliments qui s'imprègnent facilement de cette force. 
Notons enfin que ce Logos intérieur était considéré comme le véritable messie.

L'hermétisme se rapporte à la parole trois fois grande, ce qui à Alexandrie pourrait désigner des Cercles où se rencontraient fraternellement Juifs, Grecs et Égyptiens afin d'établir la religion universelle. Au début du XXe siècle, l'hermétisme était supposé être une mystique synchrétique du IIIe siècle influencé par l'Évangile de Jean qui datait des années 40. Aujourd'hui, on ne sait que l'Évangile de Jean est bien plus tardif (vers 150) et que plusieurs attaques de Philon visent indirectement les hermétistes, ce qui implique qu'ils existaient au début du Ier siècle. On pense que l'hermétisme est né vers –200 et s'est développé dans des loges qui réunissaient des hommes de toutes origines afin de trouver la vérité universelle dissimulée dans ses différents fragments. La concorde hermétique volera en éclat avec l'explosion de l'antisémitisme au Ier siècle, faisant émerger un hermétisme païen et un hermétisme juif qu'on appellera alors la Gnose sethienne. Celle-ci subira dans les années 150 l'attrait du dualisme valentinien avec lequel la Gnose sethienne se confondra ultérieurement. 

Dans les évangiles, il y a deux Jésus: 
  • le premier est un personnage historique qui vécut vers 30 et qui sera exécuté pour l'affaire des marchands du Temple et pour ses prétentions à une royauté de type messianique; ce personnage est très hostile aux Romains et il ne fait pas de miracles. Il est très hostile aux pharisiens, suspectés de compromis avec les Romains, ses enseignements historiques s'apparentent au mouvement assidéen de Judas Macchabée et comporte des aspects mystiques, sacerdotaux et militaires.
  • le second est le Logos de Dieu dont la doctrine s'est développée dans les cercles spiritualistes d'Alexandrie, ce logos était considéré comme le messie intérieur de l'homme. Ce messie ne sauvait pas l'homme charnel, il libérait l'homme intérieur emprisonné par l'Esprit charnel. C'est lui l'auteur des miracles, qui sont d'ailleurs des réminiscences bibliques.

Quand on combine les deux, on obtient le christianisme. L'Esprit et la vie du Logos sont devenus la chair et le sang de Jésus. 
On trouve encore l'influence de l'hermétisme dans la doctrine des charisme de Paul et du nouvel Adam, et enfin certaines paroles de Jésus sont typiquement hermétiques y compris dans les synoptiques. 

Dans notre reconstitution, nous ne donnons pas de justification, celle-ci s'étend sur des dizaines de pages qui sont encore en cours d'écriture. Notre reconstitution est avant tout la suppression de dizaines de surcharges en vue de christianiser le texte. Certains seront surpris, mais nos travaux sont totalement parallèles à ceux de théologiens et de philologues comme Rudolph BULTMANN et Émile BOISMARD, qui ont soutenu une origine gnostique ou hermétique des discours johanniques. Les discours johanniques offrent aussi des parallèles avec les manuscrits de Qumran, et donc une possible influence; ce qui n'est pas pour nous étonner, la présence des Esséniens à Alexandrie est mentionnée par Philon (Vie Contemplative ou les thérapeutes), de plus des traités spécifiquement esséniens comme le Livre d'Hénoch, le Livre des Géants, le Livre des Jubilés et les Testaments des Douze patriarches étaient connus à Alexandrie... On peut donc considérer comme probable que le Discours des Deux Esprits et d'autres textes spirituels étaient connus aussi. Notons enfin que les pratiques esséniennes comprenaient la préparation du pain par un qohen, le plus haut en grade dans les communautés, considéré comme le plus apte à infuser la bénédiction sur la pâte à pain et à le préparer. (Bethléem, la ville du Messie signifie d'ailleurs la Maison du Pain, on dirait aujourd'hui une boulangerie...)

Les ajouts de compréhension que nous avons faits sont en italique et entre crochets. Nous avons aussi donné les fragment en style indirect (Le Logos dit, au lieu de Je dis)... Néanmoins, le style de la littérature hermétique est parfois en style direct (le Logos s'adresse directement au disciple)... Le style de l'Évangile de Jean ne permet pas de trancher, parce que parfois, il combine les deux modes. De plus, il n'est pas certain que les logia johanniques proviennent d'un même texte, il est possible qu'ils soient tirés d'une collection de plusieurs textes, même si une certaine unité de vocabulaire plaiderait pour un original unique...

