samedi 23 mai 2015

La Famille de Flavius Josèphe

Nous pensons que de nombreuses clés relatives à Flavius Josèphe se trouvent dans l’histoire de sa propre famille. Flavius Josèphe ne peut pas tout dire à ses lecteurs, il convient donc de saisir finement chacun de ses propos.


Flavius Josèphe dira de sa famille, nous donnons les dates sur base de ses indications :
Ma famille n’est pas sans distinction, issue qu’elle est de prêtres. Les divers peuples ont chacun sa manière propre de fonder la noblesse ; chez nous, c’est la possession de la prêtrise qui atteste l’illustration d’une famille. Or, dans mon cas, non seulement la famille est issue de prêtres, mais encore de la première des vingt-quatre classes — distinction déjà appréciable —, et qui plus est de la plus noble de ses tribus. Je suis même, par ma mère, de la race royale, car les descendants d’Asmonée, ses ancêtres, furent durant une très longue période grands-prêtres et rois de notre nation. Je vais en dire la succession. Notre arrière grand-père était Simon surnommé « le Fort » [Normalement Psellos, nous justifierons pourquoi ci-dessous]. Il vécut à l’époque où fut grand-prêtre le fils du grand-prêtre Simon sous le premier des grands-prêtres qui portât le nom d’Hyrcan. Simon le Fort eut neuf enfants, dont Matthias, dit Théophile [Normalement fils d’Éphée, nous justifierons pourquoi ci-dessous]. Ce Matthias épousa une fille du grand-prêtre Jonathas, le premier de la famille des Asmonéens qui parvint à la grande prêtrise et frère de Simon, grand-prêtre lui aussi. La première année du règne d’Hyrcan [donc en –133], il lui naquit un fils, Matthias, surnommé « le puissant » [Normalement « le bossu », nous justifierons pourquoi ci-dessous]. Ce dernier eut un fils, Joseph, la neuvième année du règne d’Alexandra [tout dépend de ce que Flavius Josèphe entend par règne d’Alexandra, soit par son mariage, alors en –95, soit en tant que veuve royale, donc en –67, l’année de sa mort], et ce Joseph un fils, Matthias, la dixième année d’Archélaos [en 6, donc l’année de son renvoi à Rome]. C’est de ce Matthias que je naquis la première année du principat de Caius César [donc en 37]. J’ai trois fils : l’aîné, Hyrcan, naquit la quatrième année du principat de Vespasien César [en 72], Justus, la septième année [en 76], Agrippa, la neuvième [en 78]. Voici donc la généalogie de notre famille. Je la cite telle que je l’ai touvée consignée dans les registres publics, sans me soucier de ceux qui essaient de nous calomnier [Nous avons repris la traduction d’Andrè Pelletier, excepté quelques rares modifications. Autobiographie, pages 1–2. Notons que normalement, c’est le frère de Judas Macchabée qui devint le premier grand-prêtre asmonéen].
Nous sommes obligés de nous poser quelques questions sur cette généalogie, censément faite d’après « les registres publics ». Dont d’ailleurs, il ne devait rien rester, celles-ci ne pouvant se trouver qu’au Temple, qui a été détruit, à moins que ce soit cela qui explique les dates, puisque Matthias naquit quant son père Joseph avait 66 ans, et que le père de Flavius Josèphe naquit quand son père avait 73 ans. Il est clair qu’un homme qui se présenterait avec une généalogie montrant des pères qui attendent d’être aux portes de la mort pour faire des enfants semble assez étrange, et pourrait pousser quelques mauvaises langues à le « calomnier ». Sa généalogie est simplement trop politique pour être divulguée publiquement et donc il va légèrement la modifier, afin que ses lecteurs romains se perdent dans un méandre qui ne semble avoir ni queue ni tête. 
