vendredi 8 mai 2015

JÉSUS S’APPELAIT BANNOUS





JÉSUS S’APPELAIT BANNOUS


Les discussions entre les spécialistes du Nouveau Testament sont limitées à tenter de déterminer la date de composition de cet ensemble de textes. L’Évangile de Marcion fut publié vers 140–145 et la publication du Nouveau Testament lui étant parallèle, nous pouvons en conclure qu’ils furent composés avant ...140. Identifier la date de publication du Nouveau Testament en grec ne permet néanmoins pas de déterminer la date de rédaction des textes, d’autant plus que certaines parties sont vraisemblablement des traductions de l’hébreu ou de l’araméen, alors que d’autres furent rédigées directement en grec [Signalons que le fragment de l’Évangile de Jean (P52 à la John Rylands Library Papyrus) que l’on présente comme datant de 125, est en réalité un fragment dont la datation au carbone 14 indique que le papyrus fut fabriqué ...entre 125 et 200, ce qui très différent ; et mettons même que ce papyrus aurait été fabriqué en 125–130, il peut avoir été utilisé en 145–150, date de publication du Nouveau Testament.] Le débat entre les traditionalistes [Rédaction telle quelle nous est parvenue et en grec vers 40–60], les modérés [Rédaction en grec vers 90–100 et araméen vers 60] et les critiques [Rédaction en grec vers 130–140 et araméen vers 100–120] stagne, chaque partie campe sur ses positions et personne ne parvient à emporter l’unanimité faute de preuves suffisantes.
Qu’est-ce qu’un faux ? Un faux est un texte qui fut composé sur base d’autres textes, mais en changeant les noms et des aspects mineurs du cadre narratif (lieu, date, etc.) Et nous affirmons que les évangiles sont des faux, car ils mélangent :

1. la vie d’un personnage bien réel, qui s’appelait Bannous, ou plus probablement Bannous [Bannous (grec ϐαννοῦς), que nous corrigeons, avec d’autres, comme Shaye Cohen, en Bannaios (grec ϐανναῖος), dont le nom est attesté chez les Grecs d’Égypte et dans quelques papyrus, comme le papyrus P. Lond. 7 1960, par exemple] (forme araméen probable בניא bnya, pron. Bannayâ ou אבניא banya, pron. Bânnayâ), qui fut un disciple de Jean le Baptiste et le maître de Flavius Josèphe, ce dernier étant l’auteur à qui il faut attribuer cette Vie de Bannous (qui fut peut-être un document privé, ayant pu exister en plusieurs versions), notons encore que son nom ne paraît pas hébreu, ce qui pourrait indiquer qu’il s’agit d’un prosélyte ou converti au judaïsme aux origines égyptiennes ou iduméennes ;

2. des paroles et des paraboles esséniennes qui proviennent d’un gnomon, peut-être composé par Bannous ;
3. des allégories relatives à la manifestation du dieu intérieur ou Logos de Dieu et des sentences hermético-philoniennes ;
4. une mise en accusation du sanhédrin de Yavné, dans laquelle les pharisiens sont implicitement accusés d’être responsables d’avoir détruit le Temple ;
5. des interpolations prises à la vie de Simon le Magicien ou à d’autres pseudomessies afin d’affirmer la supériorité de Jésus sur ceux-ci ;
6. des interpolations littéraires de provenances diverses (dont Pétrone et d’autres);
7. des remaniements mineurs en vue de faire de ces textes hétéroclites, une Vie de Jésus cohérente, qui plus est, en quatre parties.
Affirmer n’est pas prouver, mais les preuves existent dans le Nouveau Testament comme nous allons le montrer.

Qui est Bannous ?

Nous savons très peu de choses sur Bannous, et le peu que nous en savons provient de Flavius Josèphe, qui dit dans son Autobiographie :
Environ mes seize ans, je voulus faire l’expérience des diverses tendances qui existent chez nous. Il y en a trois : la première, celle des Pharisiens, la seconde, celle des Sadducéens, la troisième, celle des Esséniens ; j’en ai déjà parlé plusieurs fois. Dans ma pensée, apprendre ainsi à les connaître toutes à fond me permettrait de choisir la meilleure. Au prix d’une austère application, et d’un labeur considérable, je passai par toutes les trois. Jugeant même insuffisante l’expérience que j’en avais tirée, quand j’entendis parler d’un certain Bannous qui vivait au désert, se contentait pour vêtement de ce que lui fournissait les arbres, et pour nourriture, de ce que la terre produit spontanément, et usait de fréquentes ablutions d’eau froide de jour et de nuit, par souci de pureté, je me fis son disciple. Après trois années passées près de lui, ayant accompli ce que je désirais, je revins dans ma cité. Âgé alors de dix-neuf ans, je commençai à me conduire en suivant les principes de l’école des pharisiens, qui présente des ressemblances avec ce que les Grecs appellent l’école du Portique. [Flavius Josèphe. Autobiographie (10–12). Traduit en français par d’André Pelletier, s.j. Paris, Les Belles Lettres, 2011.]
Premier point, notons que Bannous ressemble assez à un disciple de Jean le Baptiste, tel qu’il est décrit dans les évangiles et comme cela fut plusieurs fois noté.
Jean le Baptiste qui est aussi mentionné par Flavius Josèphe, dans le Livre XVIII–v­–2 des Antiquités Juives : 
Or, il y avait des Juifs pour penser que, si l’armée d’Hérode avait péri [défaite par Aretas IV de Petra], c’était par la volonté divine et en juste vengeance de Jean surnommé Baptiste. En effet, Hérode l’avait fait tuer, quoique ce fût un homme de bien et qu’il excitât les Juifs à pratiquer la vertu, à être justes les uns envers les autres et pieux envers Dieu pour recevoir le baptême ; car c’est à cette condition que Dieu considérerait le baptême comme agréable, s’il servait non pour se faire pardonner certaines fautes, mais pour purifier le corps, après qu’on eût préalablement purifié l’âme par la justice. Des gens s’étaient rassemblés autour de lui, car ils étaient très exaltés en l’entendant parler. Hérode craignait qu’une telle faculté de persuader ne suscitât une révolte, la foule semblant prête à suivre en tout les conseils de cet homme. Il aima donc mieux s’emparer de lui avant que quelque trouble se fût produit à son sujet, que d’avoir à se repentir plus tard, si un mouvement avait lieu, de s’être exposé à des périls. À cause de ces soupçons d’Hérode, Jean fut envoyé à Machæro, la forteresse dont nous avons parlé plus haut, et y fut tué. Les Juifs crurent que c’était pour le venger qu’une catastrophe s’était abattue sur l’armée, Dieu voulant ainsi punir Hérode. [Œuvres Complètes traduites sous la direction de Théodore Reinach, Tome IV. Paris, Leroux, 1904.]
L’exécution de Jean le Baptiste dut avoir lieu au printemps 36, après la répudiation de Phasælis par Hérode Antipas et l’installation de sa sœur Hérodiade comme quasi-épouse. [Phæsalis étant la fille du roi Aretas IV de Petra et les différents territoriaux entre Hérode et les Nabatéens étant nombreux, ces derniers partiront assez rapidement en guerre contre lui.]
C’est évidemment maigre comme information, et les choses seraient demeurées ainsi, si nous n’avions découvert que le nom de Bannous était crypté dans un verset du Nouveau Testament.

Un verset clé !

