lundi 29 juin 2015

Les différences entre un chrétien et un nazaréen

Chrétiens et nazaréens ont en commun de prier le même Dieu, le Dieu d'Israël et d'être des non-juifs.

Ce qui les différencient, c'est que le chrétien croit que la Torah aurait été abolie, alors que le nazaréen sait que l'accomplissement des commandements est toujours obligatoire.

Nous lisons en Matthieu 5, 17–21:
17. Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. 18. Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. 19. Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. 20. Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
Nous lisons en Galates 2, 16–21:
Ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi. 17. Mais, tandis que nous cherchons à être justifié par Christ, si nous étions aussi nous-mêmes trouvés pécheurs, Christ serait-il un ministre du péché ? Loin de là ! 18. Car, si je rebâtis les choses que j’ai détruites, je me constitue moi-même un transgresseur, 19. car c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu. 20. J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. 21. Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s’obtient par la loi, Christ est donc mort en vain.
Le nazaréens accepte le passage de Matthieu et rejette le passage de l'Épître aux Galates, car Marcionite.

Le chrétien croit que le passage de l'Épître aux Galates a la prééminence sur le passage des évangiles et croit qu'il n'est plus soumis à la Torah parce qu'il serait déjà comme ressuscité. S'il est déjà ressuscité, pourquoi mange-t-il encore? pourquoi pèche-t-il encore? etc. Si le chrétien veut bien se regarder dans un miroir, il constatera que le monde à venir n'est pas là, et donc il devra admettre que les commandements sont toujours d'application... 

Certains croient que la Torah sera abolie quand le Messie sera là, en réalité, cela est faux. La Torah contient des aspects légaux et des lumières secrètes. Dans notre monde mélangé, les aspects légaux avec leurs obligations et leurs interdits sont d'application; dans le monde à venir, nous serons comme des anges, c'est-à-dire que nous ferons naturellement ce que nous devons faire et nous abstiendrons naturellement de ce que nous ne devons pas faire, c'est dans ce monde de la plénitude que la lumière de la Torah explosera en nous et hors de nous. La Torah ne sera donc jamais abolie, mais dans notre monde les commandements prédominent tandis que dans le monde à venir, la lumière de la Torah prédominera. 


Et si Jésus avait existé???

J'ai émis de fortes réserves quant à l'existence de Jésus.
Pourquoi?
  • Il existe d'importantes traces que les évangiles soient une réécriture d'une Vie de Bannous composée par Flavius Josèphe.
  • Ce qui N'APPARTIENT PAS à cette Vie de Bannous sont quelques miracles et des sources littéraires variées (onction à Bethanie reprise de Pétrone, la pècheresse pardonnée qui fait ressembler Jésus à Simon le Magicien, la condamnation à mort de Jésus reprend le schéma narratif de la destruction du Temple, telle qu'elle fut rapportée par Flavius Josèphe, etc.)
  • L'abolition du sabbat, mais aussi l'abolition de la circoncision et de la Loi ne sont que les opinions des convertis au Judaïsme du monde grec dans les années 130–150. (Notons qu'à cette période la circoncision fut interdite par l'empereur Hadrien, l'abolition de la Loi juive signifie que les chrétiens reconnaissent la Loi romaine comme loi principale, et donc, implicitement qu'ils sont fidèle à Rome, il est vraisemblable qu'ils , etc.)
  • Le Jésus, pharisien, rabbin et fils de David est une réécriture pour rendre Jésus conforme au Sanhédrin de Yavneh et au Judaïsme qui subsistait dans les années 120–150.


En outre, nous ne pensons pas que Jésus a existé au sens humain, parce que Jésus hérite des fonctions normalement attribuées au LOGOS par Philon d'Alexandrie. Mais du LOGOS représenté sous une forme d'homme.

NÉANMOINS SI Jésus devait avoir existé, il n'existe alors que deux hypothèses:
  • soit il est lié à Jean le Baptiste
  • soit il n'est pas lié à Jean le Baptiste

DONC SI JÉSUS 
  • fut lié à Jean le Baptiste, alors Jésus fut plus que certainement un prêtre essénien révolutionnaire, c'est-à-dire un sicaire antiromain... 
  • ne fut pas lié à Jean le Baptiste, il est néanmoins trop juif pour être un prédécesseur de Simon le Magicien et les évangiles sont trop embrouillés pour déterminer s'il fut un rabbin davidide (tendance pharisienne) ou un qohen aaronide (tendance esséno-sicaire)... 

DONC NOUS NE SAVONS RIEN DE LUI.

Dans les deux cas, nous ne voyons pas pourquoi il aurait été un messie sauveur.

Si la base des évangiles n'est pas une Vie de Bannous composée par Flavius Josèphe, on pourrait imaginer qu'il s'agirait alors d'un ROMAN dans lequel Flavius Josèphe aurait voulu simplement présenter le portrait d'un qohen essénien pacifiste envers les Romain et mis à mort par erreur par ces mêmes Romains sous l'influence des mauvais Juifs: les sadducéens et les pharisiens. 



samedi 27 juin 2015

Le péché contre l'esprit

Le péché contre l'esprit a fait couler beaucoup d'encre. Les théologiens se demandant comment l'homme pouvait pécher contre l'esprit sans le connaître et de nombreuses autres questions auxquels ils ne savent que répondre.

Ce passage existe en quatre versions, chez Matthieu, Marc et Luc, et même dans l'Évangile de Thomas. Nous allons les citer successivement

Matthieu 12, 31–32:
C’est pourquoi je vous dis : « Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais quiconque parlera contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. »
Marc 33, 28–29:
Je vous le dis en vérité, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu’ils auront proférés ; mais quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n’obtiendra jamais de pardon : il est coupable d’un péché éternel.
Luc 12, 10
Et quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais à celui qui blasphémera contre le Saint Esprit il ne sera point pardonné.
Évangile de Thomas, logion 44: 
(1) Jésus a dit : Celui qui blasphémera contre le Père, il lui sera pardonné ; (2) celui qui blasphémera contre le Fils, il lui sera pardonné ; (3) mais celui qui blasphémera contre l’Esprit Saint, il ne lui sera pardonné ni sur terre ni au ciel.
En réalité, il s'agit d'une expérience antispirituelle qui se rapporte à l’ego. En effet, pour que l’Esprit-Saint nous envahisse, il faut d’abord que commence d’agoniser l’ego. Ne croyons pas que cette agonie de l’ego soit douce, souvenons-nous de la crucifixion de Jésus; c’est une expérience terrible que de se voir mourir, que de voir notre vie s’écouler hors de nous et aller au néant, si nous tentons de la retenir alors nous nous livrons au mal. Tel est le péché contre l’Esprit. 

Certains croient que pratiquer la spiritualité peut se faire comme en passant, sans s’impliquer réellement. Souvenons-nous de ce que doivent dire « les prêtres et les lévites » et qui fut transmis dans La Règle de la Communauté : 
Maudit soit-il avec les idoles de son cœur, quand il passe, celui qui entre dans cette Alliance, tout en laissant devant ses pas ce qui le fait trébucher dans l’iniquité et se détourner (de Dieu) ! Voici qu’en entendant les paroles de cette Alliance, il se bénit en son cœur, en disant : “Que la paix soit sur moi, alors que je vais dans l’obstination de mon cœur !” Mais son esprit sera arraché, le sec avec l’humide, sans pardon !
Quiconque entre dans la voie peut connaître, à un quelconque moment, le début de cette dissolution de l’ego, mais leur impréparation à cette expérience les fait prendre peur, car ils comprennent qu’il n’y a pas de retour à l’état profane. Leur peur empêche alors, l’Esprit Saint de les envahir et de les guérir, de les régénérer. Ils comprennent aussi que quand l’ego a commencé sa dissolution, ce processus est irréversible. Ils placent alors leurs espoirs dans le Diable et se livrent au mal, c’est cela la pratique de  la sorcellerie. La sorcellerie n’est pas comme on le croit, de faire partie d’un covent de wiccan, mais bien d’être en échec spirituel. Ils espèrent survivre en faisant le mal, mais ils se précipitent seulement dans l’abîme. Quelques uns des pires criminels de l’humanité sont de cette sorte. Ils sont vides du monde et vides de Dieu, écartelés entre Ciel et la terre, et quand enfin ils disparaissent c’est un soulagement pour le monde entier, sauf si ils ont réussi à dissimuler leur nature mauvaise. Cette trahison est impardonnable. 

Quant à ceux qui blasphèment le Fils de l’Homme, ce sont les profanes qui critiquent les apparences du sage, car ils ne connaissent pas l’intériorité et supposent que leurs faibles lumières leur permettent de comprendre la nature du maître réalisé.

mercredi 24 juin 2015

Interprétation spirituelle et interprétation littéraliste

Paul disait:
La lettre tue, mais l'esprit vivifie.
Les chrétiens prétendent ainsi interpréter tout sur base de l'esprit. Or, dans la réalité, les chrétiens n'interprètent rien selon l'esprit, mais dans une perspective historique qu'ils ramènent encore et toujours à Jésus.

En Genèse 49, 9–10, nous lisons:
9 Tu es un jeune lion, Juda, quand tu reviens, ô mon fils, avec ta capture! II se couche; c'est le repos du lion et du léopard; qui oserait le réveiller? 10 Le sceptre n'échappera point à Juda, ni l'autorité à sa descendance, jusqu'à l'avènement du Pacifique auquel obéiront les peuples.
Ce pacifique c'est le mystérieux Shiloh.

Shiloh est d'après les chrétiens Jésus, d'après les musulmans Muhammad et d'après les Juifs, le Massiach à venir!

Notons que Jésus, s'il a existé, devrait être d'office exclu: puisque le texte dit: Jusqu'à l'avènement du Pacifique, donc à ce moment-là le sceptre échappera à Juda et l'autorité échappera à sa descendance... Or Jésus est un descendant de Judas... il ne peut donc être le Pacifique qui lui ne descend pas de Judah. Malgré cette contradiction, ils affirment qu'il s'agit de Jésus et présentent leur interprétation comme étant spirituelle...
En réalité une telle interprétation est... une perspective historique.

