lundi 4 avril 2016

Jésus dans le Tamud

Jésus est mentionné plusieurs fois dans le Talmud en termes extrêmement négatifs. Et nous allons essayer d'en expliquer les raisons, mais aussi de clarifier les choses.

Un premier Jésus apparaît en Sanhedrin 107b et Sotah 47, ces textes relatent que Jésus fut l’élève du rabbi Yehoshua Ben Perachiah qui vivait à l'époque de Jean Hyrcan. Le rabbi et Jésus sont à Alexandrie, alors qu'ils sont accueillis gracieusement par une aubergistes, et que le rabbi dit qu'elle est sympathique, Jésus se contente de dire 
Rabbi, elle a les yeux trop petits!
Le rabbi se fâcha et le chassa. Jésus voulut se faire reprendre comme disciple, mais alors que le rabbi priait, il se méprit sur le signe qu'il lui faisait et se crut rejeté. Alors 
Jésus pensa alors qu'il le repoussait définitivement et s'en alla, prit une brique et se prosterna devant elle.
Cette histoire en mélange plusieurs:
  • En premier, Jésus est Jean Hyrcan lui-même qui passa au camp des sadducéens et qui préféra le culte du Temple au culte plus spirituel pour lequel luttaient les rabbins.
  • Le seconde histoire vise vraisemblablement Muhammad qui a d'abord été instruit dans le Judaïsme et puis qui l'a renié, pour adorer une brique, c'est-à-dire la Kaaba de La Mecque. 

On nous dira que le Talmud a été clôturé vers 500, mais il est probable que dans les deux siècles qui suivirent des gloses furent ajoutées et intégrées au texte. Compte tenu de la puissance musulmane, ils ne pouvaient parler de Muhammad qu'allusivement. Néanmoins, on commence à se rendre compte que certains passages du Coran ont bien été composés en hébreu (je pense aux recherches de David Belhassen sur ce sujet).
Rappelons encore que lorsque l'on faisait remarquer à Maïmonide que les dates du Jésus des évangiles et du Jésus du Talmud ne correspondaient pas, il disait que c'était une lignée d'ennemis des pharisiens. Ce passage vise probablement les descendants du Maître de Justice et les hasmonéens qui s'opposèrent aux Rabbins, en d'autres endroits nous avons montré ou tenté de montrer que Jésus loin d'être un fils de David est un fils d'Aaron apparenté aux Hasmonéens. 

Un second Jésus est mentionné, il s'agit d'un sorcier, fils du soldat Panthera, et donc un bâtard.
Cette histoire en regroupe à nouveau plusieurs:
  • Elle vise à donner une explication alternative, d'ailleurs satirique, de la naissance miraculeuse de Jésus et donc à empêcher des conversions de Juifs au christianisme. 
  • Le Jésus de l'histoire n'est ni fils de Dieu ni fils du soldat Panthera, il est fils de Joseph; mais comme le christianisme se répandait en monde païen, ils voulurent donner du prestige à Jésus face aux fils de Zeus et des autres dieux du paganisme. Ce ne fut pas très malin.
  • L'histoire de Panthera et de Marie la coiffeuse est historiquement une satire qui vise les amours secrets de l'empereur Titus, le destructeur du Temple, et de la reine Bérénice de Judée. Cette satire a simplement été recyclée et adaptée à Jésus. Un enfant de Titus et de Bérénice aurait changé la face du monde, leur fils devenant l'empereur juif de Rome; on suspecte fortement Domitien qui succéda à Titus en 83, d'avoir ordonné l'exécution de Bérénice, et de l'enfant qu'elle aurait eu de Titus si jamais ce fils a bien existé; en effet, un fils de Titus aurait eu la préséance pour lui succéder. Notons encore les deux femmes de l'Apocalypse qui montrent bien l'ambivalence avec laquelle était considérée la reine Bérénice, vierge éternelle et mère du messie, ou femme écarlate compagne du destructeur du Temple.
  • Il y a bien eu un Jésus sorcier. En fait, le Jésus sorcier fut un authentique sorcier mentionné sous le nom d'Atomos dans les œuvres de Flavius Josèphe; c'est lui qui convainquit la princesse Drusilla de Judée d'épouser le procurateur de Judée, Antonius Felix. Ce nom d'Atomos se retrouve aussi dans les Actes des Apôtres (au chapitre XIII); en effet, il est appelé Bar Jesus ou Elymas dans les versions communes du NT, mais dans le Codex Bezæ, un manuscrit du Ve siècle, il est appelé Etoimas, relativement proche d'Atomos; en outre, Flavius Josèphe et les Actes les qualifient de chypriotes. Il ne faut pas chercher le sens de son nom dans Indivisible (atome), mais dans l'araméen te'ômâ (תאומא), qui signifie «jumeau» et qui a donné le prénom Thomas. Comme les Sith de Star Wars, les jumeaux vont par deux; mais leur ressemblance peut donner lieu à des mystifications, comme apparaître à deux endroits en même temps, ou SI L'UN ÉTAIT ASSASSINÉ SE FAIRE PASSER POUR LUI RESSUSCITÉ. L'un des deux fut probablement lynché par la foule en colère et l'autre se fit passer pour lui ressuscité, jusqu'à ce que sa mystification soit découverte. Ce Jésus le Sorcier est très similaire à Simon le Magicien, il s'agit probablement d'agents romains qui étaient payés pour semer la confusion auprès des Juifs afin qu'ils abandonnent la Torah. C'est probablement ce Jésus-là qui est mentionné comme ayant été exécuté puisqu'on lit dans le Talmud:
La veille de Pâques, on a pendu Jésus. Pendant les 40 jours qui précédèrent l’exécution, un héraut allait en criant: «Il sera lapidé parce qu'il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Si quiconque a quelque chose à dire en sa faveur qu’il s’avance en son nom.» Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et on le pendit la veille de pâques. On a dit: «Pourquoi avoir tant attendu et cherché à l'acquitter? N'était-il pas écrit de ne lui montrer aucune pitié, aucune compassion, et de ne pas le protéger? Mais pour Jésus c'était différent car il était proche du gouvernement.» Ce gouvernement était évidemment celui du procurateur de Judée Antonius Felix.
Reste une dernière mention à éclaircir, dans le Talmud nous lisons:
Car tu n'auras pas un fils ou un disciple qui gâte son plat publiquement en le relevant trop d'ingrédients étrangers, comme Jésus de Nazareth.
Ce passage décrit en terme clair le véritable Jésus le Nazaréen qui a certainement enseigné un judaïsme orthodoxe, mais qui eut trop de disciples païens, certes convertis mais insuffisamment formés et qui se firent manipuler par des agents romains; et qui abandonnèrent les saines pratiques pour se tourner vers des chimères.

Remarquons que Jésus et Simon le Magicien disaient tous deux:
Croyez en moi et vous serez sauvés.
Si les chrétiens avaient été bien formés, ils auraient écouté la Torah, et auraient rétorqué:
La Torah dit de croire en Dieu seul et de ne pas croire dans les hommes, et d'appliquer ses commandements et de vivre selon la justice. 
Les chrétiens estiment toujours que la résurrection de Jésus est un témoignage, ils devraient plutôt se souvenir de la question que le mauvais riche demandait à Abraham:
Je te prie donc, père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père; car j'ai cinq frères. C'est pour qu'il leur atteste ces choses, afin qu'ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. 
Abraham lui répondit: 
Ils ont Moïse et les prophètes; qu'ils les écoutent. 
Et le riche dit encore: 
Non, père Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils se repentiront. 
Et Abraham conclut en disant: 
S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait.
Autrement dit restons prudent dans ces affaires de résurrection et d'hommes prétendument divins.

DERNIER POINT EN GUISE DE CONCLUSION.

Si on relit la première histoire, on constate que les uns et les autres se sont mal compris, aujourd'hui il est temps de commencer le processus de reconstruction, mais il vient bien tardivement. En effet, si un chrétien entre dans une Synagogue aujourd'hui, il ne comprendra pas ce qu'il a en commun avec les Juifs, et si un Juif vient dans une Église, il ne comprendra pas plus ce qu'il a en commun avec les chrétiens.
Ces deux réactions ne sont pas un hasard.

En fait, les Constitutions Apostoliques ont conservé la liturgie qui fut en usage jusque 200 dans les Églises chrétiennes, or il est admis aujourd'hui que cette liturgie est en réalité celle de la Synagogue d'Alexandrie. Un Juif qui serait entré dans une Église il y a 1850 ans se serait senti chez lui, et un chrétiens qui serait entré dans une Synagogue se serait aussi senti chez lui.
Ce n'est qu'au IVe siècle que les évêques ont imposé un autre calcul de la Pâque que celui en usage dans la Synagogue, afin que Juifs et chrétiens ne puissent plus la célébrer ensemble.
Au début du Ve siècle, les évêques vouaient encore aux enfers, les chrétiens qui jeûnaient le jour de Yom Kippour avec les Juifs.
Quant à l'obligation de prier tête découverte que l'on retrouve dans l'Épître aux Corinthiens, ce n'est qu'une manière indirecte pour interdire le port des tefilin que portaient probablement les premiers chrétiens qui ne se distinguaient des Juifs de naissance que par les origines non-juives et la conversion, mais aussi par l'appartenance à d'autres traditions juives que la tradition rabbinique, c'est-à-dire le judaïsme assidéen et le judaïsme alexandrin.
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