Nous citons pour mémoire le débat entre les araménisants et les hellénistes, les premiers prétendent que l’évangile a été rédigé en araméen et traduit en grec et les seconds qu’il a été rédigé directement en grec. Les uns et les autres apportent leurs arguments également convaincants. Les premiers affirment que certains passages, lorsqu’ils sont rétroversés en araméen apportent des informations complémentaires non dénuées d’intérêt, voire des jeux de mots, les seconds montrent que certains passages ont des assonances grecques qui rendent impossible une traduction. Les uns et les autres ont, pour nous, le tort de vouloir donner une portée universelle à l’une des deux hypothèses : les textes que les rédacteurs utilisèrent furent pour certains des traductions de l’araméen et pour d’autres des compositions en grec, toute thèse qui estimerait que l’ensemble serait soit une traduction soit une composition originale doit être considérée comme fausse.
Certains versets sont incompréhensibles, parmi ceux-ci, le verset suivant qui existe en Matthieu 3, 8–9 et en Luc 3, 8 : 
Ποιήσατε οὖν καρπὸν ἄξιον τῆς μετανοίας· καὶ μὴ δόξητε λέγειν ἐν ἑαυτοῖς, Πατέρα ἔχομεν τὸν Ἀβραάμ· λέγω γὰρ ὑμῖν, ὅτι δύναται ὁ θεὸς ἐκ τῶν λίθων τούτων ἐγεῖραι τέκνα τῷ Ἀβραάμ. (Matthieu 3, 8–9) 
Ποιήσατε οὖν καρποὺς ἀξίους τῆς μετανοίας· καὶ μὴ ἄρξησθε λέγειν ἐν ἑαυτοῖς, Πατέρα ἔχομεν τὸν Ἀβραάμ· λέγω γὰρ ὑμῖν ὅτι δύναται ὁ θεὸς ἐκ τῶν λίθων τούτων ἐγεῖραι τέκνα τῷ Ἀβραάμ. (Luc 3, 8)
Les deux passages sont identiques seuls le mot δόξητε change et est remplacé par ἄρξησθε dans Luc, le mot fruit est au singulier chez Matthieu et au pluriel chez Luc, la traduction est donc :
Produisez donc (un/des) fruit(s) digne(s) de la conversion, et ne (vous avisez/commencez) pas à dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père !” Car je vous déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des fils à Abraham. 
Ce passage ne veut évidemment rien dire. Pourquoi, Dieu susciterait des enfants à Abraham à partir de pierres ? Certes Dieu peut tout, mais nous ne pensons pas qu’il s’agisse de la bonne explication. Un spécialiste des origines araméennes des Évangiles, le Frère Bernard-Marie [Fr. Bernard-Marie : La langue de Jésus — l’araméen dans le Nouveau Testament. Paris, Pierre Téqui éditeur, 1996] a remarqué un possible jeu de mots par assonance dans l’araméen, puisque le mot « pierre » se dit abnayyâ en araméen et abanîm en hébreu, et « enfants » se dit benayyâ en araméen et banîm en hébreu.
La rétroversion vers l’araméen ouvre d’autres perspectives qui sont passées inaperçues du savant franciscain, car même si le jeu de mots est bien présent, une autre explication peut apparaître. En effet, le mot abnayyâ (araméen אבניא abnya) est proche de la forme araméenne la plus vraisemblable du nom de Bannous (בניא Bannayâ ou באניא Bânnayâ). On sait qu’en araméen, le aleph n’est pas systématiquement écrit, sans compter que son omission peut être une faute de copiste, on peut donc aisément comprendre l’erreur d’un traducteur qui, confronté au mot bannayâ aura pensé à une faute ou abréviation de âbnayyâ et aurait traduit ce mot en « pierres », sans trop comprendre ou s’interroger sur le sens de sa traduction, d’autant plus que le nom de Bannous/Bannayâ pouvait lui être inconnu.
Nous avons signalé que Bannous pouvait être un converti au judaïsme, c’est-à-dire un de ceux que l’on appelle « prosélyte » (hébr. gèr), et c’est dans ce cas que la phrase prend tout son sens. Reprenons le texte de l’Évangile :
Produisez donc des fruits dignes de la conversion, et ne vous avisez pas à dire en vous-mêmes : “Nous avons Abraham pour père !” Car je vous déclare que de Bannous, Dieu peut susciter des fils à Abraham.
Le sens exact de la partie finale étant le suivant : « Car je vous déclare que la descendance que Dieu suscitera à Bannous seront comme autant de Fils d’Abraham ». La phrase ne pose plus de problèmes, Jean le Baptiste dispute avec des Juifs qui pensent que seuls les descendants d’Abraham sont juifs et Jean leur rétorque que la descendance du prosélyte est juive comme n’importe quel Juif ; c’est d’ailleurs la position officielle de la Synagogue.
Bannous est phonétiquement proche l’araméen abnayyâ « pierre » et de l’hébreu ben, « fils ». En grec, le mot « pierre » se dit λίϑος, et les mots « fils, enfant », peuvent être rendus par trois mots υἱός, τέκνον et παῖς. Nous avons examiné si d’autres passages des Évangiles utilisant ces quatre mots grecs pourraient dissimuler le nom de Bannous, mais nous n’avons hélas rien trouvé de concluant. À moins de considérer que l’expression le « Fils de l’homme » (ben_’adam בן־אדם ou ben_ha’adam בן־האדם) est une mauvaise traduction de Bannous l’iduméen ou Bannous d’Edôm (Bannayâ ’èdôm בניא אדום ou Bannayâ ha’èdôm בניא־האדום).
Maintenant une dernière question, comment Bannous est-il arrivé dans le Nouveau Testament ? Nous pensons que Flavius Josèphe, ayant mentionné son maître dans son Autobiographie, des amis ou des disciples auraient pu lui demander d’en composer une biographie, ce qu’il se sera empressé de faire, Bannous n’est-il pas son maître vénéré comme Jean le Baptiste était le maître vénéré de Bannous. Ce texte serait d’ailleurs à la base des sources néotestamentaires sur Jean le Baptiste.

Qui est Flavius Josèphe ?

Flavius Josèphe naquit en 38 et est issu d’une grande famille sacerdotale, son ascendance qu’il décrit dans son Autobiographie présente un saut de deux générations, nous pensons qu’il est le probable arrière petit-fils du grand-prêtre Mathathias ben Theophilios (hébr. מתתיהו בן תיאופילוס ), qui fut démis pour avoir tenté une révolte en –4. Quant à Mathathias ben Theophilios II, le grand-prêtre en exercice alors que commencera la grande révolte juive, il semble plutôt se rattacher aux Hanan, sans qu’on sache déterminer le lien exact avec eux, mais pourrait être l’oncle de Flavius Josèphe, plutôt que le père comme on l’a parfois pensé.
Il rencontrera Bannous vers 16 ans et il le fréquentera jusqu’à 19 ans, donc jusqu’aux années 57–58. Ensuite, il poursuivra une carrière importante. Vers 63–64, il sera ainsi envoyé en mission diplomatique auprès de l’impératrice Poppée pour obtenir l’élargissement de plusieurs prêtres emprisonnés sur ordre du procurateur de Judée, Antonius Felix, ce dont il s’acquittera avec succès. Dès le début de la guerre, il prend le parti de la révolte, et devient gouverneur militaire de Galilée. Certes, il devait avoir des qualités reconnues, mais la nomination à un tel poste pourrait laisser supposer qu’il le doit aussi à sa famille. Il décrira les longues rivalités qu’il eut avec les autres responsables zélotes de Galilée qui le soupçonnent de jouer double-jeu. 
En fait, la rivalité entre les zélotes et les sicaires est à son comble, Menahem le Sicaire vient de prendre Jérusalem et tente de s’y faire reconnaître comme messie, en tout cas on l’en soupçonne fortement. Menahem sera assassiné par un des chefs zélotes, le capitaine du Temple, Éléazar ben Hananiah. Accordons-lui que Menahem et ses sicaires ont massacré son père et plusieurs anciens grands-prêtres. La mort de Menahem met pour Flavius Josèphe un terme à la guerre, il a compris que battre Rome si les Juifs sont unis sera difficile, mais possible, ce sera par contre impossible, s’ils sont désunis et si les factions sont en guerre les unes contre les autres. Si on veut mesurer la haine que chaque partie se vouait, il suffit de se souvenir qu’à Jérusalem, ils iront jusqu’à incendier un entrepôt contenant des réserves de nourriture, afin qu’un autre clan ne puisse se prévaloir de nourrir la population de la ville assiégée, et cela n’aura comme résultat que de provoquer une famine qui fera mourir de faim ses habitants. Il va faire le choix de se rendre au général qui commande les forces romaines en Judée, Vespasien. Il se présente à lui, s’agenouille, et affirme au général que bientôt il sera couronné empereur : Vespasien décide de l’épargner. Il tentera de convaincre les Hiérosolymitains de se rendre à Titus et d’arrêter la guerre, et assistera impuissant à la destruction du Temple. 
Souvent présenté comme un traître, mais un traître à quoi ? À sa patrie ? Si sa patrie l’avait écouté, le Temple de Dieu serait encore debout et les sacrifices s’y pratiqueraient encore chaque jour. Sa patrie est aux mains des zélotes qui ont probablement assassiné son père. Nous pensons que Flavius Josèphe a dû évoluer, peut-être qu’en se rendant à Rome auprès de l’impératrice Poppée, il a pris conscience de l’invincibilité romaine. 
La guerre judéo-romaine se soldera par un désastre pour le judaïsme tout entier : le Temple est détruit et partout dans l’Empire romain, on assiste aux massacres des Juifs, les Juifs en diaspora paient le prix fort de la révolte judéenne. Leurs voisins qu’ils saluaient chaque jour viennent pour les tuer et leur prendre leurs biens ; les Juifs n’étaient pas particulièrement aimés, la révolte ne fera qu’empirer cette situation.
Flavius Josèphe se doit d’abord au Temple et à son enseignement spirituel secret, l’essénisme. Il profitera de sa position pour tenter de convaincre Titus d’épargner le Temple, ce à quoi il consentira. Nous nous demandons même si l’incendie du Temple est bien dû comme il le prétend au geste accidentel d’un soldat romain. Peut-être que Flavius Josèphe ne peut avouer un terrible secret sans embarrasser ses protecteurs, le Temple a peut-être été détruit par les zélotes eux-mêmes pour qu’il ne puisse pas être profané par les Romains. Il faut savoir que derrière la guerre judéo-romaine, se déroule une autre guerre dans le monde feutré du sénat romain, c’est la guerre des païens et des judaïsants, or le camp des païens faisait tout pour se débarrasser de ces convertis au judaïsme, il est clair que dire trop ouvertement que Titus n’a pas détruit le Temple aurait été très délicat pour cet empereur que ses contemporains soupçonnaient de s’être converti secrètement au judaïsme sous l’influence de la princesse Bérénice de Judée, de son secrétaire, Flavius Josèphe lui-même et de son préfet du prétoire, Tibère Alexandre [D’ailleurs, la destruction complète du Temple reste incertaine et objet de discussion entre spécialistes, certains se demandant si un culte limité n’a pas pu continuer jusqu’en 135].
Joseph ben Mathathias haQohen (hébr. יוסף בן מתתיהו הכהן) sera affranchi par Vespasien et deviendra Titus Flavius Iosephus, nom sous lequel il passera à la postérité. Il sera aussi fait citoyen romain et recevra de l’empereur un palais à Rome et une pension. Il écrira énormément et ses livres seront lus de l’Antiquité à nos jours. Il s’éteindra entre 96 et 100, sans que l’on puisse être plus précis.
L’œuvre de Flavius Josèphe fut copiée par les chrétiens, car les exécutions de Jésus et de Jacques le Juste s’y trouvaient mentionnées, cela faisait de son œuvre une preuve importante dans l’apologétique chrétienne, néanmoins l’authenticité de ces mentions fait débat, car le patriarche Photios [(820–897), patriarche de Constantinople et auteur d’une Bibliothèque, qui comporte de nombreux résumés d’ouvrages dont certains sont aujourd’hui disparus] dit dans sa notice sur Juste de Tibériade (notice 33) : 
De même que tous les autres écrivains Juifs [ce qui inclut forcément Flavius Josèphe], il [Juste de Tibériade] n’a fait aucune mention de la venue du Christ, des choses qui lui sont arrivées, de ses miracles.
Les mentions de Jésus et de Jacques, telles que nous les connaissons seraient alors des interpolations tardives, puisque Photios ne les lisait pas dans les manuscrits qu’il avait à sa disposition. Mais nous ne pensons pas que la mention relative à Jésus soit une invention d’un copiste chrétien, mais plutôt d’un copiste juif ou païen qui se moque du christianisme. En effet le Testimonium Flavianum (Antiquités Juives, XVIII, III, 3) se trouve casé entre différentes escroqueries et vols. Ainsi en III, 2, Flavius Josèphe suggère que Pilate avait détourné le trésor du Temple, officiellement pour amener de l’eau à Jérusalem et en III, 4, il décrit les aventures d’une malheureuse jeune fille qui vouait une grande dévotion à Anubis, et dont le soupirant, grâce à la complicité des prêtres de ce dieu, put se faire passer pour le dieu en question et obtenir un rapport sexuel de cette crédule jeune fille. En III, 5, il s’agit d’un détournement financier auquel se livrèrent quelques Juifs de Rome, qui prétendaient envoyer des offrandes au Temple de Jérusalem et qui semblent avoir préféré les garder pour eux-mêmes, ce qui valut aux Juifs de Rome d’être expulsés par l’empereur Tibère. D’après d’autres sources, l’expulsion des Juifs de Rome fut décidée parce que des Juifs messianisants y firent éclater des troubles et des émeutes. Ces deux explications ne sont probablement que très partiellement exactes. On sait que depuis la venue du roi Hérode Agrippa Ier à Alexandrie, les Juifs furent accusés d’infidélité envers l’empereur de Rome (ce que Flavius Josèphe peut chercher à minimiser pour ses lecteurs), et qu’à cause de cela, ils subirent des persécutions dont l’ampleur est difficile à déterminer.

Le problème de Pierre

Bannayâ est phonétiquement proche de l’araméen abnayyâ, « ces pierres », or étrangement un des apôtres de Jésus est surnommé Kephas, d’après l’araméen Kefâ (araméen כיפא, hébreu כף), ce qui signifie aussi « pierre ». Nous nous retrouvons avec deux Pierre, l’un disciple de Jésus l’autre disciple de Jean le Baptiste.
On sait que Flavius Josèphe écrivait en araméen et faisait traduire en grec, il est probable que d’autres traducteurs ont pu avoir des problèmes avec Bannayâ (forme araméenne probable de Bannous), qu’ils confondirent avec une pierre ou avec Pierre. De plus, la parole que nous lisons en Matthieu 16, 18, ne devrait-elle pas plus logiquement être destinée à Bannous : 
Et moi aussi, je te dis que tu es Bannayâ et sur cette pierre (abnayyâ), je bâtirai mon église...
Ce jeu de mots sur la similitude entre le nom Bannous et le mot araméen pour pierre est bien plus crédible qu’un vague surnom attribué après coup. 
Il est précisé que Pierre reçut cet honneur, à cause de son Kérygme ou Proclamation, savoir que Jésus est le Fils de Dieu et le Christ. Or, les Homélies et Reconnaissances Clémentines contiennent des extraits du Kérygme de Pierre montrant que ce texte a existé et qu’il offrait des révélations sur le vrai prophète, le rôle d’Adam, les fausses péricopes et même sur la Forme de Dieu. Ce texte donne une tout autre vision de l’enseignement original du christianisme et est conforme à ce que nous savons de l’essénisme. Ce livre est en plus en rapport avec Flavius Josèphe puisque Pierre s’y oppose à l’antisémite Apion auquel Flavius Josèphe consacra son Contre Apion. Notons encore que Bannous peut réellement avoir disputé avec Apion, puisque ce dernier est décédé vers 50, et que pour différentes raisons, nous pensons que Bannous a séjourné à Alexandrie entre 38 et 55.
Lorsque les évangiles évoquent les origines de Pierre, Matthieu et Marc disent la même chose, Luc donne des précisions, mais qui contredisent légèrement les versions de Matthieu et de Marc, alors que Jean a une histoire radicalement différente. Pour Matthieu (4, 18–20) et Marc (1, 16–18), Pierre est un pêcheur qui rencontre Jésus, et Jésus l’appelle et il le suit ; pour Luc (5, 1–9), c’est aussi un pêcheur et il l’envoie faire une pêche alors qu’il n’avait encore rien pris, et il prendra une quantité énorme de poissons, ce qui le poussera à suivre Jésus, le passage de Luc ressemble fort à une explication de Matthieu et de Marc. Mais Jean donne une toute autre version (1, 35–42), il dit que c’est Jean le Baptiste qui aurait affirmé à deux disciples que Jésus était le messie, et que l’un des deux disciples serait André, le frère de Pierre. André aurait annoncé la nouvelle à Pierre qui serait alors parti pour suivre Jésus. Les synoptiques font suivre cet épisode par l’appel de Jacques et Jean, les fils de Zébédée, alors que Jean fait suivre l’appel de Pierre, par l’appel d’autres apôtres Philippe et Nathanaël. 
Visiblement les rédacteurs du Nouveau Testament ont un problème avec Pierre, ils essaient tant bien que mal de lui trouver une origine, ainsi que les raisons de son surnom, et qu’il existe deux termes araméens pour le mot « pierre » dut les arranger, c’est ainsi qu’ils utilisèrent la forme Kephas pour effacer toute trace de Bannous dans les évangiles.

Bannous est-il Jésus ?

Nous estimons qu’il existe plusieurs passages des évangiles qui justifieraient que l’on identifie Bannous à Jésus. C’est ainsi qu’en Marc 3, 20–21 et 3, 31–35, il existe deux passages relatifs à la famille de Jésus : 
Ils se rendirent à la maison, et la foule s’assembla de nouveau, en sorte qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas. Les parents de Jésus, ayant appris ce qui se passait, vinrent pour se saisir de lui ; car ils disaient : «Il est hors de sens.» [interlude sur un exorcisme, aux versets 22–30] Survinrent sa mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l’envoyèrent appeler. La foule était assise autour de lui, et on lui dit : « Voici, ta mère et tes frères sont dehors et te demandent. » Et il répondit : «Qui est ma mère, et qui sont mes frères?» Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui : «Voici», dit-il, «ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère.»
Ces passages sont étranges et assez inexplicables. Comment la famille de Jésus peut-elle considérer que Jésus est « hors de sens » ? Certainement pas pour les exorcismes qu’il pratiquait, il y a deux mille ans l’exorcisme était une profession noble et très considérée : un tel personnage aurait été un honneur dans sa famille. De plus, il faut déduire de l’évangile, que son père et sa mère sont de mauvais Juifs, qui suivraient la Torah avec beaucoup de relâchement. Si par contre, on considère que Bannous est Jésus et que Bannous est un prosélyte ou un converti au judaïsme, les péricopes prennent un tout autre sens : sa famille considère qu’il est « hors de sens », parce qu’ils comprennent qu’il va se convertir au judaïsme. Et sa réponse est glaciale : maintenant il est juif, et sa famille, ce sont les Juifs, sa parenté par l’esprit, et sa famille par le sang n’est plus sa famille parce qu’elle est demeurée dans l’idolâtrie.
Cette explication permet d’identifier clairement Jésus à Bannous.

Les mensonges de Flavius Josèphe : les esséniens & les sicaires

Flavius Josèphe nous dit qu’il existait quatre écoles philosophiques dans le judaïsme : les sadducéens, les pharisiens, les esséniens et les sicaires-zélotes.  Il nous dit encore dans le passage déjà cité de son Autobiographie qu’il fut un pharisien.
Nous avons néanmoins quelques doutes à ce sujet. En effet, dans les Antiquités, Livre XIII, 16 et dans la Guerre, Livre I, 5, il raconte que lorsque Salomé Alexandra succéda à son mari, Alexandre Jannée, elle suivit les pharisiens qui abusèrent de leur autorité, mettant à mort qui ils voulaient, et tentant de s’accaparer le pouvoir, ils sont donc de simples opportunistes qui passent pour les plus pieux. Flavius Josèphe parle non sans humour des prédictions infaillibles des pharisiens (Antiquités, XVII, 2), car il dit que « la fréquentation de Dieu leur conférait le don de prophétie », et donc ils prédisent à Phéroras, frère d’Hérode, que Dieu va déposséder Hérode à son profit, ce qui n’arrivera pas bien entendu ; les pharisiens avaient dans le même passage aussi prédit à un eunuque qu’il aurait ainsi une descendance légitime (on ne sait trop comment ?), et au lieu de cela, il fut exécuté par Hérode. Il les présente encore ailleurs comme des gens, certes « capables de tenir tête aux rois (ce n’est pas un compliment), prévoyants et s’enhardissant ouvertement à les [les rois] combattre et à leur nuire (ce n’est pas non plus un compliment) », il montre que les pharisiens n’acceptent aucune autorité, autrement dit ce que les Romains détestent le plus. Ses paroles visent systématiquement à ridiculiser les pharisiens. 
Les sicaires et les zélotes sont présentés comme étant des pharisiens. Si pour les zélotes, il est certain que ce furent des pharisiens extrémistes, il est tout aussi certain que le mouvement zélote commença peu avant la révolte de 66. Mais alors qui sont les sicaires ? Les sicaires sont ceux qui commencèrent la révolte en –47, lorsqu’Ezéchias le Galiléen prit les entrepôts de Sephoris, la capitale de la Galilée. Pourchassé par Hérode, il fut finalement capturé et exécuté. Son fils, Judas le Galiléen commença la lutte en 5, en s’opposant au grand recensement. Ses fils, Simon et Jacob furent exécutés par Tibère Alexandre vers 45. 
Deux événements marquent le début de la révolte contre Rome : le refus par un certain nombre de prêtres de procéder aux sacrifices en faveur de l’empereur, ce sont eux les premiers zélotes ; et la prise de la forteresse de Masada par Menahem, le dernier fils de Judah le Galiléen. Menahem entrera ensuite à Jérusalem et tuera plusieurs grands-prêtres. Menahem sera finalement défait et tué par les zélotes aux ordres d’Éléazar, le capitaine du Temple. Le dernier membre illustre de cette famille, Éléazar ben Yaïr sera le chef de Masada et c’est lui qui ordonnera le suicide collectif de sa garnison, avant qu’elle ne tombe aux mains des Romains en 74.
Or, il est impossible que les sicaires soient des pharisiens. On a retrouvé à Masada de nombreux fragments de manuscrits, et les textes sont similaires à ceux de Qumran attribués aux esséniens. Plus compliqué encore, on se demande même si les esséniens ont existé, puisque les halakah (décisions juridiques) esséniennes sont similaires aux halakah sadducéennes. 
Pourtant Flavius Josèphe nous dit qu’il existe quatre écoles, et que les esséniens sont des pacifistes.
Eh bien non, nous sommes en pleine propagande.
D’abord qui sont les pharisiens et les sadducéens ? D’après Flavius Josèphe, les pharisiens sont ceux qui dirigent le Sanhédrin ; les sadducéens semblent diriger le Temple. Nous arrivons peut-être au nœud du problème. Les sadducéens, c’est avant tout le parti des prêtres, et les pharisiens le parti des laïcs. Dans l’antique Israël, le sacerdoce était chargé du Temple autant que de l’enseignement et cette situation a perduré jusqu’à probablement Shiméon le Juste, qui pourrait avoir institué des laïcs pour l’enseignement, les futurs rabbins. Le Sanhédrin, c’est à la base des laïcs, des Juifs non qohanîm qui doivent enseigner le judaïsme. Nous ignorons ce qui poussa ce grand-prêtre à s’ouvrir aux laïcs, mais peut-être que les prêtres n’étaient pas assez nombreux pour assumer les fonctions sacerdotales pour une population qui ne cessait de grandir. Rappelons que les prêtres juifs sont exclusivement des descendants d’Aaron, et que trop peu nombreux, ils durent progressivement se faire aider par des laïcs. 
Nous en venons à la révolte des Maccabées. L’hellénisation a corrompu le sacerdoce, la charge de grand-prêtre s’achète, il est probable que les charges de prêtres aussi. On verra des grands-prêtres prêts à céder le trésor du Temple aux Séleucides contre des avantages et leur protection pour leurs larcins. Les Maccabées, à leur début, vont restaurer une prêtrise exemplaire, on peut légitimement penser qu’ils vont favoriser l’émergence des prépharisiens et finalement se brouiller avec eux.
Les textes de Qumran reviennent fréquemment sur ceux qui outrepassent les frontières, cela peut s’entendre d’un roi juif qui voudrait conquérir un territoire qui n’est pas inclus dans ceux que Dieu autorisa aux douze tribus, mais cela peut aussi s’entendre plus subtilement, de ceux qui outrepassent leurs limites. Mais quelles limites furent outrepassées ? 
Siméon le Juste a institué le Sanhédrin pour prendre les décisions légales qui concernent le peuple juif. Mais est-ce que le Sanhédrin pouvait décider aussi de la rituélie à employer au Temple ? Ceux qui répondirent par l’affirmative furent les premiers pharisiens et ceux qui répondirent par la négative furent les premiers sadducéens. C’est le passage d’une piété essentiellement axée sur le culte sacrificiel à une piété essentiellement axée sur le culte intérieur. La rivalité des sadducéens et des pharisiens n’est jamais que la bonne vieille rivalité de la classe dominante affaiblie qui a octroyé des privilèges à leurs seconds et de ces seconds qui deviennent la classe montante et qui finissent par dominer ; au XVIIIe siècle, on aurait parlé de l’aristocratie et de la bourgeoisie. On peut enfin penser que les sadducéens voulaient conserver des usages qui étaient logiques aux époques très anciennes, quand très peu d’israélites savaient lire et écrire, mais intenables alors que l’éducation avait permis à une large partie de la population juive de savoir lire, voire écrire, celle-ci étant certainement la plus alphabétisée du monde de l’époque.
La question qui se pose derrière la dispute des pharisiens et des sadducéens est certainement la place de savoir si des règles originellement destinées au sacerdoce doivent être suivies par tous les Juifs ou non. On dit, par exemple, que les sadducéens ne considèrent pas le port des tefillin comme obligatoire. Or si notre hypothèse est juste, la question telle que nous la connaissons n’est pas complète, la vraie question serait alors : est-ce que le port des tefillin est obligatoire pour tous les Juifs ou seulement pour les qohanim (prêtres) et pour les lévites ? Les pharisiens disent pour tous les Juifs, les sadducéens pour les qohanim et les lévites seulement. Idem en ce qui concerne la kippa portée d’office par les qohanim en leurs offices.
Nous avons donc deux partis : les pharisiens et les sadducéens qui ne s’entendent pas dans l’universalisation des règles sacerdotales, en outre le premier parti veut imposer sa halakah aux seconds, autrement dit franchir la frontière.
Qui sont les esséniens alors ? N’allons pas dire qu’ils n’ont pas existé, les manuscrits de Qumran sont bien réels et multiplier les écoles philosophiques à l’infini n’est pas possible. Le peu que nous savons d’eux doit être interprété, et c’est loin d’être facile. D’abord, ils sont probablement les représentants de la Gnose juive, mais d’une gnose juive composées exclusivement de prêtres et éventuellement de lévites, voulant réformer le calendrier, mais il s’agit originellement d’une école sans nom, eux sont juste des prêtres. Ils ont tenté d’imposer des réformes à une époque indéterminée probablement entre –400 et –200, c’est à cette époque que furent composés Le Livre d’Henoch et Le Livre des Jubilés, mais nous pensons qu’ils sont restés des officiants du Temple. Nous pensons que les premiers Maccabées firent partie de leur ordre. Excluons d’avance une hypothèse, celle qui voudrait que l’essénisme ancien fût fondé par des prêtres chassés par Jonathan Maccabée ; ces prêtres furent chassés pour leur collaboration avec le culte idolâtrique que tenta d’imposer Antiochus Épiphane dans le Temple de Jérusalem, rien dans les manuscrits de Qumran ne montre une quelconque accointance avec les cultes de Ba’al et de Zeus, que du contraire. Ces prêtres exilés allèrent plus probablement en Égypte au Temple de Léontopolis ou servir divers Temples païens hors de Judée, ou se rallièrent aux Samaritains. Les auteurs et les lecteurs des manuscrits de Qumran sont des ultras du judaïsme et pas des Juifs hellénisés. Ils se séparèrent du Temple quand la halakah pharisienne commença à être imposée, c’est-à-dire au début du règne d’Alexandre Jannée, mais plus particulièrement à l’époque de Salomé Alexandra quand les pharisiens du Sanhédrin acquirent tous les pouvoirs, c’est probablement à cette époque que surgira le Maître de Justice, dont l’identité nous demeure inconnue, même si nous soupçonnons fortement celui-ci d’être le quatrième fils de Jean Hyrcan [L’origine du second nom n’est pas élucidé, peut-être que sa mère appartenait à la puissante famille des tobiades ou peut-être que sa mère serait une fille du Hyrcan ben Tobiah, mentionné dans le Second Livre des Maccabées (3, 11)], qui fut emprisonné et exécuté par son frère Alexandre Jannée. 
On sait en effet que la succession d’Hyrcan fut une catastrophe. Il aurait donné l’ensemble des ses biens à son épouse, or ce genre de testament ne se fait que si on souhaite qu’un fils bien particulier hérite de tout, mais qu’il est encore trop jeune et qu’on veut priver ses autres enfants Aristobule, Antigone et Alexandre Jannée de leur héritage. Aristobule se proclamera grand-prêtre et, en s’appuyant sur l’armée commandée par Antigone, fera jeter en prison « ses » trois derniers frères, ainsi que « sa » mère, qui n’était, peut-être, que sa belle-mère. Elle sera affamée par « son » fils Antigone qui récupérera ainsi les biens qu’avaient hérité « sa » mère. Il se proclamera alors roi de Judée. Nous nous demandons s’il ne s’agissait pas d’enfants issus de trois lits différents : Aristobule et Antigone d’un premier mariage, Alexandre Jannée serait issu d’un second mariage, et les deux derniers d’un troisième mariage, probablement très jeunes à ce moment-là, trop jeunes pour succéder à leur père. Aristobule avait épousé Salomé Alexandra la sœur (plus vraisemblablement la fille) de Simon ben Sheta le chef des pharisiens et du Sanhédrin. Aristobule mourra peu de temps après le meurtre de son frère Antigone. Salomé Alexandra fera libérer les trois frères et épousera Alexandre Jannée qui deviendra grand-prêtre et roi de Judée. Le quatrième fils d’Hyrcan [Nous pensons qu’il se serait appelé Shimé°ôn ben Yôchanan Hûrqanûs (hébr. : שמטון בן יוחנן הוראנוס). L’Écrit de Damas contient une expression récurrente pour commencer de nombreux paragraphes, celle-ci est : « Et maintenant écoutez-moi », (hébr. : ועתה שמעו, ce qui se prononce ve°atah shime°û), or « écoutez-moi » en hébreu shime°û c’est l’abréviation du prénom Shimé°ôn qui a le même sens, de là notre hypothèse.] contestera son accession à la grande prêtrise et sera exécuté par Jannée, le dernier renoncera à contester son frère et sera épargné. D’après les Hodayoth retrouvées à Qumran, le Maître de Justice dit qu’il a été emprisonné, que l’on ne reconnut pas ses droits et qu’il sera blessé et laissé pour mort, mais qu’il se rétablira. Cela pourrait correspondre avec le quatrième fils de Jean Hyrcan qui a été emprisonné, lorsqu’il revendiqua ses droits, il est probable qu’Alexandre Jannée se sera appuyé sur sa femme et son beau-frère, Simon ben Sheta pour priver son frère de ses droits à occuper la grande prêtrise ou le trône royal, et qu’il sera mal exécuté et qu’ainsi, il survivra à ses blessures. Le prêtre impie sera provisoirement Alexandre Jannée [Provisoirement, puisqu’au début de son règne, il confiera aux pharisiens les pleins pouvoirs, avant de s’en débarasser, vers –96, et de le leur rendre sur son lit de mort] et l’homme de mensonge Shimé°ôn ben Sheta. Il est même possible que le dernier frère d’Alexandre Jannée soit devenu son second et qu’il serait mentionné par Flavius Josèphe sous le nom de Diogène, c’est-à-dire, le principal responsable du massacre des huit cents pharisiens vers –90. Diogène sera lui-même assassiné après la mort de Jannée et la prise de pouvoir par les pharisiens à qui Salomé Alexandra est entièrement soumise. Ce Diogène devait probablement aussi être un essénien, même si sa violence peut surprendre, c’est ignorer que les esséniens sont les héritiers des lévites qui, sur ordre de Moïse, passèrent des milliers d’Israélites au fil de l’épée parce que ceux-ci avaient adoré le veau d’or.
On en arrive au point crucial, Flavius Josèphe nous décrit les esséniens comme étant des pacifistes, et la littérature de Qumran n’est pas pacifique, que du contraire, il n’y est question que de guerres eschatologiques, qui furent qualifiées d’« irréalistes » [In l’«Introduction» aux Écrits Intertestamen-taires], mais, est-ce que pour autant leurs auteurs ne peuvent y avoir cru et ne peuvent avoir tenté des coups de force ? Ceci a laissé supposer que les textes de Qumran n’étaient finalement peut-être pas esséniens. En fait, on cite généralement trois auteurs [Philon d’Alexandrie, Flavius Josèphe et Pline l’Ancien] qui, dans l’Antiquité, ont parlé des esséniens, on oublie un peu vite qu’il y a un quatrième auteur qui en parle, c’est Hippolyte de Rome dans ses Philosophumena, or ce même Hippolyte identifie les esséniens aux sicaires. Et il faut bien admettre que la littérature qumranienne est bien le type de lecture que l’on pourrait supposer aux redoutables sicaires.
Reste un dernier point à éclaircir, les manuscrits de Qumran regardent le prosélyte avec suspicion, il doit attendre quatre générations pour être considéré comme Juif. Or, il est difficile de voir en Bannous autre chose qu’un essénien, on peut aussi supposer qu’il eut d’importantes fonctions dans son groupe. Nous pensons que l’on a pas assez fait attention à une mention de Flavius Josèphe relative aux esséniens : ils adoptent. En fait, le système essénien fut probablement une méritocratie spirituelle, mais de type adoptionniste, ce qui permettait à des Juifs non-qohanim, mais même peut-être à des convertis, d’accéder à la prêtrise, théoriquement réservée aux seuls descendants d’Aaron. Autrement dit, si à l’origine, les dirigeants étaient uniquement des aaronides, on peut parfaitement admettre que ces aaronides adoptèrent des Juifs et des non-Juifs, mêmes adultes pour leur permettre de devenir eux-mêmes des prêtres. Leur système les distinguait autant des sadducéens stricts que des pharisiens : pour les uns et les autres, les fonctions sacerdotales étaient héréditaires, les prêtres devaient rester des prêtres et les laïcs des laïcs. Pour l’essénisme, l’importance accordée aux vœux de naziréat faisait qu’ils avaient peu d’enfants, on peut imaginer que l’adoption permettait de renouveler une classe sacerdotale qui se serait inexorablement éteinte par décroissance démographique. L’essénisme est donc bien devenu une méritocratie spirituelle, même si ce ne fut pas le cas à des époques très reculées, comme antérieurement aux Maccabées. N’oublions que Jean Hyrcan qui fut certainement proche de l’essénisme primitif, c’est-à-dire de la Gnose juive, a parfaitement innové en convertissant si nécessaire de force les iduméens. On sait aussi que les prêtres respectueux du judaïsme furent décimés lors des guerres syro-maccabéennes, et que ceux qui s’en sortirent le mieux furent ceux qui se compromirent avec les cultes idolâtriques de Baal et de Zeus, ce qui obligea Jonathan à les exiler et à appeler des hommes pour servir au culte du Temple dont certains durent être formés, car ils n’avaient aucune connaissance du service du Temple.
Flavius Josèphe n’est pas un pharisien, il hait les pharisiens et il ne perd pas une occasion pour les ridiculiser. Leurs prédictions ne se réalisent pas, leurs belles paroles masquent juste leur ambition sans limites, et pire que tout, les pharisiens sont les terribles sicaires zélotes qui poussèrent le peuple Juif à se révolter contre Rome. Il est aussi amusant de constater que Flavius Josèphe résume la doctrine pharisienne en une dizaine de lignes quand il consacre de nombreuses pages à parler des esséniens, qu’il présente comme des pythagoriciens juifs (le must pour les Romains cultivés qui ne jurent que par le pythagorisme). Les esséniens sont aussi présentés comme des hommes d’honneur dont la parole est sacrée, ils ne mentent jamais à la différence des pharisiens, qui jurent et ne tiennent pas parole ; leurs prédictions se réalisent infailliblement, à la différence des prédictions des pharisiens. Quant au pacifisme des esséniens, cela veut simplement dire dans le langage de Flavius Josèphe, qu’ils acceptent parfaitement la domination romaine et qu’ils ne songent aucunement à se révolter, comme il l’affirmera dans ses ouvrages. Les ennemis de Josèphe sont toujours des pharisiens. À bien y regarder, les ouvrages de Flavius Josèphe ressemblent à de la propagande essénienne.
Mais pourquoi, alors Flavius Josèphe se fait-il passer pour pharisien, secte qu’il hait profondément ? En réalité, c’est normal qu’il se prétende pharisien, s’il s’affirme trop directement « essénien », cela ne collera plus avec le pacifisme des esséniens, puisqu’il fut l’un des promoteurs de la révolte de 66. En se prétendant pharisien, il charge les pharisiens et dissimule l’action des esséniens pendant la grande révolte.
S’il est exact que les zélotes furent des extrémistes pharisiens, il est aussi hors de doute que les sicaires doivent être distingués des zélotes. Les sicaires sont bien des esséniens. Et nous ne disons pas, des esséniens extrémistes, les sicaires furent des esséniens « normaux ». Esséniens le jour, sicaires la nuit, pourrions-nous dire. L’essénisme est l’illusion pacifique du sicarisme. Cela ne veut pas dire que les esséniens ne furent pas spirituels, mais simplement que le combat spirituel se doublait pour eux d’un combat matériel contre l’occupant de la terre sacrée d’Israël, qu’il soit Séleucide ou Romain.
Si Flavius Josèphe fut un essénien et un sicaire, où fut-il formé à ces doctrines ? Nous ne voyons une telle formation qu’auprès de Bannous, qui lui-même l’aura reçue de Jean le Baptiste.
Si Bannous est un essénien et un sicaire, alors il faut admettre que les raisons de l’incarcération de Jean le Baptiste furent peut-être une bien réelle tentative d’insurrection contre Hérode Antipas, les sicaires estimant que sa vie avec sa sœur pousserait les Juifs à la révolte et qu’il serait opportun d’en tirer profit pour mettre fin à sa domination inique.
Flavius Josèphe nous parle encore d’un mystérieux personnage qu’il appelle l’« Égyptien » et qui tentera de provoquer une insurrection à Jérusalem en 55 à partir du mont des Oliviers, révolte qui sera écrasée par Antonius Félix, or justement Bannous est attesté chez les Grecs d’Égypte...
Reste le mobile de tous ces mensonges de Flavius Josèphe, pour les Flaviens qu’il fût pharisien, essénien, zélote ou sicaire ne changeait pas grand-chose, il s’était rendu, avait juré fidélité à Rome, le nombre de Romains qu’il avait pu tuer antérieurement, autant que les motifs qu’il avait pu avoir pour commettre ces actes, n’ont plus aucune importance ! Nous ne voyons qu’un mobile, transformer le vaincu en vainqueur, c’est-à-dire convertir l’élite de la société romaine au judaïsme essénien, présenté comme un pythagorisme juif. C’est bien calculé, les exécutions de Bannous et de Jean le Baptiste sont présentées comme des abus de pouvoir dont furent victimes d’innocents esséniens, qui en réalité étaient de redoutables sicaires.
Si le pacifisme des esséniens, c’est de la blague, ne voyons pas pour autant la domination romaine sur la Judée comme une partie de plaisir pour les Juifs. Les Romains ne comprenaient rien aux pratiques religieuses juives et faisaient tout pour user de provocations et maintenaient une domination à la poigne de fer, faisant clairement sentir aux Juifs qui dirigeait et qui devait servir, mais les Juifs servaient Dieu et non les Romains. Tout cela le lectorat romain de Flavius Josèphe était incapable de le comprendre. Il a donc adapté son discours afin de promouvoir un essénisme romano-compatible.
Les esséniens sont identiques aux sicaires et sont aussi les héritiers de l’ancienne Gnose eschatologique juive qui unissait la spiritualité la plus profonde et le combat le plus dur en faveur du culte divin.

Les disciples de Jésus d’après le Talmud

Dans le Traité Sanhédrin, il est dit : « Une tradition rapporte : Jésus avait cinq disciples Mattay, Naqi, Netser, Boni et Todah, etc. »
Ils furent tous exécutés, mais qui sont-ils exactement ?
Todah, c’est Theudas qui est mentionné par Flavius Josèphe dans les Antiquités Juives, XX, 5, 1. C’est un faux prophète qui fut exécuté par les Romains vers 50 ; il avait promis de séparer les eaux du Jourdain. Il n’a rien à voir avec le christianisme.
Netser est inconnu, mais il pourrait désigner le « faux prophète égyptien » qui tenta une insurrection vers 55 et dont le nom exact nous est inconnu. Il est appelé l’« Égyptien » tant par Flavius Josèphe que par Les Actes des Apôtres. L’Égypte se dit en hébreu Mitzrayimah et pourrait être abrégé en mitzra, proche de netzer. Les deux noms ont le tzadde et le resh en commun, en plus le nun peut être une confusion pour mem. Il est mentionné dans Les Antiquités Juives (XX, 8, 6), La Guerre (II, 13, 5) et Les Actes des Apôtres (21, 38). Paul fut confondu avec lui, nous reparlerons de cela ci-dessous. Netzer signifie aussi « rejeton », ce qui pourrait l’apparenter aux naziréens disciples de Jean le Baptiste.
Naqi doit être Nakdimon, c’est-à-dire Nicodème. Nakdimon ben Gourion, est-ce le fils de Gourion ou le Fils du Prosélyte (Ger) [Prosélyte est le terme par laquelle on désigne les convertis au judaïsme. Dans les lois sur la conversion, un prosélyte est comme un Juif, mais seuls ses enfants le sont, même si leur mère est aussi une prosélyte. Parmi les chefs révolutionnaires, Simon bar Giora, pourrait aussi être le fils d’un prosélyte]? En tant que fils du prosélyte, ce prosélyte pourrait être Bannous ; les deux hommes qui ensevelirent Bannous-Jésus seraient alors son principal disciple Flavius Josèphe et son fils Nakdimon. Nakdimon est encore mentionné dans le Talmud, au Traité Taanith, car il obtint que Dieu fasse pleuvoir et que le Soleil ne se couche pas afin qu’il ne doive pas payer les intérêts d’une dette (peut-être que Nakdimon négocia secrètement avec Titus la préservation du Temple de Jérusalem, le soleil qui ne se couche pas désignerait simplement le répit dont bénéficia le Temple, répit qui ne dura que le temps pendant lequel Titus ne fera pas entrer ses hommes dans Jérusalem, dans l’espoir d’obtenir une reddition complète des zélotes, il est certain que Titus aurait pu entrer dans Jérusalem bien plus tôt). Dans le même passage, il est encore dit que Nakdimon s’appelle aussi Boni, un nom que nous retrouverons ci-dessous. Sa mention dans le Traité Gittin [Nakdimon ben Gurion est mentionné avec Ben Kalba Shabua et Ben Zizith Hakeseth. Ensuite ce texte précise que le premier doit son nom à la brillance parce que le soleil a brillé pour lui, le second a un nom satirique, peut-être «Fils du Chien Plein»? et le troisième aussi «Fils des Franges du Trône»? Ils semblent avoir détenu d’énormes quantités de blé pendant la guerre judéo-romaine, mais leurs entrepôts furent incendiés par le Biryoni, mot qui provient probablement de biryah, qui désigne «police du Temple», autrement dit ce terme désignerait le chef de cette police et fondateur des zélotes Éléazar qui fut le fils du grand-prêtre Hananias et le neveu de Yôchanan ben Zakkai, chef du Sanhédrin de Yavné. Par contre, ce qui est plus étonnant, c’est qu’Éléazar est appelé dans le même passage Abba Sikra, c’est-à-dire, «le Père des Sicaires», ce qu’il ne fut point, mais probablement que le Talmud confond les sicaires et les zélotes. Nous ne situons pas clairement les événements auxquels le Talmud fait allusion], est incompréhensible et nous ne nous en occuperons pas ici, disons juste que, d’après ce traité, il fut l’un des hommes les plus riches de Jérusalem.
Bony serait alors Bannous dont nous avons parlé.
Mattay serait alors non Matthieu, mais Flavius Josèphe, Joseph ben Matthias.
La confusion talmudique entre Naqi/Nakdimon/Boni nous ferait dire que Bannous est le père et Nicodème le fils. Le nom réel de Nicodème aurait pu être Nakdimon ben Banayâ haGer, abrégé en Nakdimon ben Ger.
Nous trouvons encore un Gourion fils de Nicomède que l’on corrige généralement en Nicodème et qui négociera avec des légionnaires romains leur reddition qui s’engagèrent à livrer leurs armes en échange d’être laissé en vie. Ces légionnaires seront traîtreusement massacrés par ordre d’Éléazar, le capitaine du Temple et le fils d’Ananias, mais surtout le principal chef zélote.
Il reste à identifier Netzer, qui peut avoir été appelé le « rejeton », sous-entendu d’une autre nation ou l’« Égyptien ». Nous avons dit précédemment que Bannous était égyptien (mais il pourrait aussi revenir d’Égypte, après avoir établi le monastère thérapeute), il pourrait donc correspondre aussi à ce personnage qui fut un sicaire. La dénomination ne viserait alors qu’à cacher que son maître vénéré fut en réalité un dangereux sicaire qui tenta une révolution antiromaine vers 55, rappelons que Flavius Josèphe écrit pour des Romains dont les sentiments antisicaires ne font aucun doute.

Qui est Joseph d’Arimathie ?

Joseph d’Arimathie est l’homme qui va ensevelir Jésus dans les évangiles, mais aussi d’après Jean le descendre de la Croix. Pour Jean, il sera aussi accompagné d’un certain Nicodème. Ils sont considérés comme des disciples de Jésus. Ce personnage n’est, hélas, mentionné que par les Évangiles. La ville d’Arimathie est mentionnée dans I Samuel, 1, 1 (mais pas comme ville) et transcrite Ἀριμαθαία dans la Septante comme dans Matthieu ; cette translittération correspond à l’hébreu haramathayim (הרמתים) qui ne sera plus signalé ultérieurement, excepté dans le Nouveau Testament.
En grec, Joseph d’Arimathie s’appelle Iôsèf Arimathaias (Ἰωσὴφ Ἀριμαθαίας), nous pensons que ce nom désigne en réalité Flavius Josèphe. 
Joseph s’écrit en grec soit Iôseph (Ἰωσὴφ), soit Iôsepos (Ἰώσηπος), c’est donc le même prénom. Rappelons que le véritable patronyme de Flavius Josèphe est Iôsepos Matthiou (grec Ἰώσηπος Ματθίου) et que Iôsèph Mathias (grec ιοσηφ  ματθιας) est strictement équivalent.
Le ari qui précède Mathaias est alors une fantaisie pour (mal) dissimuler le nom de Flavius Josèphe, soit c’est la translittération phonétique de l’hébreu ‘arîh (אריה) qui signifie « lion ». Joseph Arimathaias serait alors Joseph le Lion [fils de] Matthias, soit une erreur pour Joseph (b)ar (i)matthias, bar signifiant « fils » en araméen, dans les deux cas, Flavius Josèphe lui-même.
Mais que faisait Flavius Josèphe à l’ensevelissement de Jésus qui eut lieu vers 30, alors que lui ne naquit que vers 38.
La seule explication c’est que l’ensevelissement de Jésus est en réalité un « copier-coller » ou un plagiat pur et simple de l’ensevelissement d’un autre personnage après son exécution, et que ce personnage est Bannous. 
Mais quand Bannous peut-il avoir été exécuté ? Retenons que c’est après 57 et avant 66, puisque Flavius Josèphe vient réclamer le cadavre de Bannous au procurateur romain. Or, dans les œuvres de Flavius Josèphe, cela ne pourrait correspondre qu’à l’exécution de Jacques, frère du Christ en 62, probablement pendant la fête des tentes (septembre-octobre), puisque l’on sait que le procurateur Albinus est arrivé à ce moment-là en Judée. 
Voyons d’abord ce que dit Flavius Josèphe de la mort de Jacques dans la version qui nous est parvenue :
Anan le jeune, qui, comme nous l’avons dit, reçut le grand-pontificat, était d’un caractère fier et d’un courage remarquable ; il suivait, en effet, la doctrine des Sadducéens qui sont inflexibles dans leur manière de voir si on les compare aux autres Juifs, ainsi que nous l’avons déjà montré. Comme Anan était tel et qu’il croyait avoir une occasion favorable parce que Festus était mort et Albinus encore en route, il réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant d’avoir transgressé la loi, et il les fit lapider. Mais tous ceux des habitants de la ville qui étaient les plus modérés [on peut supposer qu’il s’agit de Flavius Josèphe lui-même] et les plus attachés à la loi en furent irrités et ils envoyèrent demander secrètement au roi d’enjoindre à Anan de ne plus agir ainsi, car déjà auparavant il s’était conduit injustement. Certains d’entre eux [Flavius Josèphe ?] allèrent même à la rencontre d’Albinus qui venait d’Alexandrie et lui apprirent qu’Anan n’avait pas le droit de convoquer le sanhédrin sans son autorisation. Albinus, persuadé par leurs paroles, écrivit avec colère à Anan en le menaçant de tirer vengeance de lui. Le roi Agrippa lui enleva pour ce motif le grand-pontificat qu’il avait exercé trois mois et en investit Jésus, fils de Damnaios.
Remarquons que le texte ne mentionne pas les raisons de cette exécution. L’expliquer par la christianité de Jacques, c’est se livrer à une dangereuse rétroversion. 
Malgré les prétentions des évangiles, les narrateurs racontent que Jésus a été exécuté pendant la fête des Tentes et non pendant la Pâque, comme l’on peut le déduire par les paroles mêmes de l’évangile (Marc, 11, 7) :  
Ils amenèrent à Jésus l’ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et Jésus s’assit dessus et d’autres des branches qu’ils coupèrent dans les champs.
Les branches coupées correspondent à une pratique spécifique qui se déroule uniquement pendant la fête des Tentes et non pendant la fête de Pâque.
Ce n’est donc pas Jésus qui entre sur un ânon à la Pâque 30, mais bien Bannous à la fête des Tentes 62.
Anan ben Anan devait savoir que l’homme qui entrait monté sur un ânon posait un geste messianique et avait déjà tenté une insurrection quelques années auparavant, et qu’il s’apprêtait à récidiver en pleine vacance du pouvoir romain. Il le fera arrêter et exécuter.
La description de l’arrestation de Jésus est tirée de la description falsifiée de Flavius Josèphe, rappelons que lorsqu’il écrivit la Vie de Bannous, il ne voulait pas qu’on le confonde avec un sicaire insurrectionnel antiromain, alors il va inventer le personnage de Judas fils de Simon Iscariote, c’est-à-dire Judah le fils de Simon le Sicaire, lui-même fils de Judah le Galiléen et crucifié en 47 par Tibère Alexandre. On peut supposer que parmi les hommes qu’Anan ben Anan fit arrêter et exécuter, il y avait des sicaires et des brigands, qui sont représentés par le bon et le mauvais larrons. Le bon larron représentant les sicaires et le mauvais larron les criminels de droit commun qu’il fera exécuter avec eux. 
Le reste de l’histoire est simple à comprendre, après l’exécution de Bannous, Flavius Josèphe qui n’est encore que Joseph (Ari)mathias se présente au procurateur Albinus qui arrive à Jérusalem à ce moment-là et proteste contre Anan ben Anan pour son exécution de Bannous et demande au procurateur de pouvoir récupérer le corps afin de l’enterrer. 
La possibilité que Bannous soit un Grec d’Égypte rend possible qu’il était titulaire de la citoyenneté romaine ce qui interdisait son exécution par un tribunal indigène. Un citoyen romain n’avait de compte à rendre qu’à la justice romaine. Cela permet d’élucider les raisons pour lesquels Anan ben Anan sera démis, l’exécution même sommaire de quelques « terroristes » aurait plutôt dû entraîner des félicitations de la part de Rome, l’interdiction d’appliquer la peine de mort par le grand-prêtre restant quand même fameusement hypothétique.

Bannous à Alexandrie ?

L’apôtre Pierre dont il est question dans les Actes serait peut-être aussi Bannous. Les liens entre Hérode Agrippa, Jonathan ben Hanan et Jean le Baptiste demeurent obscurs. Il n’est pas impossible qu’Hérode Agrippa aurait été un disciple secret de Jean, probablement serait-ce lui alors duquel Jean le Baptiste aurait été indigne de défaire la courroie de ses scandales, et que n’ayant pu empêcher l’exécution de Jean, il aurait préféré conduire Bannous en sécurité à Alexandrie et l’introduire auprès de Philon. Philon aurait composé en son honneur le De Vita Contemplativa et l’aurait aidé, éventuellement financièrement, à établir un monastère essénien à Alexandrie, le monastère des Thérapeutes. Dans ce cadre, on peut imaginer que Jonathan ben Hanan correspondrait à l’histoire de l’apôtre Paul, mais qu’au lieu d’avoir persécuté les chrétiens, ce serait les esséniens sicaires qu’il aurait persécutés, et qu’il aurait fait une expérience mystique qui l’aurait rallié secrètement au sicarisme.
Bannous se serait consacré à répandre l’essénisme dans le monde gréco-romain à partir de la sainte cité d’Alexandrie, c’est le début du christianisme. Il aurait commencé une œuvre de traducteur (Livre d’Henoch, Livre des Jubilés, etc.) et d’auteur, avec la rédaction des Proclamations ou Kérygmes de Pierre-Bannous, voire même de la Sagesse de Salomon dont l’essénisme est assez évident.
On peut imaginer qu’il rédigera un recueil de Paroles et de Paraboles pour ses élèves débutants, qui pourraient être la base des paroles et paraboles de Jésus dans les évangiles.
Il serait alors rentré à Jérusalem en 55, éventuellement pour préparer une révolte afin de profiter du scandale lié à l’assassinat de Jonathan ben Hanan par le procurateur romain, Antonius Félix, pour tenter une insurrection. À cause de l’échec, Bannous serait alors parti en retraite dans les environs de Qumran, où Flavius Josèphe serait devenu son disciple.
Il pourrait avoir fait un dernier voyage à Alexandrie en 58–62, et ayant appris la mort inopinée du successeur d’Antonius Felix, Porcius Festus, il se sera dirigé vers Jérusalem pour préparer une nouvelle révolte. Il sera alors arrêté et exécuté sommairement par Hanan ben Hanan.
Même s’il ne s’agit que de simples suppositions, cela permet de comprendre l’émergence d’un essénisme de langue grecque.

Jésus ou Bannous ?

On peut formellement identifier le nom de Bannous dans un verset mal traduit d’une parole de Jean le Baptiste. Certes, la présence de Bannous dans le verset pourrait être le fruit d’un hasard, on pourrait imaginer que les évangélistes auraient utilisé des renseignements qu’ils auraient tirés d’une vie de Jean le Baptiste, ce qui pourrait même confirmer l’existence de Jésus.
L’identification de Jésus à Bannous résout aussi le problème de la chronologie de Jean le Baptiste. On sait par Flavius Josèphe que Jean le Baptiste a été arrêté et exécuté au printemps 36. On sait par les évangiles que Jésus a été exécuté au moins un an après Jean le Baptiste (3 si on veut suivre la chronologie de Jean l’évangéliste), donc au plus tôt à la Pâque 37. Or Qaïfe fut démis de la grande prêtrise en 35 et Ponce Pilate sera rappelé à Rome en 37, il est donc certain que Qaïphe n’était plus grand-prêtre à la Pâque 37 et peu probable que Ponce Pilate était encore procureur de Judée à cette même date. Et si nous suivons la chronologie de l’évangile de Jean, qui estime que la durée de la mission de Jésus fut d’au moins trois ans, cela impliquerait une exécution de Jésus en 38 ou en 39, or là, il n’y a pas de doutes, Ponce Pilate n’était plus procurateur.
Mais les passages relatifs à la famille de Jésus, à l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un ânon, à la trahison de Jésus par Judas le Sicaire et son ensevelissement par Flavius Josèphe se rapportent formellement à Bannous.
En outre, il convient d’identifier l’apôtre Pierre à Bannous : Pierre étant une simple confusion entre la forme araméenne probable de Bannous et l’araméen pour une pierre âbnayyâ. Or cette identification rend toute la construction évangélique sur Pierre extrêmement suspecte, puisque tout porte à croire que Bannous est un gréco-égyptien ou iduméen converti au judaïsme, alors qu’il est présenté dans les évangiles comme un pauvre pécheur juif de Galilée ? Pourquoi Pierre est-il aussi présenté comme le frère d’un disciple de Jean le Baptiste, alors qu’il fut lui-même le plus important disciple de Jean le Baptiste. On remarquera aussi que dans tout le Nouveau Testament, Pierre est infériorisé, marginalisé par rapport à Paul, l’abolisseur de la Torah. De toute manière, il ne peut pas exister deux Pierre, l’un qui aurait été Bannous, le disciple de Jean le Baptiste et l’autre qui aurait été Simon Kephas, le disciple de Jésus. 
Mais quelles autres parties des évangiles doivent être rapportées à Bannous et à l’écriture de Flavius Josèphe ? Nous pensons au moins aux critiques très directes envers les pharisiens, aux passages trop favorables à l’Empire romain (présenter l’autre joue quand on vous frappe, l’expulsion du démon légion, l’impôt dû à César, etc.), certaines discussions techniques sur le judaïsme, mais aussi aux Paraboles, etc.
La guérison de la fille de Yaïr pourrait aussi être attribuée à Bannous, mais ce ne serait pas la fille de Yaïr qu’il aiderait à reprendre connaissance, mais plus probablement le fils de Yaïr, c’est-à-dire à Éléazar ben Yaïr, qui sera le dernier chef sicaire et qui mourra à Masada. Mais évidemment Flavius Josèphe ne pouvait pas parler des accointances entre Bannous et les sicaires, il aura donc remplacé la guérison du fils de Yaïr, trop facilement identifiable, avec une fille de Yaïr.
Les sicaires ont dû préparer leur révolte de longue date, par exemple si on suit notre raisonnement et qu’on identifie le personnage mystérieux face auquel Jean le Baptiste s’estime indigne à Hérode Agrippa, cela pourrait expliquer pourquoi ce roi recommencera à bâtir des murailles autour de Jérusalem, et qu’il fut peut-être assassiné par les Romains parce qu’ils avaient compris qu’il jouait double jeu, idem pour Jonathan ben Hanan.

L’invention de Jésus ?

Nous avons vu que de nombreux éléments de l’histoire de Jésus doivent être attribués à Bannous, pour autant Bannous n’est pas Jésus.
Jésus est avant tout pour nous le Logos de Dieu, mais le Logos de Dieu avec « une forme d’homme », comme dit le Livre d’Henoch.
Jésus marchant sur les eaux devient alors une réminiscence du Ruach Élohim qui repose sur les eaux (Genèse 1, 2), la transformation de l’eau en vin ou la multiplication des pains seraient des réécritures de l’augmentation de la vie et de la lumière dont nous bénéficions lorsque le Logos s’éveille en nous. Il convient donc de distinguer les quelques « miracles » de Bannous et les miracles symboliques du Logos. Les miracles de Bannous seraient de simples illustrations de sa vie sainte et les miracles symboliques seraient des illustrations de la régénération qui provient de la puissance intérieure du Logos présent naturellement, quoique caché, en chaque être humain.
Les thèses du Logos énoncées par Philon d’Alexandrie ont dû continuer à évoluer probablement sous l’influence de l’hermétisme auquel il faudrait rattacher l’eucharistie (plutôt qu’à l’essénisme). 
Jésus en tant que Logos de Dieu est avant tout une conception philosophique, mais il se fait que les Juifs et les judaïsants d’Alexandrie y croyaient dur comme fer, et qu’ils cherchèrent à simplifier le concept en lui donnant une apparence humaine et un nom apparemment humain « Jésus », c’est-à-dire YHWH SAUVE. Cela nous amène à la séparation des Juifs et des chrétiens qui sont encore des Juifs et des judaïsants hellénisés.
Que reproche Justin directement aux Juifs et indirectement aux rabbins de Yavneh ? Il leur reproche de ne pas croire au Logos et d’être monarchianistes. Et que reproche les rabbins de Yavneh aux Juifs hellénisés, d’être bithéistes et de croire qu’il y aurait « deux puissances au ciel ». Pour Yavneh, le Logos est un attribut de Dieu, pour le judaïsme hellénisé des années 120–140, le Logos est Dieu et Dieu est le Logos. Les raisons de la rupture sont aussi politiques, le judaïsme judéen est très majoritairement juif, le judaïsme hellénistique est très majoritairement non-Juif, ces non-Juifs sont convertis à des degrés très divers, mais ils ne sont pas juifs, et ne se sentent pas juifs, ils se sentent grecs, romains, égyptiens, syriens, mais de religion juive. Mais hors de ce débat théologique d’autres choses séparent aussi les Juifs judéens et les Juifs hellénisés, c’est la fidélité à Rome, et indirectement la responsabilité dans la destruction du second Temple lors de la guerre judéo-romaine de 66–70.
Nous retrouvons des allusions à cette controverse dans la mort de Jésus, ainsi, en suivant la narration de Flavius Josèphe, on constate que Titus ne veut pas détruire le Temple de Jérusalem, mais que cette destruction sera le résultat de l’intransigeance des chefs zélotes, exactement comme Ponce Pilate ne veut pas exécuter Jésus et qu’il y sera contraint par l’intransigeance des chefs du Temple. Une telle similitude narrative ne peut être le fruit d’un hasard. Et donc, nous devons en déduire qu’elle exprimait indirectement le ressentiment des Juifs hellénisés envers leurs frères judéens qui ne surent pas empêcher la révolte contre Rome ni surtout trouver un compromis qui aurait épargné le Temple. Ces Juifs hellénisés subirent de nombreuses persécutions à cause de la révolte juive contre Rome, ils en subirent à nouveau lors de la guerre du Kitos en 115–118, et encore lors de la seconde guerre judéo-romaine de 132–135. Or ces Juifs hellénisés veulent aussi convertir le monde romain au judaïsme, même à un judaïsme minimaliste limité aux dix commandements. Ils vont donc éliminer tous les commandements de la Torah jugés trop ethniques comme la circoncision, le port du talith, etc. afin de judaïser le monde romain, mais ils judaïseront le monde romain sous un autre nom, ce sera le christianisme, et sans prévoir que très vite le christianisme ne reconnaîtra que très difficilement être d’origine juive. Appelons un chat un chat, le christianisme c’est un judaïsme minimaliste réformé par la philosophie grecque.  
Quant à la forme humaine de ce Logos, « Jésus », elle leur permettait d’exprimer simplement un concept complexe de la philosophie judéo-hellénistique, sans tomber dans l’idolâtrie d’un homme, puisque Jésus n’a jamais existé et qu’il fut purement et simplement inventé. Les évangiles sont donc un midrash symbolique, mais fortement interpolé. L’apparition de Jésus vers 120–140 en tant que personnage imaginé permet d’expliquer les difficultés qu’à le Talmud à le situer clairement, tout en se doutant qu’il doit avoir des rapports avec Flavius Josèphe, puisqu’il mentionne différents personnages qu’il cite comme étant des disciples de Jésus et dont la liste provient vraisemblablement de Flavius Josèphe.
Le christianisme qui émerge en 120–145 est une nouvelle formulation du judaïsme de langue grecque, que le Talmud mentionne sous le nom générique de Elisha ben Abouya ou de acher (hébr. רחא), c’est-à-dire « l’autre ». Dorénavant le christianisme sera « l’autre » judaïsme, le judaïsme hérétique des mînîm, le judaïsme qui a choisi la philosophie grecque.

Les interpolations des évangiles

Les évangiles sont fortement interpolés, car n’est pas faussaire qui veut. Ceux qui voulurent les composer ont probablement dû confier la réalisation de ce texte à des mains externes qui ont probablement été plus loin qu’ils ne le voulaient. À notre avis, ils devaient, à l’origine, fusionner la vie de Bannous, avec des maximes et des paraboles esséniennes, mais aussi avec des allégories hermétiques ou antiyavneh, et enfin répartir le texte en quatre parties complémentaires afin de rendre l’histoire plus crédible. Ils reçurent probablement licence d’ajouter des passages de cohérence, mais allèrent beaucoup plus loin en interpolant largement le texte de références étrangères à l’essénisme et au philonisme. Par exemple, les passages sur la femme hémoroïsse ou sur la femme adultère semblent plutôt issus des vues de Simon le Magicien sur l’abolition des règles relatives à la pureté et à l’impureté. Certains passages comme l’onction à Béthanie ou manger la chair de Jésus pourraient provenir d’un lecteur un peu trop assidu du roman pornographique de Pétrone, le Satyricon. Quant aux allusions homosexuelles qui proviennent d’un fragment de l’Évangile secret de Marc, découvert par Morton Smith, ou du passage relatif à la pécheresse dans Luc (7, 36–50) et dans lequel Jésus reproche au pharisien de ne pas lui avoir donné de baiser. On est en pleine fantasmagorie érotique. Quant à ces scribes qui auraient ajouté toutes sortes de réminiscences tirées de la littérature de l’époque, ils le firent, peut-être, pour enjoliver le texte. Quant à la résurrection, on sait qu’elle fut l’objet de tentatives de tromperies, et pourrait s’inspirer du Roman de Chéréas et Callirhoé composé par Chariton d’Aphrodise, voire d’autres inconnus de nous. On ne peut exclure que la résurrection présentée comme réussie par Jésus serait une manière d’inférioriser les résurrections ratées de Dosithée et/ou de Simon le Magicien.    
Un faux abolit évidemment l’hypothèse de la source Q.

Conclusions

Dans le livre que nous préparons, nous essaierons de proposer et de justifier un classement rationnel de chaque partie du Nouveau Testament. Signalons de suite que la division de Jésus en plusieurs personnages rend le résultat assez curieux, chaque personnage y est cohérent, mais n’exerce pas la fascination de Jésus. Normal, après tout, Jésus étant incohérent au possible il pouvait séduire des personnes très diverses et ouvrir un débat sans fin relatif à sa personne ou à sa nature.
L’histoire primitive du christianisme est à réviser, sans Jésus, pas de christianisme au premier siècle de l’ère chrétienne. On peut soupçonner que le monastère thérapeute et les esséniens grecs, les disciples de Flavius Josèphe et les judaïsants philoniens et hermétisants formeront la base de ce qui deviendra le christianisme.
L’importance de Justin le Philosophe dans l’élaboration du christianisme immédiatement après la publication des évangiles, nous fait dire qu’il fut proche de leur rédaction de laquelle il ne semblait pas satisfait ; l’élaboration aurait eu lieu un peu avant lui, et proviendrait probablement de Papias d’Hiérapolis qui serait le rédacteur secret du Nouveau Testament, et surtout le malheureux qui confia son texte à des scribes sans scrupules.
Nous proposerons aussi des interprétations qui collent au plus près du texte, l’écriture de parties par Flavius Josèphe va aussi modifier la compréhension que nous avons de nombreux passages ; ainsi, les aspects proromains de Jésus ne seraient en fait que des passages dans lesquels Flavius Josèphe veut dissimuler que Bannous est en réalité un sicaire.
Si la vie de Jésus est celle de Bannous ou des descriptions symboliques du Logos, cela rend l’existence de Jésus improbable, voire impossible. Il y a pourtant encore une raison que nous n’avons pas mentionnée, il est probable que ces judaïsants d’Alexandrie étaient las de voir de faux messies surgir et des dégâts qu’ils provoquaient sur les gens, ils ont donc établi Jésus comme messie, afin de réfuter par avance tout nouveau Shimé°on bar Kokheba ; le messie est venu, affaire classée, et quand il reviendra ce sera en gloire et sous une forme surhumaine, donc il sera facile à identifier.
Par contre le christianisme risque de devoir se remettre en question, le plus sage pour lui, ce serait de renouer avec la Torah et de renoncer une fois pour toutes à son marcionisme de fait. Quant aux évangiles on pourrait les conserver avec de sérieuses notices explicatives, et le rejet pur et simple des épisodes à attribuer à Simon le Magicien ou qui proviennent manifestement de Pétrone, ou encore qui ont de fortes connotations érotiques ou douteuses. Idem pour les épîtres de Paul et les autres textes. Les chrétiens auraient de grands avantages à attribuer la canonicité aux manuscrits de Qumran, au Livre d’Henoch, aux Testaments des Douze Patriarches, aux écrits de Philon d’Alexandrie et de Flavius Josèphe. Il nous enfin dire que les écrits attribués à Hermès Trismégiste devraient aussi être intégrés à cette canonicité. Ils pourraient enfin étudier le Talmud. 
La non-existence de Jésus n’efface pas le christianisme, cela pourrait même lui donner une nouvelle vigueur, puisqu’actuellement il se disperse en spéculations infinies sur les aspects humains du Logos et oublie de s’occuper des aspects divins qui sommeillent en eux, pourtant seuls importants.

— Stephan Hoebeeck

L’histoire du christianisme serait la suivante
Vers 25 conversion de Bannous.
36 Exécution de Jean le Baptiste
37 Fuite de Bannous en Égypte peut-être transporté par Hérode Agrippa Ier et introduit auprès de Philon d’Alexandrie, et établissement du monastère Thérapeute à Alexandrie.
37–55 Traduction des textes esséniens à Alexandrie sous la direction de Bannous (Livre d’Henoch, Testaments des Douze Patriarches, Ascension de Moïse, etc.) et probable rédaction du Livre de la Sagesse par Bannous. Bannous établit des groupes esséno-sicaires en préparation de la guerre contre Rome.
55 Assassinat du grand-prêtre Jonathan ben Hanan, Bannous quitte l’Égypte pour la Judée et organise la révolte messianique dite de l’« Égyptien », fuite de Bannous.Flavius Josèphe devient disciple de Bannous
62 Exécution de Bannous par Hanan ben Hanan
66 Début de la Guerre Judéo-romaine
70 Destruction du Temple de Jérusalem
74 Chute de Masada et mort de Éléazar ben Yaïr
75–95 Flavius Josèphe tente d’établir un essénisme modéré, désicarisé, Vie de Bannous.
70–100 Le judaïsme sadducéen hellénistique est totalement philonisé, écriture probable de l’Évangile du Logos.
110–115 Les esséniens qui veulent continuer la guerre contre Rome (Révélation d’Elqasay, futur islam) se séparent des esséniens romains.
118 Expulsion des Juifs d’Égypte
120 Rapprochement entre les christianisants du Logos et les éssénisants romains, le christianisme émerge.
132–135 IIe Guerre judéo-romaine, Jérusalem est rasée, 
135–140 Rédaction des évangiles sur base d’écrits antérieurs.
140–145 Scission entre les chrétiens et les rabbins sur la question du Logos et sur l’usage du grec dans les Synagogues judaïsantes. Rejet du messianisme, le messie est venu, c’est Jésus, point final de la discussion.
140–145 Publication de l’Évangile de Marcion, puis du Nouveau Testament.



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