mardi 11 août 2015

Ce que les Israéliens pensent de Jésus...(Le messie d'Aaron et le messie de David)...


Dans cette vidéo, on entendra de nombreuses réflexions qui ne plairont pas aux chrétiens, ne sont-elles pas pour autant empreintes de sagesse. De nombreux Juifs ont réfléchi à la question de savoir si Jésus était le messie, et leur réponse fut négative, et ils expliquent pourquoi Jésus ne peut pas avoir été le messie.
Il convient néanmoins de remarquer une profonde anomalie, avec la découverte des manuscrits de Qumran, il est devenu clair qu'il existait deux messies, un messie fils de David, qui est un homme qui dirigera le monde au nom de Dieu et un messie fils d'Aaron, qui est un grand-prêtre et l'intermédiaire exclusif entre Dieu et les hommes. La disparition des esséniens fit oublier cette conception. Néanmoins Jésus ressemble-t-il plus à un Messie Fils de David ou à un Messie Fils d'Aaron? Jésus, en effet, a toutes les caractéristiques du Messie fils d'Aaron, inconnu du judaïsme pharisien dont le judaïsme actuel est l'héritier. 
Peut-être serait-il temps que les chrétiens relisent leurs textes, et comprennent que ceux-ci ont subi des réécritures dans le second quart du IIe siècle, les rédacteurs ne devaient plus du tout savoir ce qu'était un messie d'Aaron, et la seule école juive qui subsistait étant celle des pharisiens, dans laquelle ce concept était inconnu; ils supprimèrent donc les références au Messie d'Aaron et aux origines sacerdotales et non davidiques de Jésus, et firent de Jésus, un rabbin, pharisien, fils de David et né à Bethléem, alors que dans le texte primitif des évangiles, Jésus était, un prêtre (qohen), essénien, fils d'Aaron et né à Jérusalem.
Pour les esséniens, le messie fils de David est un chef de guerre qui mettra à mort les impies qui dirigent le monde, le grand-prêtre sera l'intermédiaire entre la terre et les cieux, entre les hommes et Dieu.

Rappelons deux passages de la Bible:
Zacharie 4, 11–14:
11 Je pris la parole et lui dis: "Qu'est-ce que ces deux oliviers à droite et à gauche du chandelier?" 12 Je repris pour la seconde fois et lui dis: "Qu'est-ce que ces deux branches d'olivier à côté des deux tuyaux d'or qui laissent couler le liquide doré?" 13 Il me répondit en ces termes: "Quoi! Tu ne sais pas ce qu'elles signifient? "Non, Seigneur!" répliquai-je. 14 Alors, il dit: "Ce sont les deux hommes consacrés par l'huile, qui se tiennent auprès du Maître de toute la terre!"

Genèse 49, 10:
10 Le sceptre n'échappera point à Juda, ni l'autorité à sa descendance, jusqu'à l'avènement du Pacifique (Shîloh) auquel obéiront les peuples. 

Le sceptre sera conservé par Juda, jusqu'à la venue de Shiloh, jusqu'à, on ne peut-être plus clair.






mardi 4 août 2015

La laïcité survivra-t-elle à l'islamisme?