Notons enfin que le miracle de Cana, la transformation de l'eau en vin, est probablement hermétique, il s'agit de la transformation de l'eau normale est eau spirituelle ou en vin... Mais les surcharges rendent impossible une reconstitution du texte original. Il s'agissait de clairement montrer que la bénédiction transforme la nourriture et la vivifie, afin qu'elle vivifie notre propre vie spirituelle.

Fragment I. Commencement (Jean 1, 1–18 & 51)
Au commencement était le Logos, et le Logos était auprès de Dieu et Dieu était le Logos. Toutes choses ont été faites par Lui [le Logos], et rien n’a été fait sans Lui [le Logos]. Ce qui fut en lui [le Logos] qu’était vie et la lumière. Cette lumière était la véritable lumière, qui éclaire tout homme, [et cette vie étaient la véritable vie qui vivifie tout homme] et à tous ceux qui les ont reçues, elles ont donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, mais de Dieu. Et le Logos a dressé sa tente/habité en nous, et nous avons contemplé sa gloire, Et nous avons tous reçu de son plérôme, car la loi a été donnée par Moïse, [mais] la grâce et la vérité sont venues par [le Logos]. Personne n’a jamais vu Dieu, le Fils-Logos est celui qui le fait connaître. En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.
Fragment II. Le corps spirituel (Jean 3, 1–21 & 30–36)
[Discussion perdu sur l'Esprit céleste et l'Esprit terrestre qui fait naître l'homme charnellement.] En vérité, en vérité, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. En vérité, en vérité, si un homme ne naît d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Le vent souffle où il veut et [on] en entends le bruit ; mais [on] ne sait d’où il vient, ni où il va, il en est ainsi de l’Esprit. En vérité, en vérité, L'Esprit rend témoignage des choses célestes [car il] est descendu du ciel, alors il faut qu’il croisse [et qu’il soit] au-dessus de tous. Celui qui est de la terre [il faut] qu’[il] diminue.
Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que [se puisse obtenir] la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas [déposé] son Fils[son esprit] dans le monde [c’est-à-dire : l’homme] pour qu’il [le] juge, mais pour que le monde soit sauvé par lui. {[Ni] le Père [ni le fils] ne [jugent] personne, mais [l’homme se juge lui-même]}. 
Celui qui [est né] du ciel est au-dessus de tous, il rend témoignage de ce qu’il a [reçu], [il] a certifié que Dieu est vrai, parce que Dieu ne lui donne pas l’Esprit avec mesure et Il a remis toutes choses entre ses mains. Celui qui [trouve Dieu obtient] la vie éternelle ; celui qui ne [le trouve] pas ne verra point la vie. Celui qui [le trouve] n’est point jugé ; mais celui qui ne [le trouve] pas est déjà jugé, parce que ce jugement c’est que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque ne vient point à la lumière, la colère de Dieu demeure sur lui. Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu.
Fragment III. L’eau de vie (Jean 4, 10–15)
Celui qui boira l'eau vive que lui donnera le Logos, il n’aura plus jamais soif, et l’eau qu'il lui donnera deviendra en lui une source d’eau qui jaillira pour la vie éternelle.
Fragment IV. Le vrai Dieu (Jean 4, 20–26)
[Certains adorent Dieu d’après certains cultes et d’autres adorent Dieu d’après d’autres cultes], [mais] l’heure vient où ce ne sera [plus par des cultes divers] que vous adorerez le Père; mais, l’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. 
Fragment V. (Jean 4, 27–34 et 37–42)
[Impossible à reconstituer, mais certainement d'inspiration hermétique.] J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre. En cela, la parole est véridique: Il est vraiment le Sauveur du monde.
Fragment VI. La moisson (Jean 4, 35–36)
Ne dis pas: [Quand] vient la moisson ? [Mais], lève les yeux, et regarde les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne: [celui qui sème prépare des fruits pour la vie éternelle et] celui qui moissonne amasse des fruits pour la vie éternelle, afin que celui qui sème et [que] celui qui moissonne se réjouissent ensemble. 
Fragment VII. La résurrection future (Jean 5, )
En vérité, en vérité, le fils ne peut rien faire de lui-même tout ce que le Père fait, le fils aussi le fait pareillement. Car le Père aime le fils et il lui [fera faire] des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’étonnement. Car comme le Père ressuscite les morts et donne la vie, ainsi le Fils [transmet la lumière et] la vie [du Père]. Celui qui n’honore pas le fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé. 
En vérité, en vérité, celui qui écoute [Sa] parole a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient où les morts entendront la voix du Fils de Dieu ; et ceux qui l’auront entendue vivront. L’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. Les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir témoignent de moi. Et le Père, vous n’avez jamais entendu sa voix, vous n’avez point vu sa face, et sa parole ne demeure point en vous, parce que vous ne [rencontrez] pas celui qu’il a envoyé. Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle: Mais je sais que vous n’avez point en vous l’amour de Dieu, [car] vous tirez votre gloire les uns des autres et vous ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ! Ne pensez pas que moi je vous accuserai devant le Père ; celui qui vous accuse, [c’est vous-même, car c’est en vous-même] que avez mis votre espérance.
Fragment VIII. (Jean 6, 22–71)
En vérité, en vérité, je vous le dis, Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle et que le Fils de l’homme vous donnera. 
Vos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna le pain du ciel à manger. » 
En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. [Le Logos est] le pain de vie. Celui qui [le mange] n’aura jamais faim et n’aura jamais soif, car Il est descendu du ciel pour que les hommes ressuscitent et [qu’ils] obtiennent la vie éternelle... 
En vérité, en vérité, celui qui [le trouve] a la vie éternelle. Il est le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meurt point. Je suis le pain qui est descendu du ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est mon [esprit], que je donnerai pour la vie du monde. 
En vérité, en vérité, si vous ne mangez l'[Esprit] du Logos, et si vous ne buvez [sa vie], vous n’avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma [lumière] et qui boit ma [vie] a la vie éternelle. Car [son esprit] est vraiment une nourriture, et [sa vie] est vraiment un breuvage, [et le Logos] demeure en Lui, et je demeure en lui. Celui qui me mange vivra par moi. 
C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien.
Fragment IX. (Jean 8, 12–59, 9, 39–41 et 10, 1–29)
Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis... Si vous demeurez dans ma parole, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
En vérité, en vérité [les hommes croient être libres et n’être les esclaves de personne, mais] je vous le dis, quiconque se livre au péché est esclave du péché. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. Je dis ce que j’ai vu chez mon Père et les hommes font ce qu’ils ont entendu de la part de leur père et font ses œuvres. Si Dieu était leur Père, ils me trouveraient ; ils ne peuvent pas écouter ma parole, car ils ont pour père le diable et ils accomplissent les désirs de leur père. Il ne se tient pas dans la vérité, car il est menteur et le père du mensonge. Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu.
En vérité, en vérité, avant [que le monde] fût, je suis. Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles. Les hommes croient voir, c’est pour cela que leur péché subsiste. 