Nous allons essayer d'interpréter ce passage spirituellement et le comprenons ainsi: Le schiloh est probablement la manifestation de Dieu lui-même dans l'homme.

Cette manifestation est précédée d'une purge radicale qui détruit l'ego, voici l'autorité de Judas. Qui doit dominer en attentant que Dieu puisse se manifester pacifiquement dans l'esprit purifié du pratiquant... Voici ce qu'on pourrait appeler une interprétation spirituelle du passage.

Quant à tirer des perspectives de personne humaines comme Jésus ou Mohammed, c'est entrer dans l'idolatrie... Que Dieu nous en préserve...

Il est possible aussi que cela fasse allusions à une paix qui suit une période de guerre, mais après la guerre vient la paix et jusqu'à présent, après la paix, la guerre est revenue.



vendredi 19 juin 2015

VOCABULAIRE VERSION I (cette liste sera complétée progressivement)

Le christianisme s'est formé à partir de plusieurs écoles en rupture avec le sanhédrin de Yavneh: L'essénisme romain et réformé par Flavius Josèphe et le judaïsme hellénistique réformé par Philon d'Alexandrie

CHRISTIANISME:
Christ signifie en grec «oint, qui a reçu l'onction», équivaut à l'hébreu massiach qui a donné Messie. Le christianisme désigne au premier siècle deux mouvements antagonistes: les révolutionnaires messianisants juifs et les judaïsants qui croient au Logos. Au IIe siècle, les judaïsants croyants au Logos se sépareront définitivement du Judaïsme et adopteront Jésus comme représentation du Logos.
ESSÉNISME:
Nom donné aux Gardiens de l'Alliance ou Nôtzerîm (Nazaréen) par Philon d'Alexandrie. Les esséniens sont apparentés aux hassidéens. Néanmoins, il désigne surtout les sadducéens qui quittèrent le service du Temple en –78 car ils refusaient d'appliquer les décisions pharisiennes en matière de sacrifices.
GNOSE SETHIENNE:
L'hermétisme juif. Néanmoins la Gnose sethienne que nous connaissons le mieux, le fut après la réforme valentinienne, avec le temps tous les textes sethiens furent contaminés par le gnosticisme, et la Gnose sethienne perdit ses spécificités.
GRANDE SYNAGOGUE:
Il s'agit du conseil des sages dans le Judaïsme après Esdras. La grande synagogue fut dissoute en deux institutions qui devinrent rivales: le sanhédrin laïc ou pharisien dirigé par un nassi et le «sanhédrin» du Temple dirigé par le grand-prêtre.
HASSIDÉENS:
Nom ancien des esséniens, pendant la révolte des Macchabées. Il s'agit d'un ordre militaro-sacerdotal dévolu à la libération de la Judée. Le courant hassidéen fit partie du courant sadducéen.
HENOCHISME:
Pratiquant de la mystique hénochénne, basée sur des enseignements secrets qui ne nous sont pas complètement parvenus. La mystique hénochéenne est une voie pour entrer vivant dans l'éternité qui se faisait à travers des récitations angéliques.
HERMÉTISME:
Doctrine ésotérique qui émergea à Alexandrie et qui tentait de réunir Grecs, Égyptiens et Juifs dans une sorte de croyance universelle. Reprenant des Grecs la philosophie, des égyptiens le mystagogie et des Juifs la mystique, peut-être les préparations alimentaires. Suite aux troubles antisémites dus à Apion vers 50. Les Juifs et judaïsants s'en séparèrent pour fonder la Gnose sethienne, les loges hermétiques devinrent alors exclusivement païennes. L'hermétisme survécut à Harran jusqu'au Xe siècle, il s'appelait alors le Sabéisme.
JUDAÏSME HELLÉNISTIQUE:
Désigne le Judaïsme de langue grecque qui se développa après les conquêtes d'Alexandre le Grand. Il était sadducéen et finit par différer sensiblement du Judaïsme judéen. Une partie du Judaïsme hellénistique adopta les thèses bithéistes de Philon d'Alexandrie.
MYSTIQUE DE LA MERKABAH:
La mystique de la Merkabah semble combiner des éléments en provenance de l'essénisme et des éléments en provenance de l'hermétisme, comme la reconstitution de l'Adam primordial, qui correspond à la reconstitution de l'Homme universel
NAZARÉISME:
Nom que se donnaient les esséniens en tant que «Gardiens de l'Alliance». Lors de la guerre de Qitos, ce terme en vint à désigner plus précisément des convertis au judaïsme qui combattirent au côté des Juifs. Ils furent décimés et se réfugièrent à Petra et, ensuite, en Arabie du Nord. Il semble qu'ils soient, bien involontairement, à l'origine de l'Islam.
PHARISIANISME:
Les séparés. Ils représentent le judaïsme majoritaire en Judée et le pouvoir laïc. Ils sont les défenseurs de la tradition des anciens et s'opposent aux interprétations scripturalistes des sadducéens. Ils sont les futurs rabbins.
RABBINISME:
Après la destruction du IIe Temple, c'est le nom sous lequel on désigne les successeurs des pharisiens. Notons aussi que la scission du Judaïsme alexandrin, et l'extermination des esséniens et des sadducéens pendant les guerres judéo-romaines. 
PHILONISME:
D'après Philon d'Alexandrie qui définit un judaïsme bithéiste pratiqué par de nombreux convertis, dans lequel Dieu est séparé en Père et en Fils, le Logos.
SADDUCÉISME:
Il s'agit à l'origine de réformateurs qui voulaient instaurer un calendrier hénochéen au Temple. Les sadducéens qui quittèrent le Temple devinrent les esséniens, ceux qui restèrent continuèrent à en porter le nom, mais sans appliquer totalement leurs halakhôth particulières. Le nom sadducéens désigne aussi les partisans du Judaïsme sacerdotal axé sur le culte du Temple, de tendance scripturaliste, le judaïsme hellénistique est sadducéen. Les sadducéens ont des visions différentes des pharisiens sur tous les sujets du Judaïsme: les sadducéens sont patrilinéaires, les pharisiens matrilinéaires; les sadducéens ont moins de commandements, mais sont plus rigoureux dans leur application, les pharisiens ont plus de commandements, mais pénalisent moins strictement les manquements.
SICARISME:
Pour favoriser l'essénisme auprès des Romains, Flavius Josèphe séparera les sicaires des esséniens, mais en réalité il s'agit de la même organisation.
THÉRAPEUTE:
Le monastère thérapeute du Lac Mariotis près d'Alexandrie, est l'établissement où s'installèrent les esséniens en monde grec. Il s'agit, comme l'essénisme, d'une organisation militaro-mystique chargée de protéger les Juifs en prévision de la guerre judéo-romaine qui couvait. Le monastère thérapeute s'est divisé en deux clans, un qui suivit Flavius Josèphe dans la recherche d'un compromis avec Rome, et l'autre qui estimait que la guerre sainte contre Rome devait continuer. Les premiers devinrent les chrétiens, les seconds furent exterminés pendant la guerre de 115–118.


lundi 15 juin 2015

Quelques comparaisons entre le Livre d'Henoch et le Nouveau Testament • Partie I


Le Livre d'Henoch fut rejeté par les églises chrétiennes comme apocryphe au IVe siècle. Les manuscrits en grec disparurent et le texte devint totalement inconnu. Il fut retrouvé complet en éthiopien et commença à être étudié au XIXe siècle, malheureusement dans des versions parfois assez divergentes. Les découvertes de fragments grecs permirent d'établir que le Livre d'Henoch est formellement cité dans l'Épître de Jude. Néanmoins les similarités entre le Livre d'Hénoch et le Nouveau Testament a montré que l'un des deux a influencé l'autre. Les auteurs ultra-catholiques ont tenté de faire passer le Livre d'Henoch pour une composition apocryphe du IIe siècle; néanmoins la plupart des expert estimaient que la rédaction des cinq parties du Livre d'Hénoch s'échelonnaient entre –150 et 0. En 1947, la découverte des manuscrits de la mer morte allait jeter de nouvelles lumières, en effet quelques fragments d'un des manuscrits de la partie I du Livre d'Henoch datent des alentours de –300. Le Livre d'Henoch dans ses parties les plus anciennes est probablement légèrement postérieur à Esdras et pourrait avoir été rédigé vers –450 par des prêtres du Temple de Jérusalem sur base de sources plus anciennes. En monde juif, le Livre d'Hénoch subit le sort des documents sadducéens et esséniens, il fut rejeté par les pharisiens qui gagnèrent la guerre civile entre les tzadûkîm et les perûshîm. En effet, les sadducéens et les esséniens furent laminés lors de la Ière Guerre Judéo-romaine et ne subsistèrent que les pharisiens les futurs rabbis. Les dernières traces qu'on a du Livre d'Hénoch en monde juif se trouvent dans le Pirké de Rabbi Éliézer. L'ambiguité de ce texte est qu'il semble dater des années 830, or, un quelques années avant, vers 800, on retrouva une grotte aux manuscrits près de Jéricho, il est possible que le rédacteur du Pirké fut influencé par des fragments du Livre d'Henoch qui pourraient y avoir été trouvés, puisqu'il semble connaître, outre le Livre d'Hénoch, le Livre des Jubilés et les Testaments des Patriarches, textes très populaires chez les esséniens et inconnus dans le Judaïsme du IVe–VIIIe siècle, entièrement dominé par le Talmud.