Même si notre blog est consacré aux sources du christianisme, il est difficile de faire l'impasse sur l'actualité.
Il y a peu a surgi l'affaire du maillot de bain, affaire aux témoignages contradictoires et non concluants (je plains par avance le juge qui devra juger cette affaire, tant elle s'annonce riche en mensonges et en manipulations). Il est d'ailleurs vraisemblable que quelque soit le verdict, la coupable sera une victime pour son camp.
J'ai écouté le discours de la fille musulmane dite l'agresseuse-agressée, j'ai vu les photos que l'on a tiré de son profil facebook, et qu'est-ce que j'ai vu: UNE FILLE PAUMÉE, une fille aux origines musulmanes comme il en existe des milliers:
si elles ne baisent pas, elles n'intéressent personne, et quand elles baisent elles sont des putes, donc elles doivent donner le change, poster quelques photos de filles voilées, aller sur hadith du jour et en poster l'un ou l'autre, critiquer Israël, tout pour faire oublier qu'elles sont paumées. 
Elles vivent dans une société dans laquelle la laïcité a réécrit la sentence de Descartes qui est devenue: «Je consomme donc je suis.»
Mais le mot consommé est proche phonétiquement de consumé, et cette similitude est peut-être comme un avertissement inconscient dont on devrait tenir compte. La société contemporaine n'a pas réfléchi à la limitation des ressources, alors qu'on se dirige maintenant vers leur raréfaction, ce qui implique une augmentation des prix, qui se répercutera sur les prix des biens de consommation, empêchant les plus pauvres, qui deviennent chaque jour plus nombreux, de les acquérir. En effet, la population humaine augmente, mais le travail est confié à des robots plus performants que les humains.
La coexistence pacifique et l'athéisme radical qui furent promues par la laïcité étaient basées sur la richesse qui permettait une consommation importante, OR JUSTEMENT la consommation est entrée dans sa phase descendante; la laïcité radicale, en tant que promotion de l'athéisme, est aussi entrée dans sa phase descendante.
Pourtant, je ne crois pas que la laïcité doive disparaître, mais elle doit être repensée; elle ne peut plus être une promotion de l'athéisme par la consommation (intenable économiquement), ni prendre la défense systématique des plus marginaux ou des plus extrémistes, au non d'une tolérance à sens unique. Un fasciste du XIXe siècle disait, approximativement, je cite de mémoire: «Au nom de vos principes vous devez m'accorder la liberté d'expression; et au nom des miens je dois vous en priver.»

Plutôt que d'accuser cette fille, il convient d'accuser un système qui n'a éduqué ni les hommes ni les femmes.

Quant à la laïcité qui naquit dans les Loges Maçonniques au XVIIIe siècle, c'était un peu le courant mutaziliste (voir la laïcité ancienne en monde musulman) de l'Occident. Il s'agissait de limiter les excès religieux, mais pas d'abolir les religions.
Après Mai 68, la laïcité a évolué vers une promotion de l'athéisme et de l'hedonisme, et a comme dogme de faire coexister pacifiquement l'ensemble de l'humanité, adaptant à son profit la prophétie d'Isaïe qui décrit les temps messianiques de la façon suivante:
le loup habitera avec la brebis, et le tigre reposera avec le chevreau; veau, lionceau et bélier vivront ensemble, et un jeune enfant les conduira. Génisse et ourse paîtront côte à côte, ensemble s'ébattront leurs petits; et le lion, comme le bœuf, se nourrira de paille. Le nourrisson jouera près du nid de la vipère, et le nouveau-sevré avancera la main dans le repaire de l'aspic. (Isaïe 11, 6–8).
Mais, outre qu'il n'est pas possible de faire coexister des personnes dont la divergence tant au niveau des modes de vie que des idées est telle qu'elle en devient inconciliable, la laïcité omet aussi la conclusion qu'Isaïe donne dans le verset suivant:
Plus de méfaits, plus de violences sur toute ma sainte montagne; car la terre sera pleine de la connaissance de Dieu, comme l’eau abonde dans le lit des mers. (Isaïe 11, 9).
Pour Isaïe, la pacification du monde passe par la connaissance de Dieu, la laïcité a choisi de s'orienter vers la promotion de l'athéisme, on ne peut faire plus contraire.

La laïcité ne peut plus être la promotion de l'athéisme, il faut néanmoins espérer qu'elle survive sous une forme modérée qui maintiendrait une coexistence pacifique entre des gens, mais cela pourrait être hypothétique... En effet, à force de ne pas prendre des mesures pour contrer l'échec de la coexistence pacifique, remise en cause par les attentats, les menaces, les violences répétées, etc., il ne serait pas étonnant que si la laïcité continue à fermer les yeux sur l'islamisme, les gens finissent par jeter le bébé avec l'eau du bain. On ne peut exclure qu'en Europe émerge une nouvelle radicalité à connotations racialistes pensant que l'islam se transmet avec le code génétique.