Fragment X. (Jean 10, 30–42)
Moi [le Logos] et le Père nous sommes un. [La Loi dit :]Vous êtes des dieux ? Si elle a appelé “dieux” ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, celui que le Père a envoyé dans le monde [est le Fils de Dieu car il fait les œuvres de Dieu]. C’est ainsi que le Père est en moi et que je suis dans le Père.
Fragment XI. (Jean 12, 24–26)
En vérité, en vérité, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle.
Fragment XII. (Jean 12, 27–48)
[Et] il y eut [comme] un coup de tonnerre. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde [l'Esprit charnel] sera jeté dehors. 
Fragment XIII. (Jean 12, 49–50)
Son commandement est la vie éternelle.
Fragment XIV. (Jean 13, 1–19)
En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. 
Fragment XV. (Jean 13, 20–35 & 14, 1–11)
En vérité, en vérité, que votre cœur ne se trouble point et croyez en Dieu, [mais sachez qu’]il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. 
Fragment XVI. L’Esprit de Vérité (Jean 14, 12–31, 15, 18–27 & 16, 1–22)
En vérité, en vérité, le Père vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous. [Il se fera connaître à vous et non au monde] et il fera sa demeure en vous. Il est le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra [et qui vous donnera] la paix.
Si le monde vous hait, sachez qu’il a haï [l'Esprit] avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui; mais parce que vous n’êtes pas du monde, à cause de cela le monde vous hait. Quand sera venu le consolateur, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il rendra témoignage [de la vérité.]
Et quand [le Consolateur] sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement : le prince de ce monde est déjà jugé [et sera détruit]. 
Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité vous conduira dans toute la vérité et il vous annoncera les choses à venir. En vérité, en vérité, votre tristesse se changera [alors]en joie et votre cœur se réjouira. La femme, lorsqu’elle enfante éprouve de la tristesse ; mais, lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de la souffrance, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde.
Fragment XVII. Le vrai cep (Jean 15, 1–17)
[Le Logos est] le vrai cep et le Père est le vigneron. Tout sarment qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs, à cause du Logos, demeurez en Lui et Lui en vous. Si quelqu’un ne demeure pas en Lui, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. 

 — Stephan HOEBEECK