Au début du XXe siècle, l'abbé François Martin a donné quelques comparaisons entre le Livre d'Hénoch et le Nouveau Testament, ce sont ces comparaisons que nous reproduisons ici, enrichies de quelques unes qui lui avaient échappé. Dans un prochain texte nous tenterons de trouver les comparaisons entre la doctrine du Fils de l'homme dans le Livre d'Hénoch et dans le Nouveau Testament. Ces comparaisons montreront que l'évangile original des chrétiens est bien le Livre d'Hénoch, dont les évangiles ne sont qu'une version remaniée.

Certaines comparaisons entre les deux textes sont formelles, d'autre fois ce ne sont que des similitudes, mais l'influence est indéniable. Les textes sont donnés d'après l'ordre du Nouveau Testament.

Ils est irréfutable que les rédacteurs du Nouveau Testament furent influencés dans leurs conceptions comme dans la rédaction par le Livre d’Hénoch, loin d’être de pauvres juifs aux études limitées comme on les présente, ils appartenaient au milieu des esséniens de langue grecque ou hébraïque, ils étaient soit thérapeutes, soit nazaréens.


Matthieu 5, 4 :
Heureux les doux, car ils hériteront la terre.
Hénoch 5, 7
Et tous (ceux qui ne sont pas) souillés se réjouiront, et à eux sera la délivrance des péchés et toute miséricorde et paix et clémence, à eux sera le salut, une bonne lumière, et ils hériteront la terre
Matthieu, 8, 29 :
Et ils (deux démoniaques) se mirent à crier : “Qu’y a-t-il entre nous et vous, Jésus, Fils de Dieu ? Êtes-vous venu pour nous tourmenter avant le temps ?”
Hénoch, 16, 1 :
Que soient sans jugement, ceux qui perdront (c’est-à-dire les démons) ; ils perdront ainsi jusqu’au jour de l’accomplissement du grand jugement.
Matthieu, 13, 42 et 50 : 
Ils les jetteront dans la fournaise ardente.
Hénoch, 98, 3 :
Leur esprit sera jeté dans une fournaise de feu.
Matthieu, 18, 28 : 
Lorsque, au jour du renouvellement, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire.
Hénoch, 62, 5 :
Quand ils verront le Fils de l’homme assis sur le trône de sa gloire.
Matthieu, 19, 28 : 
Vous siégerez aussi sur douze trônes.
Hénoch, 108, 12 :
Je ferai asseoir chacun d’eux sur le trône de sa gloire.
Matthieu, 19, 29 :
Il héritera la vie éternelle.
Hénoch, 40, 9 :
Ceux qui hériteront la vie éternelle.
Matthieu, 25, 41 :
... au feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges.
Hénoch, 54, 5 :
Ces chaînes sont préparées pour les troupes d’Azazel.
Matthieu, 26, 24 :
Mieux vaudrait pour lui que cet homme-là ne fût pas né.
Hénoch, 38, 2 :
Il eût mieux valu pour eux qu’ils ne fussent pas nés.
Matthieu, 28, 18 :
Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre.
Hénoch, 52, 4 :
Tout ce que tu as vu servira au pouvoir de son Messie, pour qu’il soit fort et puissant sur la terre.
Marc, 12, 25 :
Ils sont comme les anges dans le ciel.
Hénoch, 2, 4 Cf. 104, 4. :
Tous (les justes) deviendront (ou : seront) des anges dans le ciel.
Luc, 1, 52 :
Il a renversé de leur trône les potentats.
Hénoch, 46, 5 :
Il renversera les rois de leurs trônes.
Luc, 16, 8 Cf. Éph., 5, 8, etc. :
Les enfants de lumière.
Hénoch, 108, 11 :
Les générations de lumière.
Luc, 19, 9 :
Les richesses d’iniquité.
Hénoch, 68, 10 :
Les biens de l’iniquité.
Luc,  16 , 26 :
Entre nous et vous il y a pour toujours un grand abîme, χάσμα μέγα.
Hénoch, 18, 11 (texte grec) :
Puis je vis un grand abîme, χάσμα μέγα.
Luc,  21, 28 :
Votre délivrance approche.
Hénoch, 51, 2 :
Il est proche le jour où ils seront sauvés (les élus).
Luc, 23, 35 :
Qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ de Dieu, l’Élu.
Hénoch, 40, 5 :
Et j’entendis la seconde voix bénir l’Élu.
Jean, 5, 22 :
Il a donné au Fils le jugement tout entier.
Hénoch, 69, 27 :
La somme du jugement a été donnée au Fils de l’homme.
Jean, 8, 12 :
Jésus leur parla de nouveau, disant : Je suis la lumière du monde.
Hénoch, 48, 4 :
Il (le Messie) sera la lumière des peuples.
Jean, 14, 2 :
Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père..., je vais vous y préparer une place.
Hénoch, 39, 5 :
Là mes yeux virent leurs habitations (des justes) au milieu des anges de sa justice.
Actes des Apôtres, 3, 14 :
Le Christ est appelé “le Juste”.
Hénoch, 53, 6 :
Le Messie est appelé « le Juste ».
Actes des Apôtres, 4, 12  Cf. I Cor., 6, 11. :
Il n’y a pas sous le ciel un autre nom... par lequel nous devions être sauvés.
Hénoch, 48, 7 :
C’est par son nom (du Messie) qu’ils seront sauvés.
Actes des Apôtres 14, 15 :
Nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve.
Hénoch, 5, 1 :
Considérez comment les feuilles vertes couvrent les arbres et tout fruit d’eux est pour l’honneur et la gloire. Réfléchissez et apprenez au sujet de toutes ses œuvres et pensez que c’est un Dieu vivant qui les a ainsi faites et qu’il vit pour tous les siècles.
Actes des Apôtres, 22, 14 :
Le Dieu de nos pères t’a prédestiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre les paroles de sa bouche.
Hénoch, 48, 7 Cf. 69, 26 :
La sagesse du Seigneur des esprits l’a révélé (le Messie) aux saints et aux justes.
Épîtres aux Romains, 8, 38 :
Ni les anges, ni les principautés, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les puissances.
Hénoch, 61, 10 :
Tous les anges de puissance, tous les anges des principautés.
Épîtres aux Romains, 9, 5 Cf. II Cor., XI, 31.  :
Dieu, béni éternellement. 
Hénoch, 77, 1 :
Dieu est appelé « l’éternellement béni ».
Épître aux Romains, 13, 19 :
Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur.
Hénoch, 48, 7 :
La sagesse du Seigneur des esprits l’a révélé aux saints et aux justes, car il a conservé la part des justes parce qu’ils ont haï et méprisé ce monde d’injustice et qu’ils en ont haï toute l’œuvre et les voies au nom du Seigneur des esprits ; car c’est par son nom qu’ils seront sauvés, et il est le vengeur de leur vie.
IIe Épître aux Corinthiens, 2, 2–4 :
Aussi gémissons-nous dans cette tente, dans l’ardent désir que nous avons d’être revêtus de notre demeure céleste. .., nous voulons, non pas ôter notre vêtement, mais revêtir l’autre par dessus, afin que ce qu’il y a de mortel soit englouti par la vie.
Hénoch, 62, 15–16:
Les justes et les élus... revêtiront des vêtements de gloire. Et tels seront vos vêtements : des vêtements de vie de la part du Seigneur des esprits, et vos vêtements ne vieilliront pas.
Épître aux Philippiens, 2, 10 :
Qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers.
Hénoch, 48, 5 :
Tous ceux qui habitent sur l’aride se prosterneront et l’adoreront (le Messie).
Épître aux Colossiens, 1, 16 :
Trônes, Dominations, Principautés, Puissances.
Hénoch, 61, 10 :
Tous les anges de puissance, tous les anges des principautés.
Épître aux Colossiens, 2, 3 :
Dans le Christ sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science.
Hénoch, 49, 3 :
En lui (le Messie) habite l’esprit de sagesse, et l’esprit qui éclaire, et l’esprit de science et de force. »
Ière Épîtres à Timothée, 1, 9 :
La Loi n’est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les rebelles, les impies et les pécheurs.
Hénoch, 93, 4 :
Il fera une loi pour les pécheurs.
Ière Épîtres à Timothée, 5, 21 :
Les anges élus.
Hénoch, 39, 1 :
Les enfants des élus (des anges).
Ière Épîtres à Timothée, 6, 15 :
Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs.
Hénoch, 9, 4 :
Le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux et le Roi des rois.
Ière Épîtres à Timothée, 6, 16 :
Dieu habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vue ni ne peut voir. 
Hénoch, 14, 21–22 :
Pas un ange ne pouvait entrer dans cette maison et voir la face du Glorieux et du Magnifique, et aucun être de chair ne pouvait le regarder. Un feu ardent l’entourait, et un grand feu se dressait devant lui.
Épître aux Hébreux, 11, 10 Cf. ibidem, 22. :
Il (Abraham) attendait la cité aux (solides) fondements, dont Dieu est l’architecte et le constructeur. 
Hénoch, 90, 29 :
Et je vis jusqu’à ce que le Seigneur des brebis apporta une nouvelle maison plus grande et plus élevée que la première, et il la dressa à la place de la première.
Épître aux Hébreux, 12, 9 :
Dieu est appelé « le Père des esprits.
Hénoch, 37–71, passim :
Le Seigneur des esprits, termes utilisés aux chapitres 37 à 71.
Épître de Jacques 1, 11 : 
Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu : ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises.
Hénoch 4, 1
Et considérez encore les jours d’été, comment dans sa première partie (de l’été) le soleil est au-dessus (de la terre) ; et vous alors vous cherchez l’ombrage et l’ombre à cause de l’ardeur du soleil ; mais la terre, elle aussi, est brûlante par suite de l’intensité de la chaleur, en sorte que vous ne pouvez marcher ni sur la terre, ni sur le roc, à cause de la chaleur.
Épître de Jacques, 2, 6 :
Et vous, vous avilissez le pauvre ! Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux ?
Hénoch, 44, 8–11 et Hénoch, 103, 10–15 :
Malheur à vous riches, parce que vous vous confiez dans vos richesses ; vous en serez privés, parce que vous ne vous êtes pas souvenus du Très-Haut aux jours de votre richesse. Vous avez commis le blasphème et l’iniquité, vous êtes mûrs pour le jour de l’effusion du sang, pour le jour de ténèbres et pour le jour du grand jugement. Ainsi moi je vous dis et je vous annonce que celui qui vous a créés vous renversera, et sur votre ruine il n’y aura pas de pitié, et votre créateur se réjouira de votre destruction. Et vos justes en ces jours seront un reproche pour les pécheurs et pour les impies.
Ne dites pas des justes et des bons qui sont en vie : « Aux jours de leur vie ils ont beaucoup travaillé et ils ont vu toute affliction, ils ont éprouvé des maux nombreux et ils ont été consumés et diminués et leur âme s’est rapetissée. Ils sont perdus et ils n’ont trouvé personne qui les secoure, pas même d’un mot et en rien ; ils sont accablés de douleur et ils sont perdus et ils n’espèrent pas voir la vie d’un jour à l’autre. Ils espéraient être la tête et ils sont la queue. Ils ont souffert en travaillant, et ils ne disposent pas du fruit de leur travail ; ils sont la nourriture des pécheurs, et les méchants ont appesanti leur joug sur eux. Ils les ont dominés ceux qui les haïssent et ceux qui les frappent ; et devant ceux qui les haïssent ils ont baissé la tête, et ils n’ont pas eu pitié d’eux. Ils ont voulu s’éloigner d’eux pour fuir et se reposer, et ils n’ont pas trouvé où s’enfuir et leur échapper. Et ils les ont accusés auprès des princes dans leur affliction, et ils ont crié contre ceux qui les dévorent, mais ils ne font pas attention à leur cri et ils ne veulent pas écouter leur voix. Ils aident ceux qui les dépouillent et les dévorent et ceux qui ont diminué leur nombre, et ils cachent leur violence, et ils n’enlèvent pas de sur eux le joug de ceux qui les dévorent, les dispersent et les tuent ; ils cachent leur meurtre, et ils ne se souviennent pas qu’ils (les méchants) ont élevé leurs mains contre eux. »
Épître de Jacques, 2, 19 :
Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien ; les démons le croient aussi, et ils tremblent.
Hénoch, 1, 5 :
Et tous seront dans l’épouvante, et les veilleurs trembleront ; la crainte et un grand tremblement les saisiront jusqu’aux extrémités de la terre.
Ière Épître de Pierre, 3, 22 :
À lui sont soumis les anges, les principautés et les puissances.
Hénoch, 61, 10 :
Tous les anges de puissance, tous les anges des principautés.
IIe Épître de Pierre, 2, 4 :
Si Dieu, en effet, n’a pas épargné les anges qui avaient péché, mais les a précipités dans l’enfer et les a livrés aux abîmes des ténèbres, où il les garde pour le jugement.
Hénoch, 10, 12 :
Enchaîne les (anges) pour soixante-dix générations sous les collines de la terre jusqu’au jour de leur jugement et de leur consommation, jusqu’à ce que soit consommé le jugement éternel.
Ière Épître de Jean, 2, 1 :
Jésus-Christ, le Juste.
Hénoch, 53, 6 :
Le Messie est appelé « le Juste ».
Ière Épître de Jean, 2, 8 :
Les ténèbres se dissipent et déjà brille la véritable lumière.
Hénoch, 58, 5 :
La justice « brille comme le soleil sur l’aride et les ténèbres ont disparu. »
Ière Épître de Jean, 2, 15 :
N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde.
Hénoch, 108, 8 Cf. 48, 7 :
Les justes « n’ont aimé ni l’or ni l’argent, ni aucun des biens qui sont dans le monde ».
Ière Épître de Jean, 3, 8 :
Celui qui pèche est du diable, car le diable pèche dès le commencement. Le Fils de Dieu a paru afin de détruire les œuvres du diable.
Hénoch, 54, 6 :
Puis Michaël, Gabriel, Raphaël et Phanuel les saisiront en ce grand jour, et les jetteront, ce jour-là, dans la fournaise ardente, afin que le Seigneur des esprits les châtie de leur iniquité, car ils se sont faits les serviteurs de Satan, et ils ont entraîné au péché ceux qui habitent sur l’aride.
Épître de Jude, 5–6 :
Je veux vous rappeler ce que vous avez autrefois appris, que Jésus... retint pour le jugement du grand jour, liés de chaînes éternelles, au sein des ténèbres , les anges qui n’ont pas conservé leur principauté, mais qui ont abandonné leur propre demeure.
Ἐπροφήτευσεν δὲ καὶ τούτοις ἓβδομος ἀπὸ Ἀδὰμ Ἐνὼχ λἐγων· ἰδού ἦλθεν κύριος ἐν ἁγίαις μυριάσιν αὐτοῦ ποιῆσαι κρίσιν κατὰ πἀντων καὶ ἐλέγξαι πἀντας τοὺς ἀσεβεῖς περὶ πάντων τῶν ἐργων ἀσεβείας αὐτῶν ὤν ἠσέβησαν καὶ περὶ πάντων τῶν σκληρῶν ὦν ἐλάλησαν κατ᾽αύτοῦ ἁμαρτωλοὶ ἀσεβεῖς.
Hénoch, 10, 4 :
Enchaîne Azazel pieds et mains et jette-le dans les ténèbres.
Henoch 10, 12 :
Enchaîne les (anges) pour soixante-dix générations sous les collines de la terre jusqu’au jour de leur jugement et de leur consommation, jusqu’à ce que soit consommé le jugement éternel.
ὅτι ἔρχεται σὺν ταῖς μυριάσιν αὐτοῦ καὶ τοῖς άγίοις αὐτοῦ ποιῆσαι κρίσιν κατὰ πἀντων καὶ ἀπολέσει πἀντας τοὺς ἀσεβεῖς καὶ ἐλέγξει πᾶσαν σάρκα περὶ πάντων ἔργων της ἀσεβείας αὐτῶν ὤν ἠσέβησαν καὶ σκληρῶν ὦν ἐλάλησαν λόγων καὶ περὶ πάντων ὦν κατελάλησαν κατ᾽αύτοῦ ἁμαρτωλοὶ ἀσεβεῖς.
Épître de Jude, 13 :
Astres errants, auxquels d’épaisses ténèbres sont réservées pour l’éternité.
Hénoch, 18, 15 :
Les étoiles qui roulent sur le feu sont celles qui ont transgressé le commandement du Seigneur.
Épître de Jude, 14–15, citation de Apocalypse, II, 7
Apocalypse, 2, 7 Cf. 22, 14,19. :
À celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l’arbre de vie, qui est dans le paradis de [mon] Dieu.
Hénoch, 10, 9 (voir les deux textes grecs) ; cf. 5, 4 ; 27, 2.
Hénoch, 25, 4–5 :
L’arbre de vie planté dans le royaume messianique de la première partie « sera donné aux justes et aux humbles. Par son fruit la vie sera communiquée aux élus ».
Apocalypse, 3, 5 :
Celui qui vaincra sera ainsi revêtu de vêtements blancs ; je n’effacerai point son nom du livre de la vie.
Hénoch, 62, 15 :
Les justes et les élus... revêtiront des vêtements de gloire.
 Henoch 90, 6, 21, 31 . — 108, 3 :
Leur nom (des pécheurs) sera effacé du livre de vie et des livres saints.
Apocalypse, 3, 12 :
... la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu.
Hénoch, 90, 29 :
Et je vis jusqu’à ce que le Seigneur des brebis apporta une nouvelle maison, plus grande et plus élevée que la première, et il la dressa à la place de la première.
Apocalypse, 3, 17 :
Tu dis : Je suis riche, j’ai acquis de grands biens, je n’ai besoin de rien.
Hénoch, 97, 8 :
Vous dites : Nous sommes riches, nous avons de la fortune et nous possédons tout ce que nous avons désiré.
Apocalypse, 3, 20 :
Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi.
Hénoch, 62, 14 :
Avec ce Fils de l’homme, ils mangeront, ils se coucheront et se lèveront pour les siècles des siècles.
Apocalypse, 3, 21 :
J’ai vaincu, et je me suis assis avec mon Père sur son trône.
Hénoch, 46, 3 :
Dieu dit du Messie : « Son sort a vaincu par le droit ». 
Hénoch 51, 3 :
Dieu dit du Messie : « L’Élu, en ces jours, siégera sur mon trône. »
Apocalypse, 4, 2–6 :
Description du trône de Dieu : « Aussitôt je fus ravi en esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était environné d’un arc-en-ciel semblable à de l’émeraude. Autour du trône je vis vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes des couronnes d’or. Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres. Devant le trône brûlent sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. Il y a encore devant le trône comme une mer de verre, semblable à du cristal. Au milieu du trône et autour du trône, il y a quatre êtres vivants remplis d’yeux devant et derrière.
Hénoch, 71, 5–8 :
Et il cacha mon esprit, et moi, Hénoch, (je fus) dans le ciel des cieux, et je vis là au milieu de cette lumière, comme une maison qui était bâtie en blocs de glace, et parmi ces blocs (il y avait) des langues de feu vivant. Et mon esprit vit un cercle qui entourait de feu cette maison, depuis ses quatre coins jusqu’à ces fleuves pleins de feu vivant qui entouraient cette maison. Et (il y avait) autour d’elle les Séraphins et les Chérubins et les Ophanim : ce sont ceux qui ne dorment pas et qui gardent le trône de sa gloire (du Seigneur). Je vis des anges innombrables, des milliers de milliers et des myriades de myriades, entourer cette maison, et Michaël, et Raphaël, et Gabriel, et Phanuel, et les anges saints qui sont au haut des cieux entraient dans cette maison et en sortaient.
Apocalypse, 4, 11 :
Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées.
Hénoch, 36, 4 :
En contemplant (ce spectacle), j’ai béni en tout temps le Seigneur de gloire ; et je continuerai à le bénir, lui qui a accompli de grands et magnifiques prodiges pour montrer la grandeur de son œuvre à ses anges, aux esprits et aux hommes, afin qu’ils louent son œuvre, sa création tout entière ; afin qu’ils contemplent l’œuvre de sa puissance, qu’ils louent l’œuvre grandiose de ses mains, et qu’ils le bénissent pendant toute l’éternité.
Apocalypse, 5, 11 :
Puis je vis et j’entendis... la voix d’une multitude d’anges, et leur nombre était des myriades et des milliers de milliers.
Hénoch, 71, 8 Cf. 14, 22, et 40, 1 :
Je vis des anges innombrables, des milliers de milliers et des myriades de myriades.
Apocalypse, 6, 9–10 :
Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu’ils avaient eu à rendre. Et ils crièrent d’une voix forte, en disant : Jusques à quand, ô Maître saint et véritable, ne ferez-vous pas justice et ne redemanderez-vous pas notre sang à ceux qui habitent sur la terre ?
Hénoch, 22, 12 :
Celle-ci (cette cavité) a été séparée pour les âmes de ceux, qui sollicitent, qui font connaître (leur) perte, lorsqu’ils ont été tués dans les jours des pécheurs. » 
Henoch, 47, 2 :
Les anges « béniront le nom du Seigneur des esprits au sujet du sang des justes qui a été versé et de la prière des justes, afin qu’elle ne soit pas vaine devant le Seigneur des esprits, mais que justice leur soit faite et que leur attente ne soit pas éternelle.
Henoch, 47, 4 Cf. 9, 10 ; 97, 3 ; 99, 3, 16, etc. :
La prière des justes a été exaucée et le sang du juste a été vengé devant le Seigneur des esprits. 
Apocalypse, 6, 11 :
Une robe blanche fut donnée à chacun d’eux ; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu’à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux.
Hénoch, 47, 4 :
Et le cœur des saints fut rempli de joie parce que le nombre de la justice est proche (du terme fixé), la prière des justes a été exaucée, et le sang du juste a été vengé devant le Seigneur des esprits.
Apocalypse, 6, 15–17 :
Et les rois de la terre, et les grands, et les généraux, et les riches, et les puissants, et tout esclave ou homme libre se cachèrent dans les cavernes et les rochers des montagnes, et ils disaient aux montagnes et aux rochers : Tombez sur nous et dérobez-nous à la face de celui qui est assis sur le trône.
Hénoch, 62, 3 et 5 :
En ce jour, tous les rois, et les puissants, et ceux qui possèdent la terre se tiendront debout, et ils le verront et le reconnaîtront comme il siégera sur le trône de sa gloire... ils seront terrifiés, ils baisseront la face, et la douleur les saisira quand ils verront ce Fils de l’homme assis sur le trône de sa gloire.
Apocalypse, 7, 15 :
Celui qui est assis sur le trône habitera parmi eux.
Hénoch, 45, 4 :
En ce jour, je ferai habiter mon Élu au milieu d’eux.
Apocalypse, 7, 17 :
L’Agneau... les conduira aux sources des eaux de la vie.
Hénoch, 22, 9 :
Ainsi sont séparées les âmes des justes, là où se trouve auprès la source d’eau de vie.
Apocalypse, 8, 4 :
La fumée des parfums, formés des prières des saints, monta de la main de range devant Dieu.
Hénoch, 99, 3 Cf. 9, 2–11 :
En ces jours, préparez-vous, ô justes, à rappeler vos prières et à les placer en témoins devant les anges, pour qu’ils fassent souvenir le Très-Haut du péché des pécheurs.
Apocalypse, 9, 1 :
Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre.
Hénoch, 86, 1 Dans les deux textes cette étoile figure un ange :
Et je vis..., et voici : Une étoile tomba du ciel.
Apocalypse, 9, 14–15 :
Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve de l’Euphrate. Alors furent déliés les quatre anges, qui se tenaient prêts pour l’heure, le jour, le mois et l’année, afin de tuer la troisième partie des hommes.
Hénoch, 66, 1 :
Et après cela, il me montra les anges du châtiment, qui étaient prêts à venir délier toutes les puissances de l'eau qui est au-dessous de la terre, pour qu’elle serve au châtiment et à la destruction de tous ceux qui demeurent et habitent sur l’aride.
Apocalypse, 10, 5–7 :
L’ange... jura par Celui qui vit aux siècles des siècles, qu’il n’y aurait plus de temps, mais qu’aux jours où le septième ange ferait entendre sa voix en sonnant de la trompette, le mystère de Dieu serait consommé.
Hénoch, 16, 1 :
Les démons « perdront ainsi jusqu’au jour de l’accomplissement du grand jugement, où le grand temps prendra fin ».
Apocalypse, 12, 10 :
Satan a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les accuse jour et nuit devant notre Dieu.
Hénoch, 40, 7 :
Et j’entendis la quatrième voix chasser les Satans, et elle ne leur permettait pas d’arriver auprès du Seigneur des esprits pour accuser ceux qui habitent sur l’aride.
Apocalypse, 12, 11 :
Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort.
Hénoch, 108, 8–9 :
... de ceux qui ont été outragés par des hommes méchants, de ceux qui ont aimé Dieu et n’ont aimé ni l’or, ni l’argent, ni aucun des biens qui sont dans le monde, mais (qui) ont livré leur chair aux tourments, et de ceux qui depuis qu’ils existent n’ont pas désiré la nourriture terrestre, mais se sont regardés comme un souffle qui passe et ont mis en pratique cette (conviction). Le Seigneur les a fort éprouvés et leurs âmes ont été trouvées (assez) pures pour bénir son nom.
Apocalypse, 13, 14 :
Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer en présence de la bête, disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l’épée et qui vivait.
Hénoch, 19, 1 Cf. Hénoch, 54, 6. :
Puis Uriel me dit : « C’est ici que les anges, qui se sont unis aux femmes, se tiendront. Leurs esprits, prenant de nombreuses apparences, ont souillé les hommes, et ils les feront errer pour qu’ils sacrifient aux démons comme à des dieux, jusqu’au jour du grand jugement — jour où ils seront jugés pour être perdus.
Apocalypse, 14, 9–10 :
Si quelqu’un adore la béte et son image..., il sera tourmenté dans le feu et dans le soufre, sous les yeux des saints anges et de l’Agneau.
Hénoch, 48, 9 :
Les rois et les puissants « brûleront devant la face des saints, et ils seront submergés devant la face des justes. »
Apocalypse, 14, 13 :
Heureux dès maintenant les morts qui meurent dans le Seigneur. »
Hénoch, 81, 4 :
Heureux l’homme qui meurt juste et bon, et contre lequel n’est écrit ni trouvé un livre d’injustice au jour du jugement.
Apocalypse, 14, 20 :
Et la cuve fut foulée hors de la ville ; et du sang sortit de la cuve, jusqu’aux mors des chevaux, sur une étendue de mille six cents stades.
Hénoch, 100, 3 Cf. Hénoch, 54, 6. :
Et le cheval avancera jusqu’à ce que son poitrail (baigne) dans le sang des pécheurs, et le char jusqu’à ce que sa partie supérieure soit submergée.
Apocalypse, 16, 5 :
Et j’entendis l’ange des eaux.
Hénoch, 66, 2 :
Ces anges étaient préposés à la puissance des eaux.
Apocalypse, 20, 3 :
Il le jeta dans l’abîme, ferma et scella l’entrée au-dessus de lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent accomplis. Après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps.
Hénoch, 18, 16 :
Et il s’est irrité contre elles, et il les a enchaînées jusqu’au temps de la consommation de leur péché, dans l’année du mystère.
Apocalypse, 20, 11–12 :
Puis je vis un grand trône éclatant de lumière et Celui qui était assis dessus... Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône. Des livres furent ouverts ; on ouvrit encore un autre livre, qui est le livre de la vie ; et les morts furent jugés d’après ce qui était écrit dans ces livres, selon leurs œuvres.
Hénoch, 47, 3 :
En ce temps, je vis la “Tête des jours”, tandis qu’il siégeait sur le trône de sa gloire, et les livres des vivants furent ouverts devant lui, et toute son armée qui habite au haut des cieux et sa cour se tenaient debout en sa présence. » 
Hénoch, 97, 6 Cf. 81, 4 ; 90, 20 et suivants ; 98, 7–8 ; 104, 7, 8 ; 108, 3, 7, etc. :
Au jour du jugement « on lira devant le Grand et le Saint toutes vos paroles d’injustice ». 
Apocalypse, 20, 13 :
La mer rendit ses morts ; la mort et l’enfer rendirent les leurs, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres.
Hénoch, 51, 1–2 :
En ces jours, la terre rendra son dépôt, et le schéol rendra ce qu’il a reçu, et les enfers rendront ce qu’ils doivent. Il (l’Élu) choisira parmi eux les justes et les saints.
Apocalypse, 20, 15 :
Quiconque ne fut pas trouvé inscrit dans le livre de la vie fut jeté dans l’étang de feu.
Hénoch, 108, 3 :
Leur nom (des pécheurs) sera effacé du livre de vie..., et ils brûleront dans le feu. 
Hénoch, 10, 13 Cf. 90, 24–26, etc. :
On les emmènera dans l’abîme de feu. 
Apocalypse, 21, 1 :
Et je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu.
Hénoch, 91, 16 :
Et le premier ciel disparaîtra et passera, et un ciel nouveau paraîtra.
Hénoch, 14, 15–23 :
Et voici : (c’était) une autre maison, plus grande que la première, dont toutes les portes étaient ouvertes devant moi ; elle était bâtie en langues de feu, et en tout si excellente, en magnificence, en splendeur et en grandeur, que je ne puis vous le dire à cause de sa magnificence et de sa grandeur. Son sol était de feu ; des éclairs et le cours des étoiles (formaient) sa partie supérieure, et son toit, lui aussi, était de feu ardent. Et je regardai, et je vis dans cette maison un trône élevé dont l’aspect était celui du cristal, et dont le pourtour était comme le soleil brillant, et la voix des chérubins (se faisait entendre). De sous le trône sortaient des fleuves de feu ardent, et je ne pouvais pas (les) regarder. La grande gloire siégeait sur ce trône, et son vêtement était plus brillant que le soleil et plus blanc que toute neige. Pas un ange ne pouvait entrer <dans cette maison> et voir la face du Glorieux et du Magnifique, et aucun être de chair ne pouvait le regarder. Un feu ardent l’entourait, et un grande feu se dressait devant lui ; aucun de ceux qui l’entouraient ne s’approchait de lui ; des myriades de myriades (d’anges) se tenaient devant lui, mais lui ne demandait pas conseil. Et les saintetés des saints qui étaient près de lui ne s’éloignaient pas pendant la nuit et ne se séparaient pas de lui. » 

dimanche 14 juin 2015

Jésus le Qohen (ou Jésus le Prêtre), incluant Jésus l'Essénien et Jésus le Sadducéen

Avant-Propos

Je pensais présenter plusieurs textes intitulés Jésus le Sadducéen, Jésus l'Essénien et Jésus le Prêtre, mais ces trois tendances sont une seule tendance en réalité:
les esséniens sont des sadducéens qui refusent un compromis avec les pharisiens;
les sadducéens sont des esséniens qui acceptent un compromis avec les pharisiens;
les instances dirigeantes des sadducéens et des esséniens sont des prêtres aaronides (descendants d'Aaron);
À l'époque les Prêtres étaient soit sadducéens soit esséniens, suivants qu'ils acceptaient ou non un compromis avec les pharisiens.

Introduction

Depuis quelque temps il est devenu à la mode de faire de Jésus un rabbi, c'est-à-dire, un maître pharsien, simplement parce quelques une de ses paroles correspondent à des paroles similaires contenues dans un texte pharisien ancien, le Pirke Avot... Il est plus vraisemblable d'admettre que les rédacteurs eurent accès à une traduction grecque d'une version du Pirké Avot et qu'ils récupérèrent l'une ou l'autre sentence et en firent des sentences énoncées par Jésus, les chrétiens ne seront plus en mesure de vérifier ce genre d'emprunts dans les siècles suivants: les traductions grecques disparurent, les contacts entre Juifs et chrétiens devinrent tendus et disparurent tout autant.
Cette notion de rabbi Jésus est comme celle du Messie Fils de David: une réécriture. Les rédacteurs (vers 120) ne savaient plus qu'il existait un Messie d'Aaron et un Messie d'Israël, et que dans la Règle de la communauté, le Messie d'Aaron à la préséance; le messie d'Israël ou davidide n'est qu'un chef politique. Les rabbins effacèrent progressivement ce messie d'Aaron; eux-mêmes étaient davidides et avaient gagné face à la puissance rivale, celle des Aaronides. Les rédacteurs torturèrent leurs textes primitifs pour faire naître Jésus à Bethléem, ville où devait censément naître le messie (le Davidide) et ils en firent un davidide, non sans quelques confusions... Les chrétiens n'y virent que du feu, mais si la plupart des Juifs rejettent les évangiles, c'est souvent parce qu'ils voient immédiatement les problèmes rédactionnels du Nouveau Testament qui le leur rend étranger. Par exemple, quand Jésus entre à Jérusalem monté sur un ânon censément à la fête de Pâque, on dépose des branches d'arbres devant lui (c'est de là que vient le dimanche des Rameaux); autrement dit, on l'accueille... par une pratique spécifique de la fête des Tentes qui se déroule en septembre-octobre, l'évangile perd nettement de sa crédibilité. On doit se demander comment l'Esprit Saint fait pour s'embrouiller dans le déroulement de fêtes juives qu'il a institué auprès de Moïse... Bref, tout cela sent les réécritures à plein nez, qui plus est, par des personnages peu compétents en matière de judaïsme.

On pourrait déduire des décisions juridiques de certaines actions de Jésus, par exemple la femme adultère. Mais ce texte nous semble contenir trop d'allusions à Simon le Magicien qui vivait avec une ancienne prostituée pour qu'il soit crédible, cette péricope est d'ailleurs absente des manuscrits les plus anciens de l'Évangile de Jean.

Voyons sommairement les miracles de Jésus que nous développeront en autre endroit, il y en a presque 40. Le changement de l'eau en vin et les multiplications des pains relèvent d'une mystique de la nourriture et doivent être considérés comme des allégories décrivant symboliquement des pratiques secrètes liées à l'hermétisme. La tempête apaisée autant que Jésus marchant sur les eaux nous semblent faire allusion aux pratiques secrètes relatives aux souffles. Les pêches miraculeuses pourraient faire allusion aux conversions nombreuses qu'espèrent les chrétiens à l'époque. Les résurrection de Naïn et de Lazare pourraient faire allusion à des réalités secrètes, mais leur rédaction nous fait plutôt penser à du merveilleux pour en mettre plein la vue, genre mon messie est génial il ressuscite les morts, etc. Notons que le fragment de l'évangile secret de marc contenu dans une lettre de Clément d'Alexandrie nous donne une version fortement teintée d'homosexualité de Jésus (Lazare était nu avec une robe transparente, et il passa la nuit avec Jésus dans sa chambre, etc.) La purification des lépreux et la guérison du paralytique pourraient faire allusion à des réalités subtiles, mais c'est trop vague pour qu'on puisse en tirer quelque conclusion certaine, etc. L'exorcisme du démon Légion semble contenir des allusions aux légions romaines, le miracle est extrêmement satirique. Plusieurs miracles se déroulent pendant le sabbat, ces textes ne doivent pas faire illusion, il s'agit de péricopes qui visaient à convaincre les judaïsants que le respect du sabbat n'était pas très important. Notons enfin que beaucoup sont narrés sous le principe suivant: si vous croyez en Jésus, vous guérissez; si vous ne croyez pas en lui, c'est la perdition. Notons aussi que pour certains miracles, il existe des versions similaires de ceux-ci, mais attribués à d'autres personnages. Bref, tous ces miracles sont soit symboliques, soit en vue de justifier la croyance en Jésus, soit en vue de justifier la rupture avec le judaïsme. Mais tout cela est tardif. L'idée même qu'un Juif se propose d'abolir le sabbat dans les années 30 de l'ère chrétienne est un anachronisme flagrant. De telles doctrines surgirent après la destruction du IIe Temple quand le peuple Juif s'est senti abandonné par Dieu, ce qui permit à des hâbleurs comme Simon le Magicien de prospérer. De telles conceptions sont le reflet des doutes qui saisirent les Juifs face à ce malheur. On peut dire que dans une certaine mesure, rabbanisme et christianisme furent deux réponses à ceux-ci, pour les premiers ce fut une ritualisation des prières qui imitaient le culte du Temple, pour les seconds, ce fut l'assimilation en vue de créer un judaïsme romano-compatible dans lequel Jésus est un nouveau Temple autant qu'une nouvelle Torah.

Malgré les affirmations que Jésus aurait été un rabbi, et donc un pharisien, l'évangile conserve des traces du Jésus esséno-sadducéen. Nous allons d'abord présenter le Jésus sadducéen ou de Jésus le Qohen, le Prêtre, un messie aaronide.

Dans la discussion sur les nourritures pures et impures, je suis l'interprétation de Daniel Boyarin que je modifie sensiblement [Voir Le Christ Juif]; pour les autres passages, le travail est plus personnel.

Des nourritures pures et impures

Nous suivons la version de Marc, et préciserons où Matthieu diffère sensiblement; les textes complets sont donnés à la fin. Cette péricope se trouve en Marc 7, 1–13 et Matthieu 15, 1–20.
1. Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s’assemblèrent auprès de Jésus. 
La mention des scribes est un anachronisme, s'il est exact qu'à l'époque d'Esdras et de la grande synagogue, les scribes étaient tout-puissants, à l'époque de Jésus, ils n'étaient plus un parti; leur nom signifiait simplement écrivain, par contre pharisien est bien un parti à l'époque de Jésus. On pourrait admettre «des rabbins et des scribes», mais pas «des pharisiens et des scribes», cela n'a aucun sens.
2. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures, c’est-à-dire, « non lavées ». 3. Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, conformément à la tradition des anciens ; 4. et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu’après s’être purifiés. Ils ont encore beaucoup d’autres observances traditionnelles, comme le lavage des coupes, des cruches et des vases d’airain. 5. Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent: «Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures?» 
Les pharisiens suivent une tradition orale qui les pousse à affirmer qu'il faut se laver les mains, en réalité se laver les mains d'une certaine manière. NOTONS QUE LA DISCUSSION PORTE BIEN SUR LE LAVEMENT DE MAINS ET NON SUR LA CASHEROUTE, C'EST-À-DIRE, SUR LES VIANDES QU'IL EST PERMIS OU NON DE MANGER. Il faut enfin distinguer les mains propres et les mains pures rituellement, ce qui n'est pas la même chose. La propreté ou hygiène est une évidence; la pureté rituelle pour manger du pain en est une autre. Notons encore que les discussions talmudiques relatives à l'ablution des mains sont mises en rapport avec la nourriture des prêtres.
6. Jésus leur répondit: «Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, Mais son cœur est éloigné de moi. 7. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes.» 8. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes.
Critique de la tradition orale et de la prétention des pharisiens qu'elle serait une seconde Torah.
9. Il leur dit encore : « Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. 10. Car Moïse a dit: Honore ton père et ta mère; et: Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. 11. Mais vous, vous dites: “Si un homme dit à son père ou à sa mère : Ce dont j’aurais pu t’assister est corban, c’est-à-dire, ‘une offrande à Dieu’”, 12. vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, 13. annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.» 
Même idée dans un texte essénien appelé l'Écrit de Damas (en réalité le texte s'intitule La Teneur exacte des Lois, etc.) qui dit (CD XVI 12–15):
... De même, est la loi pour son père. Quant à la loi des dons volontaires: que personne ne voue à l'autel des choses illégales et aussi que les prêtres ne les acceptent pas d'Israël.  Que personne ne consacre la nourriture de sa bouche à Dieu, car c'est ce qu'il a dit chacun traque son prochain au filet.
Les paroles de l'Écrit de Damas sont parfaitement similaires à celles de l'évangile, on ne peut consacrer des choses au détriment de l'aide à ses parents. Les pharisiens prétendaient que les vœux avaient le pas sur l'aide aux parents.
Ici les versions de Marc et de Matthieu diffèrent, voyons d'abord Marc:
14. Ensuite, ayant de nouveau appelé la foule à lui, il lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez. 15. Il n’est hors de l’homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, c’est ce qui le souille. 16. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende. » 
Et maintenant, la version de Matthieu:
10. Ayant appelé à lui la foule, il lui dit : « Écoutez, et comprenez. 11. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme. » 
Ce qui sort de l'homme et qui peut souiller, ce sont uniquement les maladies de peaux et les fluides corporels, comme le sang menstruel et le sperme. Il s'agit d'impureté rituelle, et non de règles hygiéniques.
Ce qui entre en l'homme et qui ne peut pas souiller, c'est par exemple, d'affirmer que des mains non lavées rituellement pourraient rendre la nourriture que l'on mange impure, simplement parce que nous l'aurions tenue en main, et incidemment celui qui l'avale. Or les pharisiens affirment que si les mains ne sont pas purifiées, elles communiqueront une impureté aux prêtres et à ceux qui les mangent ces nourritures.
17. Lorsqu’il fut entré dans la maison, loin de la foule, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole. 18. Il leur dit : « Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller ? 19. Car cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, puis s’en va dans les lieux secrets, qui purifient tous les aliments. » 20. Il dit encore : « Ce qui sort de l’homme [Mt.: de la bouche], c’est ce qui souille l’homme. 21. Car c’est du dedans, c’est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, 22. les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. 23. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » 
Passage complexe à comprendre, mais cela fait allusion aux souffles mauvais que l'homme fait sortir de lui à cause de ses mauvaises pensées. Peut-être que pour les sadducéo-esséniens était-ce une cause d'impureté. 
L'Écrit de Damas dit (CD V 11–12):
Et ils souillèrent aussi leurs esprits saints et avec une langue 12. de diffamations, ils ouvrirent la bouche contre les prescriptions de l’Alliance de Dieu, en disant : « Elles ne sont pas sûres ! »
Matthieu (15, 20b) ajoute après une phrase similaire à celle de Marc:
mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme.
La complexité de tout l'exposé provient de ce qu'il convient de distinguer le lavement des mains pour les nettoyer que personne ne remet en cause, et le lavement des mains pour les purifier parce qu'elles procureraient une impureté aux aliments.

Critique «sacerdotale» des pharisiens
Cette péricope se trouve en Matthieu 23, 1–12, Marc 12, 38–40, et Luc 20, 45–47
1. Alors Jésus, parlant à la foule et à ses disciples, dit : 2. « Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. 3. Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent, et ne font pas. 4. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. 
Même idée chez Flavius Josèphe.
5. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements ; 
Passage mystérieux. Les phylactères sont normalement de petites boites cubiques portées par les Juifs pendant leurs prières. La mention de larges phylactères fait allusion au phylactère du grand-prêtre qui était rectangulaire, Jésus sous-entend qu'il veulent s'emparer de la grande-prêtrise, qu'ils veulent usurper le rôle dévolus aux qohanîm. Les longues franges sont plus énigmatiques, soit cela fait allusion aux sadducéens et aux esséniens qui pouvaient estimer qu'il fallait porter des franges courtes à leurs talith. Soit, il y a une faute de traduction, le traducteur aura lu tsitsith, que l'on traduit par «franges», mais qui signifie aussi «tresses»; il pourrait l'avoir interprété comme faisant allusion aux franges des vêtements (et aurait alors ajouté ce mot); alors que cela faisait allusion aux cheveux noués en tresses, Jésus alors les accuserait alors de se laisser pousser les cheveux comme le font les naziréens (moines juifs) sans prendre les vœux correspondants.
6. ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues ; 
Normalement les qohanîm ont la préséance sur les laïcs.
7. ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi. 8. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. 9. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. 10. Ne vous faites pas appeler directeurs ; car un seul est votre Directeur, le Christ.
Jésus accuse les rabbis d'avoir usurpé les fonctions normalement dévolues aux qohanîm et de se présenter comme des intercesseurs entre les hommes et Dieu, alors que c'était le culte sacrificiel qui faisait office d'intercession entre les hommes et Dieu. Notons que la phrase finale a des réécritures.
 11. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. 12. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé.
Simple ajout, les évangiles de Marc et de Luc mentionnent des paroles similaires en d'autres contextes.

Marc 12, 38–40 et Luc 20, 45–47] disent:
38. Il leur disait dans son enseignement : « Gardez-vous des scribes [pharisiens], qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques ; 39. qui recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins ; 40. qui dévorent les maisons des veuves, et qui font pour l’apparence de longues prières. Ils seront jugés plus sévèrement. »
Les robes longues étaient une particularité des qohanîm. Nous avons remplacé scribes par pharisiens, plus logique dans le contexte.

Malédictions contre les pharisiens

Cette péricope se trouve seulement en Matthieu 23, 13–36 
13. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. 14. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement.
Rien à dire
15. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous.
Anachronisme les pharisiens restèrent cantonnés en Judée jusqu'à la destruction du Temple et ne courraient pas la mer pour faire un prosélyte. Cette histoire fait donc allusion à des événements postérieurs à sa destruction et à une comparaison avec le Talmud, rabbi Akiba qui se rend à Rome et qui rencontre le futur consul Flavius Clemens, le neveu des empereurs Titus et Domitien. On sait qu'il se convertit au judaïsme. Mais ce passage doit faire allusion à des choses bien mystérieuses postérieures à la destruction du second Temple. Pourquoi un prosélyte devient un fils de la géhenne deux fois plus qu'eux. On sait que quoi que les flaviens détruisirent le Temple de Jérusalem, ils furent entourés de Juifs. Peut-être que le Talmud a fait une confusion entre Domitien qui frappa de sa sévérité les Juifs mais aussi les convertis. Peut-être que Domitien s'est intéressé au Judaïsme et a fini par prendre le parti des stoïciens radicaux qui voulaient en finir avec les Juifs.
16. Malheur à vous, conducteurs aveugles ! qui dites : “Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais, si quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé.” 17. Insensés et aveugles ! lequel est le plus grand, l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ? 18. Si quelqu’un, dites-vous encore, “jure par l’autel, ce n’est rien ; mais, si quelqu’un jure par l’offrande qui est sur l’autel, il est engagé”. 19. Aveugles ! lequel est le plus grand, l’offrande, ou l’autel qui sanctifie l’offrande ? 20. Celui qui jure par l’autel jure par l’autel et par tout ce qui est dessus ; 21. celui qui jure par le temple jure par le temple et par celui qui l’habite ; 22. et celui qui jure par le ciel jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis. 
Notons les comparaisons avec l'Écrit de Damas qui écrit (CD XV 1–3):
On ne jurera ni par aleph et lamed, ni par aleph et daleth, à l'exception du serment des fils par les malédictions de l'Alliance. Et qu'on ne mentionne par la Torah de Moïse, car dans celle-ci, il a la notation entière du Nom. Et si l'on jure et l'on transgresse, alors on profanera le Nom.
Voyons la suite de Matthieu.
23. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. 24. Conducteurs aveugles ! qui coulez le moucheron, et qui avalez le chameau. 25. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au-dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. 26. Pharisien aveugle ! nettoie premièrement l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net. 27. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impuretés. 28. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. 
Rien à dire. Voyons la suite:
29. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes, 30. et que vous dites : “Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes.” 31. Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. 32. Comblez donc la mesure de vos pères. 
Allusion au maître de Justice mis à mort par les pharisiens et considéré comme un prophète par les esséniens.
Voyons la conclusion maintenant:
33. Serpents, race de vipères ! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? 34. C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, 35. afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. 36. Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération.
Mentionnons l'anachronisme, Zacharie fils de Barachie (Baris) est mentionné par Flavius Josèphe dans la Guerre des Juifs, 4, 1, 4, il fut tué pendant la première guerre judéo-romaine en 68:
Cependant les massacreurs, dégoûtés de ces meurtres multipliés, imaginèrent des parodies de tribunaux et de jugements. Ils avaient décidé de mettre à mort un des citoyens les plus illustres, Zacharie, fils de Baris: ils lui en voulaient surtout de sa haine contre les méchants et de son amour de la liberté; de plus, il était riche, ce qui leur donnait l’espérance non seulement de mettre ses biens au pillage, mais de se débarrasser d’un homme capable de les perdre eux-mêmes. Ils convoquent donc, par ordre, au Temple, soixante-dix citoyens notables, les décorent, comme au théâtre, d’un appareil judiciaire sans autorité, accusent Zacharie de livrer l’État aux Romains et d’envoyer des messages de trahison à Vespasien. Il n’y avait ni preuve ni témoignage pour soutenir ces accusations, mais ils déclaraient en être bien informés eux-mêmes et prétendaient que cela suffisait à la vérité. Zacharie, comprenant qu’il ne lui restait aucun espoir de salut, qu’on l’avait insidieusement mené à une prison et non devant un tribunal, renonça à la vie, mais non à la parole. Debout dans l’assemblée, il railla l’invraisemblance des accusations et réfuta en peu de mots les griefs dont on le chargeait. Ensuite, tournant son discours contre ses accusateurs, il énuméra successivement toutes leurs injustices et déplora longuement le désordre des affaires publiques. Les zélateurs protestèrent avec bruit, et c’est à grand peine qu’ils retinrent leurs épées, bien qu’ils fussent résolus à conserver jusqu’à la fin les apparences de cette parodie de tribunal, désireux d’ailleurs d’éprouver les juges et de voir s’ils mettraient la justice au-dessus des périls qui les menaçaient. Mais les soixante-dix citoyens donnèrent tous leurs suffrages à l’accusé, aimant mieux mourir avec lui que de porter la responsabilité de sa mort. Alors les zélateurs hurlèrent contre l’acquittement; tous s’irritaient contre des juges qui n’avaient pas compris le caractère fictif de l’autorité qu’on leur donnait. Deux des plus audacieux attaquent et égorgent Zacharie au milieu du Temple; quand il tomba, les meurtriers lui dirent, en manière de raillerie: “Voici maintenant notre sentence: c’est une mise en liberté plus sûre que l’autre”: et ils le jetèrent aussitôt du haut du Temple dans le ravin situé plus bas. Quant aux juges, ils les chassèrent de l’enceinte à coups de plat d’épée dans le dos; ils ne s’abstinrent de les tuer que pour leur faire porter à tous, en se dispersant dans la ville, le témoignage de la, servitude où tous étaient réduits.
Certains penseront que cela fait allusion à Zacharie fils de Barachie, mais il mourut à l'époque du premier Temple. Nous suivons le père Nodet et les différents spécialistes des œuvres de Flavius Josèphe et du Nouveau Testament qui considère que la mention de Zacharie est un anachronisme.

Sadducéens et esséniens

Avec la découverte dans les années 90 de 4MMT, on a dû admettre que les esséniens n'étaient pas des pharisiens ultras, mais des sadducéens ultras. Pourtant, alors que la structure laïque du pharisianisme est considérée comme certaine, les aspects sacerdotaux de l'essénisme auraient depuis longtemps dû faire comprendre que les esséniens furent des extrémistes sadducéens qui refusaient tout compromis avec le pharisianisme majoritaire.
On a eu le tort de ne pas faire assez attention à cette petite phrase de Flavius Josèphe (Antiquités, 18, 1, 4):
Leur doctrine [celle des sadducéens] n'est adoptée que par un petit nombre, mais qui sont les premiers en dignité. Ils n'ont pour ainsi dire aucune action; car lorsqu'ils arrivent aux magistratures, contre leur gré et par nécessité, ils se conforment aux propositions des Pharisiens parce qu'autrement le peuple ne les supporterait pas.
Il est donc assez évident qu'il existe une partie des sadducéens qui refusent d'adopter le point de vue pharisien et de suivre leurs directives, et qui pour cela se sont séparés du Temple, ce sont les esséniens.

Critique des sadducéens (ils ont abandonné les pratiques secrètes):

On lit en Matthieu 22, 23–33 (similaire en Marc 12, 18–24 et en Luc 20, 27–36):
Le même jour, les sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent auprès de Jésus, et lui firent cette question: «Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité à son frère. Or, il y avait parmi nous sept frères. Le premier se maria, et mourut; et, comme il n’avait pas d’enfants, il laissa sa femme à son frère. Il en fut de même du second, puis du troisième, jusqu’au septième. Après eux tous, la femme mourut aussi. À la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la femme? Car tous l’ont eue.»
Tous les spécialistes admettent que même sans résurrection des morts, le cas qu'ils posent est un casse-tête en matière de halakha.
Jésus leur répondit: «Vous êtes dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. Car, à la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel.  
Dans ce passage, Jésus s'affirme essénien. En effet, il rappelle aux sadducéens la doctrine d'Hénoch (I Hénoch 68, 11–16):
Il leur enseigna l'écriture, et leur montra l'usage de l'encre et du papier. Aussi par lui on a vu se multiplier ceux qui sont égarés dans leur vaine sagesse, depuis le commencement du monde jusqu'à ce jour. Car les hommes n'ont point été créés pour consigner leur croyance sur du papier au moyen de l'encre. Ils ont été créés pour imiter la pureté et la justice des anges. Ils n'auraient point connu la mort, qui détruit tout ; c'est pourquoi la puissance me dévore. Ils ne périssent que par leur trop grande science.
Et enfin, Jésus enfonce le clou, en disant:
Pour ce qui est de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ! Dieu n’est pas Dieu des morts, mais des vivants.» La foule, qui écoutait, fut frappée de l’enseignement de Jésus.
C'est-à-dire que la vraie doctrine d'Hénoch et des prophètes est d'entrer vivant dans l'éternité, et non d'attendre la résurrection finale.

Critique des sadducéens (l'amour du prochain):

Flavius Josèphe dit des sadducéens qu'au contraire des pharisiens, ils
sont, même entre eux, peu accueillants, et aussi rudes dans leurs relations avec leurs compatriotes qu'avec les étrangers.
On comprend alors, ce que dit Jésus dans Marc 12, 28–34:
28. Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s’approcha, et lui demanda : « Quel est le premier de tous les commandements ? » 29. Jésus répondit : « Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur ; 30. et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. 31. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » 32. Le scribe lui dit : « Bien, maître ; tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et qu’il n’y en a point d’autre que lui, 33. et que l’aimer de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices. » 34. Jésus, voyant qu’il avait répondu avec intelligence, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osa plus lui proposer des questions. 
Notons que chez Matthieu, le scribe est un docteur pharisien de la Loi. Nous avons donc les grands reproches des esséniens aux sadducéens, leurs anciens frères, ils ont abandonné les pratiques secrètes et ne pratiquent pas l'amour du prochain.
On retrouve ce reproche dans l'Écrit de Damas (CD VIII, 4–6):
Car ils tomberont malades sans guérison (possible) et (ce) défaut anéantira tous les rebelles, vu [qu’]ils n’ont pas dévié de la voie des traîtres mais [qu’]ils se sont vautrés dans les voies de la luxure et dans l’arrogance impie ; [qu’] ils se sont vengés et ont gardé rancune chacun contre son frère, chacun haïssant son prochain ; etc.

Critique du divorce

Jésus condamne plusieurs fois le divorce, voyons les passages en question.
1. Matthieu 5, 31–32:
31. Il a été dit : Que celui qui répudie sa femme lui donne une lettre de divorce. 32. Mais moi, je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour cause d’infidélité, l’expose à devenir adultère, et que celui qui épouse une femme répudiée commet un adultère. 
2. Matthieu 19, 1–9 (similaire en Marc 10, 1–12):
1. Lorsque Jésus eut achevé ces discours, il quitta la Galilée, et alla dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. 2. Une grande foule le suivit, et là il guérit les malades. 3. Les pharisiens l’abordèrent, et dirent, pour l’éprouver : « Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour un motif quelconque ? » 4. Il répondit : « N’avez-vous pas lu que le créateur, au commencement, fit l’homme et la femme 5. et qu’il dit : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ! 6. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. » — 7. « Pourquoi donc », lui dirent-ils, « Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce et de la répudier ? » 8. Il leur répondit : « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. 9. Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme, sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère. » 
Nous trouvons exactement les mêmes idées dans l'Écrit de Damas qui écrit (CD IV 20–21 et CD V 1):
Eux, (ce sont) ceux qui ont été attrapés par la luxure concernant deux points : en épousant deux femmes de leur vivant, alors que le fondement de la Création (repose sur) Mâle et femelle il les créa. Et ceux qui entrèrent dans l’arche (de Noé), Ils entrèrent couple par couple dans l’arche.
Le divorce ne fut jamais remis en question par les pharisiens.

Le monachisme juif.

On connaît l'importance de l'état monacal dans le christianisme primitif. La découverte des manuscrits de Qumran a montré que les vœux de naziréat étaient en grand honneur dans leur ordre. Alors que c'est tombé en désuétude dans le Judaïsme rabbinique.
Matthieu 19, 10–12:
10. Ses disciples lui dirent : « Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier. » 11. Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. 12. Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. »
Pour des raisons inconnues, les rédacteurs des évangiles ont présenté les vœux de naziréat comme des eunuques. Des le ventre de leur mère, allusion à Samson; devenus par les hommes, allusion aux mutilations que certains hommes ont subi; et ceux qui se sont rendus tels à cause du royaume des cieux, ce sont les nazirs (et pas des eunuques) volontaires afin de consacrer l'ensemble de leur vie à Dieu.

Conclusion.

Le texte primitif de l'évangile présente bien un Jésus esséno-sadducéen, anti-pharisien, défenseur des prêtres et de la mystique sacerdotale. La vision qu'il défend est sadducéenne, car scripturaliste (il se réfère à l'écriture au sens littéral), et antipharisienne (il rejette la tradition orale car elle contrevient à la Torah écrite), néanmoins il appartient à la branche la plus extrême des sadducéens: les esséniens. Ce que les sadducéens pensaient tout bas, les esséniens le disaient haut et fort. Les enseignements des sadducéens sur le divorces et le monachisme nous sont inconnus, mais il est probable que les enseignements sur ces matières ne différaient pas entre sadducéens et esséniens.

Les tentatives de faire de Jésus un davidide, un rabbi et un pharisien sont des réécritures postérieures qui doivent dater des années 120–140 et qui proviennent des tensions entre sanhédrin de Yavneh et judaïsants grecs.

Au sein de ces judaïsants grecs, il y avait des tensions entre tenants de l'essénisme et du judaïsme alexandrin, entre ceux qui souhaitaient un compromis avec Yavneh (c'est le Jésus rabbi) et ceux qui souhaitaient une rupture totale avec le Judaïsme et l'Ancien Testament (voir Jésus ou Simon le Magicien?), c'est-à-dire les Marcionites et autres gnostiques.

PS. Nous avons conservé Jésus, mais pour nous cette partie primitive du NT fut composée par Flavius Josèphe et devait décrire originellement la Vie de Bannous.