Quant à l'avenir, on a des raisons d'être pessimiste, après tout, ce qui succéda aux mutazilistes, c'est le radicalisme. La laïcité, à cause de son refus du réel, va finir par payer un lourd tribut. Les circonstances économiques ne s'inverseront pas avant des décennies, peut-être même plus jamais, excepté décroissance radicale de la population humaine ce qui prendrait au moins cent cinquante ans. Des pays en croissance comme la Grande-Bretagne ne constatent pas une diminution de la misère, seulement une augmentation de la fortune des plus riches.

Le titre de cet article n'est peut-être pas exact, il aurait pu être: La laïcité survivra-t-elle à un appauvrissement généralisé? Elle pourrait, mais elle devra lutter contre des mouvements radicaux, est-il bien logique de hurler au loup sur les identitaires (pour lesquels je n'ai aucune sympathie) qui ne sont que quelques centaines et de garder le silence sur les milliers d'islamistes.

J'avoue ne pas comprendre pourquoi alors que des filles musulmanes qui sortent avec des non-musulmans et qui voient, à cause de l'islam, leurs relations brisées, se comptent en dizaine, plus probablement en centaines de milliers et qu'on ne fait rien pour elles. 

Je constate que les mouvement émancipateurs en monde musulman sont systématiquement privés d'espaces publics au profit des radicaux. À croire qu'on veut faire des musulmans les boucs émissaires de nos problèmes.

