jeudi 31 mars 2016

Les variantes de l'Évangile hébreu de Matthieu

Dans un autre article (http://essenochristianisme.blogspot.be/2016/03/ebionites-nazareens-elkasaites-et.html), nous avons cité quelques variantes des évangile hébreux qui concernaient surtout le début de cet évangile, mais tous ces passages sont très difficiles à élucider; la tradition a conservé d'autres variantes que ce soit dans l'Évangile hébreu, dans l'Évangile des Ébionites ou dans l'Évangile des Nazaréens, certaines courtes d'autres longues, certaines insignifiantes d'autres vraiment étonnantes. Nous allons donc les examiner ici. Nous avons repris les traductions publiées dans Écrits Apocryphes Chrétiens et les insérant dans leur contexte original, afin de les comprendre. Ces ajouts sont soulignés, et de tels ajouts peuvent impliquer d'autres ajouts vraisemblables mais non mentionnés, ils sont donnés en italique entre crochets; et parfois aussi des suppression, les plus probables sont barrées.
Signalons enfin que l'Évangile hébreu est une traduction grecque faite sur une version hébraïque, mais que cette version hébraïque est plus que probablement la traduction de la version grecque de l'Évangile des Ébionites et de l'Évangile des Nazaréens, du moins si ces deux textes n'en sont qu'un.

La péricope de la Guérison de l’homme à la main sèche en Matthieu 12, 9–13 comporte un ajout (d'après Jérôme, commentaire sur Matthieu) que nous intercalons dans le texte:
Étant parti de là, Jésus entra dans la synagogue. Et voici, il s’y trouvait un homme qui avait la main sèche. Il dit à Jésus: «J’étais maçon, et c’est par mes mains que j’arrivais à vivre; je t’en prie, Jésus, rends-moi la santé, de façon à ce que je n’ai pas la honte de mendier ma nourriture.» Ils demandèrent à Jésus: «Est-il permis de faire une guérison les jours de sabbat?» C’était afin de pouvoir l’accuser. Il leur répondit: «Lequel d’entre vous, s’il n’a qu’une brebis et qu’elle tombe dans une fosse le jour du sabbat, ne la saisira pour l’en retirer? Combien un homme ne vaut-il pas plus qu’une brebis! Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat.» Alors il dit à l’homme: «Étends ta main.» Il l’étendit, et elle devint saine comme l’autre.
La passage supprimé le fut probablement pour son rejet de dépendre de la charité. 

Une autre péricope réécrite est celle du Jeune homme riche en Matthieu 19, 16–26, néanmoins l'ajout d'Origène fait état d'un second riche, nous pensons que certaines parties du texte de Matthieu doivent être supprimées afin que le texte tienne la route.
Et voici, un homme s’approcha, et [deux riches s'approchèrent et le premier] dit à Jésus: «Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?» Il lui répondit : «Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon? Un seul est le bon. Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements.» — «Lesquels?» lui dit-il. Et Jésus répondit: «Tu ne tueras point; tu ne commettras point d’adultère; tu ne déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage; honore ton père et ta mère;» et: «tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Le jeune homme lui dit: «J’ai observé toutes ces choses; que me manque-t-il encore?» Jésus lui dit: «Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.» Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s’en alla tout triste; car il avait de grands biens. Le second des deux riches lui dit: «Maître, que dois-je faire de bien pour vivre?» Jésus lui dit: «Homme, pratique la Loi et les Prophètes.»  L’autre lui répondit: «Je l’ai fait.» Jésus lui dit: «Va, vends tout ce que tu possèdes et distribue-le aux pauvres, puis viens et suis-moi.» Le riche alors à se gratter la tête ; cela ne lui plaisait pas. Et le Seigneur lui dit: «Comment peux-tu dire: “J’ai pratiqué la Loi et les prophètes?” alors qu’il est écrit dans la Loi: “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”, voici qu’un grand nombre de tes frères, fils d’Abraham, sont couverts d’ordure; mourant de faim, tandis que ta demeure regorge de biens et qu’il n’en sort absolument rien pour pour eux!» Et il ajouta, en se tournant vers son disciple Simon qui était assis à à côté de lui: «Simon, fils de Jonas, il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’un aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux.» Jésus dit à ses disciples: «Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux. Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.» Les disciples, ayant entendu cela, furent très étonnés, et dirent: «Qui peut donc être sauvé?» Jésus les regarda, et leur dit: «Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible.» 
Le passage fut supprimé parce qu'il montre bien la gestion déplorable de la Judée par l'Empire romain. Il est plus malaisé de déterminer si le récit originel comptait un ou deux riches: le premier qui s'en va et le second qui reste en affirmant qu'il a pratiqué le loi et les prophète, mais Jésus lui rétorque qu'il n'a rien fait du tout; notons que le dernier verset a plus de sens avec l'ajout de l'Évangile des Hébreux.

La Parabole des talents (Matthieu 25, 14–30) était différente dans l'Évangile hébreu, d'après Eusèbe, ce dernier résume sans citer exactement, voici d'abord le texte de Matthieu: 
Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres. Celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. Celui qui avait reçu les cinq talents s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : «Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres.» Son maître lui dit: «C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.» Celui qui avait reçu les deux talents s’approcha aussi, et il dit: «Seigneur, tu m’as remis deux talents; voici, j’en ai gagné deux autres.» Son maître lui dit: «C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.» Celui qui n’avait reçu qu’un talent s’approcha ensuite, et il dit: «Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné; j’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.» Son maître lui répondit: «Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.»
D'après Eusèbe, il y a aussi trois serviteurs, un qui fait fructifier le bien, l'autre qui l'enterre et le dernier qui le dilapide. Les accusations que fait le serviteur à son maître considéré comme un homme dur sont peu vraisemblables dans ce cas; mais il est aussi plus vraisemblable (Eusèbe ne le précise pas) que chaque serviteur avait reçu un nombre égal de talents. Nous proposons donc la reconstitution suivante:
Il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna [à chacun] cinq talents, et il partit. Aussitôt, [le premier] les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. [Le second] alla faire un creux dans la terre, et cacha l’argent de son maître. [Le troisième mangea le bien de son maître avec des courtisanes et des joueuses de flûte.] Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. [Le premier] s’approcha, en apportant cinq autres talents, et il dit : «Seigneur, tu m’as remis cinq talents; voici, j’en ai gagné cinq autres.» Son maître lui dit: «C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître.» [Le second] s’approcha ensuite, et il dit: «Seigneur, je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi.» Son maître lui répondit: «Serviteur méchant et paresseux, ôtez-lui donc [les cinq talents] et donnez-les à celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors. [Le maître fit venir le troisième serviteur qui avait dilapidé son bien, et ayant appris sa faute, il dit: «Pour avoir mangé et bu avec les ivrognes, que tu sois jeté en prison] où il y aura des pleurs et des grincements de dents.»
Eusèbe n'ayant pas cité avec exactitude, nous avons reconstitué comme nous l'avons compris. Nous avons supprimé la mention du mauvais maître qui pourrait être une écriture marcionite visant à comparer Dieu au démiurge et sur laquelle Eusèbe ne dit rien.

D'après une version d'un de ces évangiles, les circonstances du baptême de Jean sont différentes:
Voici que la mère du Seigneur et ses frères lui disaient: «Jean-Baptiste baptise pour la rémission des péchés; allons nous faire baptiser par lui.» Il leur répondit: «Quel péché ai-je commis pour que j’aille me faire baptiser par lui? à moins peut-être que cela même que je viens de dire soit de l’ignorance.» Alors Jésus alla de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. [Matthieu 3, 13.]
En Matthieu 4, 5, l'Évangile hébreu a:
Le diable le transporta dans la ville sainte Jérusalem, le plaça sur le haut du temple.

En Matthieu 5, 22, l'Évangile hébreu a:
Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère sans raison contre son frère mérite d’être puni par les juges
Ce qui implique que même avec une raison, il ne faut pas se mettre en colère contre son frère.

Dans le Notre Père, on a: pain du lendemain. Au lieu de: pain consubstantiel.

Le logion de Matthieu 7, 21–23 comporte un ajout:
Ceux qui me disent: «Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.» Plusieurs me diront en ce jour-là: «Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom?» Alors je leur dirai ouvertement: «Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. Si vous êtes dans mon sein et que vous ne faites pas la volonté de mon Père qui est dans les cieux, je vous expulserai de mon sein.»

En Matthieu 10, 16, on a:
Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les  davantage que des serpents, et simples comme les colombes.

Ajout à Matthieu 10, 33–35:
Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Je choisis pour moi les bons, ces bons que m’a donné mon Père qui est au ciel.

En Matthieu 11, 25–26, on a:
En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit: «Je te loue Je te rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi.
Il n'est pas précisé si le second Je te loue est aussi remplacé par je te rends grâce.

Suppression(s) en Matthieu 12, 40:
Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.
Il n'est pas certain que la première mention ait été supprimée, on est juste certain que la seconde manquait.

En Matthieu 15, 5:
Mais vous, vous dites: «Celui qui dira à son père ou à sa mère: “Ce dont j’aurais pu t’assister est une offrande à Dieu corban”, n’est pas tenu d’honorer son père ou sa mère.»

Simon fils de Yonas est parfois appelé Simon fils de Jean (Shimeon ben Yôhanan).

En Matthieu 18, 21–22, l'Évangile hébreu a:
Jésus dit: «Si ton frère a péché en parole et t'a offert réparation, pardonne-lui sept fois en un jour.» Son disciple Simon Alors Pierre s’approcha de lui, et dit: «Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi? Sera-ce jusqu’à sept fois en un jourJésus Le Seigneur lui répondit: «Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, Et bien plus, je te le dis: mais jusqu’à septante fois sept fois; car même chez les prophètes, après leur onction par l'Esprit Saint, il s'est trouvé des parles de péché.»
Notons qu'il y a une grosse faute, le verset s'inspire de Genèse 4, 23–24, qui dit:
Lamec dit à ses femmes: «Ada et Cilla, écoutez ma voix! Femmes de Lamec, prêtez l’oreille à ma parole! J’ai tué un homme parce qu’il m’avait frappé, Et un jeune homme à cause de ma blessure: Si Caïn doit être vengé sept fois, Lamec le sera soixante-dix-sept fois.»
C'est bien de 77 fois et non de 70 fois 7 fois dont il est question.

En Matthieu 23, 33–35, il y a:
Serpents, race de vipères! comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne? C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie Yoïada, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
Zacharie fils de Barachie est bien entendu fautif, il s'agit d'un anachronisme, puisque ce Zacharie fils de Barachie est un notable juif assassiné par les zélotes pendant la Ière Guerre judéo-romaine d'après Flavius Josèphe, donc 40 ans après la mort de Jésus. La correction a été faite d'après II Chroniques 24, 20–22.

Pour Matthieu 26, 23–24, on a:
Peu après, ceux qui étaient là, s’étant approchés, dirent à Pierre: «Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître.» Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer : «Je ne connais pas cet homme.» Et il nia, jura et maudit. Aussitôt le coq chanta.
Dans l'Évangile hébreu, on lit que c'est le linteau du Temple qui se fendit et se cassa, et non le voile qui se déchira au moment de la mort de Jésus. On voit bien à ce passage que le voile est une correction, en effet, le linteau du Temple s'est bien cassé, mais au moment de la destruction du Temple par Titus.

En Matthieu 27, 65, on lit:
Pilate leur dit: «Vous avez une garde; allez, gardez-le comme vous l’entendrez.» 
Alors que dans l'Évangile hébreu, on lit:
Et Pilate leur donna des hommes d’armes, pour qu’ils demeurent en faction devant la caverne et la surveillent jour et nuit.
Au lieu de Matthieu 3, 1–5:
En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. Il disait: «Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.» Jean est celui qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète, lorsqu’il dit: C’est ici la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 
L'Évangile des Ébionites a d'après Épiphane:
Voici que Jean baptisait; des pharisiens virent pour à lui pour se faire baptiser, ainsi que tout Jérusalem. Jean avait un vêtement de poil de chameau et une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de miel sauvage, dont le goût est celui de la manne, comme un gâteau à l'huile.
Il est peu vraisemblable que Jean se soit nourri de sauterelles, surtout en tant que qohen, dont beaucoup étaient végétariens; notons qu'il ne s'est pas plus vêtu de poil de chameau et ni qu'il avait une ceinture de cuir autour de la taille, car les qohens portaient des vêtements de lin et non des vêtements animaux; quant à la ceinture, ils ne la portaient que quand ils servaient au Temple.

Il existe deux versions du baptême de Jésus par Jean, une transmise par Épiphane et l'autre par saint Jérôme. Voyons la version officielle et les variantes.s
Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. Mais Jean s’y opposait, en disant: «C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi!» Jésus lui répondit: «Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste.» Et Jean ne lui résista plus. Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. [Matthieu 3, 13–17.]
Et il arriva que, lorsque le Seigneur fut remonté de l'eau, toute source de l'Esprit saint descendit, se reposa sur lui et lui dit: Mon Fils, dans tous les prophètes, j'attendais que tu viennes pour me reposer en toi. Car tu es mon repos, tu es mon Fils premier-né qui règnes pour l'éternité. [Jérome, commentaire sur Isaïe.]
Le peuple ayant été baptisé, Jésus vint aussi se faire baptiser par Jean. Comme il remontait de l'eau, les cieux s'ouvrirent et il vit l'Esprit saint sous la forme d'une colombe qui descendait et entrait en lui. Une voix venant du ciel dit: «Tu es mon  Fils bien aimé, en toi je me suis complu.» Et à nouveau: «Je t'ai engendré aujourd'hui.» Aussitôt une grande lumière éclaira tout l'endroit. En la voyant, Jean lui dit: «Qui es-tu donc?» Et à nouveau une voix vint du ciel vers lui: «Celui-ci est mon fils bien aimé en qui je me suis complu.» S'étant prosterné, Jean lui dit: «Je te prie, Seigneur, toi aussi, baptise-moi.» Mais Jésus l'empêcha en disant: «Laisse, car c'est ainsi qu'il convient que tout soit accompli.» [Panarion 30, 13, 7–8.]  
Ce passage n'est probablement pas une version originale, mais une recombinaison de versions différentes. 

Dans Origène, on lit:
Tout à l'heure ma Mère, le Saint-Esprit m'a pris par un de mes cheveux et m'a transporté sur la grande montagne le Thabor.
Nous ne voyons pas trop à quel épisode rattacher ce verset. Peut-être un début différent pour la transfiguration. 

D'après Clément d'Alexandrie, l'Évangile hébreu a le logion:
Qui se sera étonné deviendra roi et qui sera devenu roi aura le repos.
ainsi que le suivant:
Qui cherche n'aura pas de cesse qu'il ne trouve; quand il aura trouvé, il sera émerveillé; une fois émerveillé, il deviendra roi; devenu roi, il aura le repos.
Le début du second logion correspond a Matthieu 7, 7 qui dit:
Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.
Mais le reste n'a pas de comparaison dans Matthieu. Par contre, il y a des comparaison avec l'Évangile de Thomas trouvé à Nag Hammadi:
(1) Jésus a dit: Celui qui cherche, qu’il ne cesse de chercher jusqu’à ce qu’il trouve; (2) quand il aura trouvé, il sera troublé; (3) troublé, il s’étonnera et il régnera sur le Tout.

Dans Jérôme, on découvre le fragment suivant:
Ne soyez jamais joyeux tant que vous n'aurez pas regardé votre frère avec amour.
Ce fragment est impossible à situer, tout en étant proche de 5, 23–24: 
Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère; puis, viens présenter ton offrande.
L'Évangile hébreu précise encore que Jésus rendit le linceul au serviteur du prêtre (donc Joseph d'Arimathie); qu'il mangea de la viande à la Pâque et non du pain; quant au pain rompu, Jésus le fera après sa résurrection. 

Voici pour les différences qui ont été rapportées par la tradition entre l'Évangile de Matthieu et les évangiles Hébreu, des Ébionites et des Nazaréens. Certaines sont mineures et d'autres sont importantes. 

Cet évangile hébreu n'est certainement pas l'évangile original, mais plutôt un évangile intermédiaire entre les originaux et le définitif. Il a dû exister en deux versions, une qui doit être le Matthieu intermédiaire et l'autre qui en est la traduction en hébreu retraduite en Grec, ce qui implique qu'il a dû se perdre très tôt. 


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