Certains pensent qu’une génération fut sautée, on pourrait effectivement intercaler entre le Matthias qui naquit en –133 et le Joseph qui naît en –67, au moins un voire deux personnages, un Joseph vers –111 et un Mathathias vers –89. De même, qu’entre le Joseph qui naît en –67 et son père qui naît en 6 (comme le Jésus de Luc d’ailleurs), on pourrait ajouter deux générations, un Matthias vers –43 et un Joseph vers –19 (il s’agit d’une moyenne). On peut aussi supposer que les dates sont fantaisistes et n’ajouter que deux générations. Mais nous ne tenterons de trancher ce problème que plus bas.
Les lecteurs auront remarqué que nous avons changé les surnoms qui sont dans l’Autobiographie, car ils sont tous erronés, et surtout tous péjoratifs : Simon est bègue, Matthias est éphée ? Et le dernier Matthias est bossu. Si la famille de Flavius Josèphe avait été affligée de telles tares, il y a peu de chance qu’il les aurait mentionnées, ni d’ailleurs que ses ancêtres auraient pu participer au sacerdoce. Si Flavius Josèphe a composé son texte en araméen ou en hébreu, voire dans une combinaison de ces deux langues, il est possible que le traducteur se soit mépris sur les sens à leur attribuer, c’est d’ailleurs l’option que nous avons retenue. On ne peut néanmoins exclure la malveillance d’un copiste qui, par haine de Flavius Josèphe et la volonté de l’humilier, aurait changé les surnoms. 
Nous avons écrit comme surnom de Simon, « le Fort ». Le texte grec a ψελλὸς que l’on peut ne peut traduire que par « bègue ». Nous pensons que le traducteur a confondu l’hébreu ’il|lèm (אלם)  qui signifie « muet », « incapable de parler » et, par extension, « bègue », non attesté en hébreu ancien, et le mot ’alam (אלם)  qui signifie « être fort ». En hébreu, ces deux mots s’écrivent a l m, c’est-à-dire qu’en hébreu non vocalisé, la norme à l’époque de Flavius Josèphe, ces deux mots s’écrivent de la même manière.
Nous avons donné comme surnom au premier Matthias, le surnom de Thî’ôphîlos (תיאופילוס), c’est-à-dire « l’ami de Dieu ». André Pelletier a traduit le grec Ματθίας ὁ ἠφαίου λεγόμενος, donc « Matthias dit, fils d’Éphée », c’est très juste comme traduction, mais cela ne veut rien dire ; des variantes indiquent ἠφιλίου, c’est ainsi qu’un traducteur ancien a traduit par Aphilou, c’est-à-dire « celui qui n’a pas d’amis », ces fautes ne sont évidemment pas difficiles à corriger. Une importante famille sacerdotale juive qui a donné plusieurs grands-prêtres est appelée Theophilios, il y a gros à parier que ce Matthias était en réalité le premier Mathithyahû ben Thi’ôphilos, c’est-à-dire Mathathias dit Théophile, le mot hébreu ben qui signifie « fils de », a le sens implicite de surnom dans certains cas. Chaque classe sacerdotale devait, probablement, aussi comporter différentes branches secondaires.
Le fils de Mathathias ben Theophilos, qui s’appelait aussi Mathathias, nous pensons que son surnom devait être « le Fort ». Le grec a κυρτὸς, littéralement « le bossu » ; nous pensons que le traducteur aura pris le r de gibor (גבר) , « le puissant » ou « le fort », pour un nûn final, transformant ce mot en gibèn (גבן), « le bossu ». Maintenant que nous avons donné les véritables surnoms des aïeux de Flavius Josèphe, qui ne s’appelaient donc pas Simon le Bègue, Matthias l’éphée (?) et Matthias le Bossu, mais bien Simon le Fort, Mathathias l’Ami de Dieu et Mathathias le Puissant, voyons si nous pouvons remonter une génération avant Simon le Fort. Nous trouvons bien un Simon mentionné à l’époque d’Hyrcan et voyons ce qu’il en dit :
Le grand-prêtre Hyrcan, désirant renouveler l’amitié qui liait son peuple aux Romains, leur envoya une ambassade [Cette ambassade a eu lieu après la mort d’Antiochos VII Evergète Sidêtês qui eut lieu, peut-être au début de la guerre de Cimbres, vers –120]. Le Sénat reçut sa lettre et fit amitié avec lui dans les termes suivants : « [...] pour délibérer sur l’objet de l’ambassade de Simon, fils de Dosithéos, d’Apollonios, fils d’Alexandre, et de Diodore, fils de Jason, hommes de bien envoyés par le peuple des Juifs. Ceux-ci nous ont entretenus de l’amitié et de l’alliance qui existe entre eux et les Romains, et de leurs affaires publiques ; [...] Quant aux lettres, les Romains répondirent qu’ils en délibéreraient lorsque leurs affaires particulières laisseraient du loisir au Sénat ; qu’ils prendraient soin à l’avenir que les Juifs ne fussent plus en butte à des injustices de ce genre ; et que le préteur Fannius donnerait aux envoyés, sur le trésor public, l’argent nécessaire pour leur retour. Fannius renvoya ainsi les ambassadeurs des Juifs après leur avoir donné de l’argent, sur le trésor public, et remis le décret du Sénat, à l’adresse de ceux qui devaient les escorter et assurer leur retour en Judée [Antiquités Juives XIII, ix, 2.].
Il est vraisemblable que ce Simon fils de Dosithéos est Simon le Fort, l’aïeul de Flavius Josèphe. Voyons si nous pouvons identifier un Dosithéos et son nom juif. Dosithéos signifie « don de Dieu », en hébreu, les principaux noms qui ont le même sens sont Mathathias (=Mathithyahû « don de Yahû »), Yohnathan ou Yônathan (« don de Yah ») ou, plus rare, Nathana’èl (« don de Èl »). Il y a gros à parier que le père de ce Simon, eu égard au nom de son fils, devait s’appeler Mathathias/Mathithyahû. Si le nom hébreu de Dosithéos est bien Mathathias, pourquoi ne pas avoir mis tout simplement Mathathias ? Nous pouvons supposer que Mathathias, qui épousa une fille du grand-prêtre Yohnathan Macchabée, devait être un personnage considérable et un proche de cette famille. Il n’y a pas de Dosithéos mentionné dans les livres XII et XIII des Antiquités Juives, ni dans le Livre Premier de La Guerre des Juifs. Par contre il y a bien un Dosithéos dans le IIe Livre des Macchabées, voyons ce qu’on dit de lui :
Mais Machabée ayant invoqué le grand prince du monde, qui au temps de Josué renversa Jéricho sans béliers et sans machines, s’élança avec furie sur les remparts ; et ayant pris la ville par la volonté du Seigneur, il y fit un carnage indicible, de sorte que l’étang voisin, qui avait une largeur de deux stades, semblait couler du sang des morts. [...] Mais Dosithée et Sosipater, qui commandaient avec Machabée, tuèrent dix mille des hommes que Timothée avait laissés dans cette place. Cependant Machabée, ayant mis en ordre autour de lui six mille hommes et les ayant disposés par cohortes, marcha contre Timothée, qui avait avec lui cent vingt mille fantassins et deux mille cinq cents cavaliers. [...] Mais dès que la première cohorte de Judas eut paru, les ennemis furent frappés de terreur, par la présence de Dieu, qui voit tout; et ils furent mis en fuite les uns par les autres, de sorte qu’ils étaient plutôt renversés par les leurs et qu’ils périssaient par les coups de leurs propres épées. Judas les poursuivit avec vigueur, punissant ces profanes, et il tua trente mille des leurs. Quant à Timothée, il tomba entre les mains de Dosithée et de Sosipater, et il les conjura avec de grandes instances de le relâcher vivant, parce qu’il avait en son pouvoir les parents et les frères de beaucoup de Juifs, dont l’espérance serait trompée par sa mort. Et après qu’il se fut engagé à les leur rendre, suivant l’accord fait entre eux, ils le laissèrent aller sans lui faire aucun mal, en vue de sauver leurs frères. Judas retourna ensuite à Carnion, où il tua vingt-cinq mille hommes [Second Livre des Macchabées 12, 15–26.].
Nous constatons donc l’existence d’un important général proche de Judas Macchabée vers –160 qui pourrait très bien être le père du Simon, aïeul de Flavius Josèphe. Cette supposition, si elle est exacte, en appelle une autre qui sera importante pour les développements ultérieurs : l’armée de Judas Macchabée est commandée par des prêtres ; cette simple constatation doit être mise en rapport avec un important texte essénien trouvé à Qumran et intitulé La Règle de Guerre des Fils de Lumière contre les Fils de Ténèbres [Ce texte fait l’objet de controverses importantes quant à sa datation, certains le datent de l’époque des guerres macchabéennes et d’autres l’estiment postérieur à la prise de Jérusalem par Pompée ; d’autres encore y voient des similitudes avec les textes du Maître de Justice, ce qui le daterait des années –100, voire –90].
Maintenant examinons la suite de la généalogie de Flavius Josèphe. Comme nous avons vu les différences d’âge donnent l’impression qu’une voire deux générations ont été sautées. Voyons ce qui est probable : Matthias le Puissant (officiellement l’arrière-grand-père de Flavius Josèphe) naquit au début du règne d’Hyrcan donc vers –133 et le père de Flavius Josèphe naquit vers 5. Officiellement, le grand-père de Flavius Josèphe serait né en –67. Donc 138 ans, soit 4 générations avec 35 ans entre générations, soit 5 générations avec 27 ans entre elles, soit 6 générations avec 23 ans entre elles. Nous ne sommes malheureusement pas renseigné sur les âges auxquels se mariaient les prêtres à cette époque. On peut raisonnablement supposer entre 20 et 30 ans, l’aîné naissant assez rapidement après le mariage. 
Nous avons dit qu’un des ancêtres de Flavius Josèphe fut surnommé Théophilos. Or ce nom est justement le nom du père de deux grands-prêtres, Mathathias ben Théophilos, l’un exerçant vers –4 et l’autre qui fut grand-prêtre au début de la grande révolte. Certains ont pensé que le père de Flavius Josèphe aurait pu être le grand-prêtre Mathathias ben Théophilos, tant les affirmations de Flavius Josèphe sont ambiguës à ce propos. C’est l’avis de plusieurs historiens et c’est le nôtre aussi. D’abord, parce que cela permet de comprendre pourquoi Flavius Josèphe, jeune prêtre du Temple de Jérusalem, se trouvera « bombardé » commandant des troupes de Galilée avec plus de 50000 hommes sous ses ordres, alors qu’il n’a que 28 ans. Il est difficile d’attribuer cela au hasard ; il y avait de nombreuses personnes qui, à Jérusalem ou en Galilée, avaient certainement plus de compétences que Flavius Josèphe pour prendre un commandement si important. Et ensuite, Flavius Josèphe donne deux noms différents à ce grand-prêtre : il l’appelle Matthias ben Boëthos dans Les Guerres Juives et il l’appelle Matthias ben Théophile dans Les Antiquités Juives. Voyons d’abord ce qu’il dit dans Les Guerres Juives :
Ce qui est sûr, c’est que Simon ne fit pas mourir Matthias, auquel il avait dû la possession de la ville, sans lui infliger des tourments. Ce Matthias était fils de Boethos, d’une famille de grands-prêtres : il était de ceux en qui le peuple avait le plus de confiance et qu’il estimait le plus. Lorsque la multitude fut maltraitée par les zélateurs auxquels Jean s’était déjà joint. Matthias avait persuadé au peuple d’introduire dans la ville Simon pour la protéger ; il n’exigea de celui-ci aucune convention, ne s’attendant à rien de mal de sa part. Mais quand Simon fut entré et devenu le maître de la ville, il vit en Matthias un ennemi comme les autres et attribua le conseil qu’il avait donné en sa faveur à la simplicité de son esprit. Il le fit alors arrêter, accuser de sympathie pour les Romains, condamner à mort, avec trois de ses fils, sans lui laisser le droit de se défendre. Le quatrième fils, qui devança les poursuites, s’enfuit auprès de Titus [Flavius Josèphe ?] Comme Matthias suppliait qu’on le fît mourir avant ses enfants et sollicitait cette faveur pour prix de ce qu’il lui avait ouvert les portes de la ville, Simon ordonna de le tuer le dernier. Matthias fut donc égorgé après avoir vu massacrer ses fils ; on l’avait conduit en vue des Romains, suivant les instructions que Simon donna à Ananos, fils de Bagadata, le plus féroce de ses gardes ; il disait en plaisantant que peut-être Matthias recevrait ainsi des secours de ceux auprès desquels il avait le dessein de se rendre. Il défendit en outre d’ensevelir les cadavres. Après ces citoyens, on mit à mort le grand-prêtre Ananias, fils de Masbal, un des notables, Aristée, scribe du Conseil, natif d’Emmaüs, et en même temps quinze autres citoyens de distinction. On enferma et l’on garda en observation le père de Josèphe. Une proclamation défendit toute conversation, tout rassemblement, par peur de trahison ; ceux qui se lamentaient ensemble étaient mis à mort sans procès. [Guerre des Juifs V, xiii, 1.]
Et voyons maintenant ce qu’il dit dans Les Antiquités Juives :
Ayant enlevé le grand-pontificat à Jésus, fils de Gamaliel, il [Hérode Agrippa II] le donna à Matthias, fils de Théophile, sous lequel commença la guerre des Juifs contre les Romains [Les Antiquités Juives XIX, viii, 1].
Plusieurs choses doivent être observées sur ces deux courts textes. D’abord la mort du grand-prêtre est faite face aux Romains, on peut se demander pourquoi ? Peut-être pour humilier Flavius Josèphe si c’est bien son père. Notons encore le quasi-aveu « son quatrième fils, qui devança les poursuites, s’enfuit auprès de Titus » et si ce quatrième fils était Flavius Josèphe qui, lui aussi, était poursuivi par la haine de Simon. Certes pour donner le change, il dit qu’on enferma son père, qui ne sera plus mentionné ultérieurement. Les raisons pour lesquels Flavius Josèphe peut avoir dissimulé sa véritable filiation sont nombreuses. Son père a ouvert les portes aux zélotes, il a donc pris part à la révolte contre Rome, ce que Flavius Josèphe peut tenter de minimiser. Un certain orgueil qui le pousserait à vouloir qu’on reconnaisse l’accession au commandement des troupes de Galilée plus à ses mérites [lesquels] qu’à ses origines. 
Nous avons dit qu’il y a un deuxième grand-prêtre appelé Matthias ben Théophilos. Celui-ci fut en poste au moment où éclata l’affaire de l’Aigle d’or. Cette statue fut placée à l’entrée du Temple, il suscita une révolte importante, d’autant plus qu’Hérode était mourant, c’est alors qu’apparurent Judas, fils de Sariphaios, et Matthias, fils de Margalothos : 
Voyant sa violence et de peur que dans son exaspération, il [Hérode] ne les châtiât eux-mêmes, les notables juifs déclarèrent que ce n’était pas avec leur consentement qu’on avait agi et que certainement cet acte ne pouvait rester impuni. Hérode traita avec une douceur relative le reste, mais il déposa Matthias [ben Theophilos] le grand-pontife comme responsable en partie de ces événements et il le remplaça par Yoazar ben Boëthus, frère de sa femme. Sous le pontificat de ce Matthias il arriva qu’un autre grand pontife installé pour un seul jour, celui où les Juifs jeûnent. Voici pourquoi : Matthias, pendant qu’il exerçait ses fonctions, dans la nuit qui précédait le jour du jeûne, crut en rêve avoir commerce avec une femme [Ce rêve avait provoqué une pollutio nocturna, cette histoire semble connue par les Talmuds, on peut même se demander, si ce n’est pas par Flavius Josèphe que les Talmuds en ont connaissance], et comme, à cause de cela, il ne pouvait officier, on lui adjoignit comme coadjuteur Josèphe, fils d’Ellémos, son parent. Ainsi Hérode destitua Matthias du grand pontificat ; quant à l’autre Matthias, le promoteur de la sédition, et certains de ses compagnons, il les fit brûler vifs. Cette même nuit il y eut éclipse de lune [Les Antiquités Juives XVII, vi, 4.].
Malgré toutes les précautions oratoires qu’il prend, il paraît clair que ce premier Mathathias ben Théophilos a bien participé ou a encouragé une insurrection contre Hérode. Notons enfin qu’on peut se demander à quel nom hébreu pourrait correspondre le nom du père de ce Josèphe qui était fils d’Ellemos. Nous avons dit ci-dessus que l’on a confondu le sens hébreu du surnom d’un aïeul de Flavius Josèphe, el|lim qui signifie « bègue » et alam qui signifie « fort ». Or c’est deux mots sont très proches du mot Ellemos qui n’a pas de sens, voici un point de plus qui le rapproche de la famille de Flavius Josèphe. Dans cette logique, ce Joseph dut être le grand-père de Flavius Josèphe et Matthathias ben Theophilos son arrière grand-père. Comme le père de Flavius Josèphe est né en 6, son grand-père qui a remplacé son arrière grand-père devait être assez jeune, disons 25 ans, on pourrait donc admettre une naissance de ce Joseph vers – 30, quant à Mathathias ben Theophilos il faudrait déterminer le nom de son père. Il y a de fortes chances que ce soit Joseph. Voyons si on trouve un Joseph influent vers l’époque de Jannée. Et nous n’en trouvons pas, à moins de considérer que le nom Diogène, celui-là même du bourreau des pharisiens sous Alexandre Jannée est une version grecque de Joseph. Certains pensent et affirment, sans preuve, que ce Diogène était un soldat ; nous, nous affirmons que ce fut un prêtre, et certes pas sans preuves, mais parce que chez Flavius Josèphe, les hommes de marque sont toujours des prêtres. La tribu de Lévy forme une aristocratie sacerdotale, souvenons-nous de ce que l’on raconte d’eux dans l’Exode : 
Et Moïse se posta à la porte du camp et il dit : « Qui aime l’Éternel me suive ! » Et tous les Lévites se groupèrent autour de lui. Il leur dit : « Ainsi a parlé l’Éternel, Dieu d’Israël : “Que chacun de vous s’arme de son glaive ! passez, repassez d’une porte à l’autre dans le camp et immolez, au besoin, chacun son frère, son ami, son parent !” » Les enfants de Lévi se conformèrent à l’ordre de Moïse ; et il périt dans le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes. Moïse dit : « Consacrez-vous dès aujourd’hui à l’Éternel, parce que chacun l’a vengé sur son fils, sur son frère et que ce jour vous a mérité sa bénédiction. »
Ce Joseph Diogène doit plutôt être le fils de Mathathias « l’ami de Dieu » et serait donc né en –133 et mort en –76. Mathathias le Fort serait alors le petit-fils de Mathathias « l’ami de Dieu » et non le fils, il serait né vers –110. Il aurait eu un fils aussi appelé Joseph né vers –85. Ce serait ce Joseph le père de Mathathias le grand-prêtre, né vers –60. Joseph le Fort, le grand-père de Flavius Josèphe serait né vers –30. Nous avons une généalogie parfaitement cohérente dans laquelle on se rend compte que tous les ancêtres de Flavius Josèphe sont tous des prêtres guerriers et des ennemis des pharisiens.




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