La laïcité en monde musulman ancien

La réforme de Luther a plongé l'Europe dans la guerre civile, ce n'était peut-être pas le but, mais ce fut le résultat. Des massacres succédaient à d'autres massacres: les victimes d'hier étaient les bourreaux du lendemain, et les victimes du lendemain étaient les bourreaux d'hier. Les peuples européens sont sortis écœurés de cette guerre civile.
Si on regarde l'Islam à ses débuts on constate une histoire similaire, la succession de Mahommed fut une catastrophe, Ali et Abu Bakr s'accusaient mutuellement de tronquer le Coran, les tensions devinrent échauffourées, les échauffourées devinrent guerre, la guerre devint totale et les massacres la norme. Bien vite, une troisième tendance émergea, le kharijisme, qui, lui-même, se subdivisa et deux écoles aux vues discordantes: la première estimait que le bébé d'un musulman était un apostat et donc devait être égorgé; l'autre tendance, dite «modérée», estimait qu'il ne devait être égorgé que s'il avait plus de deux ans. Face à cette folie, se développèrent deux écoles aux vues plus équilibrées, hélas aujourd'hui disparues: le murjisme et le mutazilisme.
Nous citons ici les articles de wikipédia qui résument leurs théologies.
D'abord le murjisme qui invoque en se servant de versets du Coran:
l'idée du jugement décalé. Seul Dieu peut juger, et jugera le jour du jugement dernier, ce qui est le vrai et le faux en Islam et personne ne peut juger qu'un autre est infidèle. Pour eux le libre arbitre est limité c’est-à-dire que l'homme est en partie contraint à ses actes. La foi suffit à sauver les pêcheurs de l'enfer, la foi étant plus important que les actes, que ce que les circonstances amènent à vivre. Jahm Ibn Safwân, mort en 746, et les jahmiyya accusaient les traditionalistes littéralistes d'être des anthropomorphistes. Jahm Ibn Safwân niait toute ressemblance entre Dieu et l'homme pour préserver la Transcendance absolue d'Allâh.
Et le mutazilisme qui met l'accent sur cinq principes:
  1. Le monothéisme (tawhid): Dieu ne peut être conçu par l'esprit humain. Ainsi, ils affirment que les versets du Coran décrivant Dieu comme étant assis sur un trône sont allégoriques. Les motazilites affirment que le Coran ne peut pas être éternel, mais a été créé par Dieu, sinon l'unicité de celui-ci serait impossible. Ils poussent leur conception allégorique à l'extrême et nomment leurs opposants anthropomorphistes.
  2. La justice divine (adl) : devant le problème de l'existence du mal dans un monde où Dieu est omnipotent, ils mettent en avant le libre arbitre des êtres humains et présentent le mal comme généré par les erreurs de ceux-ci. Dieu ne fait pas le mal et demande aux hommes de ne pas le faire non plus. Si les actes maléfiques d'un homme provenait de la volonté de Dieu, alors la notion de punition perdrait son sens car l'homme suivrait la volonté divine quels que soient ses actes. Le mutazilisme s'oppose donc à la prédestination.
  3. Promesse et menace (al-Wa'd wa al-Wa'id): ce principe regroupe les questions sur le dernier jour et le jour du jugement où Dieu récompensera, avec ce qu'il leur a promis, ceux qui lui ont obéi, et punira ceux qui ont désobéi avec la damnation et les feux de l'enfer.
  4. Le degré intermédiaire (al-manzilatu bayn al-manzilatayn): ce principe, qui a été le premier à distinguer les mutazilites, affirme que le musulman qui commet un grand péché (meurtre, vol, fornication, fausse accusation de fornication, etc.) ne doit être considéré, dans la vie d'ici-bas, ni comme croyant ou musulman (comme pensent les sunnites), ni comme mécréant (kâfir, comme pensent les khâridjites), mais plutôt dans un degré intermédiaire entre les deux. Si le pécheur se repent avant sa mort, il sera considéré à nouveau comme croyant. S'il ne se repent pas, il sera considéré comme mécréant et méritera l'enfer.
  5. Ordonner le bien et blâmer le blâmable (al-amr bil ma'ruf wa al-nahy 'an al munkar): ce principe permet la rébellion contre l'autorité, si celle-ci est injuste, comme un moyen d'empêcher le mal.
Ces deux écoles perdront leur influence à la fin du IXe siècle. Certes les guerres chiites-sunnites seront plus limitées et n'atteindront plus les proportions qu'elles eurent au VIIe–VIIIe siècle, sauf peut-être en Irak contemporain.
J'espère que la sagesse permettra l'émergence d'un néo-mutazilisme qui prendra de la force en monde musulman.
Nous allons publier ultérieurement quelques articles montrant les parallèles entre les textes esséniens et le Qoran montrant que l'Islam est issus des Judaïsants nazaréens, c'est-à-dire esséniens.

lundi 3 août 2015

Pourquoi Marcion a-t-il cru que Jésus n'avait pas de naissance humaine?

Marcion, vers 140–145, publie son évangile, l'Évangile de Marcion. On suppose assez souvent que Marcion serait le concepteur du mot «Évangile», cette information est difficile à comprendre, il faudrait alors supposer que les quatre évangiles se seraient intitulés, dans un premier temps, Vie et paroles de Jésus, voire, mais c'est encore plus improbable, qu'ils se seraient intitulés Testament de Jésus. On oublie un peu trop souvent que si le mot grec εὐαγγέλιον (euaggèlion) signifie fondamentalement «Bonne Nouvelle», et encore plus précisément «sacrifice offert à l'occasion d'une bonne nouvelle», il pourrait aussi avoir le sens de «Bon ange», mais l'étude de ce sens particulier sera développé ultérieurement. Cette bonne nouvelle est, pour les chrétiens, la délivrance de la mort, ce qui est étrange puisque nous mourrons toujours; mais il est vrai que la mort sera suivie d'une résurrection. Pour Marcion, la bonne nouvelle, ce n'est ni la mort de la mort ni la résurrection, mais la brisure du monde illusoire lors de la mort de Jésus. Jésus ne ressuscite pas pour Marcion, il est simplement libéré de l'illusion du démiurgique, et la bonne nouvelle réalisée par cette libération, c'est que, tous, nous pouvons connaître cette libération. D'abord, on ne remarque pas assez les accointances bouddhistes des concepts marcionites. En effet, pour Marcion le monde ne fut pas créé par le Dieu Bon, mais par un démiurge appelé YHWH. Ce démiurge est un personnage important de la hiérarchie divine, et constatant les merveilles créées par le Dieu Bon, il décide de l'imiter et de créer un univers qui serait censément aussi parfait que celui du Dieu Bon. Dans la réalité, sa création sera un échec, il ne parvient qu'à fabriquer un monde fragile et imparfait, peuplé de créatures défectueuses. Constatant les innombrables défauts de son œuvre, le démiurge a une idée assez géniale, il va donner aux créatures la Loi avec ses obligations et ses interdits, afin de limiter les dégâts dans son œuvre. «Mais la Loi ne sauve pas l'homme» — thème qui se retrouvera dans les épîtres de Paul en insistant sur la différence de la loi qui ne sauve pas, alors que Jésus sauve par sa mort.
Le Dieu Bon ne restera néanmoins pas indifférent à la souffrance des créatures et décidera d'intervenir directement auprès de nous, en se revêtissant d'une chair illusoire, c'est Jésus. Jésus sera mis à mort par le pouvoir, c'est-à-dire les instruments du démiurge. La mise à mort du corps de chair permet à l'homme de retrouver sa condition primordiale. Il est étrange que tout cela soit très bouddhiste. Le Dieu Bon ressemble au dharmakaya dont l'activité incessante consiste en la compassion, Jésus correspond à un nirmanakaya, un corps magique que les bouddhas utilisent pour venir en aide aux créatures illusionnées par l'existence d'un ego. Le démiurge devient une simple personnification du karma qui emprisonne les êtres.
Lorsque Marcion publie son évangile, conforme à celui de Luc, il le fait néanmoins commencer à l'actuel chapitre IV de Luc, au verset 16 pour être précis, qui dit ceci (il remplace Nazareth par Bethsaïde):
Il se rendit à Nazareth/Bethsaïde, où il avait été élevé, et, selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il se leva pour faire la lecture, etc.
Il convient de considérer que Marcion a supprimé les péricopes qui précèdent. Si d'après l'ordre de l'Évangile de Luc, cette péricope succède aux tentations, dans les autres évangiles cette péricope est beaucoup plus tardive, et on ne sait trop pourquoi Luc l'a mise juste après les tentation. Cette péricope  trouve sa correspondance dans les évangiles de Matthieu (Mt. 13, 53–58) et de Marc (6, 1–6), bien après la guérison de la fille de Yaïr, par exemple. Néanmoins dans Luc, elle correspond à la première action publique de Jésus. De cela on doit déduire que, pour Marcion, ce qui précède cette péricope, ce sont les Tentations qu'il a supprimé, il a supprimé tout ce qui les précède. 
Voyons les péricopes supprimées par Marcion dans les synoptiques, l'Évangile de Jean ayant une histoire littéraire complexe faite d'écritures et de réécritures (il pourrait provenir de certains passages issus de la version longue de Marc dont deux fragments ont été retrouvés par le professeur Morton Smith, dont un qui reprend la résurrection de Lazare):

  1. Généalogie de Jésus d'après Matthieu (Matthieu 1, 1–17)
  2. Préface de Luc (Luc 1, 1–4)
  3. Annonce de Jean le Baptiste à Zacharie (Luc 1, 5–25)
  4. Annonce à Marie (Luc 1, 26–38)
  5. Annonce à Joseph (Matthieu 1, 18–25)
  6. Visite de Marie à Élisabeth (Luc 1, 39–56)
  7. Naissance de Jean (Luc 1, 57–80)
  8. Naissance de Jésus (Matthieu 2, 1a et Luc 2, 1–7)
  9. Les Bergers (Luc 2, 8–20)
  10. Les Mages (Matthieu 2, 1b–12)
  11. Fuite en Égypte (Matthieu 2, 13–22a)
  12. Jésus au Temple, dont circoncision, Siméon, Anne (Luc 2, 21–38)
  13. À Nazareth (Matthieu 2, 22b et Luc 2, 39–40)
  14. Voyage à Jérusalem (Luc 2, 21–52)
  15. Jean le Baptiste, dont arrestation et baptême de Jésus (Matthieu 3, 1–17; Marc 1, 1–11; Luc 3, 1–22)
  16. Généalogie de Jésus d'après Luc (Luc 3, 23–38)
  17. Tentations et retour en Galilée (Matthieu 4, 1–11; Marc 1, 12–15; Luc 4, 1–15)

Que Marcion ait supprimé la présentation de Jean le Baptiste et les Tentations de Jésus est normal; pour Marcion Jean le Baptiste n'a rien à voir avec Jésus, quant aux tentations il les rejette, parce que Jésus utilise la Loi (Deutéronome) pour se défendre contre Satan, donc les points 15 et 16. Mais on ne peut exclure que les Tentations furent rédigées postérieurement à Marcion à partir de sources diverses.
On doit bien comprendre la thèse de Marcion:
Jésus est le Dieu Bon apparu spontanément à l'époque de Tibère.
Les Pères de l'Église ont accusé Marcion d'avoir supprimé les parties sur la naissance de Jésus, sa jeunesse pour affirmer sa thèse que Jésus n'avait pas de naissance humaine.
Or, cela suppose que les quatre évangiles dont Marcion s'est emparé étaient conformes à ceux actuels, ce qui est moins que certains.
Les synoptique offrent ainsi une convergence importante, excepté quelques points qui sont justement ceux traités par premiers chapitres I et II de Matthieu et Luc, et il convient de se demander si les évangiles que Marcion eut en main contenaient bien ces parties préliminaires, c'est-à-dire les points 1 à 14 et 16.
D'abord les convergences des synoptiques sont plus faciles à expliquer par une rédaction commune (les rédacteurs de Matthieu, de Marc et de Luc travaillant en commun), plutôt que par l'utilisation de sources communes; les divergences entre évangiles, dans le cadre d'une rédaction commune, sont alors un simple artifice littéraire destiné à augmenter la crédibilité des témoignages. Une telle rédaction commune permet de comprendre leurs convergences (il s'agit de rester proche), comme leurs divergences (pas trop proche quand même, de manière à maintenir en éveil l'attention des lecteurs).
Il convient d'éliminer les deux généalogies, elles sont divergentes, les noms après Zorobabel sont fantaisistes et ceux avant Zorobabel ne sont pas pleinement conformes à la tradition biblique, ils ne furent donc même pas capables de lire correctement une Bible. Ces généalogies visent surtout à attester l'origine humaine de Jésus, elles peuvent donc avoir été écrites à cause de Marcion et postérieurement à sa publication des évangiles. Que Marcion n'ait pas connu les généalogies est plus que vraisemblable, ce qui élimine les points 1 et 16. Reste les points 2 à 14 et qui ne concernent plus que Matthieu et Luc.
Un peu avant que Marcion ne publie son évangile, un autre évangile avait été composé, il s'agit du Proto-Évangile de Jacques qui date aussi des années 130–140. Or, on retrouve des éléments de cet évangile dans plusieurs points des parties préliminaires de Matthieu comme de Luc.
Les Mages et la fuite en Égyptes (Matthieu 2, 1–22a) furent influencés par les chapitres XXI et XXII du Proto-Évangile de Jacques, ce qui élimine les points 8, 11 et 12.
Les annonces à Marie et à Joseph ont subi l'influence rédactionnelle des chapitres XI, XIII et XIV du Proto-Évangile de Jacques, ce qui élimine encore que les évangiles que Marcion obtint contenaient les points 4 et 5.
Les Bergers contient des réminiscences du Chapitre XIX du Proto-Évangile de Jacques, mais les effets luminescents sont vus par la sage-femme qui accouche Marie, devenue des Bergers chez Luc.
La naissance de Jésus fut influencée par les chapitres XVII et XVIII du Proto-Évangile de Jacques fortement par Luc, tandis que Matthieu est resté prudent, et c'est normal, il suffisait de se renseigner un tant soi peu pour découvrir que le recensement ordonné par Auguste fut fait dix ans après la mort d'Hérode, et que Jésus est né, d'après Matthieu, avant la mort d'Hérode; Luc, par contre, préfère confirmer que Jésus est bien né pendant le recensement et élimine les passages relatifs aux Mages. 
La circoncision de Jésus et sa consécration proviennent de la tradition juive, que d'ailleurs Luc n'a pas compris, ainsi Jésus en tant que Davidide (descendant du roi David, de la tribu de Juda, doit être racheté, il n'aurait été consacré que s'il est un descendant d'Aaron, c'est-à-dire un Qohen fils de Qohen). Siméon est mentionné dans le Proto-Évangile de Jacques qui ne cite pas ses sources, et qui est en réalité Siméon l'Essénien; un prophète mentionné par Flavius Josèphe. Quant à Anne la prophétesse, une veuve, il n'est pas compliqué d'y reconnaître Anne la mère de Marie qui sert au Temple dans le Proto-Évangile de Jacques.
La visite de Marie à Élisabeth est décrite dans le Chapitre XII du Proto-Évangile de Jacques.
Quant à Jésus enseignant au Temple, Flavius Josèphe raconte la même histoire à son propos dans son Autobiographie, et lui-même pourrait s'inspirer d'une biographie de Pythagore.
Reste le problème de Zacharie qui est mentionné dans les Chapitre VIII, X, XXIII et XXIV du Proto-Évangile de Jacques. Ces passages sont problématiques, parce que dans le chapitre X, on a l'impression que le Proto-Évangile de Jacques résume ce que Luc écrit et développe dans les versets 5–25 de son évangile; alors que dans tous les autres cas, ce sont Luc et Matthieu qui semblent utiliser le Proto-Évangile de Jacques. En effet à la fin du chapitre X, on lit:
Et la vraie pourpre et l'écarlate échurent à Marie par le sort, et les ayant reçus, elle alla en sa maison. Et, dans ce même temps, Zacharie devint muet et Samuel prit sa place. Jusqu'à ce que Zacharie t'adressa derechef la parole, ô Marie. Et Marie, ayant reçu la pourpre et l'écarlate, se mit à filer.
Le lecteur est donc censé savoir pourquoi Zacharie est devenu muet, ce qui ne peut-être le cas que si l'auteur du Proto-Évangile de Jacques connaît les versets 5–25 du chapitre I de Luc. Dans le chapitre VIII, Zacharie est mentionné sans préciser sa nature de père de Jean le Baptiste, ce que le rédacteur du Proto-Évangile de Jacques sait parfaitement puisque dans les chapitres XXIII–XXIV, Zacharie est exécuté par ordre d'Hérode, parce que Jésus et les Mages lui ont échappé; il veut donc tuer Zacharie et son fils Jean-le-Baptiste, qui sera sauvé par sa mère Élisabeth qui fuira dans le désert (à Qumran?), mais c'est une autre histoire. 

Il semble donc que Marcion a éliminé volontairement les points suivants: 
  • Jean le Baptiste, dont arrestation et baptême de Jésus (Matthieu 3, 1–17; Marc 1, 1–11; Luc 3, 1–22)
  • Tentations et retour en Galilée (Matthieu 4, 1–11; Marc 1, 12–15; Luc 4, 1–15)
Mais que l'évangile qu'il reçu ne contenait pas les parties préliminaires suivantes qui devaient encore être en cours de rédaction.
1. Inspirée par Flavius Josèphe:
  • Voyage à Jérusalem (Luc 2, 21–52)
2. Inspirées par le Proto-Évangile de Jacques:
  • Annonce à Marie (Luc 1, 26–38)
  • Annonce à Joseph (Matthieu 1, 18–25)
  • Visite de Marie à Élisabeth (Luc 1, 39–56)
  • Naissance de Jésus (Matthieu 2, 1a et Luc 2, 1–7)
  • Les Bergers (Luc 2, 8–20)
  • Les Mages (Matthieu 2, 1b–12)
  • Fuite en Égypte (Matthieu 2, 13–22a)
  • Jésus au Temple, dont circoncision, Siméon, Anne (Luc 2, 21–38)
  • À Nazareth (Matthieu 2, 22b et Luc 2, 39–40)
3. Inspirées par une source inconnue, mais absente de la version de Marcion.
    • Généalogie de Jésus d'après Matthieu (Matthieu 1, 1–17)
    • Généalogie de Jésus d'après Luc (Luc 3, 23–38)
    Passages qui ne proviennent pas d'une source d'inspiration connue et qui étaient connues du rédacteur du Proto-Évangile de Jacques:
    • Préface de Luc (Luc 1, 1–4)
    • Annonce de Jean le Baptiste à Zacharie (Luc 1, 5–25)
    • Naissance de Jean (Luc 1, 57–80)
    Si cette hypothèse est exacte alors, Marcion, quand il supposa que Jésus était sans naissance humaine, avait peut-être raison de le supposer sur base des textes qu'il détenait et dans lesquels, il pouvait lire l'Annonce de la naissance de Jean le Baptiste (Luc 1, 5–25) et sa naissance (Luc 1, 57–80), mais que rien n'indiquait des origines humaines à Jésus. 
    Cela confirme aussi que les évangiles tels qu'ils sont parvenus jusqu'à maintenant sont 1. une œuvre littéraire 2. dont la rédaction est tardive, ne circulant que confidentiellement dans un groupe très restreint de personnes. On peut assez facilement comprendre que la version du Nouveau Testament dont Marcion s'empara en 138 ne contenait pas encore les parties sur l'enfance. Luc et Matthieu devaient encore travailler sur leurs évangiles, ils se sont inspirés différemment du Proto-Évangile de Jacques, Matthieu retenant les mages et Luc retenant la naissance à l'époque du recensement de la Judée. Le Proto-Évangile de Jacques est une maquette littéraire qu'un des rédacteurs du Nouveau Testament conçu et qui devait inspirer Matthieu et Luc qui ne bénéficiaient peut-être pas de sources claires pour déterminer les origines de Jésus, à moins que l'Esprit Saint ne soit tombé en panne sèche. On ignore aussi, si les origines de Pierre étaient déjà présentes dans les évangiles. 

    Il convient de se demander, si Marcion eut bien connaissance de quatre évangiles, les synoptiques et celui de Jean, ou s'il eut seulement connaissance des trois synoptiques? À cette question, nulle réponse, malheureusement. Néanmoins, on ne peut exclure que la question de la date de la mort de Jésus n'était pas encore tranchée entre rédacteurs, on sait que Jean fait mourir Jésus pendant l'après-midi, alors qu'a lieu le sacrifice pascale, alors que les synoptiques le font mourir le lendemain du sacrifice pascale. Il est donc probable que la publication par Marcion de son évangile, força les chrétiens à réagir et à publier leur propre version des quatre évangiles, avant qu'elle ne soit expurgée de leurs divergences: 

    • les deux généalogies
    • les origines de Pierre
    • le moment de la mort de Jésus, pendant le sacrifice pascale ou le lendemain.
    • Jésus est-il l'incarnation du Logos (Jean) ou l'incarnation de l'Esprit Saint, voire adopté par l'Esprit Saint lors de son baptême (synoptiques).

    Ces divergences entre Logos et Esprit Saint, incarnation et adoption sont à l'origine de vifs débats, dont celui de la Trinité.



    Pour le  en français, on peut le trouver ici: