vendredi 29 mai 2015

La Liturgie du Logos

La Liturgie du Logos ou des Mystères

Le Prêtre. [v. 1.]
Au commencement était le Logos, [pause]

et le Logos était auprès de Dieu.
Le Chœur. [v. 2.]
Il était au commencement auprès de Dieu. [pause]
Le Prêtre. [v. 3.]
Toutes choses ont été faites par Lui, 
Le Chœur.
et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans Lui. [pause]
Le Prêtre. [v. 4.]
En lui était la vie, 
Le Chœur.
et la vie était la lumière des hommes. [pause]
Le Prêtre. [v. 5.]
La lumière luit dans les ténèbres, 
Le Chœur.
et les ténèbres ne l’ont point reçue. [pause]
Le Prêtre. [v. 10.]
Elle [la lumière] était dans le monde, [pause]

et le monde a été fait par elle [la lumière], 
Le Chœur.
et le monde ne l’a point connue. [pause]
Le Prêtre. [v. 11.]
Elle [la lumière] est venue chez les siens, 
Le Chœur.
et les siens ne l’ont point reçue. [pause]

Grec

Le Prêtre. [v. 1.]
Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, [pause]

καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν.
Le Chœur. [v. 2.]
Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν. 
Le Prêtre. [v. 3.]
Πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο , 
Le Chœur.
καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἓν ὃ γέγονεν. 
Le Prêtre. [v. 4.]
Ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, 
Le Chœur.
καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων. 
Le Prêtre. [v. 5.]
καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει,
Le Chœur.
καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν. 
Le Prêtre. [v. 10.]
Ἐν τῷ κόσμῳ ἦν, [pause]

καὶ ὁ κόσμος δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, 
Le Chœur.
καὶ ὁ κόσμος αὐτὸν οὐκ ἔγνω. 
Le Prêtre. [v. 11.]
Εἰς τὰ ἴδια ἦλθεν, 
Le Chœur.
καὶ οἱ ἴδιοι αὐτὸν οὐ παρέλαβον.




La proximité de Dieu exclut l’identité à Dieu, cette proximité correspond à  l’atziluth des Qabalistes, aussi appelé « monde de l’Émanation ou de la proximité divine », il s’agit des dix sephirôth. Il est d’ailleurs étonnant que les qabalistes chrétiens identifièrent assez instinctivement Jésus ou le Logos aux dix sephirôth.

La partie finale (et le Logos était Dieu) nous paraît être une interpolation.

Nous avons choisi de rendre le terme grec λογος par une francisation Logos, plutôt que par « parole » comme traduisent les protestants ou par « verbe » comme traduisent les catholiques. Ces traductions ne sont pas techniquement fausses, néanmoins elles montrent le malaise des uns et des autres sur le sens qu’il faut donner à ce terme. Les protestants préfèrent « parole », parce qu’ils estiment en général que le Logos est la parole de Dieu au sens biblique. Les catholiques préfèrent « verbe », parce qu’il décalque le latin verbum qui fut utilisé par Saint Jérôme dans la Vulgate. 
Nous les refusons toutes deux, parce que ces traductions n’ont d’autre but que de gommer les aspects philosophiques de la notion de Logos. Les philosophes grecs païens, principalement stoïciens et surtout parmi ceux-ci Poseidionos, avaient développé une théologie du Logos. Cette notion sera reprise par l’hermétisme (entre –150 et 0) et fera l’objet de réélaborations nombreuses. Philon au début du premier siècle s’emparera du mot et en fera la base de sa théologie philosophique et de son apologétique en faveur du judaïsme ; il appelle parfois le Logos, « Fils de Dieu », formule qui sera reprise littéralement par le christianisme. Mais, sur le Logos, nous conseillons aux lecteurs de se reporter à la partie que nous lui consacrons.
Nous pensons comme le père Boismard qu’il y a des mains diverses qui ont travaillé et retravaillé les évangiles, celui de Jean compris, mais dans ce cas-ci, cette explication ne nous semble pas fondé. Le verset 2 est difficile à expliquer, il reprend une partie des éléments du verset 1, sans le modifier. Un tel procédé narratif nous ferait plutôt penser à une liturgie des mystères avec plusieurs participants.

Annotations à la Liturgie des Mystères
Cette Liturgie des Mystères contient un vocabulaire hermétique difficile à nier, que nous pouvons comparer à un passage du Poimandrès (Corpus Hermeticum I–9) :
Or le Dieu Noûs étant mâle-et-femelle, puisqu’il existe comme vie & lumière, enfanta d’un logos un second noûs démiurgique qui, comme dieu du feu et du pneuma, façonna sept Gouverneurs enserrant de cercles le monde sensible — et leur gouvernement s’appelle la Fatalité.
Ainsi que le paragraphe 12 du même Traité :
Mais le noûs, Père de toutes choses, comme Il était vie & lumière, enfanta un homme son semblable, qu’Il se prit à aimer comme son propre enfant : c’est qu’il était très beau, puisqu’il était l’image de son père. Ainsi, c’est en réalité de sa propre forme que Dieu devint amoureux, et il lui remit toutes les œuvres qu’il avait façonnées.
Voyons encore, le paragraphe 17 :
Ainsi, comme je le disais, la naissance de ces Sept se produisit de la façon suivante : il y avait <une terre> femelle et une eau fécondante, et ce qui faisait mûrir était issu du feu. (Chacun) reçut alors son pneuma de l’éther et Nature produisit leurs corps selon la forme (eidos) d’homme. Alors, homme qui était vie & lumière, devint âme & noûs : âme à partir de la vie, noûs à partir de la lumière, et toutes les choses du monde sensible demeurèrent ainsi jusqu’à la fin d’une révolution cosmique <et> au commencement des espèces.
Notons en premier que la vie a la prééminence sur la lumière, comme dans l’Évangile de Jean comme dans le Poimandrès ; alors que dans la plupart des autres traités, on compare la lumière à Adam et la vie à Ève, Ève étant tirée d’Adam, comme la vie est tirée de la lumière, c’est la lumière qui a la prééminence sur la vie.
Cette inversion n’est pas aussi énigmatique qu’on pourrait le penser, et la réponse se trouve dans le paragraphe 17 que nous citons plus haut, il s’agit d’une inversion des deux caractéristiques, notre monde n’étant que le reflet du vrai monde, la matière elle-même n’est qu’un miroir qui laisse émerger des images. Il ne faut pas oublier non plus que cette vie & cette lumière étaient totalement unies à l’origine, comme Adam et Ève étaient unis, puisque la division des sexes se fera plus tard.
Jean est légèrement plus en nuance, puisqu’il dit qu’En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumère des Hommes, mais pourrait-il dire qu’en Lui était la Lumière et la Lumière était la Vie des Hommes ?

— Stephan HOEBEECK



jeudi 28 mai 2015

An alternative essay on Jesus, Flavius Josephus, the Essenes and the origins of Christianity: A synopsis of the book Jesus: a Myth with Multiple Sources (in French)



WHO IS BANNOUS?
Bannous is a disciple of John the Baptist and the master of Flavius Josephus; he is mentioned as such in his life (3 lines)

ALLUSION TO BANNOUS IN THE GOSPELS
Certain verses are incomprehensible; among those, the following one which can be found in Matthew, 3, 8-9 and Luke, 3, 8:
Ποιήσατε οὖν καρπὸν ἄξιον τῆς μετανοίας· καὶ μὴ δόξητε λέγειν ἐν ἑαυτοῖς, Πατέρα ἔχομεν τὸν Ἀβραάμ· λέγω γὰρ ὑμῖν, ὅτι δύναται ὁ θεὸς ἐκ τῶν λίθων τούτων ἐγεῖραι τέκνα τῷ Ἀβραάμ. (Matthew 3, 8–9) 
8 Produce fruit in keeping with repentance. 9 And do not think you can say to yourselves, ‘We have Abraham as our father.’ I tell you that out of these stones God can raise up children for Abraham.
Ποιήσατε οὖν καρποὺς ἀξίους τῆς μετανοίας· καὶ μὴ ἄρξησθε λέγειν ἐν ἑαυτοῖς, Πατέρα ἔχομεν τὸν Ἀβραάμ· λέγω γὰρ ὑμῖν ὅτι δύναται ὁ θεὸς ἐκ τῶν λίθων τούτων ἐγεῖραι τέκνα τῷ Ἀβραάμ. (Luke 3, 8)
8 Produce fruit in keeping with repentance. And do not begin to say to yourselves, ‘We have Abraham as our father.’ For I tell you that out of these stones God can raise up children for Abraham. (common translation)
The problematic words are obviously ‘these stones.’
‘These stones’ says into Aramaic ‘abanayya’  אבניא 
We think that the translator will have read bannayâ בניא and he will not have understood it. He will then have thought of abanayâ ‘these stones’.
But Bannayâ is a name, the name of the master of Flavius Josephus, Bannous. Bannous is not a Jewish name; one can thus suppose that Bannous was a proselyte. Only then does the sentence make sense.

8 Produce fruit in keeping with repentance. 9 And do not think you can say to yourselves, ‘We have Abraham as our father.’ I tell you that out of BANNAYÂ God can raise up children for Abraham.

We believe that in a debate with the Pharisees or others, John the Baptist affirms that the descendant of the convert is like the descendant of Abraham. Today, it is the opinion of the synagogue.

This mention is tiny, but it completely changes what one knows about the writing of the Gospels: Flavius Josephus must have taken part in their writing.

OTHER POSSIBLE ALLUSION TO BANNOUS IN THE GOSPELS

In Mark 3, 20–21 and 3, 31–35, Jesus’ family is described as impious; This makes no sense. We believe that this passage could refer to Bannous’ conversion to Judaism, and to his family trying to stop him. What Jesus says is now the profession of faith of a convert.

OTHER ALLUSIONS TO BANNOUS

- The proximity between Bannaya and abnayyâ (these stones) made us understand that the nickname of Bannayâ may have been Peter. It is not possible that two disciples respectively of John the Baptist and of Jesus are called Peter. Bannous is Peter, Simon Kefa was invented to clear Bannous.
- The Clementine literature mentions a Peter who was an Essene and who was not a Christian; we believe he is Bannous.
- The Toldoth Yeshu also mentions a Peter who was not a Christian, we believe it is a memory of Bannous.
- There are other allusions to Bannous: The Ascension of Isaiah could have represented King Herod Agrippa I (who prepared war against Rome) under the name of Hezekiah the Just and his son and successor Herod Agrippa II (who worked with Rome) under the name of Manasseh, who subdued the forces of evil.
- Bannous resided in Alexandria between 38 and 55. He and his followers translated into Greek the Book of Enoch, the Book of Jubilees, the Testaments of the Twelve Patriarchs and probably other works that are lost to us. He may also have written the Book of Wisdom.
- Bannous is the one called the Egyptian by Flavius Josephus, who led the anti-Roman revolt in the year 55.
- The allusion to the tree branches people welcome Jesus with as he enters Jerusalem prove that this event took place during Sukkot and not during Pesach; James / Bannous was executed during Sukkot 62.
- Judah Iscariot is a fictional character invented by Flavius Josephus to exonerate Bannous of the charge of having been a Sicarius. Judah Iscariot is the son of Simon the Sicarius, who was the son of Judas the Galilean.

ALLUSION TO FLAVIUS JOSEPHUS IN THE GOSPELS

Joseph of Arimathea, in Greek Ἰωσὴφ Ἀριμαθαίας
Ἰωσὴφ Ἀριμαθαίας, may be a nickname for Flavius Josephus: Joseph the Lion (ari in hebrew) ben Mathias (Mathaias). Mathias is the name of Flavius Josephus’ father.
But then who was buried by Flavius Josephus? The man must have been executed. The first answer would be James, the brother of Jesus, but the relationships between James and Flavius Josephus are unknown. We believe that the man Flavius Josephus buried is Bannous, and that Bannous (and not James, brother of Christ) was executed by Hanan Ben Hanan in 62.

CHRONOLOGICAL PROBLEMS IN THE GOSPELS

Jesus was executed a year after John the Baptist. But according to Flavius Josephus, John the Baptist was executed during the second quarter of 36. So Jesus was executed in 37. This is not possible because Caiaphas was removed from the high priesthood in the year 35 (Theophilos ben Hanan became high priest); and Pontius Pilate was dismissed from his functions as prefect of Judea in the year 36 (for not supporting Herod Antipas against Aretas IV of Petra?). Pontius Pilate was not replaced due to the death of Emperor Tiberius.

The Synoptic Gospels and the Gospel of John do not agree on the date of the death of Jesus. For John, he was executed on the day of the Pessach sacrifice, and according to the Synoptic Gospels, on the day after the Pessach sacrifice.

CONCLUSION I

The many problems in the Gospels lead us to believe that they were composed between 130 and 140, and that Jesus is a literary myth. But why?

THE CHRISTIANS
  • No Jesus, no Christians. 
  • My hypothesis is that Christians are Judaizing disciples of Philo of Alexandria (Logos and bitheism) who wanted to break away from the Sanhedrin of Yavneh, because of their loyalty to the Roman Empire.
  • Jesus is a simplification of the doctrine of the Logos of Philo of Alexandria (Jesus has two natures, as the Logos has two natures; Jesus is the mediator, as the Logos is the mediator; Jesus saves, as the Logos saves). Jesus is the Logos represented in the form of a man (see Daniel)
  • The Jesus Christians believe in is not the Jesus of the Gospels.
  • The real reasons for the break-up between Jews and Christians:
    • Greek Judaizing conversions are invalid in the eyes of the Sanhedrin in Yavneh
    • Hellenistic Judaism was probably patrilineal, while the rabbis are matrilineal. The Sanhedrin of Yavneh rejected numerous people of mixed Judeo-Greek heritage as non-Jews, whereas they were Jews for the Alexandrian Judaism.
  • Tensions between Rabban Gamaliel and Eliezer ben Hyrcanus are probably allusions to tensions within the Sanhedrin in relation to the Judaizers and Judeo-Greeks. Those who supported the break-up followed Rabban Gamaliel and those who called for conciliation followed Eliezer ben Hyrcanus
  • Tensions also existed in the Greek world, but in the other direction: the Paulians represent those who wanted to break away from Yavneh, the Nazarenes or Petrians those who believed that even in spite of the break-up with Yavneh, Christians must remain Jews.
  • Among Judaizers, there also was a trend calling for a complete break-up with Judaism; they were the future Gnostics and followers of Marcion.
  • Menahem cursed by Hillel could be an allusion to Josephus or to his unknown successor. 
  • The Theodore who tried to re-establish the sacrificial cult in Rome is probably Josephus, and his sect is likely to have developed into Christianity.
  • The Testament of Job may have been composed by Bannous or composed in his honour (Bannous may have been from Idumea)
  • The Therapeutae, who Philo of Alexandria said are the Essenes, and therefore the Sicarii. Their master Bannous of Alexandria was probably sent by Agrippa to protect Jewish communities in anticipation of the war against the Romans. 



FLAVIUS JOSEPHUS AND THE ESSENES

Flavius Josephus told many lies in his works.
  • He was not a Pharisee, but he claimed the Pharisees (his enemies) were responsible for the Jewish war, thus exonerating the Essenes.
  • The Essenes were Sadducees who left Temple service around 75 BC.
  • Essenes and Sicarii are two names for the same organization.
  • Hezekiah, Judas of Galilee, Sadok, John the Baptist, Bannous and Flavius Josephus were all Essenes and Sicarii, not Pharisee extremists.
  • Flavius Josephus lied to his Roman audience, by saying that the Essenes were peaceful Jewish Pythagoreans, killed by mistake by the Romans.
  • The father of Flavius Josephus must have been the high priest Mattathias ben Theophilos II; Mattathias ben Theophilos I was thus his great-grandfather. The ancestors of Flavius Josephus must be the general of Judas Maccabeus, named Mattathias; his other hidden ancestor is probably Diogenes, the executioner of the Pharisees (the friend of king Alexander Jannaeus, in his works and in the Hymn of Self-Glorification). In the works of Flavius Josephus, all the illustrious men are still priests (qohanim).
  • The names of his ancestors (in his autobiography) are false:
    • “Our patriarch was Simon, who was named Psellus.” (Life) ‘The Stutterer’ is not correct; the translator confused the Hebrew illem (אלם) meaning ‘dumb’, ‘unable to speak’ and by extension ‘stutterer’, not attested in ancient Hebrew, and the word ‘alam (אלם) meaning ‘to be strong’.
    • “Matthias, known as ‘of Epheus’.” Epheus is not correct; it is probably an error from Thî’ôphîlos (תיאופילוס), i.e. “friends of God” (see Hymn, the friends of the king).
    • “Matthias, surnamed Curtus.” Curtus, ‘the Swollen’ (or Hump-Back), etc. is not correct; the translator confused the Hebrew given (גבן), ‘the hump-back’, and the word gibor (גבר), ‘the strong one’ or ‘the mighty one’.
    • In Jewish Antiquities 13, 9, 2, he mentions Simon, son of Dositheus, who was sent on a mission to Rome; this must be Simon ha’alam (Fort). Dositheus is the Greek translation of Mathithiyahû. He was probably the general of Judas Maccabee. (2 Maccabees, 12, 15–26)
    • In Jewish Antiquities 17, 6, 4, he mentions the dream that caused a pollutio nocturna, which prevented high priest Mattathias ben Theophilos the Elder to worship one day. He was replaced by one of his family, Joseph son of Ellemos. Ellemos has no meaning. We think it is a transcription Alam (Strong), the nickname in use in his family. Joseph son of Ellemos must be the grandfather of Flavius Josephus.
    • Diogenos is probably a false name for Mathathias or Josephus… 



HOW CAN WE UNDERSTAND THE GOSPELS?

The Gospels include several parts:
  • A life of Bannous was recycled into a life of Jesus (including some episodes: The Sermon on the Mountain; The Curse of the Pharisees; The eschatological discourse, etc.; The resurrection of the daughter / son of Jairus (Eleazar the Sicarius); The exorcism of Legion; The Simon announcing the destiny of Jesus in Luke probably should match the Essene Simon mentioned in the works of Flavius Josephus; The quest for disciples by Jesus in Galilee could match the quest for disciples by Bannous to escape John the Baptist; The life of Bannous written by Josephus must have contained speeches, overly warlike aspects of Bannous were avoided by Flavius Josephus to conceal his revolutionary tendencies. 
  • The mysterious man whom John the Baptist feels unworthy of is Herod Agrippa I. We say this because of the similarity between the dove descending on Jesus and the owl alighting on the head of Herod Agrippa during his imprisonment in Rome. We believe that Herod Agrippa I was murdered by Rome for his military preparations against Rome. Flavius Josephus could not defend him in his official works.
  • Most of the miracles by Jesus are performed on the Sabbath, so they do not come from Flavius Josephus, but from Christians who wanted to suppress the Sabbath.
  • The sentences said by Jesus could come from a book found by Hermas (Rev. 8: 1-3) and given to Clement of Rome. They may be the logia translated by Papias of Hierapolis.
  • Jesus’ parables present similarities with the parables of Hermas (The Shepherd); these parables were composed by Hermas, and recycled in Jesus’ parables.
  • Jesus’ discourse in the Gospel of John presents similarities with the Instructions on the Two Spirits found at Qumran (Jesus = the spirit of truth and Satan = the spirit of perversion)
  • Jesus’ conviction relates to the narrative of Flavius Josephus on the destruction of the Temple (Pontius Pilate wants to save Jesus as Titus wants to save the Temple. Jesus will be killed despite Pontius Pilate as the Temple will be destroyed despite Titus).
  • The claim that the Jews killed Jesus (or are responsible for his death) aims to exonerate Titus from the destruction of the Temple (in the Talmud, referring to the conflict between Yavneh and Greek Judaizers who are accused of having abandoned Jerusalem to the fury of the Roman Legions).
  • The intervention of Pilate’s wife to save Jesus is an allusion to Berenice of Judaea, who was the mistress of the Emperor Titus and who certainly intervened to save the Temple.
  • The Eucharist, the multiplication of the bread and the transformation of water into wine, and the Logos that manifests as life and light are allusions to the Hermetic Teachings of Alexandria. This helps explain the similarities between the Gospels and the Corpus Hermeticum. (The nine charisms are another allusion to Hermeticism: the seven planets, the ogdoad and the ennead which is attainment).
  • The prologue to John's gospel (1, 1–5 and 1, 10, 11) are hermetic: manifestation of the LOGOS as LIFE and as LIGHT (see Corpus Hermeticum I §9, §12 and §17)
  • The need to believe in Jesus could come from Simon Magus; episodes on the adulterous woman and the prostitute in the house of the Pharisee are allusions to Helen of Tyre, the wife of Simon Magus. 
  • The successful resurrection of Jesus is to combat the failed resurrection of Simon Magus, but that his disciples could present as successful.
  • The claim that Jesus descended from King David aims at fighting the Rabbis of Yavneh who claimed descent from King David.
  • The claim that Jesus is the Messiah is to prevent people from following other false messiahs like Simon Bar Kochba.
  • Several passages in the Gospels and the Acts of the Apostles aim to ridicule or belittle Peter (Bannous) and John the Baptist while exalting Jesus.
  • Some of Jesus’ miracles were also performed by Emperor Vespasian (To compare Suetonius The twelve caesars §7 and Tacitus, Histories, Book 4, §81; with Mark 8, 22–27 / 3, 1–6 / 2, 1–12, Matthew 9, 27–31 and 9, 1–8; Luke 5, 17–26 and John 9, 1–41.)
  • The anointing of Bethany is similar at chapter 111–112 of Satyricon by Petronius, etc.


CONCLUSION

Jesus did not exist as he is a theological concept represented in human form.
If Jesus existed, the Gospels do not tell his life. His life and his speeches are from Bannous, his parables from Hermas, his logia from the Essenes, his death refers to the destruction of the Temple, his resurrection alludes to Henoch, etc.
Christianity must be defined as a neo-Judaism which abolished the commandments that the Greeks did not like (Sabbath, circumcision, kashrut, etc.) and which is faithful to the Roman Empire.
The primitive tendencies that were used to create Christianity are:
  1. The Logos worship that comes from the philosophy of Philo of Alexandria;
  2. Fear of Gnosticism and especially of the teachings of Simon Magus;
  3. Hermeticist Jews or the primitive Sethian Gnosis (we think they did not long remain Christian and eventually returned to Judaism; the Merkabah meditations must be attributed to their successors);
  4. Romans essenians with Flavius Josephus and Hermas;
  5. Note that in the Gospels, we feel a tension between Philonians who believe in the FATHER and the LOGOS and Essenes who believe in the FATHER and the HOLY SPIRIT. This tension was solved when the dogma of the Trinity was established, after 170. 



— Stephan HOEBEECK
author of 
JESUS — UN MYTHE AUX SOURCES MULTIPLES
ESH-ÉDITIONS











samedi 23 mai 2015

La Famille de Flavius Josèphe

Nous pensons que de nombreuses clés relatives à Flavius Josèphe se trouvent dans l’histoire de sa propre famille. Flavius Josèphe ne peut pas tout dire à ses lecteurs, il convient donc de saisir finement chacun de ses propos.


Flavius Josèphe dira de sa famille, nous donnons les dates sur base de ses indications :
Ma famille n’est pas sans distinction, issue qu’elle est de prêtres. Les divers peuples ont chacun sa manière propre de fonder la noblesse ; chez nous, c’est la possession de la prêtrise qui atteste l’illustration d’une famille. Or, dans mon cas, non seulement la famille est issue de prêtres, mais encore de la première des vingt-quatre classes — distinction déjà appréciable —, et qui plus est de la plus noble de ses tribus. Je suis même, par ma mère, de la race royale, car les descendants d’Asmonée, ses ancêtres, furent durant une très longue période grands-prêtres et rois de notre nation. Je vais en dire la succession. Notre arrière grand-père était Simon surnommé « le Fort » [Normalement Psellos, nous justifierons pourquoi ci-dessous]. Il vécut à l’époque où fut grand-prêtre le fils du grand-prêtre Simon sous le premier des grands-prêtres qui portât le nom d’Hyrcan. Simon le Fort eut neuf enfants, dont Matthias, dit Théophile [Normalement fils d’Éphée, nous justifierons pourquoi ci-dessous]. Ce Matthias épousa une fille du grand-prêtre Jonathas, le premier de la famille des Asmonéens qui parvint à la grande prêtrise et frère de Simon, grand-prêtre lui aussi. La première année du règne d’Hyrcan [donc en –133], il lui naquit un fils, Matthias, surnommé « le puissant » [Normalement « le bossu », nous justifierons pourquoi ci-dessous]. Ce dernier eut un fils, Joseph, la neuvième année du règne d’Alexandra [tout dépend de ce que Flavius Josèphe entend par règne d’Alexandra, soit par son mariage, alors en –95, soit en tant que veuve royale, donc en –67, l’année de sa mort], et ce Joseph un fils, Matthias, la dixième année d’Archélaos [en 6, donc l’année de son renvoi à Rome]. C’est de ce Matthias que je naquis la première année du principat de Caius César [donc en 37]. J’ai trois fils : l’aîné, Hyrcan, naquit la quatrième année du principat de Vespasien César [en 72], Justus, la septième année [en 76], Agrippa, la neuvième [en 78]. Voici donc la généalogie de notre famille. Je la cite telle que je l’ai touvée consignée dans les registres publics, sans me soucier de ceux qui essaient de nous calomnier [Nous avons repris la traduction d’Andrè Pelletier, excepté quelques rares modifications. Autobiographie, pages 1–2. Notons que normalement, c’est le frère de Judas Macchabée qui devint le premier grand-prêtre asmonéen].
Nous sommes obligés de nous poser quelques questions sur cette généalogie, censément faite d’après « les registres publics ». Dont d’ailleurs, il ne devait rien rester, celles-ci ne pouvant se trouver qu’au Temple, qui a été détruit, à moins que ce soit cela qui explique les dates, puisque Matthias naquit quant son père Joseph avait 66 ans, et que le père de Flavius Josèphe naquit quand son père avait 73 ans. Il est clair qu’un homme qui se présenterait avec une généalogie montrant des pères qui attendent d’être aux portes de la mort pour faire des enfants semble assez étrange, et pourrait pousser quelques mauvaises langues à le « calomnier ». Sa généalogie est simplement trop politique pour être divulguée publiquement et donc il va légèrement la modifier, afin que ses lecteurs romains se perdent dans un méandre qui ne semble avoir ni queue ni tête. 
Certains pensent qu’une génération fut sautée, on pourrait effectivement intercaler entre le Matthias qui naquit en –133 et le Joseph qui naît en –67, au moins un voire deux personnages, un Joseph vers –111 et un Mathathias vers –89. De même, qu’entre le Joseph qui naît en –67 et son père qui naît en 6 (comme le Jésus de Luc d’ailleurs), on pourrait ajouter deux générations, un Matthias vers –43 et un Joseph vers –19 (il s’agit d’une moyenne). On peut aussi supposer que les dates sont fantaisistes et n’ajouter que deux générations. Mais nous ne tenterons de trancher ce problème que plus bas.
Les lecteurs auront remarqué que nous avons changé les surnoms qui sont dans l’Autobiographie, car ils sont tous erronés, et surtout tous péjoratifs : Simon est bègue, Matthias est éphée ? Et le dernier Matthias est bossu. Si la famille de Flavius Josèphe avait été affligée de telles tares, il y a peu de chance qu’il les aurait mentionnées, ni d’ailleurs que ses ancêtres auraient pu participer au sacerdoce. Si Flavius Josèphe a composé son texte en araméen ou en hébreu, voire dans une combinaison de ces deux langues, il est possible que le traducteur se soit mépris sur les sens à leur attribuer, c’est d’ailleurs l’option que nous avons retenue. On ne peut néanmoins exclure la malveillance d’un copiste qui, par haine de Flavius Josèphe et la volonté de l’humilier, aurait changé les surnoms. 
Nous avons écrit comme surnom de Simon, « le Fort ». Le texte grec a ψελλὸς que l’on peut ne peut traduire que par « bègue ». Nous pensons que le traducteur a confondu l’hébreu ’il|lèm (אלם)  qui signifie « muet », « incapable de parler » et, par extension, « bègue », non attesté en hébreu ancien, et le mot ’alam (אלם)  qui signifie « être fort ». En hébreu, ces deux mots s’écrivent a l m, c’est-à-dire qu’en hébreu non vocalisé, la norme à l’époque de Flavius Josèphe, ces deux mots s’écrivent de la même manière.
Nous avons donné comme surnom au premier Matthias, le surnom de Thî’ôphîlos (תיאופילוס), c’est-à-dire « l’ami de Dieu ». André Pelletier a traduit le grec Ματθίας ὁ ἠφαίου λεγόμενος, donc « Matthias dit, fils d’Éphée », c’est très juste comme traduction, mais cela ne veut rien dire ; des variantes indiquent ἠφιλίου, c’est ainsi qu’un traducteur ancien a traduit par Aphilou, c’est-à-dire « celui qui n’a pas d’amis », ces fautes ne sont évidemment pas difficiles à corriger. Une importante famille sacerdotale juive qui a donné plusieurs grands-prêtres est appelée Theophilios, il y a gros à parier que ce Matthias était en réalité le premier Mathithyahû ben Thi’ôphilos, c’est-à-dire Mathathias dit Théophile, le mot hébreu ben qui signifie « fils de », a le sens implicite de surnom dans certains cas. Chaque classe sacerdotale devait, probablement, aussi comporter différentes branches secondaires.
Le fils de Mathathias ben Theophilos, qui s’appelait aussi Mathathias, nous pensons que son surnom devait être « le Fort ». Le grec a κυρτὸς, littéralement « le bossu » ; nous pensons que le traducteur aura pris le r de gibor (גבר) , « le puissant » ou « le fort », pour un nûn final, transformant ce mot en gibèn (גבן), « le bossu ». Maintenant que nous avons donné les véritables surnoms des aïeux de Flavius Josèphe, qui ne s’appelaient donc pas Simon le Bègue, Matthias l’éphée (?) et Matthias le Bossu, mais bien Simon le Fort, Mathathias l’Ami de Dieu et Mathathias le Puissant, voyons si nous pouvons remonter une génération avant Simon le Fort. Nous trouvons bien un Simon mentionné à l’époque d’Hyrcan et voyons ce qu’il en dit :
Le grand-prêtre Hyrcan, désirant renouveler l’amitié qui liait son peuple aux Romains, leur envoya une ambassade [Cette ambassade a eu lieu après la mort d’Antiochos VII Evergète Sidêtês qui eut lieu, peut-être au début de la guerre de Cimbres, vers –120]. Le Sénat reçut sa lettre et fit amitié avec lui dans les termes suivants : « [...] pour délibérer sur l’objet de l’ambassade de Simon, fils de Dosithéos, d’Apollonios, fils d’Alexandre, et de Diodore, fils de Jason, hommes de bien envoyés par le peuple des Juifs. Ceux-ci nous ont entretenus de l’amitié et de l’alliance qui existe entre eux et les Romains, et de leurs affaires publiques ; [...] Quant aux lettres, les Romains répondirent qu’ils en délibéreraient lorsque leurs affaires particulières laisseraient du loisir au Sénat ; qu’ils prendraient soin à l’avenir que les Juifs ne fussent plus en butte à des injustices de ce genre ; et que le préteur Fannius donnerait aux envoyés, sur le trésor public, l’argent nécessaire pour leur retour. Fannius renvoya ainsi les ambassadeurs des Juifs après leur avoir donné de l’argent, sur le trésor public, et remis le décret du Sénat, à l’adresse de ceux qui devaient les escorter et assurer leur retour en Judée [Antiquités Juives XIII, ix, 2.].
Il est vraisemblable que ce Simon fils de Dosithéos est Simon le Fort, l’aïeul de Flavius Josèphe. Voyons si nous pouvons identifier un Dosithéos et son nom juif. Dosithéos signifie « don de Dieu », en hébreu, les principaux noms qui ont le même sens sont Mathathias (=Mathithyahû « don de Yahû »), Yohnathan ou Yônathan (« don de Yah ») ou, plus rare, Nathana’èl (« don de Èl »). Il y a gros à parier que le père de ce Simon, eu égard au nom de son fils, devait s’appeler Mathathias/Mathithyahû. Si le nom hébreu de Dosithéos est bien Mathathias, pourquoi ne pas avoir mis tout simplement Mathathias ? Nous pouvons supposer que Mathathias, qui épousa une fille du grand-prêtre Yohnathan Macchabée, devait être un personnage considérable et un proche de cette famille. Il n’y a pas de Dosithéos mentionné dans les livres XII et XIII des Antiquités Juives, ni dans le Livre Premier de La Guerre des Juifs. Par contre il y a bien un Dosithéos dans le IIe Livre des Macchabées, voyons ce qu’on dit de lui :
Mais Machabée ayant invoqué le grand prince du monde, qui au temps de Josué renversa Jéricho sans béliers et sans machines, s’élança avec furie sur les remparts ; et ayant pris la ville par la volonté du Seigneur, il y fit un carnage indicible, de sorte que l’étang voisin, qui avait une largeur de deux stades, semblait couler du sang des morts. [...] Mais Dosithée et Sosipater, qui commandaient avec Machabée, tuèrent dix mille des hommes que Timothée avait laissés dans cette place. Cependant Machabée, ayant mis en ordre autour de lui six mille hommes et les ayant disposés par cohortes, marcha contre Timothée, qui avait avec lui cent vingt mille fantassins et deux mille cinq cents cavaliers. [...] Mais dès que la première cohorte de Judas eut paru, les ennemis furent frappés de terreur, par la présence de Dieu, qui voit tout; et ils furent mis en fuite les uns par les autres, de sorte qu’ils étaient plutôt renversés par les leurs et qu’ils périssaient par les coups de leurs propres épées. Judas les poursuivit avec vigueur, punissant ces profanes, et il tua trente mille des leurs. Quant à Timothée, il tomba entre les mains de Dosithée et de Sosipater, et il les conjura avec de grandes instances de le relâcher vivant, parce qu’il avait en son pouvoir les parents et les frères de beaucoup de Juifs, dont l’espérance serait trompée par sa mort. Et après qu’il se fut engagé à les leur rendre, suivant l’accord fait entre eux, ils le laissèrent aller sans lui faire aucun mal, en vue de sauver leurs frères. Judas retourna ensuite à Carnion, où il tua vingt-cinq mille hommes [Second Livre des Macchabées 12, 15–26.].
Nous constatons donc l’existence d’un important général proche de Judas Macchabée vers –160 qui pourrait très bien être le père du Simon, aïeul de Flavius Josèphe. Cette supposition, si elle est exacte, en appelle une autre qui sera importante pour les développements ultérieurs : l’armée de Judas Macchabée est commandée par des prêtres ; cette simple constatation doit être mise en rapport avec un important texte essénien trouvé à Qumran et intitulé La Règle de Guerre des Fils de Lumière contre les Fils de Ténèbres [Ce texte fait l’objet de controverses importantes quant à sa datation, certains le datent de l’époque des guerres macchabéennes et d’autres l’estiment postérieur à la prise de Jérusalem par Pompée ; d’autres encore y voient des similitudes avec les textes du Maître de Justice, ce qui le daterait des années –100, voire –90].
Maintenant examinons la suite de la généalogie de Flavius Josèphe. Comme nous avons vu les différences d’âge donnent l’impression qu’une voire deux générations ont été sautées. Voyons ce qui est probable : Matthias le Puissant (officiellement l’arrière-grand-père de Flavius Josèphe) naquit au début du règne d’Hyrcan donc vers –133 et le père de Flavius Josèphe naquit vers 5. Officiellement, le grand-père de Flavius Josèphe serait né en –67. Donc 138 ans, soit 4 générations avec 35 ans entre générations, soit 5 générations avec 27 ans entre elles, soit 6 générations avec 23 ans entre elles. Nous ne sommes malheureusement pas renseigné sur les âges auxquels se mariaient les prêtres à cette époque. On peut raisonnablement supposer entre 20 et 30 ans, l’aîné naissant assez rapidement après le mariage. 
Nous avons dit qu’un des ancêtres de Flavius Josèphe fut surnommé Théophilos. Or ce nom est justement le nom du père de deux grands-prêtres, Mathathias ben Théophilos, l’un exerçant vers –4 et l’autre qui fut grand-prêtre au début de la grande révolte. Certains ont pensé que le père de Flavius Josèphe aurait pu être le grand-prêtre Mathathias ben Théophilos, tant les affirmations de Flavius Josèphe sont ambiguës à ce propos. C’est l’avis de plusieurs historiens et c’est le nôtre aussi. D’abord, parce que cela permet de comprendre pourquoi Flavius Josèphe, jeune prêtre du Temple de Jérusalem, se trouvera « bombardé » commandant des troupes de Galilée avec plus de 50000 hommes sous ses ordres, alors qu’il n’a que 28 ans. Il est difficile d’attribuer cela au hasard ; il y avait de nombreuses personnes qui, à Jérusalem ou en Galilée, avaient certainement plus de compétences que Flavius Josèphe pour prendre un commandement si important. Et ensuite, Flavius Josèphe donne deux noms différents à ce grand-prêtre : il l’appelle Matthias ben Boëthos dans Les Guerres Juives et il l’appelle Matthias ben Théophile dans Les Antiquités Juives. Voyons d’abord ce qu’il dit dans Les Guerres Juives :
Ce qui est sûr, c’est que Simon ne fit pas mourir Matthias, auquel il avait dû la possession de la ville, sans lui infliger des tourments. Ce Matthias était fils de Boethos, d’une famille de grands-prêtres : il était de ceux en qui le peuple avait le plus de confiance et qu’il estimait le plus. Lorsque la multitude fut maltraitée par les zélateurs auxquels Jean s’était déjà joint. Matthias avait persuadé au peuple d’introduire dans la ville Simon pour la protéger ; il n’exigea de celui-ci aucune convention, ne s’attendant à rien de mal de sa part. Mais quand Simon fut entré et devenu le maître de la ville, il vit en Matthias un ennemi comme les autres et attribua le conseil qu’il avait donné en sa faveur à la simplicité de son esprit. Il le fit alors arrêter, accuser de sympathie pour les Romains, condamner à mort, avec trois de ses fils, sans lui laisser le droit de se défendre. Le quatrième fils, qui devança les poursuites, s’enfuit auprès de Titus [Flavius Josèphe ?] Comme Matthias suppliait qu’on le fît mourir avant ses enfants et sollicitait cette faveur pour prix de ce qu’il lui avait ouvert les portes de la ville, Simon ordonna de le tuer le dernier. Matthias fut donc égorgé après avoir vu massacrer ses fils ; on l’avait conduit en vue des Romains, suivant les instructions que Simon donna à Ananos, fils de Bagadata, le plus féroce de ses gardes ; il disait en plaisantant que peut-être Matthias recevrait ainsi des secours de ceux auprès desquels il avait le dessein de se rendre. Il défendit en outre d’ensevelir les cadavres. Après ces citoyens, on mit à mort le grand-prêtre Ananias, fils de Masbal, un des notables, Aristée, scribe du Conseil, natif d’Emmaüs, et en même temps quinze autres citoyens de distinction. On enferma et l’on garda en observation le père de Josèphe. Une proclamation défendit toute conversation, tout rassemblement, par peur de trahison ; ceux qui se lamentaient ensemble étaient mis à mort sans procès. [Guerre des Juifs V, xiii, 1.]
Et voyons maintenant ce qu’il dit dans Les Antiquités Juives :
Ayant enlevé le grand-pontificat à Jésus, fils de Gamaliel, il [Hérode Agrippa II] le donna à Matthias, fils de Théophile, sous lequel commença la guerre des Juifs contre les Romains [Les Antiquités Juives XIX, viii, 1].
Plusieurs choses doivent être observées sur ces deux courts textes. D’abord la mort du grand-prêtre est faite face aux Romains, on peut se demander pourquoi ? Peut-être pour humilier Flavius Josèphe si c’est bien son père. Notons encore le quasi-aveu « son quatrième fils, qui devança les poursuites, s’enfuit auprès de Titus » et si ce quatrième fils était Flavius Josèphe qui, lui aussi, était poursuivi par la haine de Simon. Certes pour donner le change, il dit qu’on enferma son père, qui ne sera plus mentionné ultérieurement. Les raisons pour lesquels Flavius Josèphe peut avoir dissimulé sa véritable filiation sont nombreuses. Son père a ouvert les portes aux zélotes, il a donc pris part à la révolte contre Rome, ce que Flavius Josèphe peut tenter de minimiser. Un certain orgueil qui le pousserait à vouloir qu’on reconnaisse l’accession au commandement des troupes de Galilée plus à ses mérites [lesquels] qu’à ses origines. 
Nous avons dit qu’il y a un deuxième grand-prêtre appelé Matthias ben Théophilos. Celui-ci fut en poste au moment où éclata l’affaire de l’Aigle d’or. Cette statue fut placée à l’entrée du Temple, il suscita une révolte importante, d’autant plus qu’Hérode était mourant, c’est alors qu’apparurent Judas, fils de Sariphaios, et Matthias, fils de Margalothos : 
Voyant sa violence et de peur que dans son exaspération, il [Hérode] ne les châtiât eux-mêmes, les notables juifs déclarèrent que ce n’était pas avec leur consentement qu’on avait agi et que certainement cet acte ne pouvait rester impuni. Hérode traita avec une douceur relative le reste, mais il déposa Matthias [ben Theophilos] le grand-pontife comme responsable en partie de ces événements et il le remplaça par Yoazar ben Boëthus, frère de sa femme. Sous le pontificat de ce Matthias il arriva qu’un autre grand pontife installé pour un seul jour, celui où les Juifs jeûnent. Voici pourquoi : Matthias, pendant qu’il exerçait ses fonctions, dans la nuit qui précédait le jour du jeûne, crut en rêve avoir commerce avec une femme [Ce rêve avait provoqué une pollutio nocturna, cette histoire semble connue par les Talmuds, on peut même se demander, si ce n’est pas par Flavius Josèphe que les Talmuds en ont connaissance], et comme, à cause de cela, il ne pouvait officier, on lui adjoignit comme coadjuteur Josèphe, fils d’Ellémos, son parent. Ainsi Hérode destitua Matthias du grand pontificat ; quant à l’autre Matthias, le promoteur de la sédition, et certains de ses compagnons, il les fit brûler vifs. Cette même nuit il y eut éclipse de lune [Les Antiquités Juives XVII, vi, 4.].
Malgré toutes les précautions oratoires qu’il prend, il paraît clair que ce premier Mathathias ben Théophilos a bien participé ou a encouragé une insurrection contre Hérode. Notons enfin qu’on peut se demander à quel nom hébreu pourrait correspondre le nom du père de ce Josèphe qui était fils d’Ellemos. Nous avons dit ci-dessus que l’on a confondu le sens hébreu du surnom d’un aïeul de Flavius Josèphe, el|lim qui signifie « bègue » et alam qui signifie « fort ». Or c’est deux mots sont très proches du mot Ellemos qui n’a pas de sens, voici un point de plus qui le rapproche de la famille de Flavius Josèphe. Dans cette logique, ce Joseph dut être le grand-père de Flavius Josèphe et Matthathias ben Theophilos son arrière grand-père. Comme le père de Flavius Josèphe est né en 6, son grand-père qui a remplacé son arrière grand-père devait être assez jeune, disons 25 ans, on pourrait donc admettre une naissance de ce Joseph vers – 30, quant à Mathathias ben Theophilos il faudrait déterminer le nom de son père. Il y a de fortes chances que ce soit Joseph. Voyons si on trouve un Joseph influent vers l’époque de Jannée. Et nous n’en trouvons pas, à moins de considérer que le nom Diogène, celui-là même du bourreau des pharisiens sous Alexandre Jannée est une version grecque de Joseph. Certains pensent et affirment, sans preuve, que ce Diogène était un soldat ; nous, nous affirmons que ce fut un prêtre, et certes pas sans preuves, mais parce que chez Flavius Josèphe, les hommes de marque sont toujours des prêtres. La tribu de Lévy forme une aristocratie sacerdotale, souvenons-nous de ce que l’on raconte d’eux dans l’Exode : 
Et Moïse se posta à la porte du camp et il dit : « Qui aime l’Éternel me suive ! » Et tous les Lévites se groupèrent autour de lui. Il leur dit : « Ainsi a parlé l’Éternel, Dieu d’Israël : “Que chacun de vous s’arme de son glaive ! passez, repassez d’une porte à l’autre dans le camp et immolez, au besoin, chacun son frère, son ami, son parent !” » Les enfants de Lévi se conformèrent à l’ordre de Moïse ; et il périt dans le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes. Moïse dit : « Consacrez-vous dès aujourd’hui à l’Éternel, parce que chacun l’a vengé sur son fils, sur son frère et que ce jour vous a mérité sa bénédiction. »
Ce Joseph Diogène doit plutôt être le fils de Mathathias « l’ami de Dieu » et serait donc né en –133 et mort en –76. Mathathias le Fort serait alors le petit-fils de Mathathias « l’ami de Dieu » et non le fils, il serait né vers –110. Il aurait eu un fils aussi appelé Joseph né vers –85. Ce serait ce Joseph le père de Mathathias le grand-prêtre, né vers –60. Joseph le Fort, le grand-père de Flavius Josèphe serait né vers –30. Nous avons une généalogie parfaitement cohérente dans laquelle on se rend compte que tous les ancêtres de Flavius Josèphe sont tous des prêtres guerriers et des ennemis des pharisiens.




jeudi 21 mai 2015

Essai sur l'Apocalypse de Jean


De tous les textes chrétiens qui ont fasciné, l’Apocalypse de Jean fut certainement le plus important. Ce texte fascina, car il annonçait l’avenir, la fin des temps. Pourtant le Discours eschatologique contenu dans les synoptiques est bien plus intéressant et quasi personne ne sait qu’il existe. C’est vrai que sa répartition sur trois évangiles ne rend pas sa lecture aisée. 
Une première remarque, l'Apocalypse, à cause de ces passages antiromains, fut repoussée avec horreur par de nombreux chrétiens, il faudra toute la volonté des pères de l’Église pour l’imposer, et ce sera difficile. Si nous ne le voyons pas, les critiques voire satires de l’Empire Romain étaient très facilement comprises par les Romains de l’an 150 ; notre méconnaissance de l’Empire Romain et des guerres juives, nous fait donner à ce texte des sens qu’il n’a pas. De plus l’utilisation d’un vocabulaire messianique essénisant proche de celui utilisé par les chrétiens a fait illusion. La mention du Christ dans ce texte ne doit pas tromper, le Christ c’est le Messie, voire Dieu Lui-même, voire le dieu intérieur, mais pas forcément Jésus. Et dans le cas du présent texte, ce n’est pas Jésus, du moins excepté quelques interpolations. 
Certains textes annoncent l’avenir, comme le Discours eschatologique des synoptiques, mais l’avenir n’est qu’une partie de l’Apocalypse qui comporte beaucoup d’allusions à la Première Guerre juive et aux familles royales judéennes que nous allons tenter de décrypter.
Nous avons dit que sa tendance n’est pas chrétienne. En fait ce texte est un texte nazaréen. Les Nazaréens sont des esséniens, pour être plus précis les esséniens non-juifs, et ils émergèrent à l’époque et vraisemblablement sous l’influence de Jean le Baptiste. Lorsque Flavius Josèphe se rendit à Vespasien, il travailla à établir à Rome un essénisme désicarisé et romano-compatible, et tenta alors de convaincre ses anciens compagnons à le rejoindre dans une révision complète de l’essénisme en tant que mouvement spirituel. L’ouvrage le plus abouti de cette tendance pacifique de l’essénisme se trouve dans les belles pages du Pasteur d’Hermas. 
L’entreprise de Flavius Josèphe ne suscita pas que des compliments parmi les esséniens. Les esséniens juifs continuèrent de prendre les armes en différentes parties de l’Empire Romain, nombreuses révoltes en Égypte et en Cyrénaïque dans les années 70 et 80. Les Nazaréens, ces convertis ne restèrent pas inactifs, dans les années 110 Dieu leur suscita un nouveau prophète qui est passé dans l’histoire sous le nom d’Elkasaï ou de Alkasaï. Son nom pourrait signifier « Force Cachée » et provenir ainsi de l’hébreu ou de l’araméen hèl ou ‘èl_kasayâ (אל־כסיא ou הל־כסיא). Une encyclopédie qui décrit et réfute les hérésies et qui date du IIIe siècle, l’Elenchos parle d’un propagandiste de l’elkasaïsme appelé Alcibiade qu’il situe au début du IIIe siècle, mais peut-être faut-il voir dans ces passages Elkasaï lui-même et transformer le nom d’Alcibiade en Alcée, en effet Alcée se dit en grec Alkaios (Ἀλκαῖος) et est proche phonétiquement d’’èl_kasayâ. Il fut bien plus tard accusé d’être gnostique, magicien, etc. Ce qui n’est pas impossible, il y a certaines composantes planétaires dans l’Apocalypse, comme d’ailleurs dans l’essénisme.
Les elqasaïtes entrèrent en révolte contre Rome lors de la guerre de Kitos en 115–118, que l’on appelle aussi la « révolte des exilés ». Elle éclatera dans l’Empire Romain, pendant les campagnes romaines contre les Parthes qui immobilisèrent de nombreuses légions pour des résultats assez faibles. Cette révolte ne semble pas avoir convaincu les Judéens et les Galiléens qui restèrent relativement calmes. Cyrène, Alexandrie et Chypre, mais aussi la province romaine de Mésopotamie entrent en révolte, c'est tout l’Orient romain qui s’embrase. Grecs et Romains sont massacrés, la situation devient telle que l’empereur Trajan nomme un légat consulaire, Lusius Quietus. L’arrivée des Légions entraînera une répression impitoyable, et l’expulsion d’une grande partie de ce qui subsistait des communautés juives vers la Judée et la Galilée. Cette révolte peu connue est celle qui, plus encore que la Première Guerre juive, provoquera la scission entre les Juifs et les Judaïsants, qui bientôt vont réviser le Judaïsme et se donner un nouveau nom : chrétiens. Les légions romaines comme nous le disions vont reprendre le dessus. Mais nous n’en sommes pas encore là. Vers 100, Elqasaï instituera un baptême du pardon de péchés et rénovera le baptisme. Il obtiendra de nombreuses conversions et comme nous disions, tous ces convertis participeront aux côtés des Juifs à la révolte de 115–118. Leurs origines romaines, grecques ou arméniennes ne les épargneront pas, ils seront exterminés avec leurs frères juifs. En 118, le calme semble être revenu, Elkasaï a probablement été tué par les Romains et ses disciples se réfugient à Petra. Les elkasaïtes ont une double postérité : les mandéens et l’islam. Les mandéens sont les derniers baptistes d’Irak, aujourd’hui livrés à l’extermination des sinistres bourreaux de l’État Islamique. L’Islam tient le djihad ou « guerre sainte » en haute estime, c’est un legs de l’essénisme ; les elkasaïtes avaient juré de délivrer Jérusalem afin que le Temple puisse être reconstruit ou de mourir. L’Islam tient aussi en haute estime les ablutions, comme les elkasaïtes, il y a d’autres similitudes, mais nous ne pourrons pas les énumérer toutes. Ce point d’histoire permet de comprendre la folie qui prend les gens quand une doctrine spirituelle est décontextualisée. Alors que les elkasaïtes avaient juré de restaurer le culte sacrificiel, aujourd’hui l’Islam tente d’empêcher que le Temple soit rebâti alors que leurs prédécesseurs s’y étaient engagés, et maintenant ils croient qu’ils sont les héritiers de Jérusalem et croient que leur Mosquée est le nouveau Temple de Dieu.
Mais revenons à l’Apocalypse qui après tout contient peut-être des fragments des enseignements d’Elkasaï, ainsi que des restes d’enseignements nazaréens. Après un Prologue (1, 1–3), nous avons l’Adresse aux Sept Églises d’Asie (1, 4–8) et la mention des Sept Esprits présents devant le Trône. Ces esprits sont à la fois sept hiérarques angéliques, mentionnés dans Le Livre d’Henoch (20, 1–8), savoir Ouriel, Raphael, Ragouel, Michel, Sariel, Gabriel et Remiel, qui décrit leurs fonctions. Ces sept souffles sont les sept planètes qui déterminent l’existence humaine. Nous arrivons à la Vision préparatoire (1, 9–20) dans laquelle le visionnaire contemple le « Vivant » qui, juste avant, lui a ordonné de transcrire ces visions dans un livre et de l’envoyer aux Églises d’Éphèse (Ouest de la Turquie, face à la Méditerranée), de Smyrne (idem), de Pergame (ibidem), de Thyatire (idem, mais plus à l’intérieur de terres), de Sardes (idem, même remarque), de Philadelphie (idem, même remarque, on suppose que ce n’est pas la Philadelphie en Jordanie, actuelle Amman) et de Laodicée (probablement l’actuelle Denizli, aussi en Turquie, en direction de la Méditerranée, mais très à l’intérieur des terres ; signalons plusieurs villes du même nom au nord de la Turquie ou en Syrie, actuelle Lataquié, nous conservons l’attribution traditionnelle.) Rappelons que Jean affirme se trouver dans l’île de Patmos, c’est-à-dire face à toutes ces villes et utilisée par les Romains comme prison à ciel ouvert. Et donc vient le Vivant qui a été mort et qui maintenant est vivant pour des siècles. Tout ce symbolisme est assez clair, le « Vivant » qui était mort, c’est la partie divine qui réside en l’homme et qui est meurtrie lors de la naissance, c’est pour cela que Jean est à Patmos, île où on déporte des prisonniers. 
Dans les chapitres II et III, le Vivant va ordonner à Jean d’écrire aux anges des églises des sept villes susmentionnées, avouons que ce serait plus facile si le Vivant s’adressait directement aux anges. Il est dommage que les adresses postales des anges n’aient pas été conservées. Nous sommes pour les sept villes en plein symbolisme planétaire, même s’il est parfois difficile à comprendre : Éphèse (2, 1–7) correspond à Saturne (« la constance ne te manque » et combattre les faux apôtres, qualité saturnienne de persévérance et de lutte contre le mensonge), Smyrne (2, 8–11) à Jupiter (« Je connais tes épreuves et ton indigence, tu es riche pourtant », la richesse est une qualité jovienne), Pergame (2, 12–17) à Mars (le vivant dit posséder l’épée à double tranchant, trône de Satan, Mars en suscitant des querelles et des guerres possède l’action destructrice du diable), Thyatire (2, 18–29) au soleil (« je lui donnerai pouvoir sur les nations », comme le soleil contrôle les autres planètes), Sardes (3, 1–6) à Vénus (« ranime ce qui te reste de vie défaillante », allusion à l’usure provoquée par les plaisirs vénusiens), Philadelphie (3, 7–13) à Mercure (« Je forcerai ceux de la synagogue de Satan, ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs », défauts mercuriens) et Laodicée (3, 14–22) à la Lune (« Je connais ta conduite : tu n’es ni chaud ni froid », l’influx lunaire est souvent difficile à définir, ni chaud ni froid). Notons enfin qu’à chaque fois on énonce des qualités du Vivant et des conseils qu’il donne. Les critiques des villes pourraient aussi viser les Juifs de ces communautés qui n’osèrent pas rejoindre les autres Juifs lors de la grande révolte en 66 ; mais ce n’est qu’une supposition parmi d’autres. Quelques passages ont des aspects politiques évidents, mais, faute de documents, nous ne sommes plus à même de les comprendre, ni de deviner les personnages exactement visés. Nous sommes à peine renseignés sur les métropoles, alors ce qui a pu se passer, qui plus est, au sein de groupes minoritaires, comme le sont les Juifs dans les villes grecques de Turquie, nous échappe complètement.
Le Chapitre V parle des vingt-quatre vieillards, il s’agit d’une référence aux vingt-quatre anges protégeant les vingt-quatre familles sacerdotales qui officient chacune deux semaines par an au Temple de Jérusalem. Nous avouons ne pas très bien comprendre le rapport avec les chapitres précédents, mais ce texte est très composite, il aurait été plus logique de trouver 12 et 72 vieillards pour conserver le symbolisme zodiacal. Notons enfin la mention des quatre vivants repris d’Ézéchiel qui semblent correspondre aux quatre éléments assujettis au Vivant primordial.
Le Chapitre VI commence par décrire un livre roulé, la mention qu’il est écrit au recto et au verso signifie que ce livre est le livre du jugement qui élira les uns et condamnera les autres. Cette précision peut paraître étrange, mais on doit savoir que les rouleaux dans l’Antiquité n’étaient écrits que sur une seule face, excepté les rouleaux des copistes qui étaient écrits sur les deux faces. Notons l’importante allusion à Isaïe 29, 10–12 : 
Soyez saisis de surprise et de stupeur ! Soyez fascinés et éblouis, vous qui êtes ivres et non de vin, vous qui titubez, mais non par excès de boisson ! Car l’Éternel a répandu sur vous un esprit de torpeur, il a fermé vos yeux les prophètes et voilé vos têtes les voyants. Aussi la révélation de tous ces événements est-elle pour vous comme les mots de ce livre scellé, qu’on présente à un homme lettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Et lui de répondre : « Je ne puis, car le livre est scellé. » Et si on présente le livre à un homme illettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Il répond : « Je ne sais pas lire. » 
Ce passage, que certains ignorants voient comme une annonce de Mohamet, « prophète illettré », prouve qu’ils ne comprennent pas grand-chose. Ce passage se réfère à la connaissance spirituelle que procure l’Esprit  Saint, autant qu’à la nécessité de s’instruire. En effet, pour accéder à la compréhension des textes révélés, il faut savoir lire et écrire, ce qui exclut les illettrés ; mais la connaissance des lettres n’est pas suffisante pour comprendre de tels textes, il faut aussi quelque chose d’autre, ce que le texte ne mentionnera pas d’ailleurs ou très indirectement dans la suite, mais qui est connu par d’autres sources, c’est l’Esprit Saint qui donne la compréhension spirituelle des textes. Mais le livre dont il est question ici est principalement Le Livre de Vie ou Livre du Jugement où est écrit le nom des élus (recto) et le nom des réprouvés (verso).
Notons le retour aux qualités positives des planètes au verset 12 : « Digne est l’agneau égorgé de recevoir la puissance (Saturne), la richesse (Jupiter), la force (Mars), la sagesse (le soleil), l’honneur (Venus), la louange (Mercure) et la gloire (Lune).
Au chapitre VI, nous lisons les effets de l’ouverture de six premiers sceaux. Symbolisme planétaire à nouveau, mais assez confus. 
Le chapitre VII est un interlude pour affirmer que les élus seront préservés, à savoir douze mille de chaque tribu. À notre sens le texte a interpolé des textes d’origines diverses, puisqu’après avoir limité le salut à 144 000 israélites, 12 000 par tribu, le texte enchaîne en parlant d’« une foule immense, impossible à dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ». Cette foule sont ceux qui ont passé l’épreuve du vent brûlant, c’est-à-dire la destruction irrévocable de l’ego.
Au chapitre VIII, le septième sceau est ouvert, et alors arrivent sept anges avec chacun une trompette, les six premiers anges y soufflent l’un après l’autre et les catastrophes s’amoncellent sur terre. Normalement, la terre devrait être complètement détruite dès les quatre premiers anges, le tiers de la terre est consumé, le tiers de la mer devient du sang, etc. Nous commençons maintenant le Chapitre IX. Malgré tout cela il reste des survivants, et à la cinquième trompette des scorpions et des sauterelles frappent les hommes, tous ces passages comportent des réminiscences de Joël. À la sixième trompette, les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont libérés. Notons que la conclusion de tous ces fléaux, c’est que les hommes persévèrent dans l’obstination de leur cœur. Tout cela fait allusion à ce que quelques très rares hommes expérimentent parfois dans leur vie terrestre, à savoir la destruction de l’ego. La plupart des prophéties viennent de là, elles supposent que cette destruction de l’ego que quelques hommes ont accepté volontairement va un jour toucher l’humanité entière, et qu’alors nous assisterons à un carnage aussi terrible que si un dentiste nous arrachait sans anesthésie toutes nos dents, et sans le moindre égard pour notre souffrance.
Nouvel interlude au chapitre X, qui rappelle l’imminence du châtiment final, sept tonnerres se manifestent, sans qu’on voie trop le rapport avec ce qui précède. Jean voit un ange avec un petit livre, qu’il avale, le livre est doux dans sa bouche, mais il remplit ses entrailles d’amertume. Cela se rapporte à l’Esprit qui entre en l’homme et qui est aussi un purgatif, c’est-à-dire qu’il purge le mal en l’homme avec violence.
Le chapitre XI commence par parler des deux témoins. Ces deux témoins seraient d’après Israël Knohl à mettre en rapport avec l’Oracle d’Hystaspe, une courte apocalypse qui prédisait la fin de l’Empire Romain et dont la possession entraînait la mise à mort. Il situe l’apparition de ces deux témoins à l’époque de la mort du roi Hérode le Grand, mort qui aurait été le prélude à une insurrection messianique menée par Menahem l’Essénien et un autre personnage qu’Israël Knohl n’identifie pas, mais qui pourrait être le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios l’Ancien. Cette insurrection n’est pas abordée par Flavius Josèphe excepté en termes peu explicites, ce qui est normal : l’insurrection fut menée par les esséniens (nous reparlerons plus loin des rapports entre les esséniens et Flavius Josèphe) et par le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios qui a de fortes chances d’être l’arrière-grand-père de Flavius Josèphe, ce qui permet d’expliquer son silence sur ces événements. Toutes ses œuvres visent à convaincre que tant les esséniens que sa famille furent des Juifs pacifiques et sympathisants avec Rome, excepté quelques détails dont il se garde bien de parler. Si l’exécution de Menahem est quasi certaine, celle de Mathathias l’est moins. Nous pensons que l’auteur du passage savait parfaitement la responsabilité de sa famille dans cette insurrection et l’en félicite. Notons que les témoins ressusciteront après 3 jours et demi, ce qui se rapporte aux prophéties de Daniel, mais ici plus particulièrement aux insurrections sicaires que commenceront en 5, lors du recensement de la nouvelle préfecture de Judée, Judas le Galiléen et Sadoq. L’abîme qui engloutit les témoins semble un nom pour la puissance romaine qui engloutit des nations entières. Notons encore la mention d’un tremblement de terre, mais celui-ci semble avoir eu lieu en –31, donc des années avant ces événements.
Le chapitre XI se termine avec l’ange de la septième trompette qui au lieu d’un malheur annonce la venue du Christ.
On ne saisit pas trop le rapport de ce qui précède avec le chapitre XII. Notons que tous les chapitres qui suivent contiennent de violentes diatribes antiromaines, c’est la raison qui poussait de nombreux chrétiens à rejeter l’Apocalypse, en général ils servaient avec ferveur l’Empire romain et ne comprenaient rien à la volonté des Juifs de se révolter contre l’autorité bienfaisante de l’Empire. Précisons que cette autorité était bienfaisante quand les pays conquis payaient le tribut avec empressement afin que la population romaine ait du temps pour s’amuser en regardant les jeux du cirque. Toutes les distractions qu’inventaient les empereurs romains n’avaient d’autre but que de s’attacher le peuple de Rome ; et donc ils pressurisaient tellement les provinces romaines qu’elles entraient en rébellion. Presque toutes les provinces de l’Empire se révoltèrent, néanmoins celles en Judée étaient récurrentes, violentes, difficiles à contenir et longues. En général, les légions massacraient quelques centaines d’autochtones et les choses se calmaient ; en Judée ce fut très très différent.
Ce chapitre autant que les suivants combine des sources multiples et de tendances différentes, c’est ainsi que certains passages combinent des aspects spirituels et que d’autres combinent des aspects politiques et révolutionnaires. Ce que peut représenter un dragon dans un verset et ce qu’il représente dans un autre verset n’a pas forcément la même signification. Tout cela rend le texte effroyablement complexe, par exemple le dragon qui surgit dans le chapitre XII est identique à celui qui surgit dans le chapitre XIII, pourtant les narrations sont totalement différentes et les deux parties n’ont guère de rapports entre elles ; le texte devient alors très vite incompréhensible et c’est ce qui arrive quand des amateurs amalgament des textes aux origines diverses.
Le chapitre XII a un sens spirituel, la femme enceinte représente les puissances spirituelles et l’enfant dont elle accouche, ces mêmes puissances lorsqu’elles se manifestent dans la réalité des adeptes afin qu’il soit guidé ; le dragon, entendez l’ego, tente de le détruire afin que l’adepte reste prisonnier du prince de la puissance de l’air. Le combat entre ces forces opposées fait rage dans l’esprit de l’adepte, mais le triomphe final est assuré ; notons le thème du mépris de sa propre vie, c’est-à-dire l’abandon volontaire de l’ego. Nous développerons encore un autre sens, mais plus bas, parce que d’autres choses sont à expliquer avant.
Le chapitre XIII est nettement plus politique. Notons aussi les confusions entre le Dragon et les Bêtes. Le sens est assez transparent, le dragon blessé, c’est l’Empire Romain sous la domination de Néron, mis à mal par ses réformes du système fiscal et par l’augmentation généralisée des taxes afin de maintenir le train de vie des Romains. La première bête n’est pas compliquée à identifier, c’est Vespasien qui devint empereur et qui réorganisa l’Empire romain et qui renforça partout la domination impériale. Apparaît alors une seconde Bête dont le nombre est 666. Cette Bête est vraisemblablement le roi Hérode Agrippa II qui permit à Vespasien d’étendre sa domination sur toute la Judée. On sait que le nom Hérode s’écrit d’une multitude de façons, parmi celle-ci hôrôdôs (hébreu סודורוה), et on sait qu’en hébreu chaque lettre a une valeur ; le vav (hébreu ו), qui peut se prononcer « v », « ô » ou « û » vaut 6. Autrement dit, il y a eu une erreur le nombre de la Bête n’est pas 666 (six cent soixante-six), mais 6 6 6 (six six six). Revenons au nom d’Hérode Agrippa II. Quand les Juifs voyaient son nom, ils le lisaient Hôrôdôs, mais ils le voyaient comme h6r6d6s. De plus, ce roi fit frapper des pièces avec son effigie ou les effigies de l’empereur après la Première Guerre Judéo-Romaine, ce qui ne s’était jamais vu en Judée, c’est ce que le texte appelle « être marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom ». Chaque juif devant utiliser des monnaies à effigies. 
Le chapitre XIV est composé d’au moins trois parties. La première (14, 1–5) fait suite au Chapitre VII, partie I (celle des 144 000 élus) et la seconde (14, 6–13) fait suite à la partie II du même chapitre (celle des élus de toutes origines), ces deux parties sont reliées au chapitre XIII de manière très nébuleuse. Nous arrivons à une tierce partie (14, 14–20) qui parle de moissonner la terre, mais le lien avec ce qui précède ou ce qui suit n’est pas clair, ce passage parle de moissonner la vigne dans une cuve, dont le liquide qui s’écoulera ensuite hors de la ville (Jérusalem), les flots de sang atteindront 1,5 m de hauteur (le mors d’un cheval) et se propageront sur 320 km (1600 stades). Nous avouons ne pas comprendre le sens du passage peut-être est-ce une allusion à la destruction de la Forteresse de Betar faite par les Légions romaines pendant la Seconde Guerre judéo-romaine. Il doit s’agir d’une interpolation impossible à relier à l’ensemble.
Le chapitre XV commence par l’annonce que les Nations païennes (ou ce qu’il en reste, puisque normalement la terre a déjà été détruite quelquefois, c’est encore un passage d’autre provenance arbitrairement intercallé dans l’ensemble) vont finalement se tourner vers le vrai Dieu. Ensuite commence la partie relative aux sept coupes qui se poursuivra dans tout le chapitre XVI. Cette partie décrit sept nouveaux fléaux, dont le moindre serait suffisant pour exterminer toute vie sur terre, mais après sept, des humains vivront encore. Notons que cette partie est artificiellement reliée aux parties relatives à la Bête dont elle a peut-être interpolé l’une ou l’autre phrase. Notons aussi l’allusion à l’Égypte, lorsqu’il parles des « trois esprits impurs sous forme de grenouille », allusion probable aux gardiens occultes des Temples égyptiens.
Le chapitre XVII fait suite au chapitre XIII, et contient des allusions à la reine Bérénice de Judée, identifiée à la grande prostituée, la femme écarlate. On sait que cette reine fut la maîtresse de l’empereur Titus, le destructeur du Temple de Jérusalem. Tout le symbolisme est transparent, « les sept têtes [de la Bête], ce sont sept collines », autrement dit Rome, « sur lesquelles la femme est assise ». Allusion au fait que Bérénice de Judée pourrait épouser Titus et devenir impératrice du Monde. Mais les Romains menacèrent de se révolter et Titus devra s’en séparer. Nous avions dit que nous reparlerions de la femme enceinte du chapitre XII, celle-ci pourrait être en rapport avec la reine Bérénice. On sait, en effet que la reine Bérénice était une naziréenne, une moniale juive, or malgré ses vœux, elle entretenait une relation passionnée avec Titus. Le chapitre XII décrirait alors comment la reine Bérénice se présente, une vierge de qui va naître le messie, et le chapitre XVII, comme elle est réellement, une prostituée amante du destructeur du Temple de Jérusalem. La réalité de cette reine au caractère complexe est peut-être différente, mais ses amours avec Titus devaient horrifier ses contemporains. Bérénice sera très mal acceptée par les Romains, qui voyaient en elle une nouvelle Cléopâtre, quant aux ultra-païens qui entouraient Domitien, le frère de Titus, ils devaient redouter le pire, si Bérénice tombait enceinte et qu’un fils naissait de ses amours avec Titus, l’Empire romain deviendrait Juif. Nous parlerons ailleurs des ultra-païens. Nous arrivons donc au moment où Bérénice est forcée de quitter Rome et Titus (vers 78), ce à quoi fait allusion le passage suivant (17, 16) : « Mais ces dix cornes-là et la Bête, ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, [elle sera] toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu. » Ceci pouvant faire allusion à un éventuel assassinat de Bérénice sur ordre de Domitien, on sait qu’elle mourut en 83, peu de temps après son accession à la tête de l’empire. Nous reviendrons sur les possibles sens ésotériques un peu plus bas. 
Nouveau changement avec le chapitre XVIII, on annonce la chute de Babylone. Le peuple de Dieu doit quitter Babylone sinon il sera détruit avec cette cité, peut-être s’agit-il d’une allusion aux mois qui précédèrent la destruction de Jérusalem par Titus, période pendant laquelle Flavius Josèphe tentera les habitants qui voulaient être épargnés de se rendre et de se disperser en Judée ou en Galilée. Ce passage se poursuit au début du chapitre XIX (jusqu’au verset 10), dans lequel la Prostituée du chapitre XVII est identifiée à la ville de Babylone.
Les versets 11–21 du chapitre XIX décrivent un combat eschatologique entre Jésus et les Anges d’une part, La Bête et le faux prophète (vraisemblablement Hérode Agrippa), mais il pourrait s’agit d’une attaque contre Flavius Josèphe qui a rallié le camp romain. Ces passages nous semblent faire une apologie visant à déclencher une nouvelle révolte pour prendre une revanche contre les Romains et elle pourrait dater des années 85–90.
Nous arrivons au règne des 1000 ans du chapitre XX. Le dragon qui dans le chapitre précédent avait été tué, enfin au moins emprisonné, n’était peut-être finalement pas si emprisonné que cela, puisque ce n’est que dans ce chapitre qu’un ange le maîtrisera et le jettera dans l’abîme afin qu’il cesse de fourvoyer les nations. Ce passage mentionne aussi une première résurrection, celle des élus qui semblent encore différent des 144000 et de ceux de toutes nations des chapitres VII et XIV. Ces ressuscités deviennent prêtres de Jésus et la mystérieuse seconde mort n’aura pas prise sur eux. Après 1000 ans, le diable sera libéré, mais un feu du ciel mettra fin à sa courte sortie et ce sera sa fin. Commence alors la résurrection des morts et le jugement des hommes. Notons un passage important (20, 11) : « Puis je vis un trône blanc, très grand et celui qui siège dessus : le ciel et la terre s’enfuirent de devant sa face sans laisser de trace. » 
Dans le chapitre XXI, est annoncée la venue de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, dans les traditions rabbiniques, ce n’est que le troisième Temple qui descend du ciel. Nous arrivons à l’annonce de l’univers nouveau, régénéré. Les pieux seront alors nourris par la vie elle-même quant aux impies ils verront leur impiété se consumer dans un étang brûlant de feu et de soufre. On revient ensuite aux anges aux sept coupes qui semblent s’être apaisés et qui emmènent Jean au nouveau Temple, bien plus grand que le précédent, mais même plus grand que ce qu’envisageaient les esséniens dans le Rouleau du Temple, puisque la ville de Jérusalem sera alors cubique et que chaque côté fera 2400 km (12 000 stades) de côté, il vaudra d’ailleurs mieux ne pas monter sur le toit parce qu’outre l’absence d’oxygène, à cette hauteur on est en plein dans la ceinture van Allen dont les particules à haute énergie sont mortelles pour l’homme. Elle sera entourée d’un rempart de seulement 64 mètres... nous soupçonnons la fusion de deux textes. Les nations se sont converties.
Dans le chapitre XXII qui est le dernier, on dit qu’il n’y aura plus de malédictions et que l’univers connaîtra la paix. L’épilogue final certifie qu’on ne peut rien retrancher ni ajouter à l’Apocalypse (hum hum) et se termine par l’annonce du retour imminent de Jésus. Le texte est sans aucun doute composite, et les parties elles-mêmes souffrent de réécritures nombreuses. C’est plutôt un florilège pris à différentes Apocalypses, qu’un texte suivi. Certains passages font allusion à des événements historiques difficiles à déterminer exactement, ainsi les sept villes des premiers chapitres pourraient faire allusion aux comportements des communautés juives de ces villes pendant la Première Guerre judéo-romaine ou pendant la guerre du Qitos (115–118). On peut supposer que cette révolte fut suivie différemment par les communautés, certaines s’y joignant d’autres s’y refusant, malheureusement les documents historiques nous manquent pour pouvoir comprendre les allusions qui y sont contenues. La guerre du Qitos ne nous est connue que dans ses grandes lignes, quelques noms émergent, quelques points très chauds, mais les comportements de chaque communauté furent peut-être plus divers qu’on ne l’imagine.
Nous voudrions revenir sur certains aspects ésotériques de l’Apocalypse, et nous devons dire que notre grande difficulté à interpréter certaines parties du texte provient des réécritures, il nous est impossible de déterminer si des passages cruciaux relatifs à la femme écarlate et d’autres sont issus d’un texte ésotérique converti en satire politique ou s’ils sont issus d’une satire politique convertie en texte ésotérique. Donc il y a des ambiguïtés qu’il nous est impossible de lever. 
Certains chapitres nous semblent provenir d’un texte dans lequel un homme aurait décrit une intense expérience spirituelle en termes cosmogoniques, attribuant au grand monde ce qui s’est déroulé dans le petit monde. La femme écarlate ou grande prostituée est évidemment le feu de la colère qui pousse l’homme à exister dans ce monde et à épouser la vie profane dont il peut, avec de la chance, retirer des avantages immédiats. Ce feu dans des textes très postérieurs sera assimilé au feu divin qui, si on se tourne vers le monde, use la vitalité prématurément et si on le tourne vers Dieu peut mener l’homme à la régénération. On peut imaginer que la progression spirituelle ne se fait pas sans étapes. 
Une première étape serait de convertir ce feu afin qu’il serve Dieu au lieu de servir le monde, c’est alors que l’adepte devient réellement prêtre du Très-Haut, et une seconde étape qui se manifesterait par un anéantissement des réalités matérielles, le ciel et la terre qui s’effacent devant le trône de Dieu. Les méchants qui brûlent dans le feu et le soufre sont tous ceux qui ont refusé d’abandonner leur propre esprit dans cette vie-ci et qui après la mort sont purifiés de force. Le texte ne nous dit pas si leur condamnation est éternelle ou si elle ne dure que le temps qu’il leur sera nécessaire pour renoncer à eux-mêmes.
Ce n’est pas dans l’Apocalypse que nous trouverons des schémas sur l’avenir de l’homme. Ce mélange de textes fusionnés n’importe comment contient des aspects politiques et spirituels, qu’il devient impossible à démêler. Si les sources sont multiples, nous croyons bien qu’il n’y a qu’un rédacteur final. Nous doutons qu’il eût la pleine compréhension de ce qu’il mettait ensemble, les raccords qu’il établira sont mineurs et ne font aucune illusion sur la diversité des sources.
Nous avons été surpris dans nos études sur les évangiles de découvrir le curieux Discours eschatologique de Jésus divisé dans les synoptiques qui contient des parties très curieuses sur l’avenir de l’humanité, ce que l’Apocalypse de Jean ne contient assurément pas.
Difficile de savoir si ce texte fut influencé par les groupes nazaréens qui participèrent à la révolte de Qitos, mais cela ne peut être exclu. Leur doctrine comporterait des aspects eschatologiques de guerre sainte, autant qu’une doctrine de la destruction de l’ego, ce que l’islam réécrira en soumission à Dieu. Il ne s’agit pas de soumission, mais bien de destruction de l’ego. L’apparente soumission de l’ego peut se révéler un leurre dangereux dont il est après très difficile de se débarrasser. 






samedi 9 mai 2015

L’hermétisme des neuf charismes

L’hermétisme des neuf charismes

L’hermétisme a influencé les épîtres de Paul comme on peut le constater à travers une analyse des passages relatifs aux charismes ou dons de l’Esprit-Saint décrits dans la Ière Épitre aux Corinthiens.
Ce n’est certes pas un sujet qui fasse courir les foules et seuls quelques spécialistes le connaissent. Jusqu’à présent, la thèse majoritaire, devant la difficulté de dater les textes hermétiques, estimait que le christianisme avait influencé l’hermétisme, sans que l’on ne sache expliquer comment s’est faite cette influence. Toutes ces affirmations furent faites à une époque où on croyait que les évangiles avaient été rédigés vers 40.
Aujourd’hui, on admet que les textes hermétiques en notre possession, c’est-à-dire le Corpus Hermeticum et ceux trouvés à Nag Hammadi, datent, au plus tard, de la première moitié du IIe siècle. Mais on admet aussi que les textes en notre possession furent rédigés à partir d’originaux plus anciens et pas forcément très différents, ces originaux furent composés entre –100 et 0, bien avant l’émergence du christianisme.
Les universitaires commencent à évoluer sur l’hermétisme : lors de la publication de la monumentale Révélation d’Hermès Trismégiste en IV volumes par le Père Festugière, on n’admettait même pas que des loges hermétiques aient pu exister. Aujourd’hui, sur ce point, les spécialistes ont évolué et admettent comme vraisemblable l’existence de telles loges. Tout espoir n’est pas perdu.
On se demande pourtant quelles sont les origines exactes de l’hermétisme. Nous nous demanderons toujours pourquoi les réponses simples sont les plus difficiles à énoncer. Quelles influences incontes-tables trouve-t-on dans les textes hermétiques ? On trouve des influences philosophiques grecques stoïciennes et/ou néo-pythagoriciennes, on trouve aussi des influences juives, essentiellement bibliques ou litur-giques ; et on trouve des influences qui proviennent des cultes à mystère en usage dans les Temples égyptiens. On sait aussi que ces textes furent rédigés en Égypte, selon toute vraisemblance à Alexandrie. Ces textes se réfèrent tous à Hermès Trismégiste ou Hermès trois fois très grand. Est-ce encore compliqué alors de deviner la nature de l’hermétisme ? L’hermétisme est tout simplement une tentative de réunir ces trois religions en une seule religion ésotérique qui pourrait devenir commune à toute l’humanité (au sens antique). Hermès est trois fois très grand en tant que triple Logos qui réunit ces trois traditions. Vers –100, Grecs, Juifs et Égyptiens avaient apaisé leurs dissensions ; leurs sages cherchaient une voie qui leur permettrait d’unifier leurs religions et tentèrent de prendre de chacune d’entre elles la meilleure part. Un tel projet n’était pas impossible, mais vinrent les Romains et leurs puissantes légions, la paix ethnique qui fonctionnait en Égypte ne devait pas leur convenir, ils trouvèrent plus intelligent de favoriser les disputes, afin d’asseoir plus facilement leur domination. On ne peut pas dire qu’ils ne réussirent pas, la concorde vola en éclat, et chaque communauté en vint à se détester. Occupées qu’elles étaient à se concurrencer, elles laissèrent Rome piller leurs richesses : « Diviser pour régner » ne dit-on pas ? L’hermétisme n’échappa pas à ces divisions, plus le temps passait, plus les textes prenaient des colorations particulières avant qu’ils ne se fixent sous la forme que nous leur connaissons encore aujourd’hui. Enfin pour ce qui nous est parvenu : une vingtaine de textes et une trentaine de fragments. Mais personne ne sait ce que cela représente de la littérature hermétique originale ? À notre avis, pas grand-chose. Ce que l’on appelle Corpus Hermeticum, ce n’est pas un traité ou une collection, c’est seulement le peu qui a survécu. Ne voyons pas l’hermétisme comme les universitaires nous le présentent parfois, le considérant comme un simple éclectisme qui aurait additionné des doctrines inconciliables et qui seraient restées inconciliables. L’hermétisme fut unificateur, il trouva une unité à des doctrines que tout séparait. 
Résumer l’hermétisme est fort complexe, nous ne pouvons le faire que sur les traités subsistants, c’est-à-dire, très peu.
Mais avant, étudions les charismes. Ceux-ci sont mentionnés dans les chapitres XII, XIII et XIV de la Ière Épître aux Corinthiens
Voyons d’abord le chapitre XII, dont nous tenterons d’expliquer chaque passage :
Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance. Vous savez que, lorsque vous étiez païens, étant entraîné vers les idoles muettes, comme contraints. C’est pourquoi je vous déclare que nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ! et que nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ! si ce n’est par le Saint-Esprit. [Ière Épître aux Corinthiens 12, 1–3.]
Un tel passage est complexe et doit être compris avec subtilité. Certains croient que s’ils disent que le Logos est le seigneur, l’Esprit-Saint se serait manifesté à eux. En réalité, ils confondent leurs opinions avec la réalité spirituelle. Dire : le Logos est le seigneur est le fruit d’une expérience spirituelle dans laquelle notre être subit réellement cette domination et devient comme contraint par cette puissance spirituelle, de même que l’homme profane est contraint aux actions profanes, à cause de sa naissance soumise aux astres.
Reprenons l’épître paulienne :
Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous. Or, à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune. [Ière Épître aux Corinthiens 12, 4–7.]
C’est discutable, les dons sont le résultat des progrès spirituels du pratiquant ; si cela sert à l’humanité c’est très bien, et si cela ne sert qu’à l’adepte, c’est très bien aussi.
Reprenons l’épître paulienne :
En effet, à l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse [correspond à la lune, on y abandonne l’énergie de la croissance et de la décroissance (ou énergie du devenir)] ; à un autre, une parole de connaissance [correspond à Mercure, on y abandonne les crimes et les ruses], selon le même Esprit ; à un autre, la foi [correspond à Vénus, on y abandonne l’illusion du désir], par le même Esprit ; à un autre, le don des guérisons [correspond au soleil, on y abandonne l’ostentation du pouvoir], par le même Esprit ; à un autre, le don d’opérer des miracles [correspond à Mars, on y abandonne la hardiesse impie] ; à un autre, la prophétie [correspond à Jupiter, on y abandonne les impulsions mauvaises vers la richesse] ; à un autre, le discernement des esprits [correspond à Saturne, on y abandonne le mensonge et ses embuscades]. [Ière Épître aux Corinthiens 12, 8–10a.]
Ces sept premiers charismes sont planétaires, dans les traités hermétiques qui subsistent, ils indiquent que l’homme à chaque progression doit abandonner ce que cette planète lui a donné au moment de sa venue sur terre. La description que nous avons donnée pour chaque planète provient du Poimandrès, le Traité I du Corpus Hermeticum. Ici, les deux textes disent la même chose, mais l’expriment différemment, dans le Poimandrès, on montre ce à quoi on doit renoncer, dans l’épître paulienne on montre ce que l’on acquiert et la procédure est quelque peu différente. 
Les gens qui lisent les charismes ne se demandent pas pourquoi leur manifestation prend des formes diverses et variées. C’est ce que l’épître dira ailleurs :
Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. [Ière Épître aux Corinthiens 12, 11.]
Ces choses, quoi qu’en dise l’auteur de cette épître, ne se passent pas « comme il [l’esprit] veut », mais la manière dont ces dons se manifestent a des raisons bien précises. C’est pourtant important et cela requiert deux niveaux d’explication. Le premier, c’est que tous nous sommes nés sous une force planétaire différente, et lorsque l’Esprit-Saint se manifeste les dons qu’il va procurer seront en rapport avec la nature planétaire de la personne. Un lunaire aura plus de sagesse, un saturnien aura un discernement très supérieur. La deuxième explication, c’est que les dons que nous manifestons sont aussi le reflet de notre propre progression spirituelle. La première explication concerne plutôt l’essénisme et la seconde plutôt l’hermétisme. Mais dans les deux cas, il n’y a nul hasard dans leur manifestation. Ce que confirme le Traité de l’Ogdoade et de l’Ennéade, alors qu’Hermès dira à son fils :
L’édification s’est opérée en toi par degrés [la progression à travers les sept sphères planétaires]. Puisse t’advenir l’intellection [l’ogdoade et l’ennéade ensuite] et tu seras instruit.
Avant d’aborder la suite de l’épître paulienne et en guise de conclusion à la partie précédente, rappelons ce que dit le Traité de l’Ogdoade et de l’Ennéade :
Seigneur, accorde-nous une sagesse issue de ta Puissance parvenant jusqu’à nous, afin que nous nous fassions part mutuellement de la contemplation de l’Ogdoade et de l’Ennéade. Déjà nous avons atteint l’Hebdomade, car nous sommes pieux, nous gouvernant dans ta Loi, et ta volonté, nous l’accomplissons toujours. En effet, nous avons marché dans ta voie et nous avons laissé derrière nous la malice, afin que nous fassions advenir la contemplation.
Reprenons l’épître paulienne qui après avoir décrit l’hebdomade, va maintenant aborder les deux derniers charismes :
à un autre, la diversité des langues [ogdoade] ; à un autre, l’interprétation des langues [ennéade]. [Ière Épître aux Corinthiens 12, 10b.]
Notons en premier que « la diversité des langues », telle que l’entend l’auteur de l’épître est clairement le fait de parler plusieurs langues, il dira ainsi : 
Tous parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils ? [Ière Épître aux Corinthiens 12, 30b.]
À la différence du rédacteur des Actes des Apôtres qui ne sait pas très bien si le don des langues est lié au fait de parler ou au fait de comprendre, dans le doute, il préférera proposer les deux versions :
Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. [Actes des Apôtres 2, 4.]
Alors que juste après il dit :
Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. [Actes des Apôtres 2, 5–6.]
Ces deux derniers passages des Actes sont dépendants des passages de la Ière Épître aux Corinthiens, hélas le rédacteur a encore plus embrouillé la narration déjà confuse de l’épître. Dire et entendre sont deux notions différentes ; dans le premier cas il a interprété le passage paulien dans son sens littéral, et dans le second il a compris le don des langues comme une sorte de télépathie, ce qui est absurde, il confond l’agapè avec le don des langues.
Mais revenons à l’épître. Deux chapitres plus bas, il se posera quand même quelques questions sur la validité de parler en langue, puisqu’il dira : 
Si donc, dans une assemblée de l’Église entière, tous parlent en langues, et qu’il survienne des hommes du peuple ou des non-croyants, ne diront-ils pas que vous êtes fous ? [Ière Épître aux Corinthiens 14, 23.]
Et un peu plus loin, il dira encore : 
Que faire donc, frères ? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l’édification. En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour, et que quelqu’un interprète ; s’il n’y a point d’interprète, qu’on se taise dans l’Église, et qu’on parle à soi-même et à Dieu. [Ière Épître aux Corinthiens 14, 26–28.]
Il est vraisemblable que l’auteur doit avoir rencontré des glossalistes, qui croient parler « en langues » et qu’ayant constaté leurs délires il a voulu faire une mise en garde. Deux mille ans après, aujourd’hui donc, les choses n’ont pas évolué, nous avons toujours de telles assemblées, avec des gens qui débitent des sons sans significations qu’ils croient être des paroles ineffables en provenance directe de Dieu.
En réalité, ces deux derniers charismes proviennent de l’hermétisme, et les rédacteurs des épîtres ne semblent pas avoir compris les textes qu’ils plagiaient.
En effet, dans le Traité de l’Ogdoade et de l’Ennéade, Hermès (l’ennéade) dit à son fils qui vient d’atteindre l’ogdoade :
En effet toute l’Ogdoade, ô mon enfant, ainsi que les âmes qui sont en elle et les anges chantent des hymnes en silence. Mais à moi, l’Intellect, ils me sont intelligibles.
Hermès dit encore à son fils :
Mon enfant, il convient que, de toute notre pensée, de tout notre cœur et de toute notre âme, nous priions Dieu, et lui demandions que le don de l’Ogdoade s’étende jusqu’à nous, et que chacun de nous reçoive par là ce qui lui est propre : À toi, il appartient de saisir par l’intelligence [en silence, donc], et à moi de pouvoir exprimer le discours grâce à la source qui coule en moi.
On doit évidemment se demander comment le silence peut-être le don des langues ? La réponse n’est pas aussi compliquée qu’il n’y paraît. On est simplement dans le domaine de l’allégorie. Les rédacteurs de cette épître ont utilisé un texte hermétique judaïsant qu’ils n’ont pas compris. Le don des langues est une expression pour désigner l’ogdoade. En effet, l’ogdoade est la huitième sphère et elle correspond au zodiaque. La plupart des gens savent que le zodiaque est composé de douze signes, moins nombreux sont ceux qui savent que ce zodiaque est aussi composé de 36 décans (division du zodiaque en section de 10°) et de 72 quinaires (division du zodiaque en section de 5°). Or les 72 quinaires ont très tôt été identifiés aux 72 peuples et à leurs 72 langues. Tel est le « don des langues », atteindre la huitième sphère, c’est-à-dire quitter le monde de la fatalité et arriver au monde de l’illumination. Comme on peut le constater, le véritable don des langues n’a rien à voir avec les vaticinations de quelques-uns. Quant à l’interprétation des langues, c’est atteindre la sphère supérieure, de laquelle il est possible de contempler Dieu, c’est cela l’ennéade. C’est alors que ce qui n’était pas compréhensible devient compréhensible.
À partir du verset 12 du Chapitre XII, le rédacteur interrompt sa description des charismes, par un discours complexe qui n’a jamais reçu d’explications satisfaisantes. Ce discours se prolonge aux Chapitres XIII et XIV. C’est le discours sur l’importance de la charité. D’abord, notons que le mot grec utilisé est agapè (grec ᾶγάπη), ce mot fut longtemps traduit en français par « charité », ce qui n’est pas absurde puisque les Latins traduisaient le terme agapè par le latin charis, charitatis. Malheureusement, la francisation de ce mot n’explique rien, « charité » est vu comme une sorte de volonté de bienfaisance envers les autres. Techniquement, ce n’est pas faux, mais c’est totalement incomplet. Les Bibles modernes traduisent agapè par « amour », ce qui est une bonne traduction, mais malheureusement une telle traduction est incomplète. Quant aux théologiens anciens ou modernes ils tentent d’expliquer la nature de cet amour, en parlant d’amour de Dieu ou d’amour des hommes, ou d’amour universel, sans que ce ne soit beaucoup plus clair pour leurs lecteurs. 
La doctrine de l’agapè paulienne dérive de la doctrine de la sympathie universelle élaborée par les stoïciens. La sympathie universelle est une sorte de lien qui unifie chaque partie du monde. Mais chez les stoïciens, il ne s’agissait que d’un constat théorique. On peut supposer que des hermétistes ont décrit la nature de l’expérience spirituelle sous la forme d’une union à la grande sympathie universelle qui unit Dieu au monde, qui unit entre elles les différentes parties du monde et qui unit les êtres entre eux, voilà l’agapè. Cette doctrine est à la fois intéressante, mais malheureusement incomplète, parce que nous n’avons qu’une description et qu’il manque les normes méditatives qui permettent de s’unir spirituellement à toutes choses. Ces pratiques méditatives devaient être similaires aux méditations bouddhistes du mahamoudra ou du dzogchen. Il s’agit de techniques qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous, du moins dans la tradition chrétienne ou hermétique.
Il sera difficile de nier l’influence de l’hermétisme dans l’élaboration de la doctrine des neuf charismes. Par contre, les contre-sens doctrinaires que les chrétiens ont élaborés sur ces bases, comme le glossalisme, montrent que les chrétiens ont dû, très tôt, ne plus rien comprendre à leur doctrine originelle.
Nos lecteurs seront probablement curieux de savoir comment nous justifions l’héritage hermétique au sein du christianisme, parce que s’il existe des similitudes, il existe aussi des divergences.
Il existe un mouvement qui nous semble correspondre à un intermédiaire entre le christianisme et l’hermétisme pur, c’est la gnose sethienne. Les historiens reconnaissent que les textes de la gnose sethienne que nous avons en notre possession datent de la seconde moitié du second siècle et subirent l’influence du gnostique Valentin, ce qui est indéniable. Ce qui nous intéresse, c’est ce qu’était la gnose sethienne avant l’influence de Valentin. Or, on note dans ce que nous appelons la Gnose sethienne ancienne de nombreuses similitudes avec l’hermétisme. Nous pensons que la Gnose sethienne fut la branche juive de l’École hermétique, mais qu’elle s’en séparât à cause des tensions qui surgirent entre les communautés ethniques d’Alexandrie. Cette scission dut intervenir dans les années 50–100.
On retrouve cette influence dans au moins un texte judéo-alexandrin, il s’agit des Testaments des Douze Patriarches. Nous avons déjà mentionné que ce texte existe en deux versions, une version conforme à celle de Qumran, remontant probablement à Bannous et une version remaniée, dont on estime parfois qu’elle le fut sous l’influence du christianisme. En réalité, la version remaniée le fut sous l’influence de l’hermétisme, ou pour être plus précis sur la forme juive de l’hermétisme alexandrin, la gnose sethienne.
La gnose sethienne tentera dans les années 100 de revenir aux fondamentaux de l’hermétisme, c’est-à-dire la fondation de la religion universelle qui permettrait à tous les humains de communier avec Dieu malgré leurs différences, le christianisme n’est pas loin.
Ce qui nous semble être le trait distinctif de l’hermétisme et de la Gnose sethienne, c’est que l’hermétisme s’est exclusivement préoccupé de la remontée à travers les sphères. Cette doctrine fait intégralement partie de la Gnose sethienne, mais la gnose sethienne en a développée une autre probablement dans les années 70–120, c’est l’idée de la descente d’un sauveur volontaire à travers les sphères qui permettrait aux hommes de remonter, plus facilement, à travers les sphères. Là aussi, le christianisme n’est pas loin. Ces spéculations proviennent des doctrines relatives aux descensions des influences planétaires, célestes et surcélestes décrites dans l’astrologie ésotérique et magique de l’hermétisme.
Une des grandes doctrines de la gnose sethienne et de l’hermétisme, qui a probablement influencé la doctrine de la merkabah dans le Judaïsme palestinien, concerne la création du « grand homme » ou Adam reconstitué.
La gnose sethienne ancienne fut aussi influencée par l’essénisme, on le constate par les pratiques baptismales qui font irruption dans l’hermétisme, vraisemblablement à cette époque, et qu’il est difficile d’expliquer autrement.
L’hermétisme et la gnose sethienne sont aussi des voies qui furent rejetées tant par le christianisme que par le judaïsme, et plus tard par l’Islam, parce que leurs recherches visant à la descension d’un sauveur (la Force forte de toutes forces en quelque sorte), dans le monde matériel, justifierait les cultes des idoles, celles-ci étant animées par les forces planétaires, célestes ou surcélestes. De plus, si un maître peut individuellement trouver son salut par la connaissance des secrets de la nature, l’idée d’un salut collectif se trouve remise en question, chose que ces religions ne pouvaient admettre, hélas.
Des maîtres de la Gnose sethienne, nous retiendrons deux noms, d’abord celui d’Apollos d’Alexandrie. Apollos est cité dans les Actes et infériorisé par rapport à Paul, ce qui nous fait supposer qu’il a bien existé et que les rédacteurs pouvaient difficilement éviter de le citer, mais qu’ils voulaient dans le même temps lui attribuer une influence marginale. Il est d’ailleurs curieux que personne n’ait jamais noté la similitude de noms entre Apollos (grec ἀπολλώς) et Paul (grec παῦλος), comme si Paul n’était qu’un simple moyen de l’effacer et de le faire passer au second plan. D’ailleurs Paul s’appelait officiellement Saul, et pour une raison inconnue il changera de nom et deviendra Paul. Apollos pourrait donc bien être un homme clé dans la fusion des doctrines ésotériques sethiennes, hermétiques et esséniennes qui seront à la base du christianisme.
Un autre important personnage de la gnose sethienne est Dosithée qui est présenté comme ayant retrouvé les enseignements secrets d’Adam et les ayant ramenés sur terre. 
Dosithée est aussi considéré comme le maître de Simon le Magicien, personnage encore plus impossible à situer que les précédents. On sait qu’il vécut en Samarie, mais quand ? Entre 20 et 50, comme le veut la tradition évangélique, entre 80 et 100, comme le voudrait la logique, ou entre 130 et 160, comme le voudrait la logique des enseigments qui lui sont attribués ? Nous pensons que les moins mauvaises dates, sont bien entre 70 et 100. Les enseignements qu’il prodigua n’auraient pas été acceptés, même en Samarie, sans la protection des légions romaines. Sa doctrine paraît influencée par un judaïsme à rebours, qui se traduit par une doctrine de la transgression : puisque l’on ne peut pas travailler le sabbat, alors travaillons le sabbat. Il présente d’ailleurs le Dieu de la Bible comme un ange, important certes, mais opposé au vrai Dieu. Si il fut bien le disciple de Dostithée, et nous le rappelons, ce n’est pas certain, alors il faudrait considérer Simon le Magicien comme le représentant de l’hermétisme dévoyé. Au lieu d’utiliser les énergies secrètes pour remonter à travers les cieux, il préféra les utiliser pour renforcer sa puissance magique et ainsi se faire passer pour un dieu, ce qu’il fera sans hésitation. Sa compagne, une ancienne prostituée de Tyr, appelée Hélène, sera alternativement la déesse Athena et l’Ennoia ou « Pensée » divine ; lui se contentera juste d’être l’incarnation de Zeus. Il nous semble être le représentant des écoles du bonheur. Si dans l’essénisme comme dans l’hermétisme, à côté de leurs pratiques spirituelles visant à l’extinction de l’ego, il existe des méthodes de guérisons, qu’elles soient magiques ou autres. Ces méthodes sont secondaires, la voie consiste à travailler à détruire l’ego, non à l’entretenir. Les méthodes spirituelles ou magiques de guérison sont souvent des méthodes qui virent le jour sous la nécessité qu’eurent les adeptes à restaurer les pratiques déficientes de leurs disciples qui parfois ne parviennent pas à gérer les énergies mises en œuvre dans les pratiques spirituelles, et tombent malades, voire meurent. Ces méthodes sont des correctifs aux mauvaises pratiques, les adeptes les utilisèrent aussi pour soulager les misères qui peuvent frapper les hommes ; ils admettaient que tous n’avaient pas la capacité à venir à bout de l’ego en une seule vie. Les fanatiques du bien-être utilisèrent ces méthodes comme une fin en soi et s’en servirent pour négliger la destruction de l’ego. Chaque graine donne son fruit propre, de telles méthodes utilisées systématiquement et sans renoncement à l’ego, finissent par se dévoyer et, paradoxalement, à renforcer l’ego, c’est là qu’apparaissent hâbleurs et charlatans qui profitent de la misère humaine. Ils vidaient les bourses il y a deux mille ans, et ils n’ont pas changé. Ils guérissent toutes les maladies et meurent misérables. Ils apportent la fortune et ils n’ont rien à manger.
Avant de terminer sur l’hermétisme, rappelons son devenir. Il restera l’apanage d’une petite élite alexandrine. Il se diffusera dans le monde entier, et comme l’hermétisme n’avait aucun problème avec les sciences appliquées, il semble que leur confrérie survécut dans les élites scientifiques de la fin de l’Antiquité. Il semble que ce soient des maîtres hermétiques qui élaborèrent les canaux de Petra. Les hermétistes survécurent à Harran en Turquie jusqu’au Xe siècle, c’est eux qui fabriquaient les astrolabes en usage tant en Occident, qu’à Byzance ou dans les pays musulmans. Il semble bien que la volonté de recourir à l’observation directe qu’édictèrent les juristes musulmans au IXe siècle provienne de leur volonté de ne plus dépendre d’instruments, certes scientifiques ; mais pour les hermétistes, tous ces instruments étaient aussi cultuels, ils leur servaient à calculer les apparitions de leurs dieux qui étaient les planètes et les étoiles. Ils combinaient un monothéisme strict avec l’acception d’intermédiaires innombrables et variés. Après s’être éteints en Orient, ils réapparurent au XVe siècle en Occident par la redécouverte d’un manuscrit du Corpus Hermeticum, qui va immédiatement fasciner les élites de la Renaissance. Rapidement traduit en latin par Marsile Ficin, il permettra à des hommes comme Henri Corneille Agrippa de justifier l’utilisation des pratiques magiques. Mais cet intérêt ne durera pas. Les humanistes, quand ils découvrirent les textes d’Hermès, croyaient que ceux-ci étaient antérieurs à Moïse. L’érudit Isaac Casaubon montrera au début du XVIIe siècle que leur rédaction fut contemporaine du Nouveau Testament. Aujourd’hui, l’hermétisme est confondu avec l’